République dominicaine
À deux jours du départ, discussion surréaliste autour d’un café avec un gars du village :
- Ah, vous partez en République Dominicaine ? Je connais bien. Avec ma femme, on y a passé 15 jours dans un hôtel de rêve, c’était parfait, tout était là !
- Super ! Mais vous êtes quand même sortis explorer les alentours, non ?
- Oh oui, on a fait des excursions. Mais attention, seul, tu peux pas trop t’aventurer, c’est carrément dangereux !
- Ah bon, à ce point-là ?
- Ah bah oui, avant de sortir, on nous faisait retirer tous nos bijoux ! Sinon, t'es bon pour te faire couper les doigts, les oreilles…
Alors les gars, priez pour nous, priez pour que l'on rentre de ce voyage avec toutes nos extrémités !
Pourquoi la République dominicaine ? C'est une bonne question. Nous voulions partir en Thaïlande, notre valeur sûre, mais les prix étaient exhorbitants. Tout à coup, notre moteur de recherche nous indique qu'il y a 2 places, et pas une de plus, à un prix canon, à des dates qui nous conviennent. Sans doute un désistement. Pas le temps de réfléchir 8 jours, clic, c'est fait. Immédiatement, un coup de stress, merde, on avait juré qu'on ne foutrait jamais les pieds dans ce genre d'endroit, une destination pour bobos en mal d'exotisme. On se rassure en se disant : Ça va le faire, suffira de s'éloigner des lieux touristiques. Nous sommes contents de notre affaire.
Comme notre vol interminable (on fait escale à Montréal, c'est pas le chemin le plus court...) arrive à plus de minuit, j'ai pris la précaution de réserver une mini chambre aux abords de l'aéroport. Jiacopo, bien sympa, a envoyé quelqu'un pour nous cueillir, et nous explique comment quitter cet endroit dès que nous aurons profité de quelques heures de sommeil.
Nous attendons le bus 3 plombes, mais ça y est, ça roule. Il y a un changement à opérer, une nana nous aide à trouver le 2ème bus avec un simple "suivez moi", et nous arrivons à Bayahibe. C'est une petite ville avec un quartier pour les indigènes, c'est là qu'on se pose, et un quartier pour touristes à 4 km. Nous comptons nos doigts, ils sont tous là, nous commençons à avoir une idée de vacances sereines. Nos hôtes Mireya et Rui sont adorables, nous aurons le temps de les découvrir plus tard, à notre retour de la petite île de Saona. Le lendemain donc, dès potron minet, nous voilà à la recherche du bateau public qui nous y dépose après une heure de navigation.
Cette île est un bijou, ce n'est pas pour rien qu'elle a été utilisée dans plusieurs films, dont Pirate des Caraïbes ! Ses plages sont exceptionnelles, seulement 500 personnes vivent ici en permanence, dans un petit village qui s'appelle Mano Juan. C'est donc là que nous avons décidé de rester 2 nuits dans une petite guest house. La 1ere nuit nous avons du mal à fermer l'oeil car des coqs infernaux vivent juste à côté. Nous sommes bien tentés de les cabosser et les faire mariner au vin....
il y a 2 balades super à faire, une de 4 km et l'autre de 6 km aller. Elles peuvent se faire à vélo mais il a beaucoup plu et les sentiers sont terriblement boueux.
La 1ere nous amène sur une plage splendide mais dans la jungle, nous avons été litéralement bouffés par les moustiques. Pourtant nous avions un répulsif, mais ils nous ont piqué à travers les vêtements. À part ça, c'est intéressant car la végétation est vraiment exubérante et nous sommes accompagnés par les chants des oiseaux. Sur place, il n'y a pas grand monde, car il ne fait pas très beau, les bâteaux des touristes n'ont visiblement pas fait l'excursion aujourd'hui. Nous rentrons à temps, sinon, on se prenait un gros orage sur la tête.
Maria nous a fait un bon repas et ce soir sont arrivés 2 jeunes routards qui sont en route depuis un an, dans quelques jours, c'est retour et boulot. soirée très sympa à refaire le monde. Le lendemain, nous partons dans la direction opposée, plein est pour aller sur la plage du campo, à 6 k d'ici. Rebagarre avec les moustiques. et là, tadam :
Ça y est, les « all inclusive » de Punta Cana ont débarqué sur NOTRE île !
Finie la tranquillité, on prend notre poste d’observation sous un palmier.
1. Nous sommes aux premières loges pour l’arrivée des Pères Noël (ils sont en avance, nous ne sommes que le 17 décembre) et autres réjouissances bien beauf.
2. T’inquiète pas, cocotte, je vais cadrer de manière à ce qu’on croie que t’es la seule rescapée d’un naufrage sur une île déserte. Ouais, comme ça, la tête bien renversée, par contre, ne bouge pas ton bras droit, t’as une pinacolada à la main.
3. Allez, on en fait une avec ton mec maintenant, c’est très vendeur, tu vas voir, tu vas exploser ton compte Instagram.
4.Tant que leurs G.O nous apportent des boissons, il n’y a pas de souci.
5.Ils ont quitté notre île, les 50 nuances de bleu, les palmiers et tutti quanti, c’est pour nous seuls. On va vivre notre meilleure vie, sauf que maintenant la pina colada va se fait rare.
Bref, c'est assez désolant de voir le comportement de ces personnes, mais bon, que faire, ce sont les afres du tourisme de masse. On ne va pas les éduquer ni les changer, rester à l'écart, c'est tout !
Retour au village, c'est chouette, les villageois sont sympa, il faut l 'être pour supporter les énergumènes que les bateaux des hotels "all inclusive" déversent pour quelques heures. Nous sommes tellement paisibles une fois qu'ils sont partis que nous décidons de rester une nuit de plus sur l'île, dans ce petit village de Mano Juan.
Ayant épuisé les possibilités de balades sur l'ile, nous voici de retour sur le continent, à Bayahibe, nous passons à nouveau une nuit chez Mireya et Rui et filons vers l'ouest du pays, en faisant escale d'une demi heure au centre de Santo Domingo, la capitale, où règne un bordel incroyable, peut être pire ncore que dans les capitales africaines. La population consomme davantage ici, et qui dit consommation dit déchets en pagaille, peu de ramassage d'ordures, c'est fou, des monceaux de poubelles partout ! après moult changements de bus, nous voici arrivés à Las Salinas. Changement total d'ambiance car ici, pas trace de touristes. Nos hôtes sont originaires du Canada et nous sommes accueillis par un "tabernacle, des routards !". Ainsi intrônisées, nous visitons les salines, c'est super intéressant, les Haïtiens, main d'oeuvre bon marché nous réservant les meilleur accueil alors qu'ils triment la journée entière à sortir le sel des marais salants.
La nuit du 24 au 25 décembre : un enfer ! En temps normal les dominicains sont déja bruyants, mais là, c'est de la folie furieuse. Rodéos en voiture, en moto, klaxons, musique à fond et j'en passe. Bref, nous qui voulions dormir tôt pour profiter de la journée suivante, où nous devons marcher dans le sable en plein cagnard !
Nous sommes dans la province de Baní,qui veut dire « abondance d’eau ». On s’imaginait une oasis de verdure, mais c’est un autre monde qui nous attend : un décor de dunes. Des vagues de sable, longues de quinze kilomètres et parfois hautes de trente-cinq mètres et façonnées par le vent On pourrait croire être sur Mars, mais avec des arbustes qui, eux aussi, semblent se demander ce qu’ils foutent là, et tout à coup la mer qui apparaît…
La promenade, agréable à première vue, se transforme vite en une quête épique de l’ombre perdue. La chaleur ? Implacable. Un 25 décembre à plus de 30 degrés, c'est pas génial ça ? Chaque pas dans le sable est un petit rappel de pourquoi on ne vit pas dans un désert. Amigos, n’oubliez pas votre chapeau, il pourrait bien être votre seul ami là-bas. Une journée sympa celle là aussi, et croyez nous, qui le pratiquons depuis depuis bientôt 30 ans, pas obligés de se bouffer une dinde et se gaver de foie gras pour passer un excellent Noël !
Repartir de las Salinas n'est pas facile en transports en commun, Michel nous amène en voiture sur l'axe principal, sympa de sa part car ça lui a fait plus de 60 bornes aller retour. Tous les guaguas ( minibus)ne s'arrêtent pas car ils sont archi pleins, nous décidons de faire du stop. En un rien de temps nous sommes embarqués. Super ! nous réitérerons l'expérience du stop à plusieurs reprises, les autochtones sont vraiment gentils. Nous finissons par arriver à Jarabacoa, dans les montagnes. Nous trouvons une chambre dans une petite guest house assez miteuse. Ce que nous ne savons pas, c'est que nous allons encore passer une nuit infernale avec rodéos de motos...Bref, le lendemain, nous ne sommes pas très frais, mais comme nous sommes là pour marcher en montagne. Dans nos têtes, la montagne, c’est pas forcément des pics et des glaciers mais c’est censé être des paysages, des balades, et peut-être une vue à tomber par terre. Mais bon, quand on part pour grimper le mont Mogote (1700 m), dès le départ, ça sent la catastrophe. Le sentier ? À peine esquissé. La pente ? Raide comme un mur. Et la boue, oh la boue... Elle colle tellement qu’on a vite des godasses qui pèsent 2 kg. On se dit « ça va le faire, on a survécu à pire », mais là, c’est la fin : Les moustiques sont entrain de nous vider de notre dernier litre de sang. La végétation, nous cache tout : nos repères, nos propres pieds et même nos espoirs. come disait Coluche "circulez, y a rien à voir !"
Alors, on a fait ce qu’on fait de mieux quand tout va mal : on abandonne. On part grimper sur une route (même elle, elle grimpe fort), mais c’est sans moustiques et surtout, nous avons le pied léger . On respire, et on se dit que finalement, c’est ça l’esprit d’aventure : s’installer sur la route du « je m’en fous ». Retour au gourbi, et là, enfin, la douche ! Glacée. La cerise sur le gâteau ? Des motos qui font encore des rodéos dans la rue toute la nuit. Le paradis. Le lendemain, on se dit que les cascades vont nous sauver la mise. Mais surprise : le sentier est fermé car le gardien n’est pas là pour nous demander le droit d’entrée. Et pour cause, le pauvre homme vient de partir ad patres. Paix à son âme.
PS : Bref, dans ce pays, on aura appris une chose : la montagne, c’est beau… tant qu’on ne la rencontre pas trop près. Je commence à comprendre pourquoi les formules all inclusive à Punta Cana font fureur 🙈🙈, non, je déconne !
Nous avons entendu parler d'un endroit super sympa et pas encore trop connu. C'est complètement au nord ouest du pays, près d'Haïti. C'est parti. Comme d'habitude, il nous faut changer souvent de transport, heureusement , notre espagnol s'est beaucoup amélioré. J'aime beaucoup cette langue, mais ne l'ayant pas pratiquée depuis de nombreuses années, il faut se remettre dans le bain. Notre dernier trajet pour arriver à Punta Rucia se fait dans la benne d'un triporteur. Le gars roule un peu vite, en pleine descente, on percute un chien. Pas de mort, mais petite frayeur quand même. À l'entrée du village, nous remercions chaleureusement notre transporteur, nous ne savons pas encore que nous les retrouverons tous les jours, lui et sa glacière ! Du coup, par solidarité, nous lui achetons chaque jour une glace, même si elles ne sont pas franchement terribles !
Nous trouvons une chambre chez Janine, une suissesse qui vit là avec son amoureux dominicain. Ce n'est que pour une nuit, nous passerons les autres chez Jeannot. Jeannot c'est un français qui vit là avec son amoureuse dominicaine. Nous sommes super bien chez Jeannot et Mercedes, tout est fait pour que l'on se sente presque comme chez nous. Nos journées sont occupées par de relativement longues marches sur la plage car notre logement se trouve à plus de 3 km de notre petit restau préféré, chez Hector et francesca qui tiennent un tout petit bou boui de plage super sympa. Nous nous rendons aussi en barque à moteur au Cayo arena, un banc de sable dans la mer à environ une demi heure de navigation. Un des rares endroits de RD où l'on peut voir quelques poissons bariolés si on a un masque et un tuba. Pas inoubliable, mais de bonne heure, avant que les touristes arrivent, touristes qui sont quasi exclusivement des dominicains.
Ceux qui nous connaissent bien savent qu'en voyage, nous ne restons jamais quelque part au delà de quelques jours, nous quittons donc Jeannot, Mercedes et Amédée pour voir un peu plus de pays. Et c'est reparti en direction de Cabarete. Il nous faudra pas moins de 6 transports différents pour arriver à destination. Comme nous sommes le 31, des vendeurs de cochons grillés sont installés un peu partout sur les routes, à un moment, le chauffeur de l'un des minibus s'arrête et part acheter du cochon que nous dégustons entre passagers tout en roulant. Nous trouvons un hébergement sur la plage des surfeurs. Le soir venu, nous partons faire la fête dans la petite ville de Cabarete, langouste au menu !
Puis c'est direction Las Terrenas, un lieu encore bien différent des autres. Ici, une fois sortis de la ville, ce sont des km de plages quasi désertes que nous arpentons pour notre plus grand plaisir. Nous faisons des km et des km dans le sable, entrecoupés de petits bains et nous couchons bien fatigués. Nous sympatisons avec un haïtien chargé de nettoyer une plage, ces pauvres gars sont sur exploités, mais vu ce qui se passe dans leur pays, ils sont contents d'être là. Pour ceux qui ne savent pas, Haïti et la République dominicaine se partagent la même ile, c'est donc facile de paseer d'un pays à l'autre par voie terrestre.
Et puis, c'est le retour chez Mireya à Rui à Bayahibe. nous sommes très contents de nous retrouver et c'est là que nous passerons nos dernières nuits avant de reprendre l'avion. On arrive sur une superbe plage. Juste le temps de poser sac à dos et baskets pourries, et voilà un type qui débarque, un Garde de sécurité : « Hé, vous pouvez dégager, c’est privé ici, c’est le Hilton ! »
Nous, un brin narquois : « Ah mince, on savait pas, c’est vrai… Mais bon, le sable, c’est pas écrit Hilton dessus, et l’eau, elle est à vous, mais à nous aussi, non ? Donc on reste ! »
Il nous regarde comme si nous étions des extraterrestres puis il s’en va. Mais là, un deuxième malabar arrive, bien plus menaçant : « Vous partez tout de suite, ou je fais venir la police ! »
Nous : « Ouais, vas-y, appelle ! Et on part à l’eau…en lui citant l’article de la Constitution de la Repdom qui prouve qu’on a tout à fait le droit de rester ici. »
Là, il nous fixe, plus une parole, et s’éclipse.
Le lendemain, on croise le premier vigile dans la rue. Il nous reconnaît, éclate de rire et nous dit : « Alors, vous avez bien joué le coup, j’avoue, vous m’avez eu, mais vous avez bien fait de résister ! » Comme il est cool, on lui promet qu’on ne reviendra plus l’embêter. Les plages soit disant privées”, Il paraît qu’il y en a plein, nous voilà avec tout un circuit où nous pourrons sévir !
Bref, en conclusion : je n’ai pas changé d’avis : la réputation de cette destination pour bobos en quête d’exotisme n’est pas usurpée. (En tout cas c’est l’idée que j’en ai…). Mais, chers amis, fuyez le troupeau, mêlez-vous à la population locale, vous ferez des rencontres bien plus intéressantes que celles autour d’un mojito à 20 € devant la piscine du 5 étoiles.
Le truc génial, c'est que des routards, il n'y en a pas en RD, ou très très peu, du coup, les gens sont adorables avec vous. Un truc sympa aussi, c'est qu'on s'est débrouillés pour trouver des hébergements avec une possibilité de cuisiner, donc quasiment pas de restaus pour nous. A plusieurs reprises, nous nous sommes cuisinés de belles langoustes pour le repas du soir, et le reste, hop, avec un avocat mûr à point, voici un délicieux sandwich pour le lendemain. Healthy en plus !
Et entre deux balades dans l’arrière-pays, pourquoi ne pas profiter des plaisirs balnéaires ? Sable doré, eaux cristallines, couchers de soleil. Sous ces latitudes, l’embrasement au crépuscule est souvent un superbe spectacle..
Quant à la dernière photo, désolée de vous décevoir, mais Bruno n’a pas atteint le sommet de l’arbre. À cause de son indéfectible sac plastique vert, cet objet mystique qui, visiblement, a une vocation beaucoup plus terrestre que celle d’escalader les cimes ?
Voilà, nous quittons la RD où il fait un bon 30 degrés à l'ombre, et arrivons chez nous le 10 Janvier. Le 12, nous sommes déjà sur nos skis de rando et nous nous prenons 40 degrés de moins. En effet, il fait un froid de gueux, moins 12. D'où peut être la tronche des bavures....
Cadeau, petit pêle mêle, parcequ'il n' a pas que des plages et des palmiers en RD :
On vous dit à bientôt pour de nouvelles aventures. Vous l'avez peut être remarqué, je mets beaucoup de temps pour actualiser ce blog, car je ne veux pas passer ma vie sur internet ! Alors, voyagez les gars, voyez du pays, c'est beaucoup plus gratifiant que de lire des blogs.