• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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Le No man's land

Une fois effectuées les formalités de sortie du Maroc, Il nous faut maintenant franchir le no man's land entre Maroc et Mauritanie, un territoire qui ne fait partie ni de l'un ni de l'autre de ces pays, ce fameux no man's land qui a si mauvaise réputation. Pourquoi ? Parce que c'est un lieu de trafic en tout genre, surtout de voitures. Il y a tout un commerce illicite qui s'effectue ici, avec une meute de types dont on ne voit que les yeux et de grosses liasses de billets de banque et qui achètent cash des voitures aux européens qui les convoient. On raconte qu'ils sont embusqués là, prêts à vous attaquer, mais sincèrement, nous pensons que c'est franchement exagéré, tout au plus vont ils tirer quelques sous à celui qui n'observera pas bien le passage sur la piste dure et s'enlisera dans le sable, mais nous ne sentons aucune trace de danger objectif.. C'est juste un peu impressionnant de se retrouver au milieu de cette faune dès que l'on passe les grilles de la douane, mais ces types sont très gentils avec nous, nous saluant et nous encourageant. « Bravo, courage, il est boooo ton vélo...c'est pas trop fatigant...? » Cette traversée dure moins de 4 km sur une piste chaotique, le désert est parsemé de carcasses de voitures et d'appareils ménagers.

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Nous trouvons en route d'autres types marchant à pied, qu'est ce qu'ils font là , mystère, mais ils ne nous embêtent pas du tout, au contraire, certains demandent même à être photographiés, une traversée sans aucun problème. Les frontières les plus difficiles à passer sont souvent celles que nous avons dans nos têtes...

Formalités vite accomplies aussi coté Mauritanie, en vélo, nous échappons à la fouille.

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Bienvenue en Mauritanie

Très rapidement, nous sommes dans un environnement de sable, sable à gauche, sable à droite, sable dans les yeux, sable dans les dents, traversons la ligne de chemin de fer, celle sur laquelle circule le train le plus long du monde (2 km de train, constitué de plus de deux cents wagons et quatre locomotives pour transporter le minerai de fer de la région de Zouérate jusqu’au port de Nouadhibou), tournons à droite direction la presqu'île, avalons sans traîner les 40 km qui nous séparent encore de Nouadhibou et là, c'est le choc !

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Nouadhibou. Cycliste, mais qu'est ce que tu fous dans cet enfer, tu vois pas qu'ici tu vaux moins qu'une chèvre ? Cycliste masochiste, stakhanoviste et inconscient, pousse toi dare dare sinon, moi je te pousse. Dégage de la route, grimpe sur les trottoirs, y en a pas, alors grimpe sur le tas d'ordures, y a plus de place, y a déjà les chèvres, débrouille toi comme tu veux, mais dégage, moi j'ai pas de temps à perdre, faut pas que le moteur de la mercédes refroidisse, elle a 1 million de kil la vieille, elle est fragile, j'ai le pied soudé sur la pédale d'accélérateur et mon cerveau je l'ai laissé à la maison, alors dégage ! Une bande d'allumés, je ne vous dis pas, au volant de poubelles hors d'âge nous frôlent, doublent par la gauche, mais aussi par la droite, des gros tarés quoi. C'est l'anarchie, les panneaux et les feux sont là pour la déco, cela se passe tout à coup de klaxon. Je me hasarde à demander à un passant où se trouve la camping Abba. C'est pas loin. Combien, en kilos (c'est comme ça qu'ils disent « kilomètres ») ? Environ 3, peut être 5 ou 10 ! . C'est trop, je vais craquer avant, balancer de grands coups de pied contre la carrosserie de leur caisse pourrie, je me ressaisis et pédale pédale, ça y est, nous arrivons, et oh surprise, nous retrouvons Jacques et Roberto, connus au Sahara occidental. Vite, une douche, un bistrot, puis un bon restau, accompagnés de MC (pas Solar, un autre...), le stress s'envole, une super soirée. Il y a au camping quelques touristes qui passent la nuit ici, peu s'y arrêtent davantage, à part Jacques et la petite famille en minibus, Séverine, Philippe et leurs adorables marmots Lili et Anatole. Une visite en mode accéléré de cette ville qui continue de grandir anarchiquement, maisons en partie finies ou à moitié détruites, terrains vagues où sont implantés des petites cabanes en bois,.des ruelles ensablées, des détritus, du plastique et de la pourriture partout, des chèvres en totale liberté, des voitures folles, des marchés couverts, des marchés découverts, une odeur de viande qui a souffert sur l'étal, des silhouettes qui s'agitent au milieu de ce bordel, boubous bleus et blancs pour les hommes, robes très colorées pour les femmes, des portières de bagnoles qui s'ouvrent sans regarder si quelqu'un arrive, leurs passagers qui grimpent ou qui en sortent.Une population hétéroclite qui vient de toute l'Afrique, des maliens, des sénégalais, des guinéens. employés à faire les basses besognes ou qui tiennent de petits commerces, vendeurs de cigarettes à l'unité, de lunettes de soleil en plastique, de babioles diverses made in China, des femmes qui confectionnent de petits beignets sur le trottoir........bref, cela n'a plus rien à voir avec le Maroc, on sent que l'on est tout proches maintenant de l'Afrique noire. Nous nous apercevons vite que les noirs sont au service des Maures, il existe encore ici une forme d'esclavage des noirs par les maures blancs. MC nous arrange le coup pour un transport qui nous portera au bout de la presqu'île, nous dispensant de refaire le même trajet qu'à l'aller, une traversée de la ville en voiture, c'est mieux qu'en vélo, je vous le dis !

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