• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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8 Juin 2009. Après 3 mois à Thoiry, il nous tarde d'aller voir si l'herbe est plus verte ailleurs..., et avec une destination "ours", le taux d'adrénaline est au top. Savez vous que sans maintenir un taux minima d'adrénaline, il n'est nul voyage à vélo possible ? Bon, on fait les beaux maintenant, on verra quand on sera en situation...

"Quand quelques mois plus tôt, Filip, un pote cyclovoyageur nous a narré ses rencontres avec les ours, j'ai vu une drôle de lumière dans les yeux de mon homme; à partir de là, j'ai compris que mes robes "sea, sex and sun" resteraient une fois de plus dans l'armoire et qu'il faudrait remettre la laine polaire pour l'Alaska !" Annick

Voici donc, heureux lecteurs, le passionnant récit de nos aventures !

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Vous nous voyez à l'aéroport de Genève avec notre comité de soutien qui ne nous soutient pas. A les croire, on a tout faux : l'Alaska, Brrrrr et le vélo, beurkkk ! Tant pis pour Katia, Claude et Zéphir, ils ne connaîtront pas les joies du camping sur le permafrost au milieu des grizzlis et devront se contenter des bêtes sauvages de la campagne genevoise.

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Comme ils sont quand même bien braves, ils nous offrent le café sur la terrasse. Une bien bonne journée qui commence, quoi.
Petite escale à Copenhague, redécollage à 15h50, et arrivée à Seattle à 16H50, une heure pour parcourir 16000km, elle est pas belle la vie ? Faudrait quand même être con pour se déplacer à vélo !

Mais pourquoi Seattle ? Pour avoir un billet d'avion peu cher pour Prudhoe Bay, au bord de la mer de Beaufort, li faut ruser un peu et passer par Seattle, ce n'est pas le plus court, mais de loin le plus économique
Nous prenons nos quartiers dans une auberge de jeunesse près du Pike Place Market.

Au centre-ville se trouvent tous les immenses buildings... Ils ont vraiment un style particulier, aerien. La ville est bien située, cernée par les flots du Puget Sound et du lac Washington, et il est agréable de se promener en front de mer.

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Le centre-ville de Seattle Le monorail menant au Space Needle

Bienvenue au Pike Place Market ! A l'exterieur du Pike Place Market

Bon, il s'est passé plein de choses dans cette journée de 35h (35h ? ça rappelle un truc .....)
9 Juin. Au programme de la journée :
Le Space Needle, monument emblématique de la ville, grande tour du haut de laquelle on peut contempler Seattle.

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Le Space Needle, monument emblematique de Seatlle

En 43 secondes, un ascenseur vous conduit à 160m de hauteur (mais six autres buildings sont plus hauts a Seattle), d'où on jouit d'un panorama à 360 degrés sur la ville.

Le Space Needle offre de belles vues sur Seattle Le centre-ville de Seattle, vu depuis le Space Needle Vue sur le port

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jimiLe Space Needle représente bien le style futuriste et précurseur de la ville. En effet, Seattle, plaque tournante du commerce, de l'industrie et de l'informatique (Boeing et Microsoft ont leur siège ici), est également une ville qui possède une vie culturelle et sociale, notamment dans le domaine des arts et la musique. N'oublions pas que c'est ici qu'est né le mouvement grunge, et qu'après avoir été le pilier de la scène grunge Kurt Cobain est mort à Seattle.

Le fameux quartier de Capitol Hill où il y a plein de restaurants, de cafés. L'éden, quoi,et la statue de Jimmy Hendrix.

Petite statue, grosse vedette. Jimmy est natif de Seattle, comme tout plein d'autres musiciens et groupes, Kenny G, Steve Miller Band, Foo Fighters, Pearl Jam, Soundgarden, et j'en passe.

Pioneer Square.

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Resto italien de Pioneer Square Un totem sur Pioneer Square A Pioneer Square...

Un parking semblant plonger sous terre

Le musée d'art, avec la sculpture haute de 4 étages, "L'homme au marteau"

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L'Hammering Man, devant le musee d'art

En fait, nous n'avons rien vu de tout cela !! A la recherche d'un thermos sur le marché, nous sommes tombés sur un magnifique banc de fruits de mer.

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Résultat, nous avons craqué : attablés à la terrasse d'un restau, à nous le king crab. Les plateaux de fruits de mer version Americaine, ça donne ça : on cuit a la vapeur, tout ensemble, du mais, des patates, des moules, crevettes, coquillages, crabes et même des bouts de saucisse, on rajoute du paprika et on vous verse (ou plutôt on jette) le tout à même une serviette en papier... Puis on vous donne un grand "bavoir" pour ne pas vous salir et avoir l'air bien crétin, comme les autres clients, et un marteau (non, pas une pince, non non, un véritable marteau) pour taper comme des bourrins sur le crabe ! Le bonheur, c'est qu'on peut manger comme des crados, mais coté présentation, c'est pas gagné...Bref, c'est une expérience !

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Ensuite, promenade digestive, avec quelques photos :

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(voyez comme ils sont tarés ces ricains....) et sieste, le décalage horaire nous a bien cassés. On ne s'est réveillés que le lendemain, ce qui fait une visite de Seattle bien écourtée !

10 Juin. Vol pour Anchorage, on survole un paysage de montagnes et de glaciers, et on se demande bien où on va passer dans quelques semaines :

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Quelques photos dans l'aéroport d'Anchorage. Voici le résultat :

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Le danger est déjà partout ! Qu'à cela ne tienne, on ne va pas se dégonfler maintenant, et c'est tout sourire que l'on grimpe dans l'avion de l'Alaska Airlines.

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L'avion est plein : seulement des hommes, qui vont travailler à Prudhoe Bay pour la compagnie pétrolière.
Atterrissage au milieu de rien, l 'aéroport, c'est rien de plus qu'un baraquement, et pas d'ours sur le tarmac, c'est déjà ça.

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Mais il parait qu'il y a 2 énooooormes grizzlis qui rôdent dans les parages, alors, notre première nuit en Alaska,on se la fait à l'hôtel, un vrai, un dur.

La traversée de l'Alaska en vélo

DeadHorse/PudhoeBay

drapeauAlaskaEn 1969, on découvrit du pétrole sur la côte Nord de l'Alaska, ce qui provoqua l'euphorie, car cette découverte allait permettre de résoudre la crise énergétique et booster l'économie de l'Alaska. Il fallu alors obtenir les autorisations pour construire une route et le pipeline « Trans Alaska » long de 1400 km. Rigueur du climat, topologie du terrain, tout fût extrême, mais incroyablement, la route fut construite en 5 mois, et le pipeline en 3 ans (1974/1977)

Le Pipeline de l'Alaska commence donc à Prudhoe Bay, un gigantesque champ pétrolifère sur la mer de Beaufort, un peu plus au Nord de Deadhorse (litéralement « cheval mort »), le patelin où nous pose l'avion.

alaska42Dead Horse, c'est là où s'arrête la Dalton Highway ! C'est un peu l'ambiance des bases en Antarctique, avec tous ces baraquements de chantier en guise d'habitations, rien n'est en dur, tout semble avoir été déposé, avec la perspective, un jour, de tout laisser là. D'ailleurs le pétrole baisse et le rendement n'est plus ce qu'il était...

Il fait tellement froid dans ces régions, où le soleil se couche chaque année le 24 novembre pour ne se relever que le 18 janvier, soit une nuit de 54 "jours", qu'il n'est pas question de laisser les véhicules éteints sans leur apporter une source de chaleur, sinon vous ne redémarrez qu'au prochain dégel !

Ce fil enroulé permet de se brancher sur une prise électrique dans n'importe quel parking, et donc de maintenir une température constante des fluides, l'autre solution étant de laisser le moteur allumé pendant tout l'hiver !

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Quelques faits sur Dead Horse / Prudhoe Bay :
-52° celsius en hiver le 27-01-89
+23° celsius en été le 21-06-91
Durant 54 jours 22 heures et 21 minutes, le soleil ne se lève plus en hiver !

Il n'y a pas quasiment pas de résidents permanents à Deadhorse, mais des milliers d'ouvriers et d'ingénieurs s'activent dans le coin, pour fournir 20% du gaz consommé aux Etats Unis. Les gens viennent ici pour travailler dans les champs de pétrole de Prudhoe Bay ( 2.500 employés de la compagnie pétrolière) Ils sont ici 2 ou 4 ou 6 semaines, ils travaillent de 10 à 12 heures 7 jours par semaine, puis rentrent à maison pour quelques semaines, puis retour.
Alors qu'est ce qu'on voit ici ? Quelques torchères, des installations industrielles, des entrepôts, une ville artificielle, laide, une espèce de ville fantôme , c'est ‘’space’’, seul le pétrole est la raison d’exister . Les seuls monuments sont des engins extraordinaires avec des pneus énormes pour traverser les glaces et travailler sur les forages.

Si vous cherchez un arbre il n’y en a pas , seuls les poteaux électriques les remplacent. Il n’y a ni chien , ni chat, ni enfant. L'hôtel est un batiment en préfabriqué, comme les autes batiments, avec une formule « club med », on bouffe et on boit tant qu'on veut à toute heure du jour et de la nuit (en ce moment,il n'y a pas de nuit). Mais ce club est peuplé surtout d'ouvriers et de chauffeurs routiers qui bossent dur. On leur met à disposition : repas ,chambre, douche, laverie, sans qu'ils aient à débourser un moindre dollar car la compagnie pétrolière prend en charge tous ces employés.

Pour de nombreux travailleurs Deadhorse est un enfer. Le soleil ne brille presque jamais ici. Les hivers sont longs, très sombres et très froids.

Il n'y a pas évidemment pas de spectacle et pas même un centre commercial Pas de camping. Aucune banque. Il y a un bureau de poste , deux guichets automatiques et un magasin général. Le peu de touristes qui viennent ici veulent voir la fin de la route Dalton et l'océan Arctique. Beaucoup sont déçus. Il n'y a pas d'accès libre du public aux champs de pétrole ou à l'océan. Pour y accéder vous devez prendre une navette commerciale avec un agent de sécurité qui vous dira qu'il ne comprend pas ce que vous êtes venu faire ici. Il va vous conduire à l'endroit où vous pouvez regarder la mer, le brouillard et les installations pétrolières C'est à peu près tout ce que vous pouvez faire à Deadhorse.

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hiver

Deadhorse Summer

été 

De Prudhoe Bay à Fairbanks

11 Juin. Nous avons erré dans cette ville (entrepôt plus que ville...) très laide à la recherche d'un litre d'essence pour le réchaud, un comble quand il y a des puits de pétrole tout autour, et aussi des sprays au poivre. Baloo n'a qu'à bien se tenir ! Et puis, nous avons mangé comme des gorets et mis plein de bonnes choses dans nos sacoches, la peur du lendemain...finalement cet hôtel est une bonne opération, la tentation est grande de rester un jour de plus. Mais non, on file.

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On se les gèle !

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A peine sortis de Deadhorse, par un petit 5 °C, nous sommes surpris de rencontrer déjà beaucoup d'animaux ; d'abord un troupeau de boeufs musqués, puis des centaines de caribous (de ficelle?). Ils nous regardent passer, imperturbables, mais dès que l'on sort l'appareil photo, ils nous montrent leur cul, c'est énervant!

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Il y a aussi de nombreuses marmottes. La piste est agréable et bien roulante.

12 Juin. On ne pensait pas que notre première nuit sous la tente se passerait aussi bien. Bruno avait promis de faire le chien de garde, mais n'a même pas entendu les camions qui se sont garés à coté de nous. Au réveil, mauvaise surprise, le réchaud ne fonctionne pas, ce qui ne laisse rien présager de bon pour la suite. Déjà un air d' « into the wild... ». Heureusement, le piètre gardien a d'autres talents, fait un super diagnostic, et mieux que ça, répare la pompe. Les premiers reliefs arrivent, rien de bien méchant, mais au final un peu plus de 700m de dénivelé et presque 90 km au compteur, la nuit risque d'être bonne celle là aussi.

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Derrière, le pipeline

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Notre camping 3 étoiles

On se les gèle toujours, mais pas les motards branchés. L'un d'eux nous a montré son équipement anti-froid : ses vêtements sont parcourus de résistances chauffantes reliées à la batterie de la moto, on n'arrête pas le progrès.

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Un bien méchant renard nous a coursés pour nous mordre, mais pire encore fut la rencontre avec l'ennemi public n°1, volant, celui ci, et mordant, lui aussi. Il ne se déplace jamais seul, mais en armée Napoléonienne ; les moustiques nous livrent une bataille inégale, heureusement, nous avons la parade.

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13 Juin. Pas évident de sortir de la tente par gros brouillard. Heureusement, vers 10H le temps se lève, c'est comme ça tous les jours. V'là que pour améliorer la piste, les travailleurs nous l'arrosent copieusement ; bilan des courses, nous roulons dans une boue collante, ce qui est un peu épuisant.

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De plus, les camions nous crépissent en passant, nous ne sommes pas jojo. Nous approchons du col, cela se sent dans nos pattes. nous arrivons tard sur le lieu de camping, mais cela n'a guère d'importance puisqu'il n'y a pas de nuit, même pas de pénombre.

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Difficile de croire qu'il est 2heures du matin !

14 Juin. Il se met à pleuvoir dès le petit matin, d'abord une pluie fine, puis un déluge. Pas moyen de sortir de la tente. Profitant d'une accalmie relative, nous allons explorer les alentours pour tenter de trouver un abri pour passer la nuit suivante. Nous trouvons refuge dans la véranda de la maison des « garde parc », où 2 charmantes étudiantes nous servent un bon thé et le brownie qui va avec...

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Il y a déjà là un pauvre bougre grelottant qui est tombé dans le lac à moitié gelé alors qu'il y faisait du canoé ! Nous nous installons dans la véranda pour la nuit.

15 Juin. Sara et Heather, fusil à l'épaule, spray au poivre à la ceinture, sont parties à 3h du mat, sous la pluie qui n'a pas cessé une minute, pour aller reconnaître un endroit où niche un bout d'oiseau de rien du tout, mais qui est très rare donc très protégé. Nous attendons la fin des pluies diluviennes, faisons turbiner le réchaud sous un petit crachin et partons, le moral comme le temps, bas !

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Finalement, la journée qui s'annonçait calamiteuse se déroule mieux que prévu. Le soleil finit par se montrer, entre 2 nuages noirs. Chemin faisant, nous sommes doublés (c'est pas dur !!!) par un 4X4 avec cellule, à son bord, 2 jeunes Allemands très sympas. Leur tablette de chocolat nous a donné des forces pour grimper le col le plus haut d'Alaska : Altigun Pass.

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Bien que ne culminant qu'à 1420m, l'enfoiré ne nous fait pas de cadeau, surtout dans les derniers km, avec des rampes à 10%. Au sommet,un paysage de haute montagne, genre Iseran. En bas de la descente, nos amis teutons sont là, et nous montrent dans leur jumelles un beau spécimen de grizzli. A l'oeil nu, on voit une tache qui bouche dans la montagne, mais avec les jumelles, le bestiau impressionne. Ils ont cru nous faire plaisir, mais nous devons camper pas loin.... Il n'y a pas de camping le long de cette route, il y a juste de temps en temps (tous les 80km environ) des aires de repos pour les camionneurs, et pour les dingos de cyclistes qui passeraient par là. N'imaginez pas une aire avec restauroute et compagnie, il y a juste des toilettes sèches. Pour la bière, bernic, pour l'eau, vous puisez dans la rivière, pour manger, vous puisez dans vos sacoches, et vous constatez à chaque fois que vos réserves fondent comme la neige au soleil, parcequ'avec les efforts, vous avez les crocs. Pas d'épicerie non plus le long de cette route, sur plus de 800km, mais qu'est ce qu'on est venus foutre ici, je vous le demande !

16 Juin. Un drôle de réveil : la butte de gravier contre laquelle on avait posé la tente s'est barrée tout à coup, pour un peu, on se retrouvait en pyjama dans le godet de la pelle mécanique ! Le brave homme rigolait, pas nous. On vous imagine vaguement moqueurs :

- mais quelle idée de dormir au bord de la route ?

Réponse : il n'y a pas le choix, car de part et d'autre de la piste, il y a soit des marécages, soit des rivières...

L'endroit où nous avons dormi se trouve à 850m d'altitude, c'est la limite de la forêt, plus haut il n'y a que de la toundra, parce qu'à cette latitude, il ne fait pas assez chaud pour que les arbres fassent la photo synthèse. Cependant, nous notons une différence de température significative avec celle que nous avons connue plus au Nord, si cela continue, on quitte le bonnet. Nous avons fait un détour pour aller voir un village de trappeurs et de chercheurs d'or, et croyez nous, les films de John Wayne restituent mieux la vie et l'activité de ces villages.

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Nous ne nous sommes pas attardés, because peu à voir, 3 baraques et 2 ou 3 vieilles machines du temps des chercheurs d'or, et sommes repartis pour 17 miles, pensant trouver l'Eldorado à Coldfoot (pied froid). Et oh surprise, à Coldfoot, il n'y a que dalle. Enfin, presque. Ce n'est pas un village, juste une station de camions, un motel à 200 dollars la nuit, euh, merci, finalement nous adooorons le camping.

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Nous avons droit ( moyennant finances) à la douche, mais ça, c'est parce qu'ils ont du sentir que cela fait une semaine que nous ne nous sommes pas approchés d'une savonnette. Nous nous sommes vengés sur le self, et c'est les poches et les ventres bien gonflés que nous avons rejoint notre hôtel 1000 étoiles, planté pile en face, comme ça demain matin, pas trop de route à faire pour le petit déjeuner.

Et comme le manager nous a à la bonne, il va nous autoriser à utiliser son ordi quelques minutes pour vous envoyer ce petit feuilleton, mais faut le dire à personne, ce n'est pas dans les pratiques de la maison, c'est vraiment exceptionnel et patati et patata, dites merci à super boss. Bon, vous comprendrez bien que pour les photos, ce sera pour plus tard, faudrait voir pas exagérer. Et plus tard, ce sera dans 6 ou 8 jours, parce qu'il n'y aura encore que dalle entre ici et Fairbanks. Ici tout est démesurément grand, les distances entre les patelins (on vous le rappelle : plus de 800 km de piste sans un bout d'épicerie, la traversée de la Gaule sans pouvoir acheter un morceau de pain), les camionneurs sont immenses, leurs tatouages itoo, leurs camions avec des sorties d'échappement comme nos cheminées de maison. Ces routiers sont sympas avec nous (sauf quand ils nous éclaboussent), c'est dommage qu'ils parlent une drôle de langue ! Ce soir encore, il y en a un qui est venu à notre table pour nous féliciter, il nous voit tous les jours sur la piste car il fait des aller retour entre les différentes stations de pompage du pipeline. Ce pipeline est lui aussi immense, 1400 km, vous imaginez un peu, il suit la Dalton Highway comme son ombre, puis continue vers Anchorage. Il est surveillé en permanence par des hélicos.

17 Juin : Journée de congé, lessive, et mangé....beaucoup mangé!

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Et vu pas mal de monde, puisque tout le monde s'arrête ici, les motards (quasi tous des allemands), les camping car, une équipe qui tourne des films sur les grizzlis, bref on ne s'ennuie pas, la journée est vite croquée.

18 Juin. Du goudron, oui, du goudron, nous fendons l'air, enfin ! De part et d'autre de la route, des immensités désolées qui ont subi un incendie il y a 5 ans, un incendie immense qui a ravagé des milliers d'ha.

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Tout à coup, nous plantons les freins car dans une petite rivière, se déroule un joli spectacle : des castors sont entrain de se baigner et de jouer, d'autres transportent des morceaux de bois.

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Un peu plus loin, nous sommes arrêtés par un véhicule : les rangers à leur bord. Qu'avons nous fait ? Un excès de vitesse? Ils veulent savoir comment s'est passé notre rencontre avec le renard quelques jours plus tôt et s'assurer que nous n'avons absolument pas été en contact avec lui. Les nouvelles vont vite dans le pays ! Ils nous expliquent que le goupil était vraisemblablement enragé et que nous avons échappé à 12 piqûres dans le ventre...

Nous nous fixés un but pour ce soir : dormir au cercle arctique, nous y arrivons fourbus, et comme nous avons oublié de faire le plein d'eau à la dernière rivière, nous sommes un peu « justes », il nous faut trouver un mécène. Par chance, il y a là un jeune couple d'Allemands (on vous l'avait dit...), et on fait coup double : l'eau et la bière ! Nous passons un bon moment avec eux, ils vont au Nord, en voiture de location, et dorment dedans, à l'abri. Au matin, ils n'ont pas eu à attendre la fin de la pluie pour s'échapper, un coup de démarreur et roulez jeunesse! On est verts !

Question à 100 sous : qu'est ce que le cercle arctique ? tic tac, tic tac..Sur cette ligne imaginaire, latitude 66°33' , le soleil reste au dessus de l'horizon pour un jour complet le 21 Juin (et en dessous le 21 Décembre). Fin de la petite remise à niveau.

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19 Juin: Sur le coup de midi, la pluie se barre enfin, nous aussi, et nous allons prendre un solide petit déjeuner à la rivière. La burqa ne nous quitte plus,

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des hordes de moustiques insatiables vrombissent autour de nous. Sur le vélo, ils ne nous embêtent pas, pour peu que l'on roule assez vite, mais aujourd'hui, la route est terrible ; nous devons franchir plusieurs collines, dont celle « du castor », avec ses pentes entre 9 et 12%, alors on vous laisse imaginer le désastre. Les routes ont été taillées au plus simple, pressés qu'ils étaient de ramasser l'or noir, ou alors les gens de la DDE n'étaient pas fortiches en trigonométrie.

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On ne dirait pas, mais ça penche !

Quoiqu'il en soit, cela n'a pas l'air de gêner les camions avec leurs multiples chevaux sous le capot, il n'y a manifestement que deux ânes sur leurs vélos qui tirent la langue.

20 Juin . De la forêt, des km de forêt, et de bien belles lumières, car, entre 2 averses, il fait beau. Le soleil est même fort parfois, et puis, il pleut à nouveau, nous devons jouer avec la garde robes. Tiens, je mettrais bien un débardeur, ah non, plus maintenant, mon ciré et mes bottes, etc etc...et si nous utilisions la cape comme voile? Bof, pas terrible, en descente, elle se gonfle et nous ressemblons à 2 bonhommes Michelin, mais pour les couleurs, ça jette super !

Nous allons sortir de la Dalton Highway (elle n'a d'highway que le nom!) lorsqu'un orage éclate, un monstre, avec flammes et bombes, la totale. Et là, les moustiques deviennent complètement tarés, ils nous attaquent de partout, même dans les yeux. Après une fort courte concertation, nous décidons de nous mettre en grève, les conditions de boulot devenant vraiment trop pénibles (le passé qui ressurgit ? ) Un couple dans un pick up nous demande si ça va pour nous, on lui dit que ça irait sûrement mieux si on était à bord de l'engin, et nous devenons les heureux passagers d'un Nissan dernier cri qui nous conduit à Fairbanks. Linda et Rod sont en promenade pour quelques mois, ils vivent au Nevraska

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Merci Linda et Rod !

Il nous dépose dans une sorte de camping auberge où nous logeons dans un tipi, trop de la balle, lol.

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Là, on fait ami ami avec un Pakistanais d'Amsterdam...et qui est venu jusque là pour voir le soleil de minuit, parceque nous sommes au solstice , et le pauvre n'a pas de bol, car il n'arrête pratiquement pas de pleuvoir.

21 Juin. Nous sommes allés au supermarché, en empruntant une piste cyclable aussi large que nos départementales, nous nous sommes garés sur un parking giga. Sur un emplacement voiture, on peut y stationner un semi remorque. Dans le magasin, c'est l'horreur, des km de bouffe en tout genre, beaucoup de light, no sugar, no fat, on se demande comment ils font pour être si gros, ils doivent se venger sur le coca, c'est sûr, et manger des glaces, en douce. Retour à la société de consommation dans toute son horreur, mais bon, il faut que l'on fasse les courses pour repartir en campagne. Du coup, on ne s'est pas privés, on a vu large, big carton sur le porte bagages, retour au tipi.

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Il y a ici Christian, un Allemand qui parcourt l'Alaska sur son trike. Il est super médiatisé, super sponsorisé, payé pour se promener. Mais ne croyez pas qu'il s'amuse tous les jours, il en bave aussi. Son engin est trop lourd (faut dire qu'il trimballe beaucoup de matos) et les côtes lui sont bien indigestes. Comme il connait déja très bien l'Alaska puisqu'il y est déja venu souvent, en moto, il nous déconseille la route que l'on pensait emprunter, et nous en conseille une autre, beaucoup plus belle. V'la qu'il bouleverse complètement nos plans ce con, mais ce qu'il nous a raconté nous a vraiment fait envie, le problème, c'est que c'est dans la direction opposée à celle que nous pensions prendre. Bon, alors, on ne sait pas si on va l'écouter, pour vous, ça ne change pas grand chose, sauf que maintenant, vous ne savez plus : vont ils à l 'est ou à l'ouest ? Raison de plus pour nous rester fidèles, vous aurez bientôt la réponse sur ce site. A bientôt !

En conclusion pour cette partie :

La Dalton Highway est la seule route qui relie Deadhorse, (Prudhoe Bay )à Fairbanks sur 840 km. Dès le début, nous savions qu'elle serait éprouvante : non goudronnée sur plus de 3/4 du tronçon, aucun magasin, aucune habitation. Il n'existe que deux arrêts pour se restaurer sans pouvoir pour autant se ravitailler en nourriture. Cette route s'est rapidement vue attribuée, dès sa mise en fonction, le surnom de "The Kamikaze Trail", la route kamikaze. Bon, sans aller jusque là, il faut reconnaître que traverser l'Alaska à vélo est une idée un peu folle. Que ce soit pour le défi ou pour l'isolement, la découverte de cet immense territoire sauvage est engageante. Camping sauvage presque partout, une centaine de km de vélo par jour sur route de terre, ou un mauvais goudron, l'aventure pure. Bien sûr, on peut décider de prendre davantage son temps, mais cela signifie emporter encore plus de nourriture, ça finit par faire vraiment lourd ! Sans parler du risque de se trouver nez à nez avec un grizzli, cela ne nous est pas arrivé et c'est tant mieux, mais c'est quand même un peu stressant de circuler à vélo dans ce genre d'endroit.

Enfin, le réchauffement climatique se fait sentir ici :

Alentour, c’est le permafrost qui fond. Or c’est près d’un quart des terres de l’hémisphère nord qui est recouvert de permafrost ! En Alaska, ça devient dramatique : les piliers supportant le pipe-line hérigé à la fin des années 70 de Prudhoe Bay à Valdez, réfrigérés par des poteaux-frigos pour garder le permafrost, ne suffisent plus à le maintenir en place. Une catastrophe écologique pire que l’ Exxon Valdez est à prévoir à brève échéance si le pipe-line venait à se rompre. Or il donne depuis longtemps d’inquiétants signes de fatigue . Il fournit environ 8% de la production totale des Etats-Unis.

Bon, une route un peu éreintante, mais qui valait la peine!

De Fairbanks à Valdez

26 Juin. Pour voir des photos de Fairbanks, cliquez ici, par Christian, qui est photographe cameraman, aventurier et tutti quanti.... Il nous a montré les reportages qu'il a fait pour Arte, magnifiques !

nous en alaska
Sur les conseils zavisés de cet homme de terrain, nous avons quitté Fairbanks, où nous n'avions que pluie, pour nous diriger Sud Ouest, au lieu du parcours prévu Sud est, pour profiter d'une plus belle route et visiter le Denali parc, où règne le pic Mc Kinley, que nous n'avons pas vu, tellement la météo était favorable... Nous avons eu, depuis notre départ de fairbanks, une belle journée, hier, et maintenant nous n'avons plus de pluie. Non, plus de pluie, elle a tourné en neige, enfin, même pas de la poudreuse, ce serait trop beau, de la neige trempée, qui mouille bien, quoi ! Voyez, nous mettons tous les atouts de notre coté pour vous faire un récit palpitant, en espérant attirer votre pitié. Et si nous n'attirons pas la vôtre, nous trouvons sur le chemin de bien bonnes âmes ! Hier, par exemple, Frank John, avec qui nous avions fait causette à la station service de Cantwell, nous a filé des vitamines et un grand bocal de saumon (cuisiné par sa femme !). Cantwell est le lieu où s'est installée l'équipe de tournage du film "Into the wild". C'est dans les environs qu'une partie du tournage a été effectuée.

Puis, nous avons roulé jusqu'à minuit, et c'est Liz et Florian qui nous ont offert à boire dans leur camping car. Ce matin, quand nous sommes partis, au chant du coq (enfin, notre coq à nous....), ils n'étaient toujours pas debout ces fainéants, sinon, ils nous auraient sans doute offert le petit dej. Parce que voyez vous, il y avait tellement de vent que nous ne pouvions pas démarrer le réchaud, donc nous sommes partis après avoir avalé des corn flakes, à sec, au risque de nous étouffer ! (on a décidé de vous la jouer tragique aujourd'hui....) Ensuite, alors que nous pédalions sur la piste de terre et nous nous approchions du col, il s'est mis à tomber de la neige fondue, et un pick up s'est arrêté. A son bord, Jill, Ian, Mark le pilote, et Angus, le caniche. A votre avis, est ce que l'on a accepté de monter ? tic tac, tic tac, grand suspens...

Bravo, vous avez visé juste. Nous sommes fainéants, frileux et même poltrons : nous avons peur de louper le bateau que nous devons prendre à Valdez dans 5 jours, et il n'y en a qu'un par mois (ça, ce n'est pas une connerie, pour une fois!) Si on le loupe, c'est retour à la case départ, on refait la route en sens inverse...

Ils nous ont fait une place et maintenant, nous avons 2 adresses pour passer des vacances, une vers Vancouver, et l'autre en Nouvelle zélande !
Nous voici au bistrot, Angus surveille la voiture !!!

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Quoi d'autre ? Avant hier, nous avons fait une sortie en bus dans le parc du Denali, nous avons vu des "moose", des bestiaux stupides et méchants (on pense que ce sont des élans)

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et....... un superbe grizzli, avec ses bébés. Les photos ne sont pas terribles, il n'y avait pas assez de lumière, mais nous sommes bien contents quand même de les avoir faites ! Nous espérions qu'ils s'approcheraient, qu'ils se mettraient debout, mais nada, ils se sont peu prêtés à nos fantaisies photographiques !

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maman grizzli

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les bébés 

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hop, chopé un ! (ours noir)

Si vous voulez voir de vraies belles photos de grizzlis, cliquez là, vous ne serez pas déçus, ce reportage photo est exceptionnel.

Nous vous quittons pour aujourdhui, en vous laissant méditer sur cette excellente maxime : "Tout ce qui ne tue pas fortifie" (Aïe,v'la qu'ils en remettent une couche ! )

Au fait, On se les gèle ! 

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mais du coup, il n'y a plus de moustiques !

Du 27 au 30 Juin. Nous empruntons d'abord la Denali Highway. Contrairement à ce que son nom indique, la Denali Highway n'est pas située dans le Parc National du même nom. Essentiellement en gravillons, elle court sur 220 kms de Cantwell, où se trouve l'actuelle entrée du Parc National du Denali, à Paxson.

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Cette piste est très belle et très peu fréquentée, malheureusement, pluie et brouillard ne nous ont pas permis d'en profiter pleinement tous les jours.

Après Paxson, c'est la Richardson Highway qui nous offre ses superbes paysages, surtout après Copper center. On se croirait en haute montagne, de magnifiques glaciers tout près de la route, qui ne dépasse pourtant pas l'altitude de 855m au col. Le paysage ressemble un peu aux Alpes Suisses, mais en tellement plus grand!

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Nous passons le col sous le soleil, mais après s'être faits saucer copieusement , mais pour une fois, il ne fait pas froid, entre 14 et 18 °C.

S'ensuit une descente de rêve d'une quarantaine de km pour arriver à Valdez.

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Valdez, surnommée la petite Suisse de l’Alaska, a été complètement reconstruite après le terrible tremblement de terre de 1964.
Cette région est dans une zone hautement sismique, ily a quelques jours,le 22 Juin, la terre a encore tremblé ici.

Valdez est une petite ville bien sympa, une impression de bout du monde, un très joli port. On vient ici pour se reposer, faire du canoé au milieu des iceberg, pêcher, et l'hiver pratiquer l'héliski (si on a le porte monnaie bien garni...)

Mais Valdez, c'est aussi le terminal du fameux pipeline Transalaska (qui court de Prudhoe Bay à Valdez sur 1300 km). C'est là que les pétroliers viennent chercher le pétrole brut pour l'emmener en raffinerie, et c'est dans la baie qu'a eu lieu la catastrophe de l'Exxon Valdez (1). Ce que l'on sait moins, (ce n'est pas la compagnie pétrolière qui s'en vante...), c'est que le pipeline a aussi fait sa contamination en 2000 (fuite ) ou qu'il a connu une perforation par balle.

Nous avons bien apprécié de nous reposer un peu, en attendant le bateau qui doit nous conduire à Juneau, car nous avons terminé avec une belle étape de 135 km et un col. Nous sommes restés des heures au port, à observer une loutre de mer.

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Nous avons assisté aussi au retour d'un pêcheur, avec un flétan de 125 kg, ce qui lui permet de se classer pour l'instant 2ème du Derby.

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Le gagnant gagnera un 4x4, rien que ça, qu'il pourra accrocher à son bus.. Voici enfin des cyclistes ; ce sont les premiers rencontrés depuis notre départ de Deadhorse:

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Irène et Joh, d'Alaska

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Hendrik, d'Allemagne

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en attendant la fin de l'averse


2 panneaux amusants :

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Attention : ramoneur !

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Ne pas trépasser ici !

Et un petit jeu : "cherchez l'intrus ":

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bonne réponse, c'est le dernier !

Aux Etats unis, on se déplace beaucoup en RV (recreational vehicle), qui dépassent toute notre imagination européenne. Soit on trimballe une immense caravane tractée généralement par un pickup, soit on circule dans un bus aménagé (souvent 1 couple dans un bus entier). Les 2 systèmes sont le plus souvent extensibles sur le coté (eh oui, on aime son confort). Si on a opté pour le bus, on ne peut pas se passer du 4X4 pour les petits déplacements, alors, on le traîne derrière, ou alors on trimballe le bateau, ou la moto, le quad et le vélo, mais ça, c'est seulement pour les gros sportifs ! En fait, il y beaucoup de retraités (ou de gens aisés) qui ont vendu leur maison et qui se déplacent au rythme des saisons. Dans la même journée, on a rencontré Bill, qui bourlingue depuis 10 ans, et Vera, qui après avoir parcouru l'Europe pendant7 ans en moto, circule maintenant dans un bus. Si vous jetez un oeil à leur site, vous verrez que Verna et Rob ne sont pas des voyageurs à petit budget. Du coup, ceci explique pourquoi les camping ici sont des garages à RV plutôt que des camping, c'est à dire que le plus souvent il n'y a pas de sanitaires, et que les tentes y sont rares.

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Verna

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Bruno et Bill, des retraités heureux !!!!

 

(1) La catastrophe de l' Exxon Valdez

Le 24 mars 1989, peu après minuit, le superpétrolier Exxon Valdez, de la compagnie Exxon, s’échoue sur un rocher dans les eaux de l’Alaska. Une partie importante du pétrole brut qu’il transporte s’échappe dans la mer. La plus importante catastrophe environnementale en Amérique vient de se produire.
Rapidement les images dramatiques de cette catastrophe font le tour de la planète. Des milliers de carcasses d’oiseaux et de mammifères gisant partout. Une marée noire et gluante envahissant les plages. 2 000 kilomètres de plages ont été souillés. Un désastre écologique sans précédent.
La faute est rapidement mise sur le dos du capitaine Joseph Hazelwood, qui avait un taux d’alcool plus élevé que la limite permise. Il allait devenir le bouc émissaire. Mais cet accident était prévisible et nos intervenants démontrent que les compagnies pétrolières ont fait preuve de négligence en ne respectant pas les promesses qu’elles avaient faites pour éviter une telle catastrophe.
Dans les mois et les années qui ont suivi, la compagnie Exxon a mis sur pied une spectaculaire opération de nettoyage, en utilisant des tonnes de produits chimiques toxiques, accompagnée d’une campagne de relation publique sans précédent afin de redorer son image corporative.
C’est lorsque les caméras et les journalistes se retirent que les conséquences commencent à apparaître. Une quantité importante de
pétrole s’est enfouie sous le sable, devenant accessible dans la chaîne alimentaire. Plusieurs mammifères et oiseaux continuent de s’intoxiquer. Certaines espèces n’ont jamais retrouvé les pertes subies. Des espèces de poissons ont disparu créant un déséquilibre écologique, mais surtout créant une crise économique pour les pêcheurs. Et les problèmes économiques ont entraîné de graves problèmes sociaux.
32,000 personnes ont déposé un recours collectif contre la compagnie Exxon, qui, après avoir été condamnée à payer des dommages-intérêts de cinq milliards de dollars aux plaignants, a multiplié les appels jusqu’à la Cour Suprême des Etats-Unis où elle vu le montant réduit à cinq cent millions de dollars. Une victoire morale pour ExxonMobil, une défaite amère pour la communauté de Cordova.