• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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De Villa O'Higgins à El Chalten
Nous avons passé la frontière Chili-Argentine, au bout de la carretera australe, le 21 Janvier 2009, avec nos vélos. Ce fut une belle petite aventure.

Candelaria Mansilla, Chili.Un lac. 3 maisons. Une garnison de douaniers. Un ponton où le bateau n'accoste que quelquefois par mois.

Lago Desierto, Argentine. Un lac. Une baraque et quelques douaniers. Un ponton et un bateau taxi qui traverse en principe 2 fois par jour.
Ne cherchez pas ces 2 noms dans un atlas. Vous ne les trouverez pas. Ce sont probablement les 2 postes frontières les plus isolés d'Amérique du Sud.
Et même sur une carte d'état-major ces 2 noms n'apparaîtront pas, car le tracé de la frontière entre Argentine et Chili dans cette partie australe de la Patagonie est âprement disputé entre les 2 pays voisins. Du coup, les deux pays essayent de résoudre leurs différents frontaliers autour d'une table de négociation sous les auspices de l'ONU et les cartes restent muettes. Alors que faisons nous dans cet endroit ? C'est qu'une fois arrivés à Villa O'Higgins, l'extrémité Sud de la Carretera Longitudinal Austral , nous n'avons que 2 choix possibles : soit faire marche arrière sur presque 250Km et passer la frontière vers l'Argentine au Lago Carrera, soit prendre le bateau.
Alors pour nous et autres cyclos rencontrés là, le choix est vite fait : ce sera le bateau.
Mais après, c'est un peu l'inconnu. Chacun d'entre nous sait que le passage vers l'Argentine est possible, mais on a des informations différentes et contradictoires. Les récits des uns et les lectures des autres (essentiellement des bribes de carnets de route glanés sur des sites web d'autres voyageurs) se comparent, se confrontent. Pour certains, il faudrait porter son vélo sur plusieurs kilomètres. D'autres parlent de traverser plusieurs gués. Certains prévoient de traverser en quelques heures, d'autres beaucoup plus…Qui croire? On ne sait pas. Alors on se jette tous ensemble dans cette aventure, la traversée de la frontière entre Candelaria Mansilla (Chili) et le Lago Desierto (Argentine), une frontière qui ne se passe qu'à pied, à vélo ou à cheval!
Après 8km de bonne piste,

puis 2 heures 45 de bateau depuis Villa O'Higgins, nous débarquons à Candelaria Mansilla

et après avoir accompli les formalités de sortie de territoire chilien, on remonte sur nos vélos. Mais nous les avons préalablement déchargés, nous avons confié notre bardas à Ricardo, qui avec ses chevaux, nous les livrera plus loin, c'est à dire avant le 2ème bateau.

Aucun panneau indicateur, mais il n'y a qu'une seule piste, très mauvaise et pentue. Il nous faudra 3 heures pour pédaler et pousser ces 15km.

Puis la piste continue en plein bois et devient roulante, elle devient même amusante lorsqu'elle est bien étroite. Un peu plus loin, il n'y a plus de piste. Seulement un sentier muletier si étroit et creusé qu'on ne peut pas le pédaler.



Il faut souvent marcher à coté des vélos et les pousser, voire les porter ou les tirer par endroits, il y a des branches basses et des souches. Notre progression est lente, nous économisons nos forces, quelque chose nous dit que nous ne sommes pas encore rendus.....


Quand le sentier s'élargit, c'est pour traverser des petites rivières…à gué, et là nous ne trouvons pas de technique idéale pour éviter de plonger les vélos jusqu'aux moyeux, nous sur des petits rondins de bois et les roues des vélos dans l'eau.


On a même traversé une rivière avec un bon débit, parceque le pont a disparu....

Il nous faudra plus de 2 heures d'efforts pour parcourir ces derniers 7Km et arriver enfin sur les bords du Lago Desierto. Là, en pleine forêt et sur le bord du lac, les Argentins ont installé une baraque et quelques douaniers. Mais ceux-ci sont plus chanceux que leurs homologues Chiliens car ils ont une vue imprenable sur les montagnes, enfin...lorsqu'elles ne sont pas dans les nuages. En principe,on devrait voir la cime déchirée du Fitz Roy, mais aujourd'hui, niet, elle est dans les nuages, le temps se couvre plein pot.
C'est là que nous allons prendre le bateau-taxi qui traverse le lac, mais il doit d'abord déposer des cyclistes qui viennent dans l'autre sens. C'est ainsi que nous faisons la connaissance de 3 bretons et de 2 Italiens.

Les premiers traìnent une remorque, et les seconds sont en tandem! Bonjour le passage dans le sentier étroit et creusé! Nous leur suggérons d'utiliser les services de ce brave Ricardo avec ses braves bourrins...comme ça il ne rentrera pas à vide, et nos cyclistes n'épuiseront pas toutes leur forces.
Après une traversée d'une quarantaine de minutes, nous débarquons sous la pluie battante et nous commençons à nous diriger vers le village de Chalten qui se trouve à 40km. Comme il pleut pas mal et qu'il est tard, nous n'en roulons qu'une vingtaine , et vers 22h, basta, on pose la tente dans la forêt.

El Chalten, ce sera pour demain! Une bien bonne journée, l'Argentine se mérite!
22 Janvier. La pluie ne cesse pas, nous quittons notre forêt pour affronter une route des plus humides!!! L'eau déborde de partout, elle arrive juste sous le tablier des ponts, limite dangereux.

En route, nous allons voir une cascade, assez impressionnante, vu le débit du jour, puis nous arrivons à el Chalten, sous le soleil.

Séchage des affaires...et hop, sommes prêts pour une nouvelle campagne.

Cadeau du soir :