• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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1er juin. Ce matin, on s’est levés avec élan. Le jour que nous attendons, et que nous craignons aussi, est là. Nous partons pour Darwin, avec un plan totalement nouveau pour nous :

convoyer un véhicule, pour une agence de Relocation.

Nous avons 7 jours pour amener l’engin à bon port, quasi gratuitement ( 1 AusD de location par jour, c’est-à-dire moins d’1 euro et on nous paie une grosse partie du  carburant ). Alors on trouve que c’est trop beau pour être vrai…, mais ça le fait !

C’est un Toyota Hilux, (ouf, on a échappé au monstre camping-car 6 places).

On aurait clairement préféré un engin plus typé, comme celui-ci, mais cela ne se fait pas en relocation :

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La prise en charge se passe bien, arrive le moment redouté : va-t-on arriver à glisser les vélos dedans ? Ouf, c’est fait, et on arrive même, après quelques contorsions, à grimper sur le lit. Nos craintes du départ commencent à se dissiper, c’est parti, alors, à bientôt pour la suite des aventures de Mr et Mme Pickwick dans leur mini camping-car !

(Pour ceux que cela intéressait, rendez-vous sur Coseats.com, c’est un site de Relocation, c’est-à-dire que les agences de location, plutôt que de payer un employé pour ramener un véhicule au point de départ, préfèrent le confier à des rapias comme nous pour le convoyer, hi hi…la vie est tellement chère en Australie, qu’il faut bien avoir recours à de petites astuces ! Tiens, du coup, on a appris un nouveau mot, rapia ça se dit «skinflint » )

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Beaux comme des camions...

Plusieurs itinéraires s’offrent à nous, nous choisissons pour commencer la Savannah Way. Elle traverse une grande variété de paysages : rainforest dense près de la côte, puis doux plateaux herbeux des Tablelands qui s’aplanissent pour laisser place aux vastes étendues du golfe de Carpenteria.

Le temps est étrange. Il pleut une minute puis le soleil revient. Non, c'est inexact. Le soleil ne cède pas la place à la pluie. Ils sont là en même temps. Ça donne une belle lumière à la campagne qui nous entoure. Nous traversons Mareeda, qui a perdu une grande partie de ses hommes le 19 septembre 1921. Une série d’explosions dans une mine a tué 75 personnes. Les conditions de travail étaient difficiles, les mineurs prenaient des risques et les familles n’avaient pas d’autre source de revenus. Coïncidence : il n’y avait pas de cimetière et la veille de cette tragédie la communauté avait voté son emplacement !

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Pause-café àTolga, capitale locale de la cacahuète.

Nous reprenons le volant, un peu stressés quand même à cause de la distance à parcourir en 7 jours : 2900 km, on n’a jamais fait ça…

Née de la découverte d’or en 1870, la petite ville de Georgetown est également connue sous le nom du « gisement d’or du pauvre » car les pépites d’or pouvaient être collectées à la surface et ne demandaient donc aucun matériel. Nous faisons notre première escale à 20 km de là, sur une aire de stationnement pour les « grey nomads ». Les grey nomads sont des retraités qui parcourent le pays en voiture tractant une immense caravane. Il fait nuit tôt en Australie à cette époque, vers 18h30, et c’est dans la pénombre que nous déballons nos affaires pour cuisiner. La voisine de camp, sans doute par pitié pour ces franchies peu organisés, nous apporte 2 omelettes toutes chaudes aux frites et poulet ! (Chance ! quelques jours plus tard, un de ses collègues nous fera un somptueux cadeau : 3 gousses d’ail….oui, mais pas n’importe quel ail, de l’ail cultivé par son neveu !)

Les australiens nous semblent un peu étranges, et parlent une drôle de langue, sûr que Shakespeare aurait aussi de la peine avec eux… Non seulement ils ont un accent terrible, mais ils déforment et  contractent  les mots.  Yes   devient yep, australian devient aussie, barbecue barbie, plus vicieux encore, afternoon devient arvo.

Lors d’un détour pour voir la ville de Karumba , nous assistons à un  spectacle assez insolite : deux hélicos paraissent géostationnaires. En fait, ils tournent à ras le sol pour rassembler des bœufs. Effectivement, un troupeau de milliers de bœufs s’en va quelque part, escorté par des motos et des quads.

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Karumba est la seule ville située directement sur le golfe de Carpenteria accessible par une route bitumée. C’est un petit port de pêche à la crevette, au crabe et au barramundi, un poisson qui peut peser jusqu’à 25kg. Du coup, exceptionnellement, nous ne cuisinerons pas et nous taperons un délicieux fish and chips au restau. Et on va faire un tour à « Animal bar », celui même qui a inspiré le célèbre groupe américain Red Hot Chilli Peppers, quand il a créé sa chanson éponyme (le bassiste est australien).

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Karumba est aussi connue car les explorateurs Burke et Wills arrivèrent ici en 1861, après avoir traversé le continent australien du sud au nord. Mais l’inextricable ceinture de racines de palétuviers les empêcha de parvenir sur les plages du golfe. En plus, ils moururent d’épuisement au cours du voyage de retour. 

Nous roulons maintenant sur un fin cordon de bitume qui traverse un genre de savane, le paysage est extrêmement monotone. Contents d’être en voiture, mauvaise pioche que de faire cette route en vélo. Par exemple, entre Normanton et Cloncurry  (380 km), on trouve un restau camping au milieu, c’est tout. Enfin, non, ce n’est pas tout, il y a des kangourous partout, des gros, genre 1 m de haut, des petits, et des plats, écrabouillés sur la route.

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A Clondurry, nous visitons le musée de John Flynn, et récupérons la route principale. John Flynn (25 novembre 1880 - 5 mai 1951) était un pasteur presbytérien et aviateur australien qui a créé le Royal Flying Doctor Service (RFDS), premier service d'ambulances aériennes au monde. Attendus et appréciés des habitants à qui ils apportent écoute et soins, les Flying Doctors sont un élément fondamental de l’Outback. En effet, au-delà du soulagement physique, les savoir prêts à intervenir quel que soit le moment, à même  de relier les contrées les plus isolées, garantit le bien-être et la quiétude des habitants. 

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Puis arrive Mount Isa, une ville déprimante en diable, La ville a commencé à exister à partir de 1923, lorsque John Campbell Miles découvrit une couche riche d'argent et de plomb sur le bord ouest du champ de Cloncurry. Du cuivre et du zinc sont également extraits et le minerai est transporté sur 900 kilomètres vers la ville et le port de Townsville, sur la côte est. La mine est le point de repère le plus significatif dans le secteur, avec la cheminée de la fonderie de plomb, de 265 mètres de haut, visible de tout point de la ville. Il y avait aussi dans le coin plusiurs mines d’uranium, actuellement fermées.

Un peu plus loin, nous marquons un arrêt impromptu pour 2 cyclistes ! Mich et Teresa, oh les courageux, ils font le tour de leur pays, sur leurs vélos. Enfin, pour l’instant, car ils envisagent de faire de la relocation plus loin…Très sympa ces 2 là ! Ils nous invitent chez eux, à Melbourne, mais quand ils y arriveront, nous aurons quitté l’Australie.

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S'ensuit un pic nic au bord d’un lac avec des paons qui viennent nous chiper de la nourriture et une bonne nuit au bord d’une rivière, non loin de Camooweal, un bled où nous rencontrons quelques cow boys bien éméchés au bistrot…, les distractions sont rares dans le coin.

Nous sommes maintenant dans les territoires du nord. Arrivés à la première station de service , on se renseigne pour prendre une route de traverse, pour nous enfoncer encore plus dans l’outback. On veut savoir si c’est goudronné ou non, impossible d’avoir un renseignement fiable. Nous la prenons quand même. Dire que la route est monotone aujourd’hui aussi est un doux euphémisme. Savane à gauche, savane à droite…II faut dire qu’on s’est écartés de l’axe principal où il n’y avait déjà rien. On voulait voir l’outback, on est servis pour le coup. 375 bornes sans rien.

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Pas de village, pas une baraque, même pas de kangourous, la savane sous un soleil implacable. On a beau rouler au son de « november rain », ça n’apporte pas beaucoup de fraicheur dans l’habitacle. Radiohead, ACDC, Daft punk, Lavilliers, Catherine Ringer, un bon vieux Patti Smith pour nous tenir éveillés…. Heureusement qu’on a embarqué un peu de musique. Arrive enfin Cape Crawford, le trou du cul du monde. Un motel camping, station-service. Une jeune française bien sympa travaille ici pour se faire de l’argent et épargner, car comme elle dit : dans l’outback, on ne risque pas de dépenser trop ! pour sûr ! Une nuit ici, et c’est reparti pour 271 bornes de néant. Mais non, pas tout à fait. On voit un convoi de 4 road trains transportant des bœufs garés au bord de la route, 200 bœufs par camion. Donc imaginez le délire : vous roulez 375 km suivis de 271 km (en gros, c’est Paris Montpellier), vous ne voyez qu’un motel camping station-service et 4 road trains contenant 800 boeufs ! Pour info, l’Australie est l’un des plus grands producteurs-exportateurs mondiaux de moutons et de bœufs.

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Maintenant, c’est la Stuart Highway, la route qui traverse l’Australie du sud au nord. Il y a un peu de trafic, surtout des caravanes de gens du sud qui montent chercher le beau temps dans le nord…bizarre, n’est-ce pas, mais nous sommes dans l’hémisphère sud, et c’est l’hiver. Et puis aussi les fameux road trains.

Un plouf dans les sources d’eau chaude de Mataranka, où on a droit à un spectacle insolite d’un jeune maniant des fouets avec une dextérité énorme…Ce serait le champion mondial de cette activité. Puis, une grosse demi-journée de marche dans les gorges de Catherine (on s’astreint à faire au moins une heure de marche par jour, pour pas choper des abdos de routier).

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Enfin, une jolie halte dans un petit camping sympa à Pine creek et reprise de la route pour la dernière ligne droite et arriver dans les temps pour rendre le camping-car. Vraiment un bon plan ce système de relocation, certes, cela fait des km en 7 jours, surtout qu’on a rallongé en faisant des détours…mais au final, une bonne expérience. Alors, allons-nous continuer en voiture, vous le saurez dans le prochain épisode.

Ce que nous retiendrons de ces 7 jours, c’est un grand sentiment d’isolement dans l’outback de ce pays. L’espace, de la place partout, et personne.  Le Territoire du Nord (Northern Territory), où nous sommes maintenant, est une immensité vide d'hommes, a une population de 243 700 habitants sur 1 346 200 km² (presque trois fois la superficie de la France, 20 % du continent). Un quart de la population est aborigène, un taux beaucoup plus élevé que dans les autres États. 

Autre sujet d’étonnement, les animaux : nous ne pensions pas voir autant de kangourous, des zones en sont infestées, il y en a partout ! Il nous est arrivé aussi de nous poser sous un arbre hébergeant des centaines de chauve-souris, ou des dizaines de perroquets, un spectacle inhabituel et fort réjouissant.

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Batman !

 

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