Nouveau pays, nouvelle marque de bière
Nous n'avons pris aucun renseignement concernant le Rwanda. Nous ne savons pas grand chose de ce pays, hormis son histoire terrible du génocide. Ce qui saute aux yeux dès la frontière passée, c'est la propreté.
On ne se réveille pas un jour en disant « tiens, aujourd’hui, je vais être discipliné, je ne jette plus rien par terre». L’ordre et le respect des lieux reposent sur la peur du gendarme et c’est bien un système policier qui a été mis en place, ici, comme à Genève ou à Singapour. En tout cas, au Rwanda, depuis 2008, plus de sac plastique à usage unique. Donc pas de sac plastique qui traîne.
La route qui va de la frontière à Musanze est agréable, quant à celle qui va à Gisenyi est sans problème, bien que ce soit la plus fréquentée du pays.
Le Rwanda, pays des milles collines n’est pas vraiment prédestiné à l’usage du vélo. Pourtant, on y a construit dans les campagnes des vélos en bois, sans pédale...
Le vélo à la campagne sert avant tout au transport de marchandises (bidon d’eau, d'alcool de bananes, de lait, de cannes à sucre, fruits et légumes, meubles etc.). Bien souvent, le chargement est tel qu'on ne monte pas sur le vélo, on se contente de le pousser. À la montée. Et à la descente, il faut le retenir.
C'est dans cette partie du pays que nous avons vu les chargements les plus fous...
Évidemment, comme partout en Afrique, un arrêt et c'est beaucoup de monde autour de nous. Les enfants ici sont polis, aimables, l'éducation n'est pas laissée de côté.
Au Rwanda les familles sont classés par niveau de pauvreté. Les classes 1 et 2 sont les plus pauvres. Les familles de la classe 1 reçoivent de la nourriture basique, elles profitent d'une assistance sociale gratuite, et le droit de scolariser gratuitement les enfants y compris à l'université. Ce sont elles aussi qui sont employées en priorité pour les travaux sur les routes. Ramassage, transport des pierres et empierrage des pistes. Le président Paul Kagame joue beaucoup sur les valeurs d’égalité et de justice sociale. Si le Rwanda reste un pays pauvre, il n'empêche que c'est aussi un des pays africains qui a la plus importante croissance économique
Et c'est parti pour le Congo Nile trail, un parcours sur pistes de toute beauté, pas facile, mais inoubliable. C'est sur ce parcours que nous passons Noël
Ce Congo nile trail offre vraiment un parcours très varié, surtout dans sa partie nord. Des parties roulantes, d'autres non, des parties très raides, à la montée comme à la descente, bref, on s'est bien amusés et fatigués un peu aussi. Malheureusement, la partie sud est maintenant goudronnée.
Ci et là, des memoriaux aux victimes du terrible génocide nous mettent mal à l'aise. Nous avons même quelques réticences à dire que nous sommes français...Après le génocide de 1994, il ne restait plus rien du Rwanda. En réalité, si, il restait des cendres, du sang et des larmes. Aujourd’hui, le pays poursuit sa reconstruction fulgurante, fier d'être un modèle de résilience. On ne peut qu'en être admiratif. Finalement, l’aspect le plus attachant du Rwanda est sans doute celui-ci : voir la capacité de l’être humain à reconstruire, et à se reconstruire. Ces enfants sont l'avenir et l'espoir de ce beau pays.
Nous avons passé le 31 décembre à Kigali, d'où nous avons décollé le 1er Janvier !
Mais revenons à nos moutons, ou plutôt au récit du Congo Nile trail :
Il démarre à Gisenyi, petite ville au bord du lac Kivu.
Le lac Kivu est l’un des dix Grands lacs d'Afrique. Sa particularité réside ailleurs : comme celui de Nyos au Cameroun, le Kivu renferme de très fortes concentrations de gaz (dioxyde de carbone et méthane), produits par l’activité volcanique de la région et la décomposition des matières organiques. Les 2 700 km2 de cette étendue d’eau – dont la profondeur approche les 500 mètres par endroits – contiendraient quelque 60 milliards de mètres cubes de méthane dissous et environ 300 milliards de mètres cubes de dioxyde de carbone, qui s’y sont accumulés au fil du temps.
Une telle concentration de gaz est problématique, car elle pourrait servir de détonateur à une éruption limnique, caractérisée par le dégazage brutal du lac qui relargue alors toutes les couches de gaz. Les conséquences humaines peuvent s’avérer terribles. En 1986, le gaz libéré par le lac Nyos, au Cameroun, avait ainsi tué par asphyxie plus de 1 700 personnes, dans un périmètre de 25 kilomètres. Or, le Kivu contient… mille fois plus de gaz que le Nyos, tout en se situant dans une région très fortement densifiée, où vivent plus de deux millions de personnes. Néanmoins, cette concentration menaçante de méthane est aussi, paradoxalement, une chance. Les développements techniques réalisés au cours des dernières années rendent aujourd’hui possible l’exploitation commerciale du gaz du lac Kivu. Celui-ci pourrait ainsi produire jusqu’à 700 mégawatts d’électricité, soit près de quatre fois ce dont dispose actuellement le Rwanda. De quoi susciter l’intérêt de certains opérateurs privés : le pays des Mille collines compte déjà deux sociétés américaines qui extraient du gaz du lac Kivu pour alimenter des centrales électriques.
C'est pour cette raison que l'asphalte va arriver bientot ici, pour faciliter le passage des camions. Pour l'instant, la route est en travaux et cela donne ceci :
Nous apprenons des choses surprenantes. Au Rwanda les familles sont classés par niveau de pauvreté. Les classes 1 et 2 sont les plus pauvres. Les familles de la classe 1 reçoivent de la nourriture basique, elles profitent d'une assistance sociale gratuite, et le droit de scolariser gratuitement les enfants y compris à l'université. Ce sont elles aussi qui sont employées en priorité pour les travaux sur les routes. Ramassage, transport des pierres et empierrage des pistes. Le président Paul Kagame joue beaucoup sur les valeurs d’égalité et de justice sociale. Si le Rwanda reste un pays pauvre, il n'empêche que c'est aussi un des pays africains qui a la plus importante croissance économique.
Femmes ramassant les pierres qui vont servir à garnir la route
Cette photo m'émeut, peut être parcequ'elle a été prise pendant cette période de fin d'année. En Europe, cela rime avec excès en tout genre, les enfants sont gâtés, pourris. Rien de tout ça en Afrique, ce petit garçon n'aura rien sous le sapin de Noël, il jouera avec sa petite voiture fabriquée maison avec de la terre et des bouts de bois. Bien entendu, on ne peut pas demander aux européens de faire de faire de même, (quoi que cela demande pas mal de talent et de créativité...) , mais laissez moi vous dire qu'être absents de France en ces moments là, c'est juste le bonheur, le bonheur d'échapper à toute cette consommation qui va jusqu'à l'indécence
Le Congo Nile trail est une succession de up and down. Il se hisse sur les collines pour mieux redescendre sur les rives du lac Kivu. Arrivés dans ce village de pêcheurs au charme suranné, nous nous approchons du rivage et nous trouvons nez à nez avec des garde côte armés de lance roquettes. En effet, de l'autre côté du lac, c'est le Congo RDC, et le Rwanda se méfie beaucoup de ses voisins.
Pas d'engin motorisé sur ce parcours, seulement des marcheurs et des vélos qui approvisionnent les villages. Chapeau les gars !
Ah ah, j'ai peur de faire des jaloux !
Ce Congo nile trail offre vraiment un parcours très varié, surtout dans sa partie nord. Des parties roulantes, d'autres non, des parties très raides, à la montée comme à la descente, bref, on s'est bien amusés et fatigués un peu aussi. Malheureusement, la partie sud est maintenant goudronnée.
Puis, arrive le traversée de la superbe forêt de Nyungwe, avec son dénivelé impitoyable pour arriver au sommet.
Ciel d'orage sur la forêt. La forêt de Nyungwe est un des derniers espaces en Afrique qui maintient ce type de forêt intact. C'est aussi une des plus anciennes forêts d'Afrique. Il est possible qu'elle ne subisse pas trop les effets du réchauffement climatique, tant qu'on la préserve du déboisement et des feux.
C'est l'heure de confectionner le repas. Un singe (colobe) arrive et vole notre pain. Pendant que nous le chassons à grands cris, un autre se pointe et s'empare des spaghettis. Putain, j'inscris "rôti de singe" au menu de ce soir. Sans pain.
L' armée rwandaise poursuit des hommes armés non identifiés après une embuscade meurtrière sur la route. Cette embuscade a eu lieu il y a un an et, apparemment, les assaillants n'ont pas été retrouvés. Le Rwanda craint que ce soient les rebelles hutus qui cherchent à déstabiliser le pays. C'est pour cela que le long de cette route, sur une cinquantaine de kilomètres, il y a un (ou plusieurs) soldats postés tous les 200 m (maximum). 🙄
On n'a jamais vu autant de flics qu'au Rwanda, dans les villes, sur les routes, partout. Même en Egypte il y en a moins, c'est dire...
Encore quelques jours de pédale sur du goudron, le pays aux mille collines mérite bien son nom, et c'est l'arrivée à Kigali. Et là, bien que ce soit une des rares capitales africaines où la circulation ne soit pas anarchique, stop le vélo, basta. La ville est assez étendue et construite sur plusieurs collines, du coup, pour changer de quartier, il faut presque grimper un col. Nous nous posons dans une guest house presbyterienne, très bien placée, à 2 pas de chez Kagame, c'est dire. Nous sommes les seuls clients, et sommes très à l'aise, un grand jardin nous permet d'étaler un peu tout notre bazar. Rentrer de voyage, c'est comme partir, il y a tout un tas de trucs à faire. Pas moyen de trouver des cartons de vélos, il faudra bricoler des cartons de frigo. Laver toutes nos affaires, bref, nous n'avons même pas le temps de rendre visite à des connaissances, bref, voilà déjà l'heure de rentrer. Non, ce n'est pas la mort dans l'âme, tout a une fin et vous le savez bien chers lecteurs, quand nous rentrons, ce n'est jamais pour très longtemps. Et puis, pas de risque d'ennui, rentrés le 2, soirée avec les copains le 3 et départ au ski le 4, la vie est belle ! Hasta luego à tous. J'essaierai (quand j'aurai le temps) de mettre des vidéos,, certaines valent le coup, je le signalerai par un message sur la page d'accueil.
Allez, cadeau, je fais une petite rallonge, en guise de best off :
Ici, c'est bon. Voilà qui est rassurant. C'est sûr que s'il avait écrit "ici, c'est dégueulasse", c'était nettement moins vendeur... C'est amusant de trouver des annonces en langue française au Rwanda. Ceci est dû au fait que le pays a été colonisé par la Belgique. Et ce sont les belges qui ont eu l'idée lumineuse d'inscrire la mention ethnique "Hutu" ou "Tutsi" sur la carte d'identité des Rwandais.
Ces 4 gamins marchent sur la route, habillés de guenilles, 3 sont pieds nus, ce qui est relativement rare. (on n'a pas le droit de se balader pieds nus au Rwanda). Nous profitons de cette rencontre pour faire une pause "pain, miel, bananes". Cela nous fait du bien, et manifestement à eux aussi. Ils engloutissent ça en un rien de temps et ramassent même les miettes tombées au sol. Quand on voit le gâchis des pays dits "civilisés", ça fout les boules...
Et voici la petite dernière du Rwanda. Peut-être plus encore plus qu'ailleurs en Afrique, en Ouganda et au Rwanda, on ne risque pas d'oublier sa couleur de peau. Toute la journée des "muzungu" tombent dans nos oreilles.
Ils sont toujours bienveillants et proviennent majoritairement d'enfants rieurs. D'autres ont la trouille du "blanc" et se carapatent à notre vue, certains pleurent et détalent sur les talus à toute allure. Les adultes sont plus réservés, mais nous entendons parfois des choses étonnantes, du genre :
“il n'y a que les blancs qui peuvent faire autant de km sur un vélo. Nous, on ne peut faire que 10km", ou encore :
"Aujourd'hui grâce à vous, il s'est passé quelque chose dans ma vie : pour la première fois, j'ai parlé à des blancs ! “ Alors là mec, tu nous fais plaisir. Nous ne referons pas le monde, nous sommes et resterons des" touristes friqués, comparés à toi", mais nous souhaitons avant tout ne pas avoir un impact trop négatif sur les populations. En mangeant ce plat de haricots avec toi en plein cagnard, en discutant de nos vies et en racontant des bêtises, il s'est aussi passé quelque chose dans notre vie. C'est aussi simple que cela. La recette du bonheur ? Nous vous conseillons de voyager, un peu, beaucoup, passionément, le voyage fait grandir l'intelligence du coeur.