• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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Karibu

Karibu, en Swahili cela veut dire bienvenue, c’est ainsi que nous sommes salués ici. L’obstacle majeur d’un voyage en Tanzanie est la langue. Ici, on ne parle pas anglais, mais le Swahili ( ou Kisswahili), la langue d’origine de la peuplade de la côte et de Zanzibar. En apprendre quelques mots facilite grandement les échanges.Nous passons une journée off à Misuma, car il nous faut trouver un bus pour traverser le parc du Serengueti, interdit aux vélos. La petite ville de Misuma n’est pas désagréable avec son marché aux poissons, nous sommes à nouveau au bord du lac Victoria. Même constatation que du côté Kenyan, la population n’a pas l’air malheureuse du tout.. 

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Cuisinières du marché aux poissons

Nous commençons à goûter au doux chant du muezzim à 5 heures du matin, celui-là, on a déjà envie de lui couper la langue, et on voit des petites filles voilées, ce qui n’a jamais été le cas au Kenya (90% de chrétiens), alors que la Tanzanie compte plus de 30% de musulmans.

Et gnou, et gnou 

Les animaux sauvages, la savane, les Massai. On a l’impression d’être dans un documentaire. A tout moment on s’attend à entendre la voix d’un narrateur omniscient sorti de nulle part. Et pourtant non, nous sommes seulement dans un mauvais bus qui trace dans cette plaine immense du Serengueti.Il roule trop vite ce tacot, à peine le temps d’apercevoir les animaux sauvages. C’est fou, des gazelles par milliers, des zèbres par milliers, et des gnous par millions à ce qu’on dit. Les gnous sont des antilopes barbues. Les suivre pendant leur migration est parait-il un spectacle inoubliable. Nous nous contentons de les voir furtivement à travers la vitre de notre bolide.

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Quand il y a du gnou, il y a du zèbre, ils se déplacent ensemble

Un mini Banana land

Nous nous faisons déposer dans le village de M’to m bu, d’où nous recommençons à pédaler. Nous avons passé quelques jours dans le coin il y a 3 ans, d’ailleurs plusieurs personnes nous reconnaissent, ou, plus vraisemblablement, reconnaissent les vélos. Nous sommes surpris de trouver le lac Manyara avec très peu d’eau, nous ne pédalerons pas cette fois en compagnie des zèbres.

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avant, il y avait un lac ici

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Le village de Mto m bu est sympa, petite oasis où on cultive riz et bananes. Les régimes de bananes sont transportées à vélo, et déposés sur une petite place d’où ils repartiront dans de petits camions.

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Recherche de quelques membres de ce peuple ô combien célébrissime d’Afrique de l’Est : les Massaïs.

Les hommes sont grands, très minces et portent leurs tenues traditionnelles, couverture à carreaux jetée négligemment sur l’épaule, laissant entrevoir des corps bien musclés. Oreilles percées, bâton à la main, ils ont fière allure et sont très photogéniques. Les femmes ne sont pas en reste, toujours ornées de bijoux magnifiques. Du coup, ce sont un peu les mascottes de la Tanzanie auprès des touristes, qui veulent absolument rentrer à la maison avec des photos de Massaï. Ce peuple a la vie dure, cohabitant avec les lions dans les zones les plus reculées du pays. Décimés par la famine et les maladies, ils ont vu leur territoire diminuer, confisqué par l’état pour en faire des parcs gouvernementaux. Déplacés de force avec leurs troupeaux, les voici installés en bordure de ces parcs où se baladent les touristes aisés à la recherche de photos de lions, d’éléphants et ……of course, de Massaïs. Bien qu’on le fasse souvent passer pour un être arriéré car il boit encore parfois le sang de ses vaches direct à la carotide, le Massaï n’est point bête, alors, quand il voit débouler dans son village des 4 x4 remplis de blancs prêts à tout pour faire leur safari photo, alors…..et bien, le Massaï fait payer. Et il n’y va pas avec le dos de la cuillère, c’est 50$ par véhicule, et un supplément pour chaque cliché. Pourquoi se gêner puisque des pigeons paient ! Nous ne prétendons pas être plus malins que les autres, pour nous aussi, les premières rencontres avec des Massaïs sont un choc, c’est clair qu’on a envie de graver ces visages et ces corps dans nos mémoires, le disque dur n’étant pas infini, on cherche à les mettre dans la boite noire. Personnellement, j’adore photographier les gens, mais contrairement à ceux que j’appelle méchamment « pigeons », je tiens à ce que cela fasse plaisir aussi à celui dont je vais tirer le portrait. En tout cas, c’est clair, je préfère renoncer que d’entrer dans une relation commerciale. Notre histoire de photos de Massaï débute en 2012. Le premier Massaï à qui je demande l’autorisation s’appelle Andrea. On s’arrête dans une gargote, il est là avec sa femme et son fils, un trio mémorable, il a 73 ans et belle allure, elle a une petite trentaine elle est splendide. D’abord, Andrea refuse, en disant qu’il ne verrait jamais la photo. Je lui promets de la lui envoyer, du coup il accepte. La photo est postée à Thoiry, mais elle n’est probablement jamais arrivée ici. Alors, 3 ans plus tard, nous repassons à la gargote, déception, Andrea est en voyage…mais joint par téléphone, on lui explique où il pourra récupérer les photos de sa tribu. Il est tout content, et souhaite qu’on l’attende quelques jours, mais on n’a pas que ça à faire, attendre le Massaï, la route est longue jusqu’à Cape town.

2 ème livraison : cette fois, c’est bingo,

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Nous retrouvons sans peine les huttes où nous nous étions arrêtés, en juillet 2012. Nous trouvons la famille en bonne forme, ravie de recevoir ces photos….des moments très forts, chacun essaie de se trouver sur le cliché, ça les épate de voir sur un bout de papier. Si pour nous, c’est chose banale que de se voir en photo, la notion d’image n’est pas évidente du tout pour ces peuplades. Un jour, un photographe célèbre nous raconte qu’en Ethiopie, il apporte des clichés qu’il a fait dans une tribu. Une femme jette les photos par terre de colère, en disant qu’elle ne les veut pas car elle est beaucoup plus petite sur le papier qu’en réalité !

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Maia, facile aussi. Nous la retrouvons dans son village, elle vend toujours des bijoux sur le marché, elle est très émue de nous revoir ! Une fille magnifique, instruite, et qui n’a pas encore trouvé de mari, elle ne veut pas d’un rustre, dit elle en se marrant….Nous mangeons un barbecue de chèvre ensemble et refaisons les photos au Nanja bar, exactement comme il y a 3 ans.

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Liti, la plus coriace et la plus émouvante pour la fin. Juillet 2012. Au bord de la route, une femme Massaï attend, elle vend des bouteilles de lait. Je la trouve magnifique, beaucoup d’allure et surtout son regard, un regard énigmatique. Debout sur les freins, je pile, tente de taper la discut mais l’échange est mince. La demande à faire la photo est couronnée de succès, je repars et comme une gourde, je n’ai même pas la présence d’esprit de lui acheter une bouteille de lait. 3 ans plus tard, j’y pense encore, je ne lui ai même pas acheté une bouteille de lait, alors que j’ai fait la photo, la honte. Comment la retrouver ? Je ne sais rien d’elle, j’ai juste fait tirer son portrait à la Migros ! Donc, photo à la main, en train d’interviewer toutes les personnes que nous rencontrons à proximité du lieu où elle se trouvait avec ses bouteilles de lait 3 ans plus tôt. Dans premier temps, c’est la loose totale, puis on nous donne des infos contradictoires. Finalement, un jeune Massaï propose de nous aider. Et nous voici partis pour une longue balade en rase cambrousse, et ça marche vite un Massaï….Quelques heures de marche plus tard, avec quelques épines d’acacias plantées dans les pieds ,(on n’a pas de chaussures taillées dans des pneus, nous), on arrive chez Liti ! Evidemment, elle hallucine complètement de nous voir….et la photo produit un effet bœuf : elle ne s’était jamais vue en photo, ni en papier, ni sur un écran, nada, elle n’en croit pas ses yeux…

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C’est juste génial, elle nous apprend qu’elle a quitté son mari qui la maltraitait d’où nos difficultés pour la retrouver. Des moments très forts, on est trop contents, et au final, on a un nouvel ami Massaï, notre guide, ce jeune étudiant qui parle un bon anglais et qui n’a pas hésité à passer une après-midi avec nous à chercher l’aiguille dans la botte de foin.

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Du coup, nous, des photos de Massaïs, on en a pléthore, si toutefois vous voulez nous en acheter…

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Réfléchissez bien, pas sûr que ce soit le meilleur choix ! (élections le 25 octobre) 

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Passage à l'âge adulte

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