• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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Je crois qu’il est difficile d’entrer en Afrique du sud sans avoir un brin d’appréhension, à cause de tout ce qu’on raconte sur la criminalité dans ce pays. Certes, il ne doit pas faire bon se balader la nuit à Johannesburg, mais il ne faut pas croireque dès la frontière passée le danger est partout, et qu’on va vous sauter dessus pour vous dépouiller, c’est ridicule ! Nous vous le disons déjà tout net, nous n’avons eu aucun souci avec la population, bien au contraire. En réalité, la Namibie et l'Afrique du Sud Ouest sont assez proches en termes de climat et de population. La Namibie a été administrée par l'Afrique du sud de l'apartheid jusqu'en 1990. Du coup, l'organisation sociale, l'économie (diamants, minéraux et délicieuse viande), le peuple, ont en réalité beaucoup en commun, sur une terre qui s'étend sur une distance aussi grande que Bordeaux-Budapest.Nous roulons sur la nationale 7 pendant quelques centaines de kil. Cette route est plutôt assez sympa, mais toute en up et down, ce qui nous ruine, d’autant plus que la chaleur y est très importante. La bonne nouvelle c’est que la circulation est assez faible.

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chasse, pêche, nature.....no comment !

A Springbok, nous restons 2 nuits, non pas que l’endroit soit passionnant ( les petites villes sont comme les petites villes américaines), mais parce qu’on trouve un hôtel pas trop cher, confort, fraîcheur, bonne bouffe, tout ce dont a besoin le cycliste fatigué. Nous continuons péniblement jusqu’à Klawer, et là, le 30 décembre, on a failli péter un câble. Le thermomètre affiche 49 degrés (à l’ombre bien entendu). Avant de nous rendre au camping, nous nous précipitons dans un whimpy. Il est 14 h, nous restons sous la clim jusqu’à 18 heures ! Le lendemain, nous continuons dans une zone de vignobles, plus agréable et de moins en moins chaude car nous allons en direction de l’océan. Par contre, la circulation devient assez importante, et nous avons quelques frayeurs avec des véhicules qui nous rasent. C’est période de vacances, entre Noël et jour de l’an, les sud africains se déplacent beaucoup.

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La chance est avec nous pour le 31 décembre....

La brume cache le soleil alors que nous descendons vers l'océan. Sur la côte accidentée et rocailleuse, de grosses vagues se déroulent et se brisent. Nous aimerions dormir à Strandfontein, mais camping et guest houses affichent complet. C'est parti pour quelques kilomètres supplémentaires, mais à Doringbay, il n'y a rien de disponible non plus. Nous nous apprêtons à poser la tente sur la plage quand arrive René...Il nous propose de venir faire la fête chez lui, nous resterons 2 jours avec eux, une équipe géniale, rencontres éphémères, mais qui restent gravées en nous. Comme toujours, avec ces personnes qui nous accueillent le long de la route...

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Là, nous sommes en pleine dégustation de vin sud africain.

Après de chaleureuses effusions, nous reprenons la route pleins de viande et de vin…., nous sommes maintenant à 250km du Cap, seulement 250km, mais il est encore trop tôt pour crier victoire. Tout peut encore arriver, le vent, l’accident ( c’est avec la maladie ce qu’on redoute le plus en voyage), l’agression. Ça,cela ne nous inquiète pas beaucoup, mais nos derniers hôtes , qui habitent Pretoria viennent de nous raconter qu’ils vivent dans des maisons archi sécurisées, murs surmontés de clôtures électrifiées, garde, alarme…, ( chaque blanc en afrique du sud a une histoire de crime horrible à vous narrer). Ils nous parlent aussi du carjacking. Rouler fenêtres fermées, ne s’arrêter que sur des parking surveillés etc etc. Pour nous, garder les fenêtres fermées, c’est pas facile…Et nous avons déjà parcouru 550kil. en afrique du sud sans aucun souci , (certes, dans une zone peu peuplée) donc nous sommes confiants.Et voila que l’on se retrouve nous aussi en plein clivage noir blanc. Blanc et noir, l’afrique du sud peut faire penser à un pays de borderline. Ah mais que non, il y a des nuances, puisqu’il y a les colored,( ceux qui sont colorés, pas assez noirs ni assez blancs). En réalité, dans la partie sud ouest de l’afrique du sud, on voit surtout des blancs at des colored, peu de vrais noirs. Et du coup, on n’est jamais appelé « le blanc » comme cela arrive si souvent en Afrique. Ce qui est clair, c’est qu’il y a une énorme solidarité entre blancs d’Afrique du Sud. Dès que nous sommes à l’arrêt, un blanc nous demande si on a problème, ou si on a besoin de quelque chose. Mais ce qui est certain aussi, c’est que si on a besoin de quelque chose, il y aura toujours un noir ou un colored....pour nous aider.

Pourtant, l’ennemi, nous allons le trouver avant d’arriver au Cap. Et il va vraiment nous en faire voir !

Jusqu’à Lambert’s bay, tout va bien, le parcours sur une piste privée agréable, le long de la voie ferrée. Nous sommes seuls au monde, juste distraits de temps à autre par le passage du train de minerai, un train gigantesque de 3,7km de long, quasi 2 fois plus long que le célèbre train mauritanien qui transporte aussi du minerai.

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Lambert’s bay est une ville entourée de dunes de sable blanc, comme un peu plus loin Eland’s bay, bien connue des kite surfers, et on comprend vite pourquoi. Le vent, ce vent tant redouté par les cyclistes, le voilà. Nous alternons piste privée et goudron sur une route. Nous rencontrons Nige, un gaillard d’Australien très sympa, en tour du monde sur son vélo et roulons 2 jours ensemble. Nous arrivons à Dwarkerskos, une petite ville côtière qui ressemble aux villes balnéaires de la côte espagnole entre Barcelone et Valence, pas terrible ! On nous a recommandé le village de Paternoster, très joli, mais ce satané vent nous en éloignera, nous renonçons à faire le détour. Ce vent nous use. Avec Nige, nous avions prévu de se faire un petit restau dans un patelin, mais nous n’y arrivons pas, nous squattons un bâtiment désaffecté et le menu est une fois de plus réduit à sa plus simple expression, soupe et pâtes. Nous nous séparons au matin, car Nige veut faire quelques emplettes et se rendre chez le coiffeur pour être tout beau pour faire son entrée à Cape town. Nous faisons un petit détour par Saldantha, l’endroit où le minerai transporté par ce fameux train est embarqué sur des bateaux et exporté dans le monde entier. La jetée est impressionnante, elle peut accueillir de gigantesques navires de cargaison. Nous traversons une petite ville appelée Mykonos, encore une de ces villes pour vacanciers, et passons une nuit au camping de Langebaan, le vent est vraiment bargeot, il ne nous reste qu’une centaine de kil. pour Cape town, mais ne sommes pas certains du tout de les faire en un jour. Nous quittons Langebaan et ses hordes de kite surfeurs, oh surprise, nous devons gravir une rue bien pentue, vent de face, et rapidement en poussant… Finalement, c’est carrément une petite colline sur laquelle nous devons nous hisser, puis perdre le dénivelé si chèrement acquis, et entrons dans un parc national. Curieusement, malgré quelques changements de direction, c’est toujours en plein nez que nous l’avons, ce satané vent et ce qui devait arriver arrive : Cape town n’est pas pour aujourd’hui. Mais au final, nous sommes chanceux quand même, car on nous dégote une toute petite maison, pas besoin de galérer à monter la tente en pleine tourmente. Nous avons un peu de temps devant nous, nous faisons une petite balade pour voir quelques oiseaux, et au petit matin, un troupeau d’une centaine d’élands nous attend devant la porte.

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notre petite maison pour la nuit

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Pour voir de belles photos d'Afrique du sud au printemps, cliquez ici et

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un couple d'allemands sur la piste, ce qui porte à 3 le nombre de cyclistes rencontrés en 4 mois

10 Septembre. Aujourd’hui, c’est le grand jour, nous arrivons au Cap. C’est la fin de cette aventure de 4 mois, tout s’est passé comme sur des roulettes, nous sommes très heureux. Heureux, mais toujours avec le petit « pincement au cœur » de la fin, celui que l’on a aussi d’ailleurs à chaque fois que nous démarrons un nouveau périple. Et puis, comme à chaque fois, on se dit qu’il suffirait de tourner le guidon et continuer dans une autre direction….mais nous avons pris un billet retour, nous sommes tout de même contents de passer à nouveau du temps avec quelques personnes chères, nos amis et skier avec eux, et puis terminer notre maison. Ce qui nous aide à rentrer, c’est aussi savoir que l’on repartira bientôt sur les routes.Dans l'immédiat, nous avons envie d’aller jusqu’au Cap de Bonne espérance, ce que nous faisons en stop car le vent de face nous a trop usés, nous n’avons plus envie de continuer cette lutte inégale. Pourquoi vouloir aller au Cap de bonne espérance, alors que ce n’est pas le point le plus méridional de l’Afrique, ce n’est pas non plus là que l’océan indien rencontre l’océan atlantique. Ce point est Cap Aguilhas à environ 150 km du cap ce bonne espérance . Le cap de bonne espérance est d’une part beaucoup plus beau que le cap Aguilhas, et d’autre part historiquement plus important, car il a accueilli la première émigration à grande échelle des Huguenots français en 1687. Et puis, il a été atteint par les marins portugais en 1488. La zone fait maintenant partie d’un parc national et est très fréquentée par les touristes, il faut faire la queue pour se faire prendre en photo devant le panneau Cape of good hope

Nous voici maintenant à Cape town pour 3 jours. Le premier est employé à emballer les vélos pour le retour en avion. La tâche nous est grandement facilitée par Uwe, un motard sud africain que nous avons rencontré plusieurs fois. Grâce à son aide et à celle de ses amis, le tour est rondement mené. Il nous reste donc assez de temps pour consacrer un jour à grimper sur la table mountain, d’où nous avons une vue extraordinaire sur la ville. Cette ville qui n’a rien à voir avec une ville africaine, qui ressemble plutôt à une belle ville européenne, avec des banlieues très chic. La côte autour de Cap town est de toute beauté, avec des maisons pour millionnaires construites dans de petites criques, et de très belles plages de sable blanc attirant les surfeurs. Nous voyons aussi pas mal de cyclistes, qui, malgré le vent, s’entrainent pour la grande course cycliste du mois de mars, qui voit la participation de 35 000 coureurs.

Et puis, voici le dernier jour, là où tout s'accélère, là où on redoute de rentrer, parce qu'on a encore envie de faire plein de choses, là. Nous nous dirigeons vers une petite place, un trio joue du jazz dans un rayon de soleil, le chanteur noir avec sa superbe voix rauque, les musiciens blancs et leur musique envoûtante, nous nous posons pour déguster un café et on se dit qu'on a quand même une putain de belle vie !

Le best of en photos

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Un air de rock star

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un air de clochards...

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Les mêmes au sommet de la table mountain, Cape town

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épave dans le désert namibien

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pédaler en Namibie, c'est souvent un grand moment de solitude

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Nous avons fini par les goûter, les fameux vers de mopane....