• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
  • 20171218 134510   Copie 2

5 Novembre. Cette fois c’est le vrai départ. Hier au soir,  les sacoches ont été refaites correctement, les réflexes des voyages antérieurs se sont déjà bien émoussés. Vérifier que toute chose est à sa place, éviter de mettre ses slips avec les bouteilles d’eau, ou le pot de miel avec l’appareil photo. Quand le réveil sonne à 5h30, on se demande bien ce qui se passe, encore pleins de fatigue dans le corps, les quelques jours passés en ville n’ont pas été de tout repos. Et cette dernière nuit, la bagarre des émotions,  la joie du départ et un peu de stress mêlés. Un voyage en vélo ne se démarre pas si facilement , c'est toujours la même histoire pourtant, avec les magnifiques et indispensables conseils prodigués « pour votre bien ». « Attention tu vas choper la chiasse et le beri beri, ne te baigne pas, il y a la bilhiarzose, attention aux serpents et aux scorpions, aux bandes armées, les pays où tu te rends sont peuplés de méchants, ils vont te dépouiller, te découper en rondelles ». Alors, forcément, la veille du départ, ça te revient en boucle dans ta pauvre tête, les bandits, les scorpions, et même quelques lions, les voleurs, les fièvres et les maladies, et surtout la chiasse. En même temps, Egypte et Soudan ne sont pas réputés pour être les pays les plus sûrs au monde, mais nous pensons être bien informés (en particulier de la part de cyclistes qui sont devant nous), et n’avons pas le sentiment d'être totalement inconscients. Par contre, pour éviter une longue exposition à la circulation démente du Caire, c'est une voiture qui nous dépose en banlieue, à l’entrée de l’autoroute menant à la mer rouge ! Oui, vous avez bien lu, nous allons emprunter à vélo l’autoroute, 6 voies, puis 5, puis 4 et enfin 3. Allez, nous y sommes, et comme nous y sommes, alors, faut y aller. La circulation est faible maintenant, et une bande d’arrêt d’urgence est réservée aux cyclistes, bonne idée.

 

IMG 20181105 092139

                                       

IMG 20181105 110800
IMG 20181105 120340-1

Après la pluie le beau temps (et parfois l'inverse). Habituellement, 11 h, c'est le rituel de la  pause café. Pourquoi déroger à cette règle ? A peine les vélos garés qu’un minibus arrive, les occupants en sortent et une violente bagarre éclate entre eux et les employés de la station service. Ça frappe avec les poings, puis sortent des barres de fer, ça craint. Nous faisons profil bas et entrons dans l'établissement, prêts à nous réfugier dans les toilettes, au cas où cela dégénérerait. Le café avalé et la pause terminée, sortons compter les dents au sol. À nouveau des cris, mais cette fois, c’est Bruno. « putain, mais mon siège est trempé, quel est le con qui a arrosé mon siège ? Va falloir que je roule le cul mouillé, il est où l’abruti qui a fait ça ? », j’en passe et des meilleures. Un des employés, penaud devant la furie, attrape son karcher, le malheureux a compris qu’il devait laver le vélo ! Vous imaginez la réaction du cycliste. Nous quittons enfin les lieux, l’orage est passé (celui qui a mouillé le siège de ce pôôôvre Bruno), et tout le monde rigole, les 2 protagonistes rabibochés se congratulant mutuellement.

A gauche, du désert, à droite, du désert, au centre, un bon goudron, nous arrivons assez vite à Ain Sokhna et sa banlieue industrielle, cimenteries, stations off shore, camions, panneaux publicitaires annonçant des complexes touristiques aux noms exotiques, « La vista », « Jardin Hawaï », « il monte galata », des établissements moyen et haut de gamme, tous vides, ou quasi vides. Quelques restaus à routiers ont failli nous retenir pour le déjeuner, mais l’orage arrivant, nous nous contentons de ralentir pour photograhier un couple de pélicans attachés près d’une devanture. S'approcher, oui, mais pas trop ! « Attention, ne t'approche jamais de pélicans, ils peuvent te bouffer les doigts, et le cou, et la tête ». À l'étape le compteur affiche pile poil 100 km. Une agréable journée.

 

6, et 7  Novembre : ça pourrait être beau, mais c’est plutôt moche, il faut bien l’avouer. Ça pourrait être beau, des montagnes ocres se jetant directement dans la mer turquoise. Mais le parcours est jalonné de cimenteries, de constructions  parfois inachevées, et d’autres en pleine croissance. 

                                     

IMG 20181105 154852
IMG 20181106 204356

Le plus souvent placés à ras  la mer, des complexes touristiques immenses et hideux, et de l’autre côté de la route, leurs déchets. Un bordel incroyable, l'anarchie totale, des batisses abandonnées et défoncées  par ci, des pelouses arrosées copieusement par là, une catastrophe écologique.

A Zafarana, le Sahara Inn, un petit établissement sympathique fera bien notre affaire. Le bien nommé offre même du sable dans la chambre, on lui pardonne, il propose de bonnes pizzas. Il nous reste  tout l'après midi à buller au bord de la mer après avoir fait une petite lessive dans le lavabo. Et Bassim qui voulait nous prêter sa machine à laver pour nos 3 frusques.

                                 

IMG 20181106 204132
IMG 20181107 124454

La vie n'est pas (toujours) un long fleuve tranquille. Ami voyageur, si je devais te conseiller une qualité pour bien vivre ton séjour en Afrique, je dirai LA PATIENCE. Mais ne t'inquiète pas, si tu n'en as pas au départ, tu vas apprendre ça en cours de route. Nous voici ce matin au check point de Zafarana, notre laissez passer n'est pas gagné, nous savons qu'il y a de forces chances que l'on nous impose une escorte, c'est à dire une voiture de police aux fesses. Le rêve du cyclo. Le jeune policier a reçu des ordres, il est bien embarassé mais nous ne pourrons pas passer. Nous lui expliquons qu'il nous faut passer par là pour aller au Soudan, mais il a reçu des ordres... Pas question d'emprunter cette route à vélo, il nous faut retourner au Caire. Ah la bonne blague. Que nenni, mon ami, nous ne rentrerons pas au Caire. Après avoir fait venir 2, puis 3 collègues à la rescousse, il nous suggère de faire intervenir notre ambassade, ce n'est pas sa faute, bla bla, il a reçu des ordres, bla bla, c'est pour notre sécurité. Ah bon ? On peut savoir pourquoi ? Le vent, la route, la circulation...qu'il nous répond. Tiens donc, c'est nouveau cela ? Il ne dit pas qu'il  y a quelques jours, un autobus de coptes a été attaqué dans la vallée du Nil, nous le savons, et nous pensons que la vérité, c'est que la police n'a pas du tout envie qu'il arrive quelque chose à des touristes. Ce qui donne un tout autre sens à cette histoire d'ordres. Nous essayons donc de négocier pour prendre un transport, avancer jusqu'à Hurghada, au lieu de reculer jusqu'au Caire. Et c'est ce que nous obtenons, au bout de 5h de palabres et moult coups de téléphone, l'ambassade, les chefs de ci et de ça, tous très sympa d'ailleurs, bref, je vous passe les détails. Entre temps, les policiers nous apportent de l'eau, offrent de partager leur repas. Dans l'après midi, un bus accepte de nous charger et nous voilà partis pour Hurghada, où nous arrivons de nuit. Non, la vie n’est pas un long fleuve tranquille ici, mais plutôt un torrent impétueux. Ceci dit, l'histoire se finit bien, nous sommes dans une super guest house à Hurghada, nos hôtes, (un couple egyto philippin ) sont adorables, nous retrouvons avec grand plaisir Ruben et Mercedes, des cyclistes fort sympathiques (leur site : dosbicissindestino.blogspot.com) que nous avons connu au Caire, il y a un super restau de poisson à côté. ça s'appelle chez Mustafa, alors que le patron s'appelle Ibrahim, on ne comprend pas toujours tout en Egypte. Nous avons une pensée pour les 2 motards qui ont attendu aussi plusieurs heures au check point pour s'entendre dire qu'ils devaient impérativement retourner au Caire, donc reculer au lieu d'avancer.

IMG 20181108 205937

IMG-20181110-WA0028
IMG 20181108 121524-01
IMG 20181108 123945
IMG 20181108 125657
IMG 20181108 132645
IMG 20181108 133647
IMG 20181108 135636
IMG 20181108 135840
IMG 20181108 205920
tamer