• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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Le sable c'est bien, mais à la plage

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Cette journée est similaire à la précédente, un vent d’est se lève, se renforce au cours des heures jusqu’à devenir violent…et brûlant. Et puis, ce sable, toujours. Sur la piste, profond, et alentour, partout. Parfois il part en tourbillons qui nous enveloppent, comme un mini cyclone.

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eh, mais parfois, ça roule bien !

Nous longeons de petits villages qui ne respirent pas la richesse. Ici, près du lac éponyme, vivent donc les turkanas, peu perméables aux influences extérieures, et qui parviennent à préserver leurs structures sociales, leurs traditions. Hélas, aux abords des petites villes, au carrefour des deux univers, ces valeurs sont en danger et l'alcool est un véritable fléau.

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Les femmes, très élancées et coiffées comme des punk, portent de splendides et imposants colliers de perles de toutes les couleurs. Quelques gosses se montrent à la porte de la hutte, timides, certains ont un mouvement de recul en nous voyant. Nous ne sommes plus coursés par des bandes d’excités. Si proche, l’Ethiopie est déjà bien loin. Enfin, alors qu’on n’y croyait plus, la mission de Nariokotome apparait dans le désert. Ce lieu sera pour nous le paradis après l’enfer. Il s’agit d’une mission catholique, bâtie il y a 25 ans et dirigée par un curé espagnol, Evelino, et une femme laïque, Patricia. Super accueil, super bouffe, baignade dans le lac Turkana (infesté de crocos….mais Patricia sait où on peut se baigner sans risque). La mission (en plus d’évangéliser…), nourrit les jeunes enfants turkanas des villages alentour. La famine est chronique ici : climat désertique, les derniers arbres, des acacias plein de longues épines sont peu à peu transformés en charbon de bois et le niveau d’eau du lac ne cesse de baisser, notamment à cause de l’irrigation coté éthiopien, qui diminue l’eau de la rivière Omo (qui se jette dans le lac). A la mission, on cultive, mais c’est extrêmement difficile.

En quittant Nariokotome, nous faisons les malins en tentant un raccourci, et finissons sur un sentier. Heureusement, après quelques égratignures, n’avons pas trop de souci pour récupérer la piste, qui est toujours aussi horrible. La suite du trajet est sensiblement identique, tôt le matin, on progresse dans une température acceptable, puis elle grimpe rapidement et on se retrouve à pousser, dans un sable en proie aux flammes du soleil, qui cogne de partout et brûle tout autour de lui. C’est pendant cette saison sèche que les bergers tentent d’atteindre à tout prix un endroit où ils pourront trouver un peu d’herbe et un peu d’eau. Et donc, à ce moment-là que l’affrontement peut avoir lieu avec un berger d’une autre tribu. Quand il pleut, la méfiance et la haine diminuent puisque les rivières se gorgent d’eau et la végétation reprend le dessus. Mais là, nous franchissons le lit des rivières désespérément secs.

Nous traversons de petits villages, Nachukwi, Nariengawoy, Lomekwi, Katiko, Kataboi, Namadak.

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Dans chacun de ces villages, on se précipite sur le premier point ombragé, on boit des boissons sucrées, du thé, de l’eau, et c’est la gentillesse de ces villageois qui nous donne la force de continuer. Tous se préoccupent de nous, comment tu t’appelles, d’où venez-vous, que puis-je faire pour toi….

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merci Georges pour l'ombre, le coca et tes kg de bêtises

Au Kenya, tout le monde parle anglais, ce qui facilite grandement les échanges. Et puis, arrivés à Kalakol, nous trouvons du goudron ! Nous nous approchons du lac, nous achetons 2 beaux poissons que nous ferons cuire en ville par Ali avec qui nous avons bien sympathisé. A Karakol, nous assistons aussi au ballet des vélos charriant leur cargaison d’eau. Le lac étant salé, les villageois creusent des puits de quelques mètres de profondeur dans le lit de rivières ensablées, une pratique périlleuse en raison des risques d’effondrement des parois. Les hommes à vélo trimballent jusqu’à 10 seaux de 20 litres chacun et les plus costauds arrivent ainsi à gagner un peu moins de 2 euros par trajet d’environ 5 km aller retour.

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It’s just an illusion !

La journée démarre mal, au moment du départ, on constate qu’une roue est crevée, putain d’acacia. C’est la 1ere crevaison en 2 mois, on ne va pas en faire une histoire.

Nous sommes contents car aujourd’hui, nous pensons rouler sur le goudron, le 1er depuis 140 km, et quelque chose me dit que même s’il est détérioré, on va l’apprécier ….

En réalité, ce ne sont que des lambeaux que nous visons consciencieusement. Entre ces morceaux de goudron, c’est piste, pierres, trous, ou pire, la redoutable « tôle ondulée ». On frôle la crise, sous ce soleil de plomb. Il nous arrive de penser que les gens du nord ont du bol, se réveiller le matin avec un ciel bas, renoncer à sortir le vélo sous le crachin, flemmarder la journée entière sous la couette, c’est cool….Ça y est, on délire, le soleil nous a trop frappé la tête.

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Arrivés à Lodwar, nous sommes cuits, nous nous écroulons à l’ombre et ne quittons notre chambre à la mission Ste Teresa que pour prendre nos repas.

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nous avons été traités comme des coqs en pâte, merci sister Mildred et les filles en cuisine !!

Après ces 2 jours qui nous ont fait le plus grand bien, nous continuons et arrivons à Lokichar, par un parcours aussi passionnant que les jours précédents, à savoire chaleur et tôle ondulée super tape culs, et rien à voir à part du bush.

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eh, là tu y mets de la mauvaise volonté, il reste un peu de goudron..

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Rose nous a dégoté la super guest house "zebra", ne manquait que la clim.

On commence à regretter de ne pas avoir suivis les conseils : « à partir de Lodwar, prenez un transport ». C’est ce que nous ferons à partir de Kainuk, à un check point, le militaire en faction nous fait monter dans un camion, avec escorte armée. En effet, la zone qui était devenue calme, est à nouveau en proie à des problèmes de banditisme. Des bus et des camions se sont fait braquer ces derniers jours par des bandes armées. Pas de mort ni de blessé, mais les bandits ramassent tout ce qu’ils trouvent. A partir de Marich, tout est OK et nous retrouvons le plaisir de rouler sur de hauts plateaux, au frais. Nous passons 2 nuits à Kapenguria où se déroule une fête pokot

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Bye bye, Celine, Sandy , mais que de bons moments avec vous

Arrivons à Kitale, la première grande ville depuis bien longtemps. 2 nuits là aussi, notre corps a besoin de récupérer, on a un peu tiré sur la corde ces derniers temps. Et puis, on a participé à la création d’une petite entreprise ….mais ça, c’est une autre histoire...