• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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C’est reparti en vélo, ou l’aventure à la mode kiwi !!

Après un retour à Christchurch pour déposer la mystery machine, nos retrouvailles avec Cyrielle (de retour de sa 2eme « van aventure »), et avec notre logeuse chinoise Cath. qui a gardé gentiment nos vélos, nous reprenons la route.

"Les grands voyages ont ceci de merveilleux que leur enchantement commence avant le départ même. On ouvre les atlas, on rêve sur les cartes. On répète les noms magnifiques des villes inconnues..." J. Kessel (la vallée des rubis)

La toponymie de la Nouvelle-Zélande m’émeut presque : Tekapo, Pukaki, Aoraki…

Tekapo, Pukaki, Aoraki… Juste le nom donne envie d’y poser ses roues, et chaque nom rencontré allume une petite flamme en moi. La route depuis Christchurch n’est d’ailleurs vraiment intéressante qu’à partir de Tekapo. 

Là oui, on en prend plein la vue. C’est une petite merveille ce lac aux eaux turquoise, cependant nous n’y trainons pas, il y trop de monde. Nous ne nous approchons même pas de la petite église, envahie qu’elle est par des chinois qui font des photos de mariage.

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Nous filons en direction du lac Pukaki en récupérant l’Alp 2 ocean trail, c’est-à-dire un parcours balisé spécial 2 roues, qui mène de la montagne à l’océan. De Tekapo, il emprunte une piste de gravier bien roulant, le long d’un canal, c’est même goudronné par endroit, nous sommes seuls, nous roulons vite, les km défilent, c’est le pied.

Faut voir les kiwis à l’œuvre pour récupérer le max. de tourisme ! Ils développent dans tout le pays ces circuits spéciaux vélos. Pas de quoi se plaindre, bien au contraire, on est l’abri de la circulation, c’est très bien fait et ils vous font évidemment passer par les chouettes endroits. Mais ils vont plus loin les kiwis : pour récupérer le max. de sous, ils imaginent des trucs pas possibles. Par exemple, démarrer l’Alp trail du Mont Cook, et juste après, prendre un hélico pour rejoindre une piste ! ben voyons ! Ou encore, ils ont prévu un système de navettes qui peut récupérer les cyclistes un peu partout, les amener où ils veulent, transporter leurs bagages, bref, tout pour faire du vélo sans se fatiguer et ils appellent ça « vivre l’aventure » ou « sortir des sentiers battus ». Bon, on en reparlera plus tard, mais croyez nous, tout est tellement encadré balisé ici qu’on a peu de chance de vivre l’aventure. Par exemple, pour ces fameux circuits, il y a une application qui propose évidemment la géolocalisation, mais plus fort, qui permet de connaître, avant de s’embarquer, tous les détails, km, état de la piste, où sont les toilettes (je ne rigole pas). En théorie, on n’a pas le droit de poser sa tente n’importe où, on est censés aller dans les hôtels, les campings ou des lieux ad hoc. Evidemment, pas question de nous plier à cela, avec la mystery machine, on n’allait déjà pas dans les campings, alors, en vélo, vous vous doutez bien qu’on ne va pas souvent payer pour dormir dans notre propre tente, n’importe quel joli coin fait notre affaire. C’est ainsi que nous passons une nuit dans un spot merveilleux au bord du lac Kupaki, maxi vue,  génial, juste un peu de vent.

 

Le matin, nous nous faisons offrir le café par une famille de français, voyageurs au long cours, sympas et malins de surcroit : ils ont trouvé une place encore plus belle…et avec une table ! Nous aurions pu rester des heures à discuter avec eux, mais on a de la route à faire, Juliette et Maxime leurs devoirs d’école…Et nous voici tous pour la photo souvenir, avec Alexandra et Franck.

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Ce lac Pukaki, le plus large des trois lacs alpins parallèles du bassin de Mackenzie, nous le frôlons au moment de tourner sur la seule route qui nous mènera au Mont Cook, puis nous longeons sa rive ouest. Long de 27 kilomètres pour 8 de large, sa couleur, d’un turquoise impressionnant est due à la poussière de roche en suspension dans les eaux provenant des glaciers. On dit que c’est un des plus beaux lacs de Nouvelle-Zélande. La vision qu’il offre est magnifique, avec le Mont Cook en arrière-plan.

Le Mont Cook, point culminant de la Nouvelle-Zélande, s’élève à 3 724 mètres, sied en plein cœur du Aoraki (« nuage dans le ciel », ou « perceur de nuages »)/Mount Cook National Park, et fait partie des Alpes du Sud. La double toponymie a été mise en place en 1998, mais l’Aoraki/Mount Cook est le seul endroit de Nouvelle-Zélande où le nom maori se place en tête.

Il y a du monde sur cette route, c’est vrai que la région est particulièrement photogénique.

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A peine la tente posée au camping du Mount Cook (cette fois, on n’a pas le choix, dans un parc c’est l’amende assurée si on enfreint la règle), nous partons marcher dans la Hocker vallée.

 

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Il est plus de 17h quand nous démarrons, du coup, nous échappons un peu à la foule, car il faut voir comment cela se passe sur ce genre de balades courtes. Tout le monde est là, surtout des chinois par troupeaux.

Tiens, ça ne s’invente pas ma pauvre Lucette : les chinois grimpent sur la cuvette des toilettes. Au camping, pour la première fois, je vois un panneau, écrit en chinois, avec un pictogramme les invitant à ne pas le faire. Mdr.

ne montez pas sur la toilette

Le lendemain, nous passons à la vitesse supérieure en nous attaquant à la montée à la Mueller Hut, 1800 m. L’ascension se passe via le Sealy Track, avec ses 2200 marches pour atteindre un petit lac à environ 600m d’altitude. Les escaliers montent abruptement en suivant l’arrête de la montagne.  Monter des marches irrégulières qui n’en finissent pas sous un soleil de plomb, c’est douloureux, surtout quand on a derrière soi quelques jours de vélo. Par contre, le paysage est splendide. Les différentes vallées se dévoilent peu à peu et nous réalisons toute la mesure de la beauté de l’endroit.

Une fois à la crête, le sentier longe celle-ci jusqu’à un petit cirque où la hutte apparait toute de rouge vêtue. Cette Mueller Hut que nous contemplons est la cinquième construction à porter ce nom. Les quatre précédentes ont été détruites par les intempéries ou étaient situées sur des terrains instables. Le sol des montagnes ici est principalement fait de rochers constitués de sables, boue et limons soudés entre eux par la pression et la chaleur puis pliés, fracturés par l’activité géologique intense qui agite la région. De ce fait, trouver un emplacement durable pour un refuge est assez difficile. La dernière version de la hutte date de 2003. Ce refuge nous plaît, mais pour y dormir, il faut réserver 3 mois en avance minimum.  C’est donc parti pour la descente, avec à nouveau les 2200 marches inconfortables, mais nous garderons le souvenir d’une balade grandiose. Arrivés au camping, nous décidons d’aller boire une bière au village, à 2 km, cela nous fera une balade récupératrice…à croire qu’on n’est pas assez fatigués de la journée, on a déjà 8 heures de marche dans les pattes. Au final, nous ne déclinons pas la proposition de nous faire conduire en voiture par un couple d’espagnols…et au retour par un couple de chinois… Mais alors, le village de Mont Cook, c’est la misère. D’abord, ce n’est pas un village, c’est un énorme complexe hôtelier, avec un hôtel de luxe et des tas de motels. Nous ne trouvons pas de bar, à part celui de l’hôtel Hermitage, et on n’entre pas, avec nos godasses de montagne aux pieds on aurait l’air de 2 peguenots là-dedans. Ils font marrer les kiwis, ils n’ont pas voulu d’un vrai village dans le parc, par contre les hélicos remplis de touristes qui tournent au-dessus des glaciers toute la journée, ça ne gêne pas, même qu’on encourage.

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Allez, à nouveau en vélo sur la route qui longe le lac Tukapi, il nous faut faire chemin inverse et revivre avec les conducteurs imprudents.

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Puis nous attrapons l’ alps 2 ocean trail qui est là une jolie et large piste très facile.

 

Nous campons non loin de Twizel. Cette ville est renommée car alentour, c’est le décor naturel du désormais célèbre « Seigneur des Anneaux. Nous ne sommes pas fan, donc n’avons même pas cherché à trouver les lieux, mais d’après ce que nous avons entendu, c’est vraiment bien moins intéressant que ça en a l’air : d’une part, la plupart des lieux de tournages n’ont plus grand chose en commun avec les véritables scènes du film, car tout est modifié par des images de synthèse. D’autre part, les lieux de tournage ne sont que ça : des lieux de tournages, c’est à dire là où l’équipe s’est trouvée, et où le décor ne sert le plus souvent que d’arrière-plan. Twizel est spécialement célèbre car c’est là que Peter Jackson a filmé la bataille de Pelennor. Il parait qu’il n’y a rien, à part une vallée, et qu’il faut quand même pas mal d’imagination pour se projeter dans la bataille, mais selon les experts, le terrain d’herbe qui va jusqu’au pied de la montagne ressemble exactement à ce qui est décrit dans le Seigneur des Anneaux. En fait, on se dit que tout ce battage autour du seigneur des anneaux c’est juste une industrie pour faire de l’argent sur le dos des fans. A l’office de tourisme de Twizel, les visites guidées avec explication et prêt de costume (oui, vraiment) coûtent entre 40 à 80€, une petite somme pour aller imaginer une bataille ! Mais c’est ça la Nouvelle Zélande, à fond le marketing et ça fonctionne.

Le jour suivant, nous roulons le long d’un canal poissonneux (fermes d’élevage de saumons) et le long du lac Ohau par une toute petite piste qui passe à ras l’eau.

Un ciel noir se profile et nous incite à ne pas trop traîner, nous arrivons tambour battant au lodge, juste à temps pour ne pas se prendre d’orage sur la tête. Mais la pluie arrive plein pot, alors, une fois n’est pas coutume, nous prenons une demi-pension, et pour un prix au final raisonnable, nous dormons dans un lit, nous avons un excellent repas et...summum du luxe... un jacuzzi. Nous le partagerons avec des quinquas cyclistes kiwis qui vont comme nous en direction de l’océan, mais en mode léger, en se faisant trimbaler les bagages. Ils sont un peu fumasses, car ils ont pris l’hélico à Mont Cook et pensent s’être fait avoir car la rivière leur a paru très franchissable à pied !

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Après cette étape fort récupératrice, c’est la montée au point haut, 900 m. La piste n’est pas très pentue, mais pas mal de cailloux mal placés nous ont quand même bien emmerdés. Mais bon, on est en haut pour le cappuccino de 11h30, ça va donc. Nous avons mis 3 heures pour parcourir les 13 km, ce n’est pas glorieux, mais la descente de l’autre côté vaut la peine.

En effet, une fois passée la première partie caillouteuse, c’est tout bon, et très long, 8 km jusqu’à une bergerie historique, puis encore une vingtaine de kil. sur du gravier bien roulant. C’est très agréable, au milieu des lupins.

(Certains nous ont demandé si les vidéos étaient faites avec une Go pro. Non, guidon dans une main et téléphone dans l'autre....jusqu'au jour où je vais me vautrer...)

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A la bergerie, nous prenons le temps de nous rouler des wraps « yaourt, épinards frais, aubergines grillées, ratatouille » (avec du saucisson en entrée, des kiwis, bananes et pommes en dessert), pas étonnant qu’on se promène toujours chargés ! Quand on arrive à « Omarama et son bélier ridicule », c’est de nouveau sous un ciel chargé, annonciateur de grosses pluies.

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On n’est pas des durs, on est même des douillets, la pluie on n’aime pas ça. Direction le camping, parce qu’une idée a germé :  essayer d’y dégoter un coin à l’abri. A 22h, nous nous installons sur le canapé lit de la salle télé, en prenant soin de verrouiller la porte, au cas où quelque insomniaque aurait l’idée de venir voir un film. Et on roupille comme des bébés.

Aujourd’hui, le vent souffle fort, vraiment fort. Nous avons de la peine à tenir sur nos montures, surtout à l’endroit où il nous faut franchir le barrage de Benmore. D’ailleurs on le franchit très difficilement et en faisant vraiment gaffe aux bourrasques. Et puis en soirée, même scénario que les jours précédents, la pluie arrive, et là, pas de salle télé, il nous faut nous résoudre à l’entendre tomber sur le double toit de la tente, posée dans un coin pas terrible, au bord du lac plein de vagues.  Nous survivrons. Par contre le lendemain, on a failli y laisser notre peau.  

 

Cauchemar en cuisine : le fish and chips de Kurow.

S’il y a un domaine qui oppose les Français et les Britanniques, les « grenouilles » et les « rosbifs », c’est celui de leur tradition culinaire. Source de fierté et modèle gastronomique pour le monde entier, la cuisine française méprise son parent pauvre d’Outre-Manche. À l’image de son climat, la cuisine des Britanniques est réputée maussade, lourde et bien peu raffinée. Et comme cette bouffe a été importée en Nouvelle Zélande, vous voyez où je veux en venir, ce n’est pas dans ce pays que l’on se régale au restau. Nous sommes pourtant un peu sensibilisés à la bouffe de l’extrême (les rats en Guinée et pour Bruno les mygales au Cambodge). Mais là à Kurow, cela dépasse les bornes, une semaine après, mon estomac en frémit encore. Il est encore un peu tôt pour le repas de midi quand nous arrivons dans ce petit village, qui n’a pas grand-chose à offrir, à part la photo taille XL d’un de leur héros national, Richie Mac Caw, emblématique ex. capitaine des All blacks.

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Cependant, une devanture plutôt avenante va nous convaincre de poser notre séant sur des chaises confortables autour d’une petite table au soleil.  Mieux vaut tenir que courir. Et là, nous commettons le pire en commandant 2 fish and chips. Grands fous que nous sommes ! Arrivent les 2 paquets cadeau, la nourriture emballée grossièrement dans une montagne de papier. Long déballage pour une rapide première bouchée : ça glisse tout seul au fond du gosier, gras que c’est. Les frites taillées à la hache et gorgées d’huile, et le poisson, je ne vous dis pas : trempé dans une panure épaisse, il est imbibé comme une éponge. Un coup de dent dedans (hips le vilain phrasé…), et c’est beaucoup de liquide gras dehors. Un cauchemar sensitif, mais un goût finalement acceptable. Le pire reste à venir. Après un puissant café, puis 2, (nous croyons dur comme fer en leurs vertus digestives), nous reprenons les vélos.

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La route est plate jusqu’à Duntroon, nous sommes couchés sur nos machines, le poisson se tient peinard, plombé au fond de l’estomac. Et on se croit débarrassés de l’épreuve fish and chips. Oh que non. Dans la montée qui suit, voilà la bête qui se manifeste et veut retrouver sa liberté, on essaie de boire un max pour la noyer, rien n’y fait. C’est horrible d’avoir envie de gerber un poisson en pédalant une montée en gravier. La pente se redresse, nous sommes dans un revêtement trop mou pour la roue avant, et c’est le poussage. Et la haine qui va avec. Le chemin devient meilleur, nous retrouvons confiance en ce monde. Passe une moto, le gars s’arrête pour taper la discut. On lui demande où trouver de l’eau, nos réserves s’étant amenuisées, il nous en manquera pour la nuit. Le type nous dit de le suivre et nous emmène chez ses parents, un couple d’agriculteurs super chouette. Et là, et bien, nous trouverons le monstre apéro, bière et vin rouge, le repas, (chance, ce n’est pas du poisson), le coucher dans un lit, la totale, et de bonnes rigolades avec Yvonne et Robert. Une journée qui finit bien mais qui était plutôt mal barrée !

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L’arrivée. Il ne nous reste que 35 km pour arriver à l’océan, et seulement une bosse à passer, alors c’est une étape relax. Nous arrivons à Oamaru en début d’après-midi et nous posons dans un backpacker, la chambre est minuscule, on a du mal à y faire entrer notre barda, mais avant, il nous faut quand même poser pour officialiser notre arrivée au bout de cette alps 2 ocean trail.

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Voilà, c’était sympa ces 6 jours du Mont Cook à Oamaru, une super météo, de la pluie seulement la nuit, et au final une seule fois sur la tente. Un joli paysage, surtout les premiers jours. Après c’est plutôt ambiance rivières, prairies ou montagnes pelées, pas moche mais moins spectaculaire que vers le Mont Cook. Le gros intérêt de rester sur ce circuit balisé et protégé, c’est justement de ne pas avoir à baliser à cause de ces foutues bagnoles. C’est majoritairement de la piste, mais de la piste facile, on ne peut que le recommander.

 

Bon, qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Pédaler le long de l’océan ne présente pas grand intérêt, on va aller voir un peu ce qui se passe du côté de Wanaka, mais il nous faut remonter jusqu’à « Omarama et son bélier ridicule ». Nous ne voulons pas faire chemin inverse sur nos montures, aussi, nous prenons le bus des cyclistes fainéants, sic, …et redormons dans la salle télé du camping d’Omarama. Mais là, nous n’avons pas l’excuse du mauvais temps, il fait grand beau !

Le passage du col Lindis se fait sans encombre, mais à partir de Tarras, ras le bol des bagnoles, nous nous échappons par des chemins de terre, et cela devient un peu plus compliqué pour rouler. D’autant plus qu’on se prend un vent de folie en plein museau. Un vent constant et très fort. Pas grave, nous trouvons un coin relativement abrité près de bâtiments qui paraissent abandonnés. Ils ne le sont pas, comme nous le fait remarquer un type qui arrive au petit matin pour faire de la peinture. Kaï Kaï, on se barre vite fait.

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Mais qu’est ce qu’ils sont venus faire à Haast ?

« Vous allez où maintenant ? » nous demandent Alan et Jo, nos hôtes warmshower d’Albert town. Comme nous sommes un peu crevés, (voilà bien longtemps que nous n’avons pas pris un jour de « congé »), nous leur rétorquons que nous allons juste à Wanaka, à 6 km de là, ce sera donc notre jour de repos. Mais à peine sortis de chez eux, une pancarte nous interpelle : lac Hawea à 10 km, par une piste qui a l’air prometteuse. Allez, on va voir à quoi ressemble ce lac. Surprise, il faut décharger les vélos pour prendre des escaliers qui mènent à un pont suspendu. Pas grave, nous avons le temps, c’est la journée de repos.

 

Wahou, pas mal ce lac Hawea. Oh, et puis, il y en a un autre pas bien loin, ça doit être chouette aussi ? C’est parti, mais ce lac a un prix, la route grimpe fort, et le soleil cogne dur. S’occuper l’esprit pour oublier ses jambes, avec des pensées positives : oh, c’est super de se sentir libre comme un oiseau. Faire ce qu’on veut, quand on le veut !  C’est rare que cela nous arrive vraiment.  Faire seulement ce qui nous tente dans le moment présent. Rien d’autre derrière la tête.  Pas de « ah, il faut que j’arrose le jardin » ni de « éventuellement, si je ne procrastinais pas, je devrais nettoyer la terrasse  ».  Non. Je suis comme un oiseau, je n’ai rien derrière la tête. Ce feeling-là, on le ressent juste quand on est en voyage !  À la maison, il y a toujours quelque chose à faire.  C’est pour ça que j’aime voyager. Voir le monde, découvrir, apprendre, parler aux gens, vivre… Tout cela sans souci. Ouf, nous voici surplombant le second lac. Wahou, ce n’est pas mal non plus, mais on s’est sacrément éloignés, on a fait pas loin de 60 bornes, alors, tant qu’à faire, si on trouve un coin sympa pour poser le camp…

Là, au bord du lac, on se pose. La tente à peine montée, on se fait agresser par les sandflies, littéralement : « Mouches des sables ». Le mot s'utilise uniquement au pluriel car l'espèce, si elle est présente, est représentée par des milliers d'individus. Ce sont des insectes ressemblant à des petites mouches, (qui ne vivent pas seulement dans le sable, ça vit partout ces saloperies). C’est un fléau que les néo-zélandais ont dû recevoir pour une connerie qu’ils ont faite dans le passé, et qui ont la particularité d'adorer le sang humain. Elles se fournissent à la source en vous mordant et vous injectent des substances hautement urticantes pour une durée minimum de 3 jours (7 si vous avez une tendance allergique). Une horreur, un cauchemar. Du coup, la veillée est écourtée, et la nuit réparatrice nous remet en pleine forme. Nous partons en direction du col de Haast, juste pour voir. Au café un peu plus loin, la taulière nous assure que la montée au col n’est pas trop raide et nous propose de laisser nos bagages chez elle. Nous n’aimons pas trop laisser nos affaires, car on ne sait jamais ce qui va nous passer par la tête. Alors, nous partons chargés, et puis, on ne va pas se crever non plus, c’est juste pour voir comment c’est, si c’est trop raide, nous ferons marche arrière.  C’est trop raide, mais nous continuons quand même. Parfois, cela redescend, et puis ça remonte, et ainsi de suite, des côtes raides à n’en plus finir, on voit bien que la cafetière n’a jamais posé ses fesses sur une selle de vélo. Finalement, après avoir sué sang et eau, nous voici arrivés au col. Mais on s’est sacrément éloignés de Wanaka. Alors, tant qu’à faire, plutôt que de revenir en arrière, on descend de l’autre côté sur la côte ouest. La descente est raide et rapide, s’ensuit une longue plaine, puis up and down, on traverse ne forêt pluviale. Vous avez dit « pluviale » ? Ce n’est pas bon signe, et effectivement, on se prend la pluie avant d’arriver à Haast. C’est un patelin paumé, il n’y a rien à voir, on a fait 1300 m de dénivelée positive et on est à 153 km de Wanaka, l’endroit où nous devions nous rendre. C’est sûr, si les cons volaient, on serait chefs d’escadrille.

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Stupeur et tremblements.

Il tombe des cordes toute la nuit et le matin idem. Une pluie battante qui tambourine sur les tôles du backpacker. Des bourrasques effrayantes. Comment va t’on s’échapper de ce patelin pourri et sa météo exécrable…that’s the question qui nous préoccupe. Ni internet, ni réseau téléphone, pas moyen d’avoir la moindre info, ni sur les prévisions météo, ni sur comment fuir d’ici, sans repasser le col sous la tourmente cette fois ci, et se refaire 153 km qu’on a déjà parcourus. Le gérant du backpacker, aussi sympa que la météo du jour, finit par avouer nous qu’un bus passe vers 11h, le seul de la journée. Le bus inespéré finit par passer, à 17h…car il est resté coincé d’interminables heures à cause de glissements de terrain sur la route. Le chauffeur est à cran, car les touristes exigeants dans le bus immobilisé lui ont mené la vie dure…Bref, il n’est pas enchanté à l’idée de nous charger, à cause des vélos, mais finit par accepter. Soit on a des tronches sympas, soit on fait vraiment pitié…, bref, on ne cherche pas trop à approfondir the question et on s’engouffre. Dans la panique, le chauffeur oublie de nous faire payer le surplus pour les vélos, ma foi, il n’y a pas de petites économies.

 

L’envers du décor

Attention, on va vous envoyer du lourd à propos de la Nouvelle Zélande, dont tout le monde vous dira que c’est le pays le plus beau qu’ils n’aient jamais vu. On vous l’a déjà dit, les kiwis sont champions pour vous vendre du plus authentique, du plus écolo, du plus beau, et même de l’aventure loin de sentiers battus. Mais pensez-vous, tout est tellement grillagé, structuré, accompagné. Pour nous, la nouvelle Zélande, c’est un parc d'attraction géant pour touriste motorisé et friqué. Oui, c’est très beau, mais hyper hyper touristique, avec des tours opérateurs qui vendent de l'aventure à toutes les sauces et où finalement tout le monde se retrouve au même endroit. Pour la marche à pied, si vous vous contentez des balades décrites dans les brochures, vous ferez au max. une heure 30 de marche au milieu de la foule. Il faut vraiment bien se renseigner et s’engager dans les balades plus longues pour avoir la paix. Et puis, partout, le décor est délimité par une quantité indescriptible de barrières qui évitent aux « inconscients » de s'aventurer en dehors des attractions prévues pour les touristes. 

 Quant aux fameuses attractions proposées, elles s’adressent à de jeunes « fils à papa » et ce sont des trucs du genre :  sauter d’un pont avec un élastique accroché aux pieds, se jeter d'un avion accroché à un gentil organisateur qui a un parachute sur le dos, survoler en hélicoptère sa chambre d'hôtel, ou un glacier dans le meilleur des cas, se faire défriser sur un hors-bord, ou encore faire de l' « éco-rafting » en se faisant héliporter en haut de la montagne. Bref, nous ne sommes pas déçus, mais nous sommes aux antipodes (ah ah, c’est placé !) de cette manière de voyager et contents d’être de vieux cons à vélo. Au moins, on a cette chance de pouvoir s’échapper parfois sur de petites pistes non répertoriées dans les circuits, et puis, là, nous faisons une expérience intéressante. Nous sommes chez des gens, géologues et cyclistes aguerris qui nous hébergent en échange de quelques travaux dans leur immense propriété au pied des monts « remarquables », une petite maison pour nous seuls. On mange hyper bien, tout est bio. Hier, Annick a coupé des hampes florales, Bruno a mis des copeaux de bois autour des arbres, ce matin Annick a cueilli des montagnes d’asperges et de framboises et Bruno a continué son travail avec les arbres, il a de quoi faire, il y a 6 ha de terrain….Bref, Chris et Jane sont sympa, nous ne savons pas du tout quand nous allons redécoller , nous sommes trop bien ici !

Au final, nous restons 4 nuits, ce n’est pas énorme, mais pour nous qui bougeons tous les jours ou presque, cela nous a fait le plus grand bien de nous arrêter un peu. Nous nous sommes gavés d’asperges, de framboises, de rhubarbe…Une expérience intéressante que ce « help X » (hébergement en échange d’hébergement et nourriture), et une bonne manière de rencontrer des kiwis (sinon, ici, on ne rencontre que des touristes).

Voici à quoi ressemble notre "chez nous...", on n'est pas dans des favellas !!! :

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Queenstown, c’est quoi ça ?

Dans la plupart des pays, arriver dans une ville est un bonheur pour le cyclo. C’est là qu’il se refait une santé, va au restau, rencontre d’autres cyclos et plein de monde. Comme en général il reste quelques jours en ville, il va se taper un thé, un café, une bière à l’occasion, profiter du wifi, bref, toutes ces choses qu’il ne trouve pas quand il est dans la pampa. Je me souviens de notre arrivée à Ispahan, St Louis, Nouadhibou, Nouakchott ou  Bamako. Quel bonheur de trouver cette foule bigarrée et joyeuse alors qu’on vient de laisser des litres de sueur dans le désert. Les litres de thé sucré parfois achetés, souvent offerts, et toujours bus sur une petite terrasse ensoleillée. Même en Ethiopie, arriver dans une ville est une joie ! D’ailleurs, on va vous l’avouer, dans cet univers si lisse et aseptisé qu’est la Nouvelle Zélande, il nous vient des idées nostalgiques de ces moments très forts, voire d’aller titiller à nouveau des gamins éthiopiens qui sont si chiants. Hier, en quittant notre session de jardinage, nous avons pédalé au milieu des lapins sur des chemins de traverse. C’était chouette de les voir détaler en agitant leur petit cul blanc. Bien inspirés de détaler, car c’est tellement vite fait d’en mettre un dans la sacoche pour le repas du soir, en faisant œuvre de civisme en plus. Savez-vous que les lapins sont un fléau en Nouvelle Zélande. Introduits par les Britanniques, ils pullulent et on ne sait comment en venir à bout. Même chose pour les opossums, il y en aurait 70 millions dans le pays, qui ne compte que 5 millions d’habitants. Ces bestioles ont été introduites pour leur fourrure, ce sont de redoutables prédateurs et ils mangent des quantités astronomiques de verdure, de racines, bref, ils détruisent tout. Parfois nous trouvons des appâts empoisonnés, le fameux poison 1080 mais manifestement cela ne suffit pas. Puis, nous avons traversé de petits bourgs, et campé dans l’un d’entre eux, à 36 dollars l’emplacement…Croyez nous, nous avons essayé d’y échapper à ce camping, mais ce n’était vraiment pas possible de mettre sa tente dans un endroit discret, et toujours ces foutues clôtures. Puis, ce matin, nous arrivons à Queenstown. Et l’envie d’en repartir au plus vite. Un parc d’attraction pour touristes friqués et écervelés. Nous avons fait nos courses de bouffe, rempli la bouteille d’essence pour le réchaud, mangé un hamburger, bu un cappuccino sur la terrasse d’un bar au bord de ce magnifique lac Wakapitu, enchâssé de montagnes belles et imposantes,  en observant sidérés, une foule de touristes s’adonner à du parachute ascensionnel, du jet ski, du hors-bord. Aller leur parler écologie, autant faire un cours de mécanique quantique à un veau.

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Bref, nous avons pris le vieux bateau à vapeur (construit en 1912) pour traverser le lac et nous éloigner rapidement de ce lieu. Et là, de l’autre côté, la magie a opéré. Oui, d’accord, nous autres moralisateurs "écolos", nous aurions dû traverser à la nage, mais avec des vélos sur le dos, c’est un peu compliqué.

 

L’inconvénient de la Nouvelle zélande, c’est qu’à un moment ou un autre, on se retrouve forcément dans des lieux très fréquentés. Son avantage, c’est que l’on peut s' échapper très facilement de ces endroits. C’est ainsi qu’après avoir fui Queenstown et traversé le lac Wakapitu, nous nous retrouvons quasi seuls au milieu des moutons, taureaux, et cervidés, sur une piste fort agréable. Après le fameux hamburger de chez Fredburger, 45 minutes de bateau, et l’après-midi est déjà bien avancée quand nous démarrons. Nous attrapons vite un vent de face si fort que nous ne demandons pas notre reste lorsqu’une petite maison offre un peu de protection et un campement agréable près de la rivière. Le matin, une bosse plutôt raide nous permet de battre un record de lenteur, environ 1h pour à peine plus de 3 km, pas plus rapide qu’à pied, d’ailleurs, nous sommes parfois à pied. Enfin, Madame plus que Monsieur, qui tente de sauver son honneur de mâle invincible…Pourtant, un virage un peu plus soutenu et le v’la qui met pied à terre aussi. La descente en revanche est un pur régal, avec un petit détour pour voir les lac Marova. Nous jetons un œil par ci par là pour trouver un endroit sympa au bord de la rivière, mais tout est clôturé, et nous voici déjà en bas de la descente en gravier. A partir de là ce sera du goudron, mais pour demain, il se fait tard. Pas de solution autre que de poser la tente au bord d’une clôture de ferme, mais personne ne nous dira rien et passerons une nuit paisible, on a même pû prendre de l’eau à un robinet, cool.

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Te Anau est une petite ville avec un backpacker bien sympathique au bord du lac.

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C’est le point de départ pour se rendre au Milford sound.  Ce fiord est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, et a reçu la visite de 800 000 personnes l’an dernier, on nous dit qu’en 2017 la barre du million devrait être franchie…. Nous faisons l’excursion classique bus bateau. La route est plutôt belle et l’arrivée dans ce fjord assez bluffante. Le top, ce doit être d’y arriver à pied, par le célébrissime sentier de randonnée Milford track, mais en décembre, il faut avoir réserver les refuges 1 an à l’avance, les nuitées coûtent un bras…et pas question de camper, c'est rigoureusement interdit. No comment.

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L’éloge du goudron et du grand plateau.

Le cyclo-voyageur ne cherche pas la performance à vélo, il prend son temps, s’arrête souvent pour prendre des photos, boire un café (en tout cas nous). S’arrêter quand on l’a choisi, c’est bien, mais être obligé de mettre le pied à terre parce que c’est trop pentu, ça nous énerve un peu. Un vélo, c’est bien quand on est dessus, pas à côté. Si on n’a quand même pas trop souvent poussé en Nouvelle Zélande, on a souvent circulé sur le petit plateau, trop à notre goût. Mais à partir de Te Anau, gagner Invercargill, c’est de la balle comme on dit…C’est une route goudronnée pas très fréquentée, avec juste un peu de relief. Alors dès la sortie de Te Anau, c’est parti pour le grand plateau, et cette fois, on le garde et on se tire même un peu la bourre tous les 2, c’est quand même bon de rouler vite sur un bon goudron. C’est même le pied !

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Nous marquons bien entendu quelques arrêts, comme au pont de Clifden pour y dormir. Un coq nous emmerde tôt le matin et nous devons plier la tente encore bien mouillée par la pluie de la nuit. Nous traversons Tuatapere, petit village qui a gardé son âme. Puis un lockout au-dessus de la mer de Tasman permet d’en apprécier ses gros rouleaux, et on se permet encore un autre arrêt sur une belle plage un peu plus loin.

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Nous voulons boire le cappuccino à la taverne d’Orekupi, un autre bled qui fût un village de chercheurs d’or, hélas, ils ont retapé la bâtisse, la privant de son charme suranné. Le résultat est fort décevant (façade bleu ciel, vous imaginez le désastre…), on boude et on boit le café sorti de notre thermos. Il reste quelques vieilles bâtisses, mais on sent bien que les habitants veulent du neuf, du joliment peint, du clean. Cela donne un mélange des genres assez curieux dans le patelin. On s’écarte de la route principale pour découvrir Cosy Nook, un bien bel endroit en cul de sac, juste 2 ou 3 maisons de vacances, la mer est agitée et vient se fracasser sur les rochers. Puis nous nous retrouvons sur une vilaine piste bien gravillonneuse. Kaï Kaï, faut-il oublier le grand plateau, non ça passe, de justesse, mais voilà qui fait baisser notre moyenne. De retour sur le goudron, on appuie à nouveau sur les pédales pour arriver tambour battant à Riverton où nous passerons la nuit dans un bon lit cette fois, protégés de la pluie et des coqs.

Comme il ne reste que 40 bornes pour Invercargill, après 15 de goudron, on fait une variante par la gravel road (route de gravier), c’est sympa, et ça permet d’arriver en ville par un parcours au milieu des fermes, des moutons, des vaches. Et voici une race que nous ne connaissions pas, elles sont noires avec une bande de fourrure blanche autour du ventre, elles sont belles comme tout.

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Nous les prenons en photo, et cela fait très plaisir à un gentil couple de paysans qui nous donnent leur nom : ce sont des belted galloways, des vaches qui viennent d’Ecosse, et qui sont des vaches à viande (pas des laitières). On pourrait croire qu’elles ont été croisées avec des moutons…d’ailleurs dans le coin, il semble qu’ils ne fassent pas bien la différence, voir ci-dessous !

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Nous quittons Invercargill en début d’après-midi après avoir fait quelques courses substantielles, et comme nous roulons à nouveau dans une plaine, le grand plateau fait son office et la courte étape jusqu’à Fortrose est vite réglée.

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                                                     un des seuls batiment intéressant d'Invercargill

 

Et qu’est-ce que vous faites pour Noël ? (ou : comment allez-vous passer les fêtes ? ou autre variante du même style…)

On a beau dire et répéter que quand on est en voyage, Noël est un jour comme un autre, il y a toujours ceux qui se demandent comment on peut survivre sans la traditionnelle bouffe familiale. C’est marrant, mais dès qu’on n’a pas une vie standard, on devient vite fautifs, voire anormaux, au mieux « un sujet d’interrogations ». Alors, à chaque fois, on se sent obligés de répondre et bien entendu, il ne faut pas avoir l’air trop ballots, hi hi. Cette année, puisque nous sommes en pays civilisé, on va se la jouer. Sortir le grand jeu. Ok, on n’est pas à Sidney, à New York, ni à Punta Cana, hi hi…, on est à Fortrose, le trou du cul du monde, mais on va se la péter quand même. Avant de démarrer les hostilités, on s’en va faire un tour du free camp, comme pour vérifier qu’il y a d’autres bargeots de notre espèce. Et bien oui, il y en a ! Plein de voyageurs ! La plupart sont à l’intérieur de leur véhicule, à part un jeune couple de Suisses entrain de laver leur gamelle de pâtes à la sauce tomate qu’ils ont déjà mangées. Et puis un couple d’anciens bien sympa avec une drôle de caravane avec qui nous faisons un brin de causette. Tous s’en tapent de Noël, nous voilà rassurés, nous ne sommes pas les seuls excentriques sur terre. Et maintenant, place à la fête du 24 décembre au soir !

 

Le 25, en fin de matinée, nous sortons de notre abri de toile. La pluie n’a pas cessé de la nuit, et ce matin, elle a décidé de nous rendre la vie dure. Nous décidons de la défier et partons, car pour ne pas se laisser gagner par le froid, rien ne mieux que de donner quelques tours de pédale. Aubaine, quelques 300 m plus loin, un bistrot accueillant…et le patron, un peu artiste sur les bords, en tout cas doué de ses mains, nous propose de rester dans une caravane dans la cour. C’est lui qui a construit l’énorme pukeko (un oiseau ressemblant à une poule) devant sa porte.  Ma foi, c’est vrai que faire cette étape sans aucune visibilité serait un peu dommage, d’autant plus que nous avons prévu un petit détour pour voir des lions de mer. Nous resterons donc chez Steve cette nuit. Le temps s’arrange dans l’après-midi, et alors qu’on rentre d’une promenade sur la plage, le Steve en question nous invite à boire le thé. En réalité, c’est un barbecue avec ses filles et un couple d’amis. A 18h tout le monde repart chez soi, nous rentrons à la caravane de gipsys, voilà un gueuleton de Noël vite plié. Welldone, et même pas de cuisine à faire ce soir.

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C’est une piste gravillonneuse à souhait qui mène à Waipapa, c’est le coin à ne pas manquer en Nouvelle Zélande pour voir des lions de mer. L’endroit est charmant avec son petit phare d’un blanc immaculé, mais point de lion de mer. Trop de touristes, ou trop de vent, ou les 2. Une jolie balade sur la plage permet de dissiper notre déception. Alors que nous allons récupérer les vélos, le voilà qui sort de l’eau le gros pépère, wahoo, c’est magique, il se roule dans le sable et se couche au soleil. On le croirait endormi, on l’approche tout doucement, et on s’aperçoit qu’il est sur ses gardes et nous surveille. Un pas de trop, et hop, il montre les dents.

 

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Nous passons un long moment avec lui, mais il nous faut reprendre la route pour aller à Slope point, le point le plus au sud de la Nouvelle zélande.

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Et nous irons en mode light, en laissant nos bagages au backpackers, sur les conseils de la patronne. Bonne idée que celle-ci, car la route est bien pentue, plusieurs sections à 13% nous font des cuisses de rugbymen, avec l'aide d'un très fort vent de face nous accompagne. Il ne nous quittera plus pendant les 3 jours suivants.

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Les jours suivants donc, nous allons quitter cette région des Catlins en nous dirigeant vers Dunedin, la 2ème plus grande ville de l’île sud, et un vent fouette impitoyablement la poire de vos deux héros préférés. Ça ne rigole pas, c’est un vent très fort et glacial. Nous ne sommes pas épargnés non plus par la circulation, très importante elle aussi, puisque nous sommes entre Noël et le jour de l’an. Cependant, quelques petites haltes sympathiques viennent égayer le parcours. Près de Curio Bay, nous observons des dauphins qui nagent avec les baigneurs. On se demande comment on peut se baigner par ce froid qui nous glace l’échine. Il y a pourtant quelques intrépides dans l’eau, surtout des enfants. Nous passons vite notre chemin, et après avoir visité le bus gipsy et le jardin aux automates un peu déjanté d’un gars ingénieux de Papatuwaï, nous dormons à Owaka (la place des canoés). La soirée est fort sympathique, en compagnie de Franz le teuton et Luis le vénézuelien, et c’est bien entendu l’occasion de refaire le monde.

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Un aller-retour à Surat Bay et à nouveau, nous passons du temps avec un lion de mer, quel bonheur si on fait abstraction de jeunes andouilles néozélandaises qui s’amusent avec leurs motos et leurs quads sur la plage, en faisant vrombir leurs moteurs près de l’animal. Ils sont finalement assez paradoxaux ces kiwis, se clamant grands défenseurs de la nature par moments, et à d’autres, c’est du grand n’importe quoi.

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Le vent se renforce encore, les quelques collines à gravir nous donnent du fil à retordre. Des collines de moins de 200 m de haut qui nous font souffrir à cause de cette maudite soufflerie géante. Nous ne marquons plus d’arrêt, délaissant visite des cascades, grottes et tout le tutim. (Ils ont trouvé moyen d’appeler Niagara falls un bout de cascade de rien du tout, quant aux suivantes, pour les avoir vues en photo, elles ne cassent pas 3 pattes à un canard non plus). Nous ne voulons qu’une chose, avancer, et en finir au plus vite avec le démon éolien. Un ultime détour quand même par Nugget point, une sacrée montée pour atteindre un bel endroit rocheux où on aperçoit des otaries s’ébattre dans les flots, mais les bestioles sont bien trop loin pour qu’on puisse en profiter vraiment.

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 C’est enfin « Kaka point » à l’heure du café. Un village avec une belle plage fouettée par des vagues géantes. Nous traînons un peu à l’intérieur du bar pour nous réchauffer, et en repartant sur nos montures, on s’aperçoit vite que là, rien ne va plus. Le vent qui jusque-là était fort mais constant, se met à hurler et à souffler par rafales, allant jusqu’à nous déséquilibrer. Un vent patagonien, fougueux et infatigable. Mais nous, nous ne sommes pas infatigables, nous sommes même fatigués, et cela devient carrément dangereux de rouler. Nous trouvons à planter la tente à la sortie du bled, sur la pelouse de la maison de Jade, merci à elle. Fixer la tente au sol est aujourd’hui un véritable challenge. L’infâme vent s’arrête enfin, mais les nuages font grise mine et se mettent rapidement à déverser leur trop plein d’eau sur le campement de fortune. Il pleut à verse, la soirée et la nuit s’avèrent aussi tristes que le ciel. On réussit quand même à se faire chauffer un peu de soupe et de purée, se coucher le ventre plein, ce n’est déjà pas si mal. Personne ne se montre, ni pour voir si les campeurs survivent dans la tempête, ni pour demander s’ils ont besoin de quelque chose, rien. Il nous faut donc pisser sur la pelouse, ce qui finalement n’est pas bien gênant puisqu’elle est déjà gorgée à souhait. C’est l’hospitalité à l’anglo saxonne, on veut bien rendre service, mais un tout petit service, on n’est pas là pour recueillir tous les indigents de la planète, non mais. Cela nous conforte dans l’idée que notre état d’esprit est bien éloigné de celui de ces gens-là, et que nous sommes bien plus à l’aise avec les latinos et les africains (mince, trop parlé, voilà notre plan pour passer les prochaines fêtes de Noël à demi dévoilé). Finalement, notre nuit à « Kaka point » est la nuit la plus merdique de notre séjour en Nouvelle Zélande. Ah ah, fallait oser la placer celle-ci !

Dunedin est indéniablement une chouette ville universitaire. Concernant notre hébergement, nous avons touché le gros lot, le backpackers le moins cher de la ville est bien évidemment le plus pourri. Et devinez par qui il est fréquenté ? Par nos amis chinois. Des voyageurs et des étudiants. Une fois qu’on s’est habitués aux conditions sanitaires, l’endroit se révèle vraiment sympa. Nous y faisons de belles rencontres, en particulier Ked, Alice et Andy.

Il nous faut maintenant penser sérieusement au retour en France, emballer nos vélos dans des cartons, et comme notre repaire est situé dans les hauteurs de la ville, nous vivons un épisode assez folklo avec Bruno qui doit trimballer les dits cartons sur la tête à travers toute la ville.

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Enfin, avant de prendre l’avion pour Auckland, nous passons quelques jours dans la péninsule d’Otago, un endroit de rêve pour observer le règne animal.

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Notre truc, ce sont les mammifères marins, et nous avons été grandement satisfaits.

 

Nous poussons jusqu’à Moeraki boulders, un chouette endroit aussi, avec d’étranges formations constituées de belles boules rocheuses.

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Voilà, nous finissons en beauté dans cette nature encore préservée dans cette partie de Nouvelle Zélande. Hélas, comme ailleurs, tourisme de masse et pollution sont bien présents ici. Cela ne se sait pas trop, mais la Nouvelle Zélande est polluée à cause de la production laitière développée à grande échelle. D’immenses fermes ont été montées un peu partout, et pour faire pousser l’herbe, il faut irriguer. Des quantités d’eaux énormes sont tirées des nappes phréatiques et des rivières qui se retrouvent polluées par les nitrates des engrais et les excréments des vaches. En plus, les paysans ont surinvesti pour conquérir le marché (chinois ? mondial ?), mais le prix du lait diminuant, ils se retrouvent surendettés, et nul ne sait comment cela va se terminer…

Voilà donc une note un peu pessimiste, mais comme nous l’avons dit précédemment, la Nouvelle Zélande est un pays magnifique, qui fait hypocritement beaucoup de publicité pour une nature sauvage et préservée. Une fois sur le terrain, on s’aperçoit que ce n’est pas vraiment le cas, en tout cas pas partout ! Alors, si vous voulez la visiter et profiter de quelques endroits encore un peu authentiques, dépêchez-vous, et si vous aimez la vraie aventure….et bien…comment dire….allez ailleurs…Pour nous en tout cas, la nature domestiquée à l’extrême, ce n’est pas ce qu’il y a de mieux.

Chance à Aukland, pour finir en beauté, une sublime expo de Bansky nous enchante ! Oui, le street art en a fait du chemin depuis les premiers graffitis sur des murs insalubres de New York. L’art de rue, si méprisé il y a encore quelques années, s’expose désormais dans les galeries d’art...

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Cette petite fille qui tend le bras vers son ballon rouge en forme de cœur qui s’envole et l’inscription à droite « il y a toujours de l’espoir » (There is always hope), est l’une des œuvres emblématiques de Bansky.

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