• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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Mais que vient on faire dans cet immense désert ?

18 au 21 Juin 2010.

Titre Turkmenistan.jpgAprès avoir roulé quelques km pour passer la frontière Iran Turkmenistan, un dilemme se présente : continuer et laisser 2 squelettes dans le désert le plus chaud d’Asie centrale, privant définitivement nos lecteurs de leur journal préféré, ou lever le pouce. Tiens, au fait, nous avons été informés que nous faisions partie des meilleurs blogs du moment. On est fiers comme si on avait un bar tabac (Coluche)

On pensait avoir déjà eu chaud, mais c’était rien du tout, ici, c’est une fournaise. Pour avoir une idée, mettez votre four en route, position pizza, attendez ½ h, maintenant, rentrez la tête dedans et imaginez les chameaux et le sable.

En 3 secondes, nous avons réglé notre problème. C’est du stop payant, mais au diable les varices, nous nous engouffrons dans la Toyota qui vient de s'arrêter, et hop, direction Achgabad…c’est-à-dire pas du tout ce que l’on avait prévu ce matin….mais finalement cela peut être intéressant de voir cette capitale folle. On a lu qu’il fallait être inconscient ou malchanceux pour se trouver à Achgabad en été, du coup on ne va pas louper ça. Euh, à condition que le lascar qui conduit ne nous mette pas dans le sable, l’idiot danse en conduisant, sur de la musique techno à fond.

Ah…et bien….on n’est pas déçus : c’est une ville complètement délirante. Imaginez, en plein désert, des constructions titanesques en marbre blanc, bâtiments officiels, musées, des parcs, des immenses fontaines, des statues dorées, des palais. Le centre ville est une véritable exhibition d’architecture complètement démesurée. Les goûts (douteux…????) sont de l’ex président Niazov, la réalisation est signée Bouygues.

Autour de Niazov

290px Nyyazow monumentAchgabad, capitale du Turkménistan est le théatre de toute la dévotion autour du defunt "Saparmurat Turkmenbashi the great" (décédé en décembre 2006). Le dictateur Turkmenbashi, qui signifie père des Turkmènes, était un grand amateur du culte de la personne. Autant vous dire qu’il est difficile de parcourir plus de 10 mètres sans observer un portrait de lui en rue.

Dizaines de palais et rues entièrement en marbre, statue en or de Niazov, affiches de 20m2 ( maintenant remplacées par celles de son successeur), le mois de janvier qui porte son nom et le mois d’avril celui de sa mère, même une vodka qui a été créée à son effigie....

Par ailleurs, Niazov a eu la bonne idee d’éditer un livre relatant l`histoire et la culture du Turkménistan (le Ruhnama) mais qui est surtout tourné autour du culte de...... l’ancien dictateur. Obligation de l etudier dans les ecoles, et promesse d atteindre le paradis si on le lit 100 fois !

Citons encore quelques exploits de Turkmenbashi : fermeture de tous les hopitaux du pays pour ne garder que ceux de la capitale. Malheur à celui qui se chope un gros pépın à 600 bornes d’Ashgabat. Emission de nouveaux billets de banque étant donné qu’un miracle s’est produit. Turkmenbashi s’est levé un matin avec soudain les cheveux noirs au lieu de ses cheveux gris. Coup de l’émission de nouveaux billets de banque: 15 millions de dollars!!!

Des changements ? Quatre ans après la mort de Niyazov, les choses ont-elles changé au Turkménistan ? ce n est pas en passant quelques jours dans le pays que nous pouvons recueıllır une réponse, maıs on doıt mettre du temps pour se remettre d'une dıctature quı fut une des pıres quı soıent....Nous vous narrons juste le démantelement prévu de l’arche de la neutralıté qui devrait avoir lieu en 2010. Lorsque nous sommes passés, mi Juin, nous avons vu des travaux mais nous n'avons pas pu savoir ce qu'il en était exactement.

Trois pattes, c’est le surnom donné par les Achgabatis à l’Arche de la Neutralité, qui “culmine” à 75 mètres au centre de la capitale.

230px Golden NiyazovA son sommet, la statue en or haute de 12 mètres de l’ex-dictateur Niyazov (qui tourne en suivant la course du soleil de façon à toujours rester face à l’astre). Sans doute fait-il un peu trop d’ombre à Berdymuhamedov, l’actuel président du Turkménistan - et digne successeur de Niyazov -, car celui-ci a décidé de le faire démanteler et réinstaller plus au sud, à l’écart de la ville.

Par la même occasion, les pieds seront allongés et la statue en or de feu Turkmenbashi supprimée. Désormais c’est un monument de 95 mètres de haut qui veillera sur la ville.
Qu’y aura-t-il à son sommet ? Nous le découvrirons en 2011, lorsque les travaux seront terminés…

Coût de l’opération ? 200 millions de dollars. Soit, vingt fois plus que le coût de sa construction.....Malheureusement pour Bouygues, c’est la turque Polimeks, principale concurrente de Bouygues sur le marché juteux de la construction au Turkménistan, qui a remporté le contrat.

Ne croyez pas que nos belles démocraties boudent ces dictatures. Sur le blog suivant, vous verrez Mitterand avec Niazov. Quand au nouveau président, il a été en visite a l Elysée au printemps. vous n avez pas eu vent de cela ? bizarre. c'est vrai que ce genre de rencontres, on ne nous rabat pas les oreilles avec...

Sı vous en voulez encore ...., cela vaut la peine !

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Il faut faire gaffe quand on prend des photos, c'est interdit, et il y a des flics partout ! Nous sommes bien dans un pays de libertés.

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Pour garantir la propreté des lieux, des femmes balayent les rues et les trottoirs sans relâche.

Il parait qu’on peut avoir une amende si on a une voiture sale. La ville a été rayée de la carte après un tremblement de terre en 1948 et reconstruite, mais le mégalo Niazov a décidé d’en faire une capitale de marbre à partir de 1991. La réalisation est signée Bouygues. Le contrat du siècle ! Des millions et des millions d'euros engrangés depuis 1991. Encore un exemple parmi d’autres, avec Total en Birmanie, de nos gloires nationales.

Niazov avait promis une prospérité économique grâce aux énormes réserves gazières et pétrolières, mais avec sa capitale de marbre, il n’a fait qu’assécher l’économie du pays. Cela ne se sait pas, mais le Turkménistan possèderait 34% des ressources en pétrole et en gaz du monde. Ici, on ne paie ni eau, ni électricité et chaque famille a droit à 120L d’essence gratuite par mois. Au-delà, il faut la payer : 0,02 dollars le litre ! Le gaz est gratuit, mais pas les allumettes, alors les Turkmènes laissent la gazinière allumée en permanence, non non, ce ne sont pas des conneries !

La nuit, c'est encore plus impressionnant, fontaines et palais sont illuminés, ajoutant un peu plus d'irréel à l'endroit.

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Quand on s’éloigne un peu du centre ville, ce sont encore et encore des mastodontes en marbre blanc.

A la périphérie de la ville, les HLM sont aussi de grandes tours de marbre, c’est surréaliste, et les quartiers sont quasi déserts.

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Il faut vraiment s’éloigner pas mal dans la banlieue pour trouver des immeubles délabrés croulant sous les paraboles. En ville, il y a un seul lieu pourri, c’est notre hôtel, de l’époque soviet. A part l’entrée toute en marbre, le reste est miséreux, on a de pauvres lits en ferraille et la salle de bain a probablement vu Staline. Pourtant, on passe du temps dans la turne, car elle a la clim, et vu les prix pratiqués en ville, on y prend nos repas. On a voulu boire une bière dans un bar, elle était facturée plus de 5 dollars, ils sont oufs ici, on n’est pas dans les émirats mais ça y ressemble. Du coup, demi tour, on a acheté la bière à l’épicerie, et on se l’est tapée dans la rue, bien fraîche ! (la première goutte d’alcool depuis plus de 2 mois, bon sang qu’elle était bonne.)

Après les subtilités de la monnaie iranienne, où on utilise tantôt le toman, tantôt le rial (un toman = 10 rials), ici cela s’avère plus complexe. Juste après notre entrée dans ce pays, on change au noir 10 dollars. Le gars nous dit que cela fait 135 000 manats, et nous en file 27. On s‘étonne, mais Il a beau jeu, on n’a aucune idée de la valeur d’un manat, on a juste repéré qu’il y a un facteur 5000 dans son taux. Plus loin, on boit un café, la femme nous demande 5, on lui file un billet de 10, elle nous rend 9 ! Alors là, on comprend plus que dalle…. En fait, le pays a récemment changé de monnaie, passant de l’ancien au nouveau manat, le rapport est de 1 pour 5000. Donc quand on nous demande 5 (ou 5000.…), cela veut dire 1, c’est clair ?

Nous avons un visa de transit de 5 jours, juste pour traverser le pays d‘Ouest en Est, mais on a décidé de tenter un truc : faire comme ceux qui ont payé fort cher pour un vrai visa de tourisme (ça coûte un max, car on leur impose un guide et une voiture). C’est la seule façon de vraiment visiter le pays. Donc, notre ruse, prendre des taxis et des bus (vu le prix de l’essence, ils ne sont pas chers), et essayer de nous rendre où on veut. En gros, utiliser un visa de transit comme un visa de tourisme, z‘avez pigé l‘astuce ?

Et voilà ce que cela donne :

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On se rend dans un bazar à quelques km de la capitale : un vrai bazar d’asie centrale, avec de tout, et pas mal d’animaux.

Bon, pas besoin de venir si loin pour voir poules, moutons, vaches, mais c’est l’ambiance qui vaut le coup, avec des petits barbichus et des femmes aux vêtements colorés. Il y en a qui ont le visage carrément caché, elles acceptent cependant d’être prises en photo.

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Le lendemain, on se rend au stand de départ des taxis, il y a des gars à la mine pas tibulaires mais presque (oui, oui, encore Coluche), on choisit le moins pire des pires, Marcet, négocions comme on peut, et partons dans les 5 minutes. On parcourt 350 km de désert, il y a que dalle, on a juste vu quelques dromadaires.

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1) 12h30 : Marcet pousse un vélo dans le sable ? Mais où va-t-il ?

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Non, ce n'est pas une envie soudaine de parcourir le Turkmenistan en vélo....Marcet part chercher du secours car la Toyota est complètement plantée, le châssis repose sur le sable.

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2) Fait il chaud ?

47 degrés à l’ ombre à l’intérieur de la voiture, toute ouverte, et 61 degrés, le thermomètre sur la portière.

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3) Et le moral ?

Ça roule…., oui, mais pas la bagnole…

On vient de manger un plat de mouton hyper gras et on a même bu un café dans une baraque en tôle du seul patelin traversé. On peut attendre. Enfin…pas trop, on va finir par pisser du sable.

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4) Qu’est-ce qu’on fout là ?

Nous sommes censés aller voir un cratère de gaz, mais Marcet ne savait pas que la piste était ensablée.

Hier soir, on a vu «la plage», un navet pas possible, mais on a encore les images des eaux turquoises autour de l’île de Ko Phi Phi, ça va nous aider à supporter ce désert hostile.

5) 14h30, toujours pas de Marcet. «ça chauffe Marcet…» On commence à rationner l’eau. Hier soir, Di Caprio a fait fort, il a tué un requin avec son poignard pour donner à bouffer à ses amis, mais Bruno n’est pas foutu de creuser un puits pour donner à boire à sa femme.

6) 15h. L’équipe de secours arrive, pas moins de 10 personnes et un camion. Ce sont des ouvriers d’un puits de pétrole.

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Marcet a un gros trou au cul à cause de la selle…ou alors il s’est planté dans le sable….on n’ose pas le lui demander….

Ils poussent, soulèvent un peu la voiture, mais il y a trop de chemin à parcourir. Un d’eux a une idée de génie : il coupe les ceintures de sécurité et attèle la Toyota au camion. Paf, elles cèdent. Les secours repartent avec promesse de repasser !

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7) 16h. Nous nous remettons de nos émotions sous une tente bistrot, au milieu de rien. On a été dépannés par le même camion, qui est revenu avec un câble en acier. Nous prévoyons de passer la nuit là et allons essayer de trouver un 4X4. On propose à Marcet de venir avec nous, il n’est jamais allé au cratère. Marcet se met à suer à grosses gouttes et se carapate, il veut rentrer chez sa femme ce soir, à Achgabad, à 350 km de là. Il ne veut plus entendre parler de cratère de gaz, de désert, de touristes franesouzes, il rêve de douche, de clim et de marbre blanc.

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8) 20h30. Nous repartons pour le cratère. Cette fois, on assure, on a un camion.

9) 21h30. Boum, plantés dans le sable, au même endroit que cet après midi !

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Roues dégonflées à 800g, on repart.

10) Enfin, le cratère. C’est grandiose, formidable…extraordinaire. Malheureusement, nous ne pouvons pas vous mettre la vidéo, car dans ces pays de liberté, on n’a pas droit à Youtube.

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Alors, qu’est-ce c’est ? Ce puits de gaz a été accidentellement enflammé dans les années 50, et il flambe toujours…il n’a pas été éteint….on croit rêver, non…En tout cas, de nuit, c’est un spectacle unique.

11) minuit. Allongés sur le sable, nous contemplons les étoiles en attendant le tracto pelle qui doit venir nous tirer : le camion est à nouveau ensablé ! Notre chauffeur garde le moral, il rigole bien de sa mésaventure, mais nous dit qu’on va échanger les rôles : il vient en Europe et on reste au pays, parce que du sable, il en a ras la casquette.

12) 2h du mat. Affalés sur notre couche dans la tente bistrot, on transpire à grosses gouttes et on se surprend à rêver de douche, de clim et même de marbre blanc.

Le lendemain, après une nuit blanche, à cause de la chaleur et de la radio qui est restée allumée, on attend un hypothétique bus. On espère vraiment sa venue car la proposition de cette nuit ne nous tente pas trop. Les pays si fermés, qui veulent bien du touriste, mais en le fliquant nuit et jour, c’est pas bien notre truc. Et les droits de l’homme ici, faut oublier. Reporters sans frontières a mis ce pays au 2ème rang des dictatures, une presse complètement muselée, une journaliste qui a disparu car elle a aidé une française à faire un reportage sur le président, des milliers de prisonniers politiques….la liberté, quoi. Le bus finit par passer, on envisageait d’aller à Konye, il va à Dachoguz, c’est pas grave, il nous rapproche de la frontière. A la douane, on ne fait pas les barbeaux, on se la joue modeste, on ne devrait pas être là, le premier type qui a notre visa en main s’en aperçoit, mais il ne pipe pas un mot d’anglais, il discute notre cas avec les autres, le visa circule de main en main, ça passe. On a eu chaud !

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Bon, z'avez pas oublié de cliquer sur le lien Niazov (en bleu, plus haut) ? sinon...pourquoi on se décarcasse ???

Au final, le Turkménistan en vélo a évolué vers un Turkménistan en auto et bus, mais aucun regret, ce fut une expérience inouïe.