• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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A savoir avant de partir : bien que proche du Sénégal, le Cap vert ressemble fort peu à l'Afrique.

Autant les africains sont exubérants et rigolards, autant les cap verdiens sont discrets, voire timides. Et puis, les cap verdiens adorent les chiens, les africains dans l'ensemble les détestent ! Mais ils sont tous experts au jeu d'awele, nous nous prenons régulièrement de belles raclées.

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La maison, le chien, et la cachupa dans l'assiette !

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Voici un aperçu d' un séjour d’un mois et demi au Cap vert

Nous avions prévu de terminer notre virée en Afrique (de Septembre 2013 à Mai 2014) au Cap vert, mais les iles nous intéressant étant impraticables en vélo, nous avons renoncé. Nous y sommes donc revenus spécialement pour cette fin d’année 2014.

Prenez une poignée d’îles, (10), jetez les au milieu de l’océan atlantique, faites venir des marins portugais au milieu du XVe siècle, laissez mariner quelques siècles et un beau jour, venez. Ne vous trompez pas dans le choix des iles car elles sont bien différentes les unes des autres. Si vous êtes adeptes du kite surf, si vous aimez faire la fiesta sur les plages de sable blanc, manger des pizzas dans des restaus italiens, allez vite vous poser sur les iles de Sal et Boa Vista, passez votre chemin, vous ne trouverez rien d’intéressant dans ce résumé. Si vous aimez la nature, grimper sur des chemins pavés dans le soleil déjà chaud…. ou sous les gouttelettes de brouillard, n’hésitez pas, précipitez-vous sur les sentiers des iles de Santiago et de Santo Antao. Ces 2 iles possèdent en effet des montagnes absolument ravissantes.

ile deSao Vicente.

Ayant atterri à Mindelo, nous avons passé quelques jours sur l’ile de Sao Vicente, où on peut gravir le Monte Verde, sympathique promenade pour se mettre en jambes, mais il y a nettement mieux à faire à Santiago et Santo Antao.

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A peine arrivés, après un voyage interminable (Casablanca, Bissau, Praia, Sao Vicente) et une nuit blanche, ah les vols pas chers...., sommes déjà sur des sentiers bons pour des chèvres, en encorbellement dans des cailloux au-dessus de l’océan. Tout ça pour aller voir le vieux phare à San Pedro, qui n’a plus rien à montrer car il a été pillé. Mais la balade vaut la peine, au final. Nous sommes basés à Mindelo, sur l’ile de Sao Vicente. La chambre est basique de chez basique, mais pour le temps qu’on y passe, ça va bien. En réalité, la Guest house est complète, mais Manuela nous a filé une chambre de dépannage, qui nous dépanne ! (pub : Hébergement Semedo Britto, chez Valentina et Manuela, parfait et pas cher.). La journée, on part en aluguer (transport en commun) et on couratte sur les chemins, le soir, on couratte dans la ville pour essayer de trouver un endroit sympa avec de la musique (Mindelo, c’est la ville de Césaria Evora, mais contre toute attente, il n’y a pas de folle animation). Hier soir, nous avons pris l’apéro dans l’un des bars branchés, on a choisi le cocktail au pif, c’était archi corsé en alcool (local ?), un seul, je vous jure, et on a failli rouler sous la table…...

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La marina de Mindelo : "la crise, où ça la crise ?"

Un dimanche à Calhau.

Comme chaque dimanche, Madame Loutcha a organisé un grand repas dansant. Un énoooooooorme buffet, qui attire beaucoup de monde, touristes et Capverdiens. Nous, on ne déroge pas à notre repas de voyage habituel, boite de sardines, bananes, et on fait une chouette balade, avec ascension d’un tout petit volcan. Il n’y a pas de quoi pavoiser, ce n’est pas une marche himalayenne, mais le spectacle est inhabituel, complètement lunaire….On cherche son chemin sur la lave, on se hisse sur la crête, et en un rien de temps, c’est le sommet et sa vue panoramique. Faire le tour du second volcan est tentant, on ne s’en prive pas, le chemin est à peine marqué, un peu impressionnant sur la fin car il passe sur des dalles au-dessus des vagues, très importantes aujourd’hui car le vent souffle fort. De plus, c’est marée haute, une vague un peu plus méchante, et hop, c’est les pieds mouillés.

Avant de prendre l’aluguer (taxi collectif) pour rentrer, nous passons prendre un café chez Loutcha (on nous a tellement vanté ce banquet….) et là, coup de bol, comme on connaît un serveur, il a la délicate attention d’accompagner le café d’une énoooooorme assiette de desserts. Elle n’est pas belle la vie?

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Santo Antao

Bateau entre Sao Vicente et Santo Antao il n’y a pas d’autre choix. 

"Cap Vert - No Stress ! il parait que c'est la devise ici et je crois qu'on l'a respecte plutôt bien. A pied, avec du temps pour se perdre dans ces paysages magnifiques.

Nous passons 3 semaines à randonner, sans nous lasser, toujours étonnés par les vallées verdoyantes, la rudesse des pierres, la canne à sucre arrachée au vertige des parois. Une île au relief escarpé ce qui n’exclue pas une culture opiniâtre qui s’étale dans le cratère de la Cova et partout ailleurs sur de petites terrasses. Pics affutés, riberas (vallées) profondes lévadas infinies (canaux d’irrigation). Nous sommes définitivement plus à l’aise dans le créneau « rando sac à dos » que « bikini friture sur la plage », cela tombe bien, il n’y a quasiment pas de plages à Santo Antao.

De Porte Novo, nous nous faisons déposer à la Cova de Paul (un cratère magnifique) et descendons à pied sur un sentier en grande partie pavé pendant 2 heures.

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On décide de rester chez Sandro dans le petit village de Cha Manuel dos Santos. Un peu frustrés par cette balade trop courte du matin, nous repartons l’après-midi marcher au milieu des cultures. Et ça, cultiver, les capverdiens savent faire. La moindre petite parcelle est plantée, parfois avec double plantation/ les choux sous le manioc, les patates douces sous les caféiers. Grimper au Pic San Antonio est un régal pour les yeux, c’est vert partout, des cultures en terrasse en veux-tu en voilà, des bananiers à foison, pas de bruit, juste le pépiement des oiseaux.

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On traverse de minuscules hameaux, comment peut-on vivre ici, à presque- trois heures de marche d’une route, qui vous conduira vers un patelin un peu plus grand, mais où il n’y a pas grand-chose quand même.

Après cette mise en jambes, nous varions les randos : randos d’un jour et randos de 4/5 jours.

Nous ne les raconterons pas dans leur intégralité, voici juste quelques photos et quelques scènes de vie.

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Un exemple de chemin pavé, il y en a des centaines...

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dans la montée de Cha morte à Alto Mira

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Dans les rochers du Salto preto

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Ce soir, nous faisons étape chez Manuela.

Chez Manuela, merceria (épicerie), boissons fraiches (« et grogue à gogo » pourrait-on rajouter sur la publicité peinte au mur)

Le grogue, c’est le Rhum local, à moins de 2 euros le litre pour environ 40° (le litre…), le mal de tête ne coute pas cher ici.

On est dimanche après-midi, dans la rue, devant l’épicerie, il y a un groupe de 6 hommes. ça fait un moment qu’ils se paient des tournées. Un jeune se présente dans un français presque correct (vu l’état du gars). C’est le maire du village, « complètement bourré mais inoffensif », c’est comme cela qu’il se définit. Les braves tentent bien de tailler une bavette alcoolisée, mais comme il n’y a pas grand-chose à tirer de ces gars-là, on part profiter du soleil couchant au sommet du pico de Cruz, le petit sommet qui domine le village. Nous rentrons juste pour le repas du soir. Manuela le dit : ici les hommes ne valent pas grand-chose, ils ne pensent qu’à picoler ! Elle s’est défoncée en cuisine, un vrai banquet nous attend, Nous sommes 6 à table, nous avons été rejoints par2 couples de jeunes randonneurs suisses, et passons une bonne soirée, à refaire le monde, comme toujours entre voyageurs. Visite de notre chambre : c’est un gentil 6 mètres carrés avec un grand lit, et un petit lit, et une table, et une chaise, et du linge partout, et des étagères partout. Une pauvre ampoule au plafond laisse échapper quelques pauvres rais blafards : on voit quand même que malgré pas mal de moisi sur les murs, il y a eu un effort évident de déco. Des dizaines, que dis-je, des centaines de petites figurines de porcelaine, des bébés, des anges, des animaux de porcelaine, et des bondieuseries en veux-tu en voilà, « photos » de la vierge, du Christ et tutti quanti. Tant mieux, le diable ne viendra pas nous embêter cette nuit. La nuit est effectivement paisible. Au petit déjeuner, on s’enquiert de celle de nos voisins helvètes. Tranquille, à deux par chambrée. La fourbe, c’est à nous que Manuela a très discrètement refilé le « bébé ». Au petit matin, nous avons aperçu un marmot sortir du petit lit voisin du nôtre, quitter la chambre sur la pointe des pieds, ramasser son cartable pour filer à l’école !

“Doide” ou “fou de la tête ”

Ce soir, nous dormons chez Fatou. Voilà 2 jours que nous avons quitté Cha Morte et l’hébergement tout confort de Nelson et Suzette. Il a fallu grimper le col d’Alto Mira, puis celui du Salto Preto, pas facile, mais très beau, pour arriver ici. Figueira est un petit village accessible uniquement à pied, ou en bourricot. Un joli village au milieu de terrasses. En ce moment, on se prépare à planter les patates, les hommes s’affairent pour piocher le sol. Nous le repérons très vite, lui. Nous avons à peine posé nos semelles dans son territoire, que le voici qui approche à grands enjambées, en poussant des cris étranges et en agitant les bras. Ce garçon n’est pas clair, c'est clair....(ouaf ouaf). Cet étrange personnage, c’est « Doide » ou « fou de la tête ! », c’est comme cela qu’on l’appelle au village. Un moment plus tard, alors que nous faisons une petite marche de récupération, nous sentons une présence silencieuse derrière nous. Nous nous retournons, et stupeur, nous voyons Doide qui nous suit, une machette à la main. C’est pas qu’on soit paranos, mais quand même, pas très envie de nous retrouver la tête fendue par une machette, fut elle capverdienne, alors on tourne à droite dans la première ruelle dans l’espoir de le semer, Doide tourne aussi, kai Kai. On tourne à gauche, il va tout droit. Ouf, on l’a échappé belle. Nous le reverrons le soir, chez notre hôte Fatou , nous allons d’ailleurs écosser des petits pois ensemble, et là, nous découvrons qu’ il n’est nullement dangereux, ni fou de la tête …Doide est né avec une malformation au niveau du palais, il ne peut absolument pas prononcer le moindre mot. Nous demandons à Fatou si ce n’est pas opérable. Selon elle, c’est opérable, mais pas au Cap vert, il faudrait qu il aille à l’étranger, et évidemment l’argent manque, ici le salaire mensuel moyen est de l’ordre de 100 euros…Alors là, on a super honte de notre réaction de tout à l’heure, on se hait vraiment de s’être comportés comme 2 grosses buses ! Hélas, on ne se refait pas.

Tarrafal 

Presque chaque île du Cap Vert possède un village nommé Tarrafal . Nous sommes restés quelques jours sur celui de Santo Antao. Difficilement accessible en voiture, par une piste poussiéreuse, nous avons échappé à cette épreuve en arrivant à pied, par une promenade de 4 jours, en commençant par la fameuse bordeira norte et en grimpant le sommet le plus haut de l'île au passage (Topo coroa). Certains décrivent Tarrafal comme un paradis. C'est vrai que la plage de sable noire est fort belle, que le village est très tranquille. Force est de constater que comme dans beaucoup de paradis terrestres, les bonnes affaires sont tenues par les blancs, les noirs se contentent des petits boulots. Ici, ce sont des allemands qui ont jeté leur dévolu sur l'île et tiennent plusieurs hébergements. Il a tout de même des cap verdiens qui réussissent, comme ce jeune couple, (Joan et Raquel) qui vient de monter un hôtel (vista) que nous recommandons chaudement.

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Albine, l'ermite de la grotte de la bordeira norte accepte volontiers nos petits gâteaux

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En direction du sommet de l'île

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Une famille chez qui nous avons dormi, comme dans beaucoup de pays pauvres, les gens ont peu, sauf un grand coeur

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la partie ouest de Santo Antao est très aride !

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Monte Trigo, le dernier village avant Tarrafal

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Pas de rando aujourd'hui, on sort le joker plage, quoi de mieux pour le jour de Noel, ?

une photo pour le sit

Ile de Santiago

Pour aller à Tarrafal de l'île de Santiago, il faut emprunter la route des hauts plateaux. Entre vallées profondes et pics rocheux, c'est un très bel endroit pour garder la tête dans les nuages… Tarrafal est le gros bourg tout au nord, alors il faut traverser l'île pour s'y rendre, par une route assez tortueuse, qui passe au pied du pico Antonio,une bonne idée de rando dans une campagne assez sauvage. Alors que nous en redescendons, nous nous faisons allègrement doubler sur de mauvais sentiers par des jeunes filles lourdement chargées de fagots sur la tête et des tongs aux pieds.

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avec des tongs aux pieds, il faut parfois mettre une main au sol...

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Nous randonnons aussi dans le massif de la Sierra malagueta, l'endroit est d'une quiétude absolue. Les chemins cheminent au milieu des cultures, en ce moment, c'est la récolte des maïs et c'est superbe !

Les ramasseuses de sable

Sur plusieurs plages du pays, nous avons pu observer des femmes qui ramassent le sable pour le revendre à l'industrie du bâtiment. Un travail étonnant et harassant sous la chaleur. Lorsqu'il ne reste plus de sable sur le rivage, alors les femmes vont le chercher dans l'eau, ballottées par les vagues et brûlées par le sel. Cette activité est si fréquente sur Santiago que certaines plages ont pratiquement disparu,le lieu prend alors des allures de carrière à ciel ouvert. Alors que dans certains pays la terre est grattée pour extraire des minéraux précieux, ici, les femmes récoltent le sable charrié par la mer, une activité qui éclaire sur le niveau de vie des Cap-Verdiens. Une fois amassé, le sable est trié en petits tas en fonction de la grosseur du sédiment. Même les endroits les plus reculés font l'objet de cette exploitation. À certains endroits, les plages de sable noir sont maintenant protégées par les militaires pour éviter leurs disparitions !

Pour finir, une vidéo de "youtube" donnant un bon aperçu de cette île, et une photo que je trouve insolite : la promenade des cochons

 

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