• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
  • 20171218 134510   Copie 2

Eté 2000 : pour notre premier long voyage à vélo, nous n'avons pas choisi le plus simple, mais puisque nous rêvions d'aller au Tibet....

Lhassa

Tashi Delay : bonjour!

moinillons, dim

Lhassa est une ville fascinante.

1.1.Lhassa Le PotalaNous marchons, comme aspirés par la foule qui s’approche du temple sacré du Tibet. Le Jokhang est le cœur du monde lamaïque.l La chapelle principale abrite une statue de Bouddha dans sa forme de gloire, le Jowo. Pouvoir contempler cette statue une fois dans sa vie est le souhait le plus cher de chaque Tibétain, ainsi assuré d’une réincarnation dans un état supérieur. C’est pour rendre hommage à Jowo que les pèlerins entreprennent le voyage vers la capitale. Sur les dalles du Jokhang, ils se prosternent en se jetant au sol. Les pèlerins bouddhistes doivent effectuer des circonvolutions autour de certains lieux sacrés : par exemple le Mont Kailash ou comme ici le Jokhand, temple sacré du coeur de Lhassa. Mais pour que les prières et le pèlerinage soient plus "fastes" en matière de salut religieux, il est préférable de se prosterner couché par terre et d’avancer de cette façon. Cela est toujours surprenant à nos yeux. Chacun est enfoncé dans son geste de dévotion, d’une précision millimétrée….et c’est ce geste de dévotion que les Chinois tentent en vain d’anéantir. On se glisse dans la foule qui accomplit la marche circulaire et sacrée sur le Barkohor, caressés par le son des mantras : « om mani padme hum». A Lhassa, même le plus athée des hommes admire la foi des autres, et cette foi peut même parfois créer le doute…

Dans le bouddhisme, une prosternation (Pali: panipāta, Skt.: namas-kara, Ch.: li-pai, Jp.: raihai) est un moyen de montrer une vénération envers les Trois Joyaux (comprenant le Bouddha, ses enseignements, et la communauté spirituelle) et d’autres objets de vénération.

Dans le bouddhisme, pour les pratiquants, la prosternation a de multiples avantages qui se surimposent comprenant :

une expérience de don ou de vénération
un acte pour se purifier de souillures en particulier de la vanité
un acte préparatoire pour la méditation
un acte qui accumule des mérites (voit aussi karma)

Lhassa - Kathmandou en vélo

Au Tibet, tout est intense : le soleil, le froid, la beauté exceptionnelle des hauts plateaux, l’aridité des terres et le cœur des hommes. Parmi les éléments qui rendent le « toit du monde » si particulier et attachant, la chaleur des maisons et du thé au beurre de yack, la richesse des rituels et la ténacité d’un peuple qui refuse de mourir. Depuis quelques mois, nous souhaitions nous rendre dans ce pays otage de la Chine, mais ici, on ne voyage pas à sa guise. La liberté des « amis étrangers » est sujette à quelques restrictions. Elle se limite quasiment à un seul mot : Interdit. Interdit de voyager individuellement, interdit d’être hébergées chez des Tibétains, interdit de sortir des zones ouvertes…Fort heureusement, il semble que si voyager à bicyclette ne soit pas officiellement autorisé, ce soit généralement toléré. Une brèche dans laquelle nous allons nous engouffrer rapidement pour relier Lhassa à Kathmandou à vélo

Dès la première consultation des cartes, la perspective de franchir de hauts cols nous motive un peu plus. Le profil de la route, tout en « dents de scie », finit d’éveiller notre curiosité.

profil friendship hyghway serge leret

Le profil de la "friendship highway", de Lhasa à Kathmandou, vu par Serge Leret. www.serge.leret.free.fr/

Quoi de plus exaltant que l’idée d’avoir à pédaler à une altitude parfois supérieure à celle du Mont Blanc ? Dans notre tête, nous sommes prêts ! Reste à faire quelques formalités, des travaux sur nos vieux VTT qui devront supporter une charge importante, et c’est le départ.

A peine avons-nous quitté Lhassa, en fraude, que nous en avons déjà la nostalgie, mais l’attrait de l’aventure qui nous attend nous pousse en avant. Et puis, nous avons la Khata (longue écharpe blanche rituelle autour du cou », rien ne peut nous arriver !! Nous sommes cependant morts de trouille lorsque nous arrivons au premier barrage de police : Ralentir ou accélérer ? On accélère, et passons plein pot sous a barrière entrouverte. Quand je me retourne et vois le policier entrain d'agiter les bras, il s'en faut de peu pour que je ne pisse dans on froc. Et ce sera comme cela jusqu’à Shigatse, où nous savons par le bouche à oreille qu’on peut facilement régulariser notre situation, en payant une toute petite amende et en nous procurant le fameux permis.

Pendant plus de deux semaines, nous pédalons sur les hauts plateaux. L’asphalte est rare, la boue non !!! Aux cols, les cairns s’empilent et les drapeaux de prière flottent au vent. Chacun y abandonne son offrande : ici, un bout de tissu, là une corne de yack ou quelques roches gravées.

Pour quelques yuans, nous passons de frustes nuits. « L’homme n’est pas fait pour le confort, tout comme la chèvre n’est pas conçue pour la plaine » proverbe Tibétain). L’hébergement est en effet très sommaire, mais nous n’avons jamais eu à monter notre tente. L’accueil est le plus souvent chaleureux, notre mode de transport sert d’attraction et se révèle un excellent moyen d’entrer en contact avec la population. Nous n’oublierons pas la joie de ce jeune paysan abandonnant son labeur pour venir faire un petit tour de vélo, ni ces gosses curieux commençant à visiter nos sacoches. Après avoir traversé des paysages complètement minéraux, privés d’arbres, dans uns palette e couleurs de la roche, nous voilà à essuyer les pluies de la mousson qui sévit au Népal. Après 4500 mètres de dénivelé négatif, nous nous retrouvons, complètement abasourdis dans la circulation délirante de kathmandou, au milieu des camions, bus éreintés, mobylettes pétaradantes. Nous avons élu domicile chez Surendra, du dolphin guest house, un adorable garçon!! Nous reviendrons te voir un jour, Surendra, c'est sûr!!!!

Nous avons parcouru 1000km, nous avons vite oublié nos souffrances au passage des six cols, dont deux à plus de 5000mètres. Pour notre première escapade à vélo, nous sommes heureux, et commençons déjà à rêver à notre prochain périple.
Remarque : ce récit date de 2000. Alors où en est on en 2010 ? Peut on encore parcourir Lhassa Kathmandou en vélo sans être inquiété ? La réponse est malheureusement non. Depuis 2008, il faut à nouveau permis, guide, voiture balai et tout le tremblement....Arrivant de Turquie en Chine, nous voulions entrer à nouveau au Tiber en vélo, mais tous ceux qui l'ont tenté cet été 2010 se sont fait pincer...plus ou moins loin..... Nous avons du coup parcouru une région appelée Tibet oriental, hors T.A.R, sans à dire où on peut circuler librement......et vraiment, nous avons préféré ce circuit à Lhassa Kathmandou.

Tibet or not Tibet ? en vélo....

Il est des contrées mythiques, dont la seule évocation du nom est un voyage... D’ Evariste Huc à Alexandra David-Néel, les récits d’explorateurs du XIXe siècle qui se vantent d’avoir pu pénétrer au cœur d’un pays interdit nommé Tibet forcent le respect. Bien entendu, un voyage au Tibet n’est plus aujourd’hui une expédition d’aventurier, loin s’en faut, mais la légende est toujours vivante et vivace : le Tibet fait toujours rêver, le Tibet impressionne toujours.
Kham et l’Amdo. Ces deux régions, si elles ne sont pas englobées par ce que l’administration chinoise appelle « région autonome du Tibet », sont partie intégrante du Tibet historique, et ont toujours été peuplées de Tibétains. Pas besoin de permis spécial pour s’y rendre, mais fort peu de touristes choisissent de s’y aventurer. Le tourisme occidental, plus attiré par Lhasa, n’a pas encore fait une entrée en force dans ces régions pourtant souvent superbes. L’authenticité n’en est que plus grande, bien souvent. Nous avons hâte de découvrir cette région, ayant eu un aperçu inoubliable du Tibet au cours de notre Lhassa Kathmandou en 2000. C'était notre premier grand voyage à vélo. 

Du 13 au 15 Septembre 2010. Nous n’y sommes pas encore tout à fait, mais la petite ville de Xiahe dégage déjà pas mal d’atmosphère du Tibet. Sa population est à 50% Tibétaine, et le monastère de Labrang attire des milliers de paysans arrivant par camions entiers, à moto ou à pied pour prier.

IMG 0416

Difficile de ne pas se laisser emporter par l’extraordinaire vague d’humanité qui règne ici. Les pélerins parcourent inlassablement le « kora » (circuit de pèlerinage) de 3km qui fait le tour du monastère. Ce monastère est l’un des six principaux monastères de la secte des Gelugpa (bonnets jaunes). A son apogée, il accueillait 4000 moines. Le sentier est jalonné de rangées de moulins de prières (1174 au total), de chortens et de petites chapelles.

IMG 0222

IMG 0450

Nous sommes restés 3 jours à Xiahe et avons parcouru 3 koras, faisant connaissance avec quelques pélerins, moines et mendiants, ce qui nous a permis de réaliser quelques photos que nous n’aurions pas osé faire sans cette petite prise de contact.

IMG 0437

attention à la marche......

IMG 0439

... 0uf, passée !

IMG 0280

IMG 0161

IMG 0226

Prosternations devant les temples. 

Ce mendiant arpente les rues à longueur de journée avec son fils, sa femme fait le même boulot, avec sa fille, dans un autre quartier de la ville.

IMG 0297

Cette mendiante est toujours posée près des moulins à prières, avec sa chèvre.

IMG 0316

Cette petite fille est infirme. Elle se déplace sur les trottoirs allongée sur son chariot avec un haut parleur chantant « O mani padme um ».

IMG 0179

Une devinette 1 : en quelle matière est réalisée cette statue ?

IMG 0368

Messieurs, de ces 2 coiffes jaunes, laquelle préférez vous ?

IMG 0156r

Moi, accro du portable ? Surprenant, cet usage intempestif du te. portable cadre mal avec l’image que nous avons du bouddhisme depuis l’occident

IMG 0419

16 au 23 Septembre. Ça y est, nous avons pénétré dans le Tibet de l’est.

Notre première nuit depuis notre départ de Xiahe se passe dans un palace à 1 Euro, on vous laisse imaginer le confort. Une pièce immense, six petits lits en ferraille, sommiers métalliques, un maigre matelas, une couverture, basta. Dans un coin de la pièce, une poubelle pleine à ras bord, et par terre divers restes de nourriture. Les toilettes, c'est dans la cour. Ma foi, ça nous évite de monter la tente et il y a un pseudo restau à 2 pas. On mange avec des mecs aux gueules patibulaires, une soupe au mouton et aux pâtes.

Un surprenant paysage de roches rouges nous attend le lendemain.

IMG 0596

P1080847

Chemin faisant, on s’offre la visite du monastère de Wutun Si, où les artistes résidant peignent de magnifiques tankas.

IMG 0612

IMG 0657

IMG 0677

L’étape dans la ville de Tongren (Reptong en tibétain) nous permet de visiter un monastère de plus et nous faire de bonnes petites bouffes. Nous optons toujours pour les restaus « de pauvres », ceux où nous rencontrons des locaux qui dégustent de la cuisine locale, des momos (gros raviolis) et des soupes fumantes et bien goûteuses.

IMG 0190
IMG 0288
IMG 0294
IMG 0306
IMG 0392
IMG 0628
IMG 0682

Pics, épique et colle gram.

Nous traversons de petites villes à l’ambiance très far west, les hommes portent des chapeaux de cow boy, (yack boy serait plus adapté). Zegu est une de celles-ci, où notre passage ne passe pas inaperçu. Alors que nous prenons le repas de midi, près du poêle à bois d'une petite gargote, c'est le défilé : des tibétains nous ayant repérés dans la rue entrent pour nous voir. Ils arrivent seuls, par 2 ou 3, se posent devant nous et observent...que dis-je, nous dévisagent de la tête au pied....et repartent, silencieusement le plus souvent ou en faisant quelques commentaires avec leurs proches. Cela ne nous coupe pas l'appétit, c'est plutôt sympa de donner un peu de distraction.

IMG 0808

Sur les routes, nous ne rencontrons pratiquement que des mecs sur des motos, parfois des couples, des couples avec enfants, des moines, tous les cas de figure sont possibles. Nous sommes les seuls crétins en vélo...mais on assume parce qu'on aime ça !

IMG 0186

IMG 0388

Après nous avoir dépassés, certains font demi tour pour venir nous observer et roulent à côté de nous. Ces 3 jeunes nous ont suivi sur une dizaine de km et n’arrêtaient pas de nous filmer avec leur téléphone portable. Ils ne s'emmerdent pas, ils nous collent leur tel. à 10 cm du nez.... Ils vont avoir des trucs à raconter à la maison (à la tente ?, car n’oublions pas que la région est essentiellement peuplée de nomades) et des images de drôles d'extraterrestres à montrer.

jeunes

On roule maintenant sur un haut plateau, c'est très beau et très sauvage, rien à part l'immensité, et ça et là quelques troupeaux de yaks et de moutons aux longues cornes.

La route se fraie un passage au milieu de vastes prairies aux couleurs d’or. Mais, pour atteindre le plateau tibétain, il faut d’abord franchir une série de pics. C’est ainsi que nous avons vaincu 7 cols à plus de 3000m en 4 jours de vélo. Ah oui, le Tibet se mérite !

IMG 0582

P1080846

32370m

arrivés à un col, ne pas oublier de jeter en l’air des papiers multicolores de prières (super, on est encore en vie!) et surtout, ouvrir grand les yeux pour ne pas perdre une miette du paysage.

IMG 0771

Ce soir, nous avons envie d’une bonne douche, d’un bon repas et éventuellement d’un bon lit. La douche, elle est là, mais pas telle qu’on l’imaginait….Alors que l’orage est menaçant, nous demandons l’hospitalité dans une ferme isolée.

IMG 0803

En pleine nuit, il pleut tellement dans la cambuse que dans nos sacs de couchage, nous devons ramper entre les flaques pour échapper aux gouttières qui nous arrosent le museau. Avant cette nuit agitée, nous l‘avons eu le bon repas, de la tsampa, dont voici la recette : dans un bol, on verse l’équivalent de 3 cuillères à soupe de farine d’orge, l’équivalent d’une cuillère à soupe de beurre de yack, rance si possible, un peu de thé, juste assez pour faire une pâte épaisse qu‘on touille avec les doigts, on porte à la bouche la délicieuse mixture et on tente de déglutir. Bonne chance ! Sans le bol de thé à proximité, c'est l'étouffement garanti.

IMG 0789

IMG 0787

Mais le plus dur dans cette soirée, c‘est que nous avons été privés de France Inter. Comme d‘hab, une fois couchés, Nicolas a installé son haut parleur et son lecteur d‘émissions de gauchistes lorsque notre hôte a fait irruption dans la pièce pour se coucher lui aussi, sur un bout de paillasse qu'il a traînée en face de nous. Il a fallu clouer le bec à Daniel Mermet, car vous vous en doutez, une émission sur les retraites ne doit pas passionner un pauvre tibétain éleveur de yacks qui s'est mis à ronfler sans demander son reste. Si vous voulez notre avis, la retraite, c’est quand même mieux de la prendre le plus vite possible, quitte à bouffer de la tsampa de temps à autre.

Comment communique t’on avec les gens d’ici ? Euh……pas facile….le chinois étant une langue à tons, et on n’a pas vraiment le temps de se mettre au tibétain. Nous connaissons quelques petits mots, par exemple : « meio = tout simplement non, mais cela peut aussi vouloir dire, au restau, s'adressant au serveur : ne balance pas une crête de coq sur ma crème au caramel, ou je te tue ! », « pa la = je suis effrayé par les épices », « binguan = hôtel pour riches, là où la police veut toujours nous envoyer », « fandian = hôtel pour les pauvres (comprenez : les autochtones), là où on veut toujours aller » …. Pour le reste, on fait des gestes, des dessins, ou alors on parle en français et ça ne marche pas plus mal. L’autre jour, une scène d’anthologie. La taulière du « fandian », une molassonne pas possible essaye de nous arnaquer de 12 yuans. Bruno l’engueule copieusement en français. Elle lui rend 10 yuans. Il braille plus fort pour récupérer les 2 yuans manquants, bien plus pour le principe que pour la somme. La taulière est stoïque, mais ne s’exécute pas. Alors là, Nicolas explose et lui hurle : « et bouge ton cul, espèce d’andouille ! » Et bien, dans la seconde, les 2 yuans sont rendus. Les taulières chinoises comprennent donc le français, mais c’est sûr, la prochaine fois qu’un « long nez » demandera une chambre, elle lui répondra « meio » !

23 Septembre. La sortie de la ville de Maqie, ou Maqen, ou Dawo en tibétain, nous réserve une bien belle surprise. La colline qui la domine est multicolore, tapissée de drapeaux de prières.

IMG 0912

Tant pis si nous ne terminons pas l’étape prévue, on ne peut pas louper ça. On gare nos bolides devant le monastère et partons nous promener sur la colline, avec des locaux qui font leur kora. Des gens simples, souriants, la plupart marchent en faisant tourner leur moulin à prières . Un moment magique, c’est splendide, une belle lumière et une incroyable tranquillité.

IMG 0833

IMG 0844

Quand on arrive en bas, v’là que les petits moines veulent essayer nos vélos, du coup, le départ est encore retardé, mais les moinillons s'éclatent vraiment à piloter nos bolides . On finit par démarrer et un peu plus tard, on a juste le temps de se réfugier sous une tente de nomades, sans laquelle nous nous serions pris un énorme orage de grêle sur la gueule avant de passer le col de 4000m que nous découvrons aujourd’hui après le thé au lait offert par la bergère. En fait, c’est toujours la surprise, les cols ne sont pas notés sur la carte, et celle-ci ne donne aucun renseignement sur le relief. Mais c’est aussi ça que nous aimons, l’aventure, lorsque tout n’est pas trop prévisible.

24 Septembre. Il a plu toute la nuit, on a eu du bol de trouver une chambre basique de chez basique. Ce matin encore, le crachin qui tombe n’incite pas à prendre la route, mais que pouvons nous faire dans un patelin où il n’y a rien, strictement rien….Nous enfilons donc la cape de pluie et via, c’est parti. Deux capes de couleur orange, et une verte, qui se gonflent avec le vent, 3 montgolfières qui circulent sous la pluie….aujourd’hui les énormes et féroces chiens tibétains filent la queue entre les pattes quand ils nous repèrent. Toujours ça de bon….Parlant de chiens, on avait promis d’en bouffer un, mais l’occasion ne se présente désespérément pas. La température n’arrête pas de baisser, la pluie n’arrête pas de forcir, et quand nous passons le col à 3870 m, il commence à neiger.

P1080921

En bas de la descente, nous trouvons refuge chez des gens, visiblement des cantonniers, nous pouvons même y rester pour la nuit, option que nous choisissons. Après s’être réchauffé, Nico préfère repartir, pour sortir le plus vite possible de « cette vallée de merde » et trouver le plus vite possible du Wi fi pour télécharger les émissions de gauchistes ! Nous passons une bonne soirée avec nos hôtes à qui nous apprenons quelques petits mots d'anglais. Ils sont ravis, et nous aussi, bien au chaud, avec notre linge qui sèche un peu partout. 

Réponse devinette 1 précédente : cette statue, comme la centaine qui sont exposées avec elle…est réalisée en beurre de yack !

IMG 1564

Tashi dele (bonjour)

30 Septembre. Ces derniers jours, nous avons roulé tout près du mont Amnye Machen. Cette montagne sacrée est au Tibet de l’est l’équivalent du mont Kailash au Tibet occidendal. En faire le tour (190 km) est un pèlerinage très prisé des tibétains. Certains font le parcours à pied, d’autres à cheval, il y a ceux qui rampent, ceux qui sont à moto….et quelques uns, rares, sont en voiture. Il parait qu’il y a même des étrangers stupides qui sont en vélo, pas d’exemple en vue, mais ça existe…. La plupart attendent une grâce divine, sauf les cyclistes sus nommés, ah si....un souhait de voir plein de chiens écrabouillés sur la route.

IMG 1027
IMG 1031
IMG 1032
IMG 1035
IMG 1036
IMG 1101

Le massif est depuis des temps immémoriaux une montagne sacrée et un lieu de pèlerinage pour les populations goloks. L'Amnye Machen est considéré comme la résidence de Machen Pomra, la plus grande divinité locale. Il lui est rendu hommage, ainsi qu'aux trois cent soixante dieux secondaires dont il est le chef, par de nombreux pèlerins qui parcourent à pied les quelque 200 km du circuit de circumambulation autour du mont. Avant l'administration chinoise, ils étaient chaque année près de 10 000 à effectuer ce pèlerinage, qui dure normalement entre 6 et 9 jours. Aujourd'hui, le tour est beaucoup plus calme, sans que l'on puisse attribuer ce déclin à la pression chinoise ou à l'arrivée massive des motos dans la région.

Le tour de la montagne est situé à une altitude de plus de 4000 m et le marcheur passe 2 cols, à 4600 et 4700 m.

On sait toutefois que la circumambulation (tour d’un site dans le sens des aiguilles d’une montre) était déjà pratiquée autour des temples à l’époque impériale. On distingue les sites yülha, où résident des dieux protecteurs, et les sites neri où le bouddhisme est plus ancré, même si une montagne peut être les deux à la fois.

l’Amnye Machen, loin au nord-est du Tibet est à la fois yülha et neri. Bien que le mandala de Chakrasamvara ait été installé, le dieu Machen Pomra reste la figure importante. S’ils sont très respectueux des divinités bouddhistes présentes, c’est à lui seul que les nomades de la région (seuls pèlerins à y venir) viennent présenter leurs demandes.

Nous observons des Tibétains qui font la kora en se prosternant : ils joignent les mains puis se signent au front, à la bouche et au cœur, avant de s’allonger de tout leur long sur le sol, puis ils se lèvent, font trois pas et recommencent. Pour les Bouddhistes, faire la kora de cette manière équivaut à une vingtaine de koras ordinaires, et ils mettent en moyenne deux à trois semaines pour la compléter (a raison de quatre à six kilomètres par jour). Que d’énergie dépensée dans l’espoir d’une vie meilleure !. Tour à tour je revoie l’enthousiasme et l’insouciance heureuse des pèlerins, leurs visages illuminés par tant de foi et la certitude qu’ils ont d’améliorer ainsi leur vie future. Ils semblent avoir trouvé la recette du bonheur. Comment rester insensible à tout cela ?

Quant on y réfléchit, au fond, tous doivent se lancer un petit défi, dont les pèlerinages sous toutes leurs formes (même le voyage à vélo) font partie. Le prétexte peut en être la foi, le tourisme, l‘envie de découvrir d‘autres cultures…., mais ce besoin de dépassement par rapport à son vécu quotidien est là. Pour ceux qui n'ont pas éveillé cette recherche en eux, il est aussi stupide de se prosterner toutes les trois enjambées sur des centaines de km que de lutter contre les éléments à vélo sur un même parcours aisément faisable en voiture ou en bus ! On est toujours le con de quelqu’un…

IMG 1059

En tout cas, nous avons vécu là une expérience inoubliable, les yeux remplis à ras bord de paysages à couper le souffle (au propre comme au figuré, passant des cols à plus de 4000 m d’altitude par une météo capricieuse !), de visages d’enfants aux joues rougies par le froid, de sourires de nomades heureux d’avoir des « invités de marque » sous leur tente.

IMG 0958
IMG 1106
IMG 1112
P1080923

altitude 4600m, 4600 m de bonheur !

Nous avons accepté la bénédiction d'un moine, qui au sommet du col nous a fait boire un petit breuvage alcoolisé, tout en nous aspergeant avec ledit alcool.

IMG 1016

Nous avons quand même été bien contents de retrouver « la civilisation », un hôtel chauffé à Madoi alors qu’il neigeait, et Nicolas qui avait téléchargé les dernières chroniques de François Morel, 3 X environ 3 minutes 30 s de rigolade !

IMG 1148

Dans les rues de Madoi, juste avant la neige.

P1080956

IMG 1161d

IMG 1162

IMG 1163

Nous sommes maintenant à Yushu, c’est l’une des villes les plus reculées d’une des provinces les plus reculées de Chine. La préfecture englobe des dizaines de monastères impressionnants et des sites de pèlerinage renommés. La population est à 97% Tibétaine. Dans l’Amdo, les moines sont éduqués et cherchent à développer leur savoir. Les écoles philosophiques se développent, les paroles du Bouddha sont consignées en de multiples textes sacrés. Les drapeaux de prière couvrent chaque montagne, chaque colline, chaque monticule... Les plus grands monastères comptent jusqu’à 2 000 moines ou nonnes, avides de connaissances et témoins de leur culture.

Peu avant la ville de Yushu, nous avons été surpris de voir d’immenses campements de toile, nous avons pensé qu’il s’agissait de camps de travailleurs car le lieu est en pleine effervescence, un immense chantier. Lorsque nous sommes arrivés au centre ville, nous avons cherché la guest house indiquée dans le lonely planet, mais à la place, nous avons trouvé un baraquement, et partout autour d’autres baraquements et des maisons détruites. Là, on a commencé à comprendre : un tremblement de terre très important a eu lieu le 14 Avril 2010 faisant entre1000 et 2000 morts. Nous avons fini par nous loger dans un des seuls hôtels qui a survécu au tremblement de terre, ce qui fait la fierté du moine gérant l’établissement. Tu parles, c’est un taudis, d’une saleté épouvantable, de la moquette épaisse partout, pour bien absorber tout ce qui tombe, boissons, crachats et le reste. Les chinois à l’hôtel se comportent comme des gorets, bouffent dans les piaules, renversent les boissons, jettent tout par terre. L’eau chaude promise, y en a pas, quant aux toilettes, les règles de bienséance nous interdisent de les décrire…c’est à tomber à la renverse…encore faut il faire gaffe de ne pas tomber dedans. Donc, pour tout ce luxe, le taulier voulait facturer plus de 10 euros la chambre de Nicolas. Que nenni, il est venu squatter la nôtre, il a installé sa litière dans un coin et hop, ni vu ni connu, à nous France Inter et même la wi fi qu’on est arrivé à choper grâce à une antenne juste en face de notre palace. Parce qu'on veut bien pédaler le jour, mais le soir, c'est super d'avoir un toit....et si on a internet pour podcaster...c'est le pied. Voyageurs des temps modernes.....nous ne sommes plus à l'époque d'Alexandra David Neel....

La ville a donc été complètement sinistrée, seuls quelques édifices on tenu le coup. Par contre, le mur de mani (pierres gravées ou peintes de « prières » a résisté aux outrages du tremblement de terre. Ce mur est le plus important mur de mani du Tibet. Bien entendu, en faire le tour est bon pour son karma, surtout si en même temps on fait tourner son moulin à prières, évidemment, dans le bon sens, sinon, c’est foutu. Mais il y a des sectes (les « bon » par exemple), qui tournent dans l’autre sens… va t’en savoir…..

IMG 9141

IMG 9146

2, 3, 4, 5, 6 Octobre : après Yushu en direction de l’est, on navigue entre le rien et le grand rien. Des prairies et des animaux, surtout des yacks.

IMG 1554

P1080839

Alors, quand on arrive en ville et qu’on trouve du tibétain photogénique, ça change du yack, on se jette dessus, et clic clac Kodak, on le fait rentrer dans la boîte. Blague..., cela ne se passe évidemment pas comme cela. Il n’est pas question de "voler" des photos de ces gens timides et fiers, ce n’est qu’après une longue observation réciproque, d’une salutation, que je demande si je peux réaliser mon cliché. La plupart du temps, ils me disent Oui, certains ont adoré se faire prendre en photos…..et surtout se voir dans l’écran de l’appareil.

P1090018

P1090016

IMG 1578

Moi, accro du portable ?

Nous sommes passés par Serxu, une bourgade de rien, mais avec des tibétains aux bonnes bouilles. Il commence à cailler sévèrement, dans la nuit il a pas mal neigé, Nima nous embarque dans son minibus, et nous continuerons à utiliser les transports pour nous tirer vers le sud, à la recherche de températures plus clémentes.

IMG 1457

IMG 1453

Nico s’ arrête en route, pour visiter le nème monastère, il n’est pas encore saturé….peut être le retrouvera-t-on plus loin. Nico, ou Jo la fouine, est curieux de tout, entre partout, photographie tout, s’intéresse à tout....Nous avons vraiment passé du bon temps avec lui. Nous deux continuons jusqu’à Ganze, (ou Ganzi, Gantze…) une bourgade poussiéreuse mais sympathique.

Nous sommes repartis en minibus conduit par un espèce de taré, le genre qui ne se sent exister qu’en appuyant sur le champignon. Hier, il conduisait son yack, aujourd’hui, il a le volant dans les mains, il se prend pour le maître du monde. Alors, à donf, à grands coups de red bull pour ne pas mollir, la cannette dans une main, le portable dans l’autre, on se fait terreur, la route zigzagant dans des gorges au dessus du torrent. En plus, il se dandine sur sa musique de merde, par chance, son autoradio est équipé d’une prise usb, on lui balance alors notre musique, et il apprécie moyennement, tu m’étonnes, John ! 

On maudit cette météo pourrie qui nous a fait abandonner nos vélos adorés et nous incite à prendre ces transports. Bien sûr, rien ne nous interdit de rouler, mais il pleut pas mal, il fait vraiment froid, et la route est truffée de cols entre 4 et 5000 metres, avec quasi nul endroit pour se mettre au sec. C’est donc la mort dans l’ âme que l’on va renoncer au trajet suivant : de Litang à Shangri La par une belle route de montagne comme on aime.

Nous n'avons pas traîné à Litang, une des dernières villes vraiment tibétaine quand on va au sud. Ville chouette, mais on s y caille vraiment,nous sommes à 4000m. Au marché à la viande de yack, on a vu un voleur d'abats ! Ce type, rapide et agile, a dérobé des bas morceaux, qu'il a enfouis tout sanguinollants directement dans sa pelisse....il s'est ensuite carapatté sans demander son reste.

IMG 1715d

IMG 1716d

IMG 1211

De quoi devenir végétarien.

devinette 2 : que font ils ?

IMG 1144

Réponse : ils vont à Lhasa à pied ! Ils ne sont pas encore rendus les gaillards, encore au moins 1000km, et pas mal de cols. Ils transportent dans la carriole les affaires de leurs amis qui eux se prosternent. C'est sans nul doute la foi qui les fait avancer. Sans virer mystique...il faut reconnaître que ces tibétains pétris de foi nous ont beaucoup émus.

8 Octobre. Ainsi se termine notre séjour au Tibet. Nous avons adoré......même si parfois les conditions ont été un peu rudes....le Tibet, ce n'est évidemment pas la Thaïlande. Cette partie nous a semblé plus authentique que la classique Lhassa kathmandou que nous avions parcourue en 2000.(en velo déjà)

IMG 8957

grêle

IMG 8988

Pluie et brouillard

IMG 8964

Pluie, brouillard, hôtel miteux

IMG 9042

IMG 8997

Routes ennuyeuses

IMG 9089

Ville dépotoir. (Yushu)

Cela fait 6 mois jour pour jour que nous sommes partis de France. 6 mois de grand bonheur, pendant lesquels ni l'un ni l'autre n'a eu envie de rentrer !!!! Même pas une seconde....

Pourtant, nous vous annonçons la quasi fin de notre petite virée. La santé de la maman de Bruno s'étant fortement dégradée ces derniers temps, nous rentrons près d'elle. Pas immédiatement, mais on abrège notre escapade et on fait au plus court...

Nous continuerons la mise à jour du site, d'ici quelques jours, vous aurez un aperçu du Yunnan, où nous sommes actuellement. Alors, à tout bientôt, nous vous offrirons encore un peu de lecture.....