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  • 29 Avril 2017
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De Daar es salaam à Dodoma

225px Flag of Tanzania.svgDrapeau Tanzanien

  • Le vert représente la végétation abondante du pays.
  • Le jaune représente ses riches ressources minières.
  • Le noir représente le peuple.
  • Le bleu représente ses nombreux lacs, fleuves et sa côte sur l'océan Indien.

 aeroport

départ Genève, tantine et nous. 

Genève le 29 Mai 2012 : convaincre l’employé de l'aéroport que 12 kg d’excédent de bagage c‘est peu, convaincre le suivant que la mystérieuse poudre blanche n’est pas à sniffer. Quelle idée nous direz vous d’embarquer de la lessive dans ses sacoches…

30 Mai . Après avoir passé ces petits obstacles, nous sommes éreintés par un voyage bien long, et affalés sous le ventilateur, nous réalisons … que nous ne réalisons pas tout à fait encore que nous nous sommes posés en Tanzanie.

Pourquoi la Tanzanie ?

- Pour la faune sauvage, les tribus… parce que “Le Lion” de Kessel est une lecture d’enfance peut-être…

- Ben oui mais ça se passe au Kenya, alors pourquoi pas le Kenya?

- ?????????????

- Hein? Pourquoi la Tanzanie?

- Heu….., c’est la faute à Jules Verne, il fait partir les héros de “Cinq semaines en ballon” de Zanzibar, et ils vont survoler la savane et le lac Victoria…

- Oui mais bon, ils survolent aussi le Tchad et ils atterrissent au Sénégal.

- Grrrrrrrr !!! Bon, finie l’argumentation bancale, soyons honnête, on n’en sait trop rien. Ce qui est sûr, c’est qu’au cours de notre première expérience en Afrique noire, au Burkina, nous nous sommes rendus compte que l'idée que nous nous faisions de l'Afrique est totalement erronée. Oui, il y a beaucoup de problèmes en Afrique, mais il y a aussi beaucoup d'avantages. Entre autres les africains eux-mêmes. Un peuple avec une félicité et un générosité sans limites. Alors, nous avons tout naturellement voulu découvrir un autre pays. Alors pourquoi pas la Tanzanie, hein, pourquoi pas ?

Tanzanie, nous voici !

Dar es salaam c’est aussi moche qu’on le dit ? Non, Dar es salaam n’est pas moche, elle est hideuse. Cette vaste ville, capitale de fait à défaut de l’être officiellement, est avant tout un des plus grands ports marchands de la côte Est de l’Afrique ; sa raison d’être ce sont les cargos et les sociétés d’import-export, doux euphémisme de dire qu’elle manque singulièrement de charme. Nous avons pris nos quartiers dans une chambre de la mission Luthérienne, qui a sans doute peu à voir avec celles des quelques hôtels chics dans des gratte ciel en verre fumé !

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C'est la plus belle vue de Dar es salaam que l'on puisse vous offrir. On voit l'église Lutherienne. 

Du 30 mai au 4 Juin. On peut imaginer que celui qui arrive en Afrique par la route a le temps de se familiariser avec l’environnement. Pour celui qui arrive par avion, l’immersion est trop rapide, trop brutale. Pas le temps de se retourner que l’on se retrouve dans un hammam tiède, au milieu d’odeurs perturbantes. Par ici les effluves de poisson qui séjourne trop longtemps au soleil, par là nous passons en courant devant l’étal du boucher, dans cette rue les poubelles n’ont pas été ramassées…La chemise trempée de sueur, le cheveu collant, nous avons du mal à trouver notre place dans la foule de Dar es salaam, notre présence est discordante. Et tout ce monde alentour qui a l’air si à l’aise, en symbiose complète avec la rue. Le blanc a lu trop de sales histoires sur cette ville à la mauvaise réputation, il flippe partout, tout mouvement un peu brusque autour de lui est suspect, il a peur de tout, même de son ombre. La nuit surtout, le blanc ne se sent pas bien dans les rues, il a l’impression d’avoir un énorme projecteur braqué sur lui, alors il a le droit d’avoir peur, non ? En fait, non, car montrer sa peur est la meilleure façon de montrer qu'on est vulnérable. Alors nous essayons de nous raisonner, ceux qui nous entourent ne sont pas forcément tous des tueurs, mais toujours est il que si au Burkina, nous avons trainé la nuit dans des quartiers chauds, ici à Dar, nous ne jouons pas avec le feu. Tout au plus avons-nous marché quelques centaines de mètres la nuit pour gagner notre gite, le trouillomètre à zéro…et encore, jamais après 21 heures…

Quitter l’enfer, mode d’emploi (1ère phase) : 10 minutes de marche, 5 minutes de ferry, 5 minutes de tuk tuk, (un genre de triporteur) vous voici sur une plage de rêve au bord de l‘océan indien, de l’autre côté de la baie de Dar es salaam. On peut même y voir des Massai, imaginez : des Massai à la plage ! Nous sommes évidemment sceptiques. Les Massaï n’habitent pas du tout dans cette région. Ils arpentent les grands espaces du centre du pays, ils n’arpentent pas les plages. Soit ces types se sont déguisés en se mettant une couverture rouge sur le dos, soit ce sont des Massai déportés. Mais de toute façon, il doit y avoir rapport avec le tourisme. Prise de renseignement faite, il semble qu’ils soient là pour travailler, nettoyer la plage, et la surveiller…ils ont juste changé de statut : de gardien de troupeaux de bétail à gardien de troupeaux de blancs.

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Quitter l’enfer, mode d’emploi (2ère phase) : enfourcher son vélo.Pour éviter la circulation infernale dans Dar es salaam et dans sa banlieue, (c’est un bordel inimaginable, avec une 4 voies bondée), nous commençons à pédaler à partir d’une ville de province, Chalinze.

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La circulation reste dense, mais il y a une bande au bord de cette grosse nationale , une espèce de piste cyclable que nous ne quittons pas, c’est notre ligne de survie. Beaucoup de camions, de bus, de véhicules en tout genre passent à toute vitesse, mais sur notre bande, nous ne sommes pas trop mal. De plus, plus on avance, moins il y a de monde, il nous arrive même d’être tranquilles.

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Un point qui peut paraître sans intérêt, mais qui est en réalité de la plus haute importance lorsque l’on voyage à vélo, c’est qu’ils ne klaxonnent pas comme des malades, c’est déjà ça ! 

Si on nous demande aujourd’hui, de quelle couleur est l'Afrique, nous dirions vert. Juste après la saison des pluies, on est loin des clichés de l'Afrique sèche et jaune, la nature est très luxuriante. La route passe tantôt dans les fameuses « vertes collines d’Afrique » dont parlait si bien Hemingway, tantôt sous des montagnes, dans une forêt tropicale. C’est chouette, parfois un babouin au cul pelé traverse... Nous commençons à prendre nos marques, quelques conversations ci et là, le marchand de fruits qui se marre quand on lui annonce qu’on ne veut pas un prix spécial « muzungou « (blanc), du coup, il baisse de moitié, les petites guest house sympa. Après une nuit agitée à cause des moustiques, il a fallu faire preuve d’ingéniosité pour les nuits suivantes. Nous avons trouvé une arme simplissime et polyvalente : « baygon vert » . A notre grande surprise, il est même venu à bout d’une horde de gros cafards (ou cancrelats), retrouvés sur le dos. La chambre paraissait propre pourtant…Comment se débarrasser de l’odeur putride des toilettes ? Un sujet de réflexion qui devrait occuper notre prochaine journée de pédalage.

Du 4 au 8 Juin. Nous vous avons laissé à Morogoro où nous avons passé une excellente nuit chez Dimitra, une gréco italienne mariée à un brésilien et installée ici. Elle tient une bonne guest house (mama Pierinas), fait une bonne moussaka, si vous passez par là, n’oubliez pas de vous arrêter. Le peintre aura peut être fini son travail d’ici là, il avance « « pole pole », doucement doucement, un pinceau d’au moins 4 cm de large dans une main, le pot de peinture dans l’autre main. A cette allure, quand il aura fini de peindre la bâtisse, la première partie sera défraichie, il n’aura plus qu’à recommencer. Incroyable ! La main d œuvre ne doit pas être trop onéreuse par ici, en plus du peintre, Dimitra emploie au moins 2 cuisinières, une flopée de femmes à tout faire, des jardiniers et des gardiens, 4 pour la nuit…et nous sommes 3 clients…La ville est installée au pied d’un joli massif montagneux qui, dans la lumière du soir, fait penser aux Préalpes ; une ville carrefour au-delà de laquelle le trafic devrait être moindre. Nous préférons cependant nous échapper par la piste qui nous écarte de l’axe principal, et nous permet de nous mettre à l‘abri de ce flot de camions et de bus cinglés. Nous nous retrouvons dans une campagne de tout beauté, magnifiquement organisée et cultivée, assez densément peuplée de villageois très sympathiques. Les marchés regorgent de légumes et de fruits, papayes, petites bananes, mandarines, oranges, ananas, mangues…. Les gens ont l’air heureux, ils choyent leurs terres et prennent soin de leur environnement.

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Un safari en vélo. Version Annick : Aujourd’hui, nous devons traverser le Parc National de Mikumi, 3ème plus grande réserve d’animaux de Tanzanie, il n‘y a pas le choix, la route passe au milieu. Sauf qu’on pourrait prendre un transport, mais Bruno serait frustré, va falloir que je me blinde, je le sens ! Aux portes de ce parc, un panneau accueillant :"Mikumi national park-Danger-Wild animals-50 next kms" (Parc national Mikumi- Danger- animaux sauvages -50 prochains kms). C’est peut être juste un avertissement pour les chauffeurs des voitures ou autres véhicules à moteurs : ralentissez, pour ne pas prendre un éléphant sur votre capot. Mais je l’ interprète autrement, ce panneau, pour moi, il signifie sans aucun doute : attention aux grands fauves ! Nous avons bien entendu interrogé plusieurs personnes sur le danger. Certains nous disent que c’est inconscient de passer en vélo, d’autres que nous pouvons le faire. Au bureau de la police, une femme annonce que ce n’est pas interdit, que des cyclistes comme nous l‘ont déjà fait , il n’y a presque pas de danger à circuler en pleine journée. Mais des flics en faction sur la route, 2 km plus loin, n’ont pas le même discours : on risque de se faire bouffer tout crus, ils nous conseillent d’arrêter un camion , car les animaux sont vraiment trop dangereux, et de nous en faire l’inventaire : éléphants, buffles, lions, léopards…. Bruno le hait…..et…nous continuons . Au diable ce flic, pour me donner du courage, je me remémore les propos de sa collègue : « des cyclistes comme vous l’ont déjà fait, il n’y a presque pas de danger à circuler en pleine journée ». C’est le « presque » qui finit de me terrifier. J’imagine un titre dans le journal tanzanien : « 2 touristes déchiquetés par des lions » Ou alors: « 2 cyclistes inconscients traversent le parc de Mikumi, on n’a retrouvé que les vélos et les casques ». Est il utile de préciser que mon cœur bat la chamade , se faire dévorer par un lion, c’est pas cool. Je suis sur le qui vive, scrutant à gauche, à droite, devant, et même dans le rétro, au cas où ça attaquerait par derrière. Nos premières rencontres ne sont pas trop impressionnantes, ce sont des babouins qui se carapatent de la route à notre vue. Ils continuent cependant à nous observer, on voit juste leurs têtes qui dépassent de l‘herbe, ils sont plutôt marrants. C’est plus loin le summum de la trouille. Ne paniquez pas chers lecteurs, si vous lisez cet article en ce moment, c’est qu’au final nous sommes encore entiers ! Plus loin donc, il y a des hommes qui réparent la route, avec un garde armé. Et cet andouille qui nous dit que nous sommes complètement fous, qu’il y a des lions de partout. Alors qu’Est-ce qu’on fait ? Z’avez qu’à continuer puisque vous êtes déjà arrivés là sans encombre, bonne chance, hips…. A partir de là, le moral est bas et la cadence est haute, à peine le temps d’apercevoir les gracieuses gazelles qui gambadent un peu partout. Mais plus loin, horreur, stupeur,des éléphants sont là, tout proche, un autre jour les photos hein, je me suis retournée et j'ai vu le gros s'enfoncer dans les hautes herbes. Et puis, nous voilà (déjà?) face à un panneau identique à celui rencontré moins de 3 heures plus tôt :"Mikumi national Park - Danger - Wild animals - Next 50 kms". 

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Mais cette fois, les 50 kilomètres sont derrière nous. Nous vous montrons une photo de nous, nous envoyons aux flics et au garde celle où nous montrons nos fesses devant le panneau indiquant la fin de notre traversée épique, bande de pessimistes, va !!

N.B . J’espère que cette histoire vous a plu, car il n’y en aura pas d’autre du genre, le zoo sans les grilles, c’est terminé pour moi !

Un safari en vélo. Version Bruno : C’est le jour J, cela fait plusieurs jours que ça tourne dans ma tête pour cette traversée du parc de Mikumi, réputé pour ses animaux sauvages. J’avoue que je ne suis pas hyper à l’aise, mais ce matin, quand nous sortons de notre palace à 2,5 euros la nuit, voici ma préoccupation majeure : va t'on trouver un petit déjeuner ? Sitôt le nez dehors, je me dirige vers les bistrots et je vois Annick qui fonce se renseigner auprès des locaux, un peu dans tous les sens, comme une pie effarouchée. En fait, moi aussi depuis Dar es salaam, j’ai interviewé multiples personnes, mais les gens du cru ne comprennent pas très bien ce que j‘envisage, ou la réponse n’est pas celle que j’attends…, parce qu’en réalité j‘en ai grande envie de cette traversée….L’interrogatoire se poursuit encore aujourd’hui alors que nous déjeunons, je m‘enquiers auprès des voisins. Je ne suis pas complètement sûr de moi, mais j’imagine que pour Annick c’est pire, elle n’en mène pas large. J’essaie d’en tenir compte. Pourquoi vouloir à tout prix traverser ce parc en vélo ? Pour mesurer notre bravoure ??? Un bus, un camion, cela ferait bien l’affaire !!!! Mais, au fond, j’estime qu’il n’y a pas trop de danger, car il y a du trafic, et je suis convaincu que les lions ne restent pas à nous attendre au bord de la route, à moins qu’ils aient été prévenus par email de notre passage. De plus un jeune ce matin me l’a encore dit : le lion n’attaque pas le blanc, il préfère le noir !!!! Alors, nous allons partir, on commence et on verra plus loin. Entretemps, la femme de la police a eu des propos plutôt rassurants.

Quelques tours de pédale plus loin, ça y est, nous l’avons traversé, les cacas nerveux c’est fini, les couches culottes changées, cela ne valait pas la peine de se faire autant de souci, car au final, on n’a pas vu grand-chose. Quelques poignées de babouins s’écartant sur notre passage, quelques gazelles bondissant. 3 éléphants, qui broutent paisiblement à côté de la route. Je les regarde,et le gros tourne aussitôt son cul. A peine plus impressionnant que ceux de la fontaine d’Hannibal à Chambéry. A partir de là, mon rythme cardiaque s‘accélère quand même,…pour suivre ma miss qui s’est mise à pédaler comme un diable, et du coup, nous sommes arrivés très très vite à la sortie. Je suis très content que nous ayons réussi sans encombre et j’espère que ma petite femme saura être une grande fille…. la prochaine fois !

Là, dans l’excellent campement tenu par un suisse, avant de planter la tente, nous nous remettons doucement de ces quelques émotions en buvant un bon café tanzanien et je vous dit : elle n’est pas belle la vie ??

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Un safari en 4x4. Faire des safaris en tenue d‘explorateurs, s’installer dans un promène couillon pour passer sous le nez des girafes et la trompe des éléphants en leur crachant quelques gaz d'échappement, bofff…Pourtant lorsque nous avons la possibilité de partager une voiture avec 2 jeunes anglais rencontrés au camping, nous nous laissons faire, les principes, parfois on s’assoit dessus. En fait, notre safari vélo a été très chargé émotionnellement, mais pas assez en animaux. Nous nous retrouvons donc avec Paul, Lisa et Cabal, le chauffeur du Land rover. Le parc de Mikumi n'a évidemment pas la notoriété du Serengeti, ni du Ngorongoro, il est moins prestigieux et du coup moins fréquenté, cela nous va bien. Effectivement, de toute la journée, nous n’avons vu que 3 voitures. Pourtant, dans un paysage de savane ponctué de quelques arbres, toute la panoplie est là : girafes béates, papa et maman éléphant qui promènent le mini éléphanteau, les zèbres qui nous regardent avec leurs yeux tout ronds, les gnous, les troupeaux d’impalas aux cornes torsadées, les buffles aux muscles saillants, hippos, crocos voraces, babouins, phacochères, oiseaux en pagaille, la totale, je vous dit. On a même vu Simba, le lion. Bon, celui là, sans le regard exercé de Cabal, nous l’aurions loupé, trop loin et tapi dans les herbes. Nous nous sommes extasiés devant ce monde animal magnifique, nous nous sommes fait bouffer par les mouches tsé tsé, nous sommes rentrés avec des cloques partout, des tas d’images dans la tête et dans l’appareil photo. Mais voilà, voir est une chose, ressentir en est une autre, alors s‘il fallait maintenant vous dire où va notre préférence, entre le safari vélo et le safari 4X4, devinez ce qu‘on choisit (oui oui, les 2, Bruno et Annick….!) On doit être un peu dingos !

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Samedi 9 Juin. Une nuit au village de Ulaya. Après 50 km de montées et descentes sur une piste déserte, nous arrivons dans un village bien rural, nous décidons d’ y rester. Autour de nous, femmes, enfants, hommes en quantité, mais personne ne parle un mot d‘anglais, sauf Isa qui comprend que l’on cherche un toit et nous prend en charge. Achoula nous reçoit , une jeune fille charmante qui a déjà 2 marmots. La chambre ressemble à toutes celles à 2,5 euros, un lit, un sceau d’eau, un trou dans le sol pour faire ses besoins et recueillir l’eau de la douche à la casserole, une bougie et la petite boite d’allumettes. En fait cette chambre là nous offrira davantage, mais nous ne le savons pas encore. Nous prenons une bière sous la tôle ondulée, dans la cour, nos voisins n’en sont pas à la première, ils ont déjà quelques petits problèmes d’élocution ! Juste à côté une autre baraque fait aussi débit de boissons. Les femmes y vendent un alcool à base de jus de coco qu’elles ont apporté dans des grands bidons. Elles vendent ça bien moins cher que la bière mais ça fait autant d’effet, manifestement. La plupart des hommes se sont déjà mis bien minables, ils sont assis sur de petits bancs de bois qu’ils ne quittent que pour aller se soulager dans les maïs mais réapparaissent vite pour refaire le plein. Nos voisins prennent congé, à 4 sur la moto, ils ont acheté entretemps 2 l du breuvage alcoolisé (pour la route ?), « safari n’jema ! » (bon voyage !). Ils ont 26 km à faire, la nuit tombe, dans l‘état où ils sont, c‘est pas gagné. Achoula nous a régalés d’un bon « wali kuku », comprenez « riz poulet ». Maintenant, vu l’ambiance alcoolisée tout autour, nous jugeons plus sage de nous retirer et d’aller nous allonger sur notre couche, dans le noir. C’est un peu plus tard que contre toute attente, notre chambre se retrouve grand éclairée, et en même temps, une musique de folie envahit toute la baraque. Notre porte se trouve juste derrière les enceintes qui balancent le même nombre de décibels que dans une boite de nuit. C’est parti pour la fièvre du samedi soir ! Quelques heures plus tard, la fête bat toujours son plein, mais tout à coup, on entend de grands cris, il nous semble qu’il y a bagarre. Peu après, c’est l’extinction des feux et de la musique. Au petit matin, Achoula n’a plus son joli petit minois, la tête toute enflée et une incisive en moins ! Elle nous explique qu’elle s’est pris un coup par un pochtron, nous aimerions le tuer.

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idiots que nous sommes, n'avions pas vu les enceintes !

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Achoula avant...avec toutes ses dents...

10, 11 Juin.

9h, nous attendons l’ouverture de la banque qui doit ouvrir à 8h30. Je m’enquiers auprès du gardien, elle ouvrira sans doute d’ici 5 minutes dit il. Oui, mais 5 minutes européennes ou 5 minutes africaines ? C’est pareil, qu’il répond ! Oh que non, ce n’est pas pareil, en Afrique, le temps n’a pas la même allure qu‘en Europe! Nous sommes formatés aux horaires, à l’efficacité, au devoir de s’endormir le soir en ayant rentabilisé sa journée. Mais ici, nous sommes loin de cela. « vous avez la montre, nous on a le temps ! » voilà ce que nous entendons souvent en Afrique. Ah c’est clair qu’ils ne sont pas énervés….l’heure du départ du bus, c’est « quand il est plein , l’heure d’une réunion c’est « quand tout le monde est là », et la banque ma foi, elle ouvrira….plus tard… Il nous faudra bien une demi heure pour changer quelques dollars, du coup, il est presque 10 h quand nous vous invitons à grimper sur le porte bagage, entre l’ananas et le sac de fruits de la passion. Réfléchissez bien avant de vous laisser embarquer, avec la chaleur ça va être encore plus dur. On vous annonce la couleur, ça va secouer pas mal, à la fin de la journée le vélo et votre corps vous détesteront, et quand vous quitterez vos chaussettes, ça donnera à peu près cela :

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Cette piste en effet offre un concentré de ce que l’on peut trouver de pire : rigoles, caillasse, tôle ondulée en pagaille et surtout du sable, donc une poussière épouvantable. Des entreprises chinoises travaillent à la stabiliser, elle devrait être asphaltée…un jour…. Ces chinois sont partout, ils prennent tous les marchés. Et on s’étonne que l’Afrique ne se développe pas…..Le bon boulot pour les ingénieurs chinois, les africains pour les tâches moins rémunérées. Tant que les membres du gouvernement corrompus se feront graisser la patte, ça ne changera pas. En contrepartie, la Chine fourgue des produits chinois à bas prix, et la boucle est bouclée. Parfois, à défaut de ronger notre frein, nous rongeons 1 mètre de canne à sucre, à 10 centimes d’euros sans marchander, on ne va pas chipoter. Ce soir, nous arrivons un peu nazes, nous transportons l’équivalent du Sahara en sable sur la peau et sur le vélo, mais nous sommes à Dumila et c’est ce qui importe. Car arriver en ville, cela veut dire bonne guest house, possibilité de lessive, boissons fraîches (dans la journée, nos gourdes ont la température de biberons pour bébés….), la vie de pacha. Tranquilles, nous nous refaisons le film des rencontres de la journée. Dans la région que nous traversons, des gens vivent encore selon leurs coutumes ancestrales. Nous devons nous pincer tellement certaines situations sont irréelles. Par exemple, ce matin, nous roulons dans la brousse lorsqu’au loin j’aperçois une femme qui marche vers nous, accompagnée de son troupeau de vaches. Elle est chaussée de sandales taillées dans du pneu, les lobes de ses oreilles sont percés d‘un énorme trou, elle est vêtue d’ une bien jolie tenue chamarrée, ses poignets et son cou sont chargés de dizaines d’anneaux dorés. Dans sa main elle porte un de ces bâtons fins que les Massai utilisent pour guider leurs troupeaux. Arrivées côte à côte, nous nous arrêtons toutes les deux, je reste béate à l’observer, tout comme elle. Laquelle de nous deux est la plus étonnée ? Moi qui n’ai jamais vu une tenue pareille pour aller garder les vaches, ou elle à cause de mon apparence mi humain mi machine ?

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J’essaie d’engager la conversation en lui demandant si elle est bien une Massaï. Raté, c’est une Barbaig. Elle est magnifique et a l’air très timide, je n’ose pas lui demander de la prendre en photo, j’attends qu’elle ait le dos tourné pour appuyer sur le déclencheur. Un peu plus loin, cette fois, ce sont des Massaï, des hommes, en vélo, avec qui nous roulons pendant plusieurs km. Ils sont délurés et joviaux. Ils ont remarqué l’ appareil photo que je porte à la ceinture, ils demandent une photo, pour se voir dans l’écran. Eux ont manifestement déjà fait un grand pas dans la modernité.

12 Juin. Nous voici à nouveau sur un grand axe, la route est étroite, sans réelle piste cyclable, stressissime. Les camions nous frôlent et nous font tanguer en déplaçant une grande masse d’air. Ras le bol, puisqu’il y a tous ces camions, autant en profiter, on en arrête un, qui accepte de nous déposer à Dodoma, la capitale. Eh oui, Dar es salaam est la plus grande ville du pays, mais la capitale administrative a été déplacée de Dar es salamm à Dodoma dans les années 70. Cette ville présente un intérêt limité, le temps de donner des nouvelles aux uns et aux autres, et hop, à nous les grands espaces.

De Dodoma à Arusha

13, 14, 15 16 Juin : 3 jours et demi pour parcourir 170 km (de Dodoma à Kondoa) sur une piste des plus atroces. Ce doit être notre record de lenteur. Nous n’avançons pas, hyper concentrés pour ne pas nous mettre une gamelle toutes les 5 minutes car le vélo bondit de chaos en chaos ou va se planter dans le sable. Parfois, ce sont des simples bacs à sable, mais à d’autres moments, c’est du sable sur des km !! Nous pensions avoir parcouru de mauvaises pistes en Amérique du sud, au Tadjikistan ou au Tibet, pipi de chat, ce sont des autoroutes à côté de celle sur laquelle nous sommes. Finalement, les moments sympa sont les arrêts ! Midi pour nous taper une petite bouffe à l‘ombre, riz accompagné des éternels haricots rouges, les « maharagwé » en kiswahili, ou frites, ou alors quand il n’y a pas de bistrot, on se pose au pied d‘un arbre et on mange des avocats avec du pain, des fruits, des biscuits. Le soir, suspens…nous allons découvrir une charmante guest house…qui ressemble à toutes les autres…encore que non, parfois nous dormons dans un hangar ou chez l‘habitant. Ce sont aussi les moments où nous faisons le plus de rencontres. Notre vocabulaire swahili s’étoffe chaque jour, cela permet de communiquer un peu avec les locaux.Quand on sort des grandes villes, on est confronté à la barrière de la langue car en Tanzanie profonde, on ne parle pas anglais, c’est le kiswahili qui sert de pont linguistique entre les ethnies. Cette langue vient de Zanzibar, il s’agit d’un mélange d’arabe, de langues de l’Afrique noire, empruntant certains mots de l’Asie…Un beau bordel linguistique… Pour ne pas nous retrouver complètement démunis, nous apprenons les nombres, les menus, les formules de politesse…En fait, pour être francs, nous connaissions un peu de Swahili avant de venir en Tanzanie, tout comme vous d’ailleurs. Saviez-vous que vous parliez swahili sans le savoir ? Rappelez-vous du Roi lion : Simba veut dire lion, rafiki veut dire singe et hakuna matata – aucun problème. Le fameux Karibu que l’on nous lance à tout moment, cela veut dire bienvenue. Et safari ? cela veut dire voyage en swahili. Safari njema! (bon voyage).

Pourtant, malgré ces connaissances qui nous donnent un petit air d’experts (sic !), ils arrive que le pauvre blanc puisse se tromper. Par exemple, quand un type nous salue avec un « rafiki » , on a envie de répliquer par un doigt d’honneur en pensant qu’il nous traite de singe. Mais rafiki veut dire aussi « ami » en swahili ! De même on a forcément un petit moment d’incertitude la première fois qu’on nous appelle « kaka » : « Hey kaka on va boire une bière » oups, un ange passe…mais. Kaka veut dire frère.... Evitons le langage des signes, car reviennent en tête les difficultés que nous avions en Chine, quand, pour pallier à notre incompétence linguistique, nous avions naïvement pensé que le langage des signes était international, mais que nenni. Nous nous sommes retrouvés plusieurs fois la risée des chinois lorsque nous mimions que nous cherchions un endroit pour dormir …..va t’en savoir ce qu’ils comprenaient. Tout cela pour vous dire qu’après 15 jours en Tanzanie, nous ne sommes pas encore bilingues franco-kiswahili, mais nous arrivons facilement à obtenir une assiette de « wali, nyama, mahrengue » riz viande de boeuf haricots rouges pour 1 ou 1,5 euros. A propos de bouffe, sachez qu’on ne peut pas perdre de poids ici, le régime alimentaire tanzanien s'occupe très bien de votre bide. Tout est frit: patates frites, oeufs frits, omelettes aux frites frites (oui, pas de faute de frappe, vous avez bien lu : omelettes aux frites frites) beignets frits, brochettes frites, chapatis fris (pain frit), le tout systématiquement arrosé d‘une petite lichette d'huile avant d‘être jeté dans l‘assiette !. Miiiiiiiiaaam. Ce sont toujours les femmes qui font la cuisine, par terre, sur de petits braseros qui fonctionnent avec du charbon de bois, archaïque mais efficace, les hommes eux, ne font que les brochettes et parfois les frites, eux ils travaillent debout. Et devinez qui fait la vaisselle ?

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Nous arrivons ainsi à Kondoa et nous allons prendre un jour de repos car nous venons d’apprendre que la suite de la piste…c’est pareil…: Sans doute dans ce récit donne t’on parfois l’impression de nous plaindre quand on raconte nos petits tracas, mais au fond, il n’en est rien. En nous baladant en Tanzanie, pour l’instant hors des sentiers battus, nous trouvons ce que nous cherchons. Nous apprenons à connaitre (un peu) ce pays, mais cela permet aussi de nous connaitre nous-mêmes en sortant de notre zone de confort. Comme disait un vieux barbu durant la Grèce antique « Connais-toi toi-même » . Le chemin que nous avons choisi pour appréhender ce pays n’est définitivement pas le plus facile, mais la somme de choses que nous vivons chaque jour compense largement toutes les misères qu’il nous donne. Et puis nous le faisons parce que nous le voulons bien ! C’est un peu cela la liberté, pouvoir choisir l'endroit où l'on se trouve. Et c’est vraiment chouette d’être libre, perdu au milieu de la brousse africaine !

Du 18 au 21 Juin.

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Encore 2 jours de piste effroyable, nous zigzaguons d’un bord à l’autre pour trouver l’endroit le moins sableux mais heureusement nous passons dans de tous petits villages des plus sympathiques. Un massaï par ci, des Barbaigs par là. Pas évident de parler avec des Massaï, leur langue est assez complexe. Par exemple, pour dire bonjour à un adulte, les phrases à prononcer sont différentes selon le sexe des personnes. Pour un homme, il convient de commencer par « Papa » ce qui signifie « Bonjour monsieur » , celui-ci réplique alors, « Oye » ce qui signifie, « oui ?» en signe d'interrogation. Vous répliquez ensuite « Supai'« pour demander comment il va. Il devrait répliquer « Ipa » pour signifier que tout va bien. Le rituel est identique mais avec des mots différents pour les femmes!

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Celui ci, en touchant le tranchant de sa lance, nous avons vite compris qu’il partait à la chasse. On lui a demandé s’il allait chasser le Muzungu (le blanc), il a rigolé, mais on n’a jamais su vraiment quel gibier il traquait.(quelque chose ressemblant à de petits lions…???)

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Enfin, à partir de Babati, un long ruban de goudron impeccable se déploie devant nos roues. Une joie immense. Cependant, comme souvent en Afrique, on remplace un mal par un autre ! Celui-là, nous ne l’avons pas encore connu en Tanzanie, mais le voici : l'enfer touristique. C’est tout simple, c’est à partir du moment où nous avons vu des blancs passer dans des 4x4 que le comportement des locaux a commencé à changer. Nous sommes des blancs, comme tous ceux qu’ils voient passer à fond dans les villages, donc nous sommes des gogos à plumer. En d'autres mots on nous prend pour une banque sur pattes. Avant Babati, les enfants qui demandaient « money money » étaient des exceptions, ici ils sont presque la norme. Quant aux adultes, plus besoin de faire d’efforts pour essayer de parler leur langue, car ceux-ci ne parlent plus que la langue de l'argent. Ils ne sont cependant pas trop insistants ni emmerdants. Quand ils essaient de nous rouler sur les prix, on leur balance : Tu nous a vu venir là? Tu déconnes là. C'est le prix spécial touriste débile? Combien en vrai? et ça s’arrange rapidement.

babEn revanche, pas de pitié pour les guides, les pseudo guides qui veulent nous accompagner dans les villages, à coups de dollars. On va se débrouiller, tu vois, là. On devrait y arriver tous seuls, là, alors lâche nous etc. Il faut dire que nous sommes à Mto wa Btu, à une cinquantaine de km de l’un des pus prestigieux parcs animaliers, le Ngorongoro, alors, laissez nous vous dire que des blancs à plumer, il en passe par ici. Mais nous, la contrainte, on n’aime pas, mais alors pas du tout, plus on veut nous forcer, plus on résiste. C’est donc tous seuls, comme des grands que nous avons pris quelques chemins de traverse pour encore trouver des gens authentiques. Ils nous ont conduit au bord du lac Manyara où nous avons rencontré des pêcheurs extrêmement gentils. Nous sommes aussi allés à un marché Massaï, vraiment super. Chemin faisant, nous avons vu un joli troupeau de gnous et des babouins en veux tu en voilà. D’ailleurs on a capturé un bébé pour le mettre en civet. Il était vraiment tendre, on s’est régalés.

P.S : avis aux malfaisants qui ont déjà pensé nous mettre la SPA aux trousses, le coup du civet de bébé babouin, c’est une blague !!

Du 23 au 25 Juin. De bon matin, nous sommes allés courser les zèbres et des gnous au bord du lac de Manyara

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Nous avons aussi squatté la voiture de 2 touristes pour nous rendre dans le célèbre cratère du Ngorongoro réputé pour son une énorme concentration et variété d’animaux. C’est le seul parc où parait il on peut voir les big five, c’est à dire le lion, le léopard, le buffle, le rhino et l’éléphant. Nous n’avons pas vu le léopard, et les lions roupillaient dans les herbes, mais les autres étaient bien là, auxquels se sont ajoutés le chacal, la hyène, phacochères, et les inévitables buffles et zèbres.

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Ensuite, nous avons repris la route à travers la steppe et avons vécu des moments inimaginables avec des Massaï.

Nous sommes engagés dans une descente quand surgit devant nos roues un groupe de jeunes archi noirs avec des peintures blanches sur le museau et des plumes sur la tête. Hips ? Kesako ? Ce sont des jeunes qui deviennent des « moranes » après la cérémonie initiatique de la circoncision. Ils se barbouillent le corps entier avec une pâte à base de pneu…Comme nous sommes sur un axe touristique, on les voit souvent au bord des routes. Les touristes en 4X4 s’arrêtent pour les photographier …moyennant une petite rétribution, n’est-ce pas ! Nous, on discute avec eux, il y en a souvent un dans la bande qui se dérouille en anglais, on fait toutes les photos que l’on veut, ils sont ravis de se voir dans l’écran ! Par contre, il y a un truc qu’ils ne comprennent vraiment pas, c’est pourquoi des « Muzungu » se trimballent en vélo !

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La chance nous a souri aussi le jour où nous avons été invités à visiter un petit village Massaï. Plein de femmes et de marmots partout. Ces massai, polygames, ont comme signe de richesse le nombre d’animaux et de femmes…

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Ce sont ces gens qui nous ont invités, on devine leur village au fond.

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Parmi nos rencontres quotidiennes, il y a Andrea un homme de 73 ans qui parle plutôt pas mal anglais. La discussion s’engage, d’abord sur nous, qu’est-ce qu’on fait là, pourquoi en vélo…puis il nous parle de lui. Non sans une certaine fierté, il nous dit qu’il a 8 femmes et 45 enfants. On n’y croit pas « you’re joking mister », que non, il nous énonce très vite combien de gosses avec chaque femme, et oui, le compte est bon : 45. Nous avons droit à la présentation de sa dernière femme, Teresia, de 40 ans sa cadette. A la question : « a -t-il déjà tué un lion ? il éclate de rire. Non, pas un lion, beaucoup de lions. Chaque fois qu’il y en a un qui menace le troupeau ! Bien sûr sans fusil, avec une lance. Trop fort Andrea, par contre pour les femmes, peut mieux faire, dans un village des environs, un massaï a lui 48 femmes.

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Andrea et sa dulcinée....

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Maia est une jeune fille très sympa qui vend des bijoux sur un marché. Elle n’est pas encore mariée, elle attend de trouver le bon Massaï, monogame, et qui sera capable d’apporter 60 vaches à ses parents. Elle estime que vu son niveau d’éducation, elle vaut bien cela. Alors, jeune Massaï qui lis ces lignes, si tu es un type bien et qui réunis les conditions sus citées, tu as peut être une chance avec Maia.

Petit spot publicitaire : la sandale Massaï. Connaissez vous ? C’est pourtant la meilleure sandale qui soit, increvable et tout terrain. Pour 5 euros vous l’obtiendrez sur n’importe quel marché. Il s’agit de la bande de roulement d’un pneu finement découpée pour venir épouser la forme du pied, le tout tenu par des lamelles en cuir ou assimilé. Ces chaussures sont garanties 50 000km, parole de guerrier. Pas d’entretien, on peut les assortir avec tout, avec des bijoux aux chevilles c‘est chouette, mais pour un look plus tendance, on peut aussi les porter avec un jean. Paï nous raconte qu’il a choisi un modèle très cranté pour éviter que les épines ne passent à travers. En effet, les arbres ont ici des épines très dures et très longues. Il est ravi, déjà 3 ans qu’il les porte, elles sont encore nickel ! En plus, c’est une chaussure unisexe. Parfois, Ça donne ça comme dialogue entre copines : Oh super tes sandales, c’est des Michelin ? Non, moi je ne marche qu’avec des Pirelli rechapées…

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Alors, qui n’en veut de la sandale Massaï ?

L’arrivée à Arusha, c’est un choc. Comme la ville est proche des montagnes Meru et Kilimanjaro, nous nous attendions, gros bêtas que nous sommes, à trouver une ville type Chamonix….Il n’en est rien, Arusha a plus des airs d’un petit Bombay, avec un pouls plus lent cependant. La rue où nous logeons est essentiellement peuplée d’indiens, ils tiennent tous les commerces. C’est un bordel incroyable, devant les magasins des indiens, des petits vendeurs africains qui vendent tout et rien, avec leurs articles à même les trottoirs, le tout dans une cacophonie incessante, bref, ce n’est pas de tout repos que de se frayer un chemin. Les indiens se sont installés ici à l’époque marquant le début du commerce des épices et sont restés, depuis des générations. Quelques quartiers plus ou moins miséreux (plutôt plus que moins..) et enfin le quartier des riches et des expats avec villas somptueuses dans de grands parcs. Arusha a connu ces dernières années un développement important depuis l’installation en 1994 du tribunal international pour le Rwanda. Clinton avait donné à Arusha l’appellation de « Genève de l’Afrique ». Bien entendu, c’est en référence aux organisations internationales, néanmoins faut pas manquer d’imagination pour faire un tel parallèle ! il n‘a pas du sortir beaucoup du ghetto à riches, l’ami Bill. Même le centre ville est très laid et poussiéreux, marqué par la Clock tower, un horrible édifice…rien à voir avec l’horloge fleurie du Léman. Ceci dit, il semblerait que ce soit un point important, puisque situé à mi distance entre Le Caire et Le Cap. (info ou intox, cela reste à vérifier). Nous ne restons qu’une journée dans cette ville. A tout bientôt !

Du Kilimandjaro à l'océan indien

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Rencontre d'un collègue en vélo

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et d'une femme Masai magnifique

De retour après vous avoir fait attendre, c’est comme les stars ….

26 au 29 Juin. Désolés de vous décevoir, nous n’avons pas gravi le Kilimandjaro, nous avons juste tourné autour avec une immersion totale dans la brousse, et des haltes dans des villages tout en bois, presque aussi bien que les chalets savoyards…

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Et pour vous dire la vérité, le Kilimanjaro, nous ne l’avons vu que 2 fois en 4 jours. La première fois, du côté ouest, il se dressait au dessus des cultures, blé, maïs, c’est à peine si on l’a photographié, persuadés qu’on le verrait en permanence. La seconde, on l’a aperçu un matin du côté nord, région de forêts, et après, fini, il a toujours été dans les nuages. Ses neiges sont menacées, on prévoit leur disparition pour 2020.

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Si si, on le devine au fond...

Côté est, la piste rouge a laissé sa place au goudron, zigzagant au milieu des plantations, notamment de bananiers, une région très peuplée aussi.. La solitude est devenue un luxe ici. Une chose aussi simple que de pisser est devenue un défi. Même quand on s’assure qu’il n’y a personne dans les environs il sort toujours une ou des personnes de derrière un arbre ou un buisson . Notre route longe actuellement la frontière kenyane, ce qui nous a permis d’admirer les bijoux de femmes. Pas question de les photographier sans un petit billet, quelque part elles ont raison, on n’est pas au zoo…On ne veut pas rentrer dans ce jeu là, alors les photos, c’est comme partout ailleurs, c’est seulement quand un bon contact a été établi. Et donc, voici …..(oublié le prénom…) qui a passé la frontière pour venir vendre une poignée de patates au marché du village. Comme elle a sorti son téléphone portable pour nous immortaliser, j’ai pu réaliser le cliché, donnant donnant, une relation équitable, elle a accepté avec plaisir.

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Les africains ne se gênent jamais pour nous photographier sous tous les angles quand nous sommes sur les vélos, du coup, on leur crie « money , give money », ça rigole, ils doivent se moquer un peu…beaucoup…En Afrique, il n’y a que le pauvre bougre qui se déplace en vélo. On le voit trimballer de l’herbe, du bois, des bidons d’eau. Une des différences entre lui et nous, c’est qu’il a peut être déjà parcouru l’équivalent du tour de l’Afrique, mais lui n’a rien choisi, il n’a fait que pédaler dans les méandres de la pauvreté. Voyager en Afrique remet souvent les pendules à l’heure. Nous avons eu à plusieurs reprises des conversations avec des enseignants. Ils nous expliquent que trop souvent de brillants jeunes doivent abandonner les études par manque d’argent. Ils se retrouvent dans le meilleur des cas vendeurs de frites au coin de la rue…Combien de gaspillage de talents le continent africain compte t il? Pensons à ces trop nombreux adolescents végétatifs que comptent nos écoles en France. Pourquoi ceux qui ont de la chance la gâchent ils ainsi? Ils n’en ont pas conscience, mais ces jeunes là ont gagné à la loterie, un petit tour en Afrique leur ferait du bien, en vélo bien sûr ! 

« Muzungu » : le blanc. Les tanzaniens ont développé quelques tortures auditives. D‘abord, il y a leur horrible musique, diffusée par les hauts parleurs un peu partout le soir, un truc de fou ! Ensuite, le muezzim, vous savez, celui qui braille ses sourates à 4h du mat . Et puis, dans certains endroits , Il y a un mot que les parents doivent apprendre aux enfants avant le mot maman, c’est le mot « Muzungu » » (le blanc). ( Au Burkina, c’était la même chose, avec « nasara » ou le fameux « toubabou »). Ici, donc, dans certains patelins, chaque fois que l’on passe devant une maison et qu’un enfant nous remarque, il se met à crier « Muzungu ! » . Très vite tous ses copains le rejoignent et se mettent à s’époumoner en chœur « Muzungu ! ». A la maison suivante, d’autres enfants prennent le relais et ainsi de suite. Il y a aussi des adultes qui le font. On sait bien que ce n’est pas pour mal faire, mais n’empêche…. Les premiers jours, c’est amusant, ensuite, on le supporte de bonne grâce le matin, mais à partir de midi, ça commence à taper grave sur les nerfs. Alors quand en fin de journée, éreintés de la journée de pédale, il y en a encore un qui crie pour la plus (n + 1) ème fois « Muzungu ! », ça fait drôlement du bien de se lâcher et lui balancer un « casse toi sauvage » . Et tant pis pour le politiquement correct, on le laisse aux mère Teresa de ce monde !

29 Juin. Nous avons bientôt fini le tour du Kili. Côté est, un raccourci qui rallonge emmène nos roues au bord du lac Challa, un bel endroit pour camper, au milieu de dizaines de babouins. Pas le temps de passer chez le coiffeur, ni chez le barbier pour notre 10ème anniversaire de mariage, mais nous sommes tellement heureux d’être là ! : 

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30 juin au 5 juillet. Une fois éloignés de la face sud, la seule vraiment fréquentée par les touristes, car c’est celle où se trouvent les voies d’accès à pied au sommet du géant africain, nous retrouvons des campagnes très accueillantes. Fini les « give me money », et presque plus de « Muzungu », un vrai miracle.

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Arrivés sur la route goudronnée à Himo, il nous faut la garder jusqu’à Same. Mais à Same, à nouveau ce choix drastique : continuer à être rasés par les camions et bus, sauter dans le fossé à chaque croisement de ces bolides, ou nous échapper sur la voie rouge. L’hésitation est de courte durée. Cette piste là traverse une brousse particulièrement aride, seuls quelques épineux semblent pouvoir résister à la sécheresse et au soleil implacable sous ces latitudes.

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Pourtant la vie est présente, en témoignent les chants d’oiseaux et les perdrix affolées traversant devant nos roues. Puis se montrent quelques têtes de bétail. D’où sortent elles ? Pas d’habitation en vue depuis des dizaines de km, pas trace de vie humaine. Enfin quelques baobabs se dressent et quelques tous petits villages, avec les scènes campagnardes habituelles, femmes et enfants qui charrient du bois et de l’eau, les hommes qui vont ou reviennent du champ avec sur le dos un outil pour biner la terre, ou qui jouent aux dames ou au bao à l’ombre…

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Des villages plein d’enfants qui courent en nous criant des « jambo jambo » (bonjour bonjour ), d’autres à quatre pattes, d’autres dans le dos des femmes, sur les hanches (et dans leur ventre... )

Quelle gentillesse de partout, quelle simplicité, quelle dignité dans la pauvreté ! 

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à gauche Luca, termine ses études de vétérinaire.

Tout ce petit monde est toujours bien tenu, souvent plus propre que nous, car la poussière rouge colle à notre peau et aux vêtements, s’infiltre partout, et dégouline avec la sueur. A cause d’une petite erreur de navigation, nous nous retrouvons sur la nationale, et du coup, changement de programme, nous passerons par Lushoto. Vue l’heure avancée, nous grimpons dans un bus déjà plein à ras bord, les vélos , hop, sur le toit. Quelle bonne idée, car nous nous élevons en un rien de temps de 1500 m de dénivelé. Sur les conseils d’un type dans le bus, nous allons jusqu’au patelin ……Il fait nuit noire quand nous arrivons, mais nous sommes pris en charge par un jeune qui nous conduit dans la guest house de Lucas, un type gentil comme tout ( papa Nooze guest house, pour ceux qui passeraient par là). Il nous reste peu à grimper avant de nous attaquer à une descente géniale et très pentue. Secoués sur nos sièges, nous prenons du plaisir à chercher le meilleur cheminement pour éviter trous, cailloux, bacs à sable…La suite est moins drôle, car ce ne sont que des up et down qui nous épuisent, heureusement, elle traverse une belle campagne de plantations.

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Un jour, sous le soleil cuisant on accepte une orange, on se retrouve lestés d’une dizaine de kg, pas question de refuser, tant qu’il y a de la place dans les sacoches, le paysan les bourre avec des oranges. Du coup, on s’arrête souvent….pour manger des oranges. Et puis, nous sommes motivés, car nous savons que sous peu, nous serons affalés sur une plage.

6 Juillet. C’est là, à Pangani, que nous faisons un truc de fous,…que nous déconseillons à tout le monde. Pour ne pas attendre le ferry qui ne part qu’une fois par semaine, et pour éviter un long trajet jusqu’à Dar es salaam, nous avons partagé un petit bateau en bois (genre coque de noix) avec 2 norvégiennes pour traverser jusqu‘à Nungwi, au nord de Zanzibar. Du vent, 5 heures de traversée dans une mer houleuse à souhait, on n’en dit pas plus. Débarqués en catastrophe sur la plage pour échapper à la police…Nous avons heureusement quelques jours devant nous sur cette île de rêve pour nous remettre !

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Carte montrant notre circuit en Tanzanie : (en rouge)

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