• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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ZANZIBAR, l’histoire d'une ile entre inhumanité du passé et pauvreté d'aujourd'hui.

L’ombre de l’esclavage plane sur Zanzibar.

La traite des Noirs dans cette partie de l’Afrique a été initiée par les Arabes à la fin du XVIIe siècle. Le Coran interdisant à un Musulman de réduire un autre Musulman en esclavage, ceux-ci pénètrent dans les terres jusqu’au lac Tanganyika où ils pouvaient effectuer leurs « achats » souvent auprès d’autres tribus locales, les hommes vendus par leurs frères, achetés par les arabes et les asiatiques bien avant l’homme blanc.( ce dernier a apporté les moyens « industriels » pour accélérer le processus de dépeuplement, lorsque l’Afrique de l’Ouest ne pouvait plus produire. En effet, il en fallait du monde pour travailler dans les plantations françaises de sucre et de café de Maurice et la Réunion…)

A la fin du XVIIe siècle donc, de grandes caravanes se formaient pour rejoindre l’Océan. Une marche de 1500 kilomètres durant laquelle beaucoup d’esclaves mourraient. Au cours du XIXe siècle près de 8000 esclaves ont été acheminés chaque année vers Zanzibar. En 1846, sur les 450 000 habitants que compte l’île 360 000 sont des esclaves. A Zanzibar Town, une place est réservé pour le commerce des être humains. On enferme certains d’entre eux dans des pièces exigues et humides afin de tester leur résistance. D’autres sont attachés à un poteau et fouettés. Leurs cris sont interprétés comme une marque de faiblesse et leur valeur diminue.

Dans les années 1860, l’explorateur David Livingstone, à la recherche des sources du Nil, demande aux missionnaires anglicans de venir mettre un terme à ses pratiques et de christianiser le pays. L’esclavage est aboli en 1873 et le marché détruit. A Zanzibar, on ne parle plus de tout cela, amnésie motivée par le tourisme ?

Zanzibar doit faire rêver.

On rêve à Zanzibar.

Un boutre suspendu sur l’onde turquoise, une ruelle ombragée où, sur les murs et les visages, se mêlent l’Afrique, l’Inde et l’Arabie, Zanzibar ....rien que son nom est déjà une invitation au voyage. Chargée d’histoire, riche d’une nature omniprésente, carrefour des cultures, l’île a fait rêver les explorateurs, les poètes, et continue de nourrir les fantasmes des voyageurs. Nous l'avons découverte à vélo et vous en proposons une petite visite.

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Tout au long de cette côte est, d’immenses complexes touristiques sont bâtis bien en dehors des villages, ni vu ni connu, personne ne voit la misère. Partout, des tours en bateau sont proposés, pour faire du snorkeling près de l’île de Mnemba, mais il est interdit d’y accoster, à moins d’y loger….1700 dollars la nuit par personne, c’est dissuasif…mais manifestement un rêve que certains se paient, puisque le lodge est plein !

Côté plage, Zanzibar est réellement insolente de beauté. Nous sommes arrivés sur l’île par bateau (une coque de noix pour une traversée démente de 5 heures, plus jamais ça !!!!) depuis Pangani, il nous a déposés au nord, à Nungwi.

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Là, le sable, blanc et fin, glisse sous les pieds. L’eau, sous l’effet des rayons du soleil, révèle une palette presque infinie de tons bleutés. La plage laisse place par endroits à une paroi rocheuse rose orangée, surmontée d’arbres touffus. Elle a été érodée à sa base par le ressac si bien qu’on peut s’y étendre, protégé du soleil par un toit naturel. Des hôtels somptueux aux noms pompeux ont investi le littoral, pour le grand bonheur des touristes en « all inclusive », cueillis à l’aéroport, et déposés là. Ils ne sortiront probablement jamais de leur ghetto.

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Beaucoup d’italiens, les locaux ont parlent souvent un italien "fluent" et ont bien compris le marché potentiel...

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Mais la vie africaine se passe côté cour, et là, ce n’est plus la même histoire. Les ordures traînent de partout, il n’y a pas d’eau courante dans le village, les femmes et les enfants font leur corvée en trimballant leurs bidons en plastique du puits à la maison. A Nungwi, un atelier de construction de « dhows » (bateaux à voile triangulaire) occupe quelques hommes. Des cahutes misérables abritent tout ce petit monde, au milieu des veaux, vaches, couvées, ne cherchez pas les cochons, nous sommes en terre musulmane. Les sommes d’argent brassées dans les hôtels sont colossales, mais il est clair que le village n’en voit pas la couleur.

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Et le même scénario se répète dans tous les villages de la côte

C’est peut être à Matemwe, que nous avons le plus ressenti cette pauvreté. Là, les maigres ressources viennent exclusivement de la pêche, le village vit au rythme de la marée. Elle ramène les pêcheurs et leurs bateaux à double balanciers (ngalawa). Les poissons dont on les déleste sont vidés, parfois dépecés et aussitôt vendus tout à côté, à la criée

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A Pongwe, la baie est sans doute fabuleuse quand il y a de l’eau, mais à marée basse, il faut parcourir des centaines de mètres sur des rochers coupants pour accéder à l’océan. C’est pour cette raison que nous n’y sommes pas restés. Nous avons pourtant eu un gros coup de bol, puisque grâce à des gamins adorables, nous avons logé dans une villa luxueuse pour nous tous seuls pour moins de 10 euros. A défaut de baignade, on s’est rattrapés sous la douche mais on a regretté l’absence de jacuzzi ! On ne sait pas si on va vous montrer les photos....quoiqu'il en soit, c'est pas beau la jalousie.....

Là, nous sommes à Bewju, chez Ali. Bewju est surtout connu pour ses cocotiers, c’est vrai qu’ils font forte impression.

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Devant la paillotte restau bar, c’est comme un grand poster animé. Des gosses grattent inlassablement le sable pour ramasser de minuscules coquillages que leur maman cuisinera plus tard. D’autres jouent dans le sable ou gambadent dans l’eau, surtout les garçons. Les petites filles, voilées très jeunes se baladent sagement. Parfois, les plus hardies viennent nous voir pour discuter.

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Là, présentement, nous attendons le crabe qui ne devrait pas tarder d’arriver dans notre assiette, et pour demain, nous avons un beau projet, remonter sur nos fidèles destriers pour gagner Jambiani, à une dizaine de km. Si toutefois le trajet s’avérait trop long, on peut faire escale à Page. Comme vous le voyez, la vie d’un touriste à Zanzibar a quelque chose de paradisiaque.

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Page, c’est bien pour les kite surfeurs, ils ont complètement investi les lieux. Ça parle anglais, français, allemand, norvégien, ….Nous avons observé une petite heure ces fous de la glisse qui ne décoincent pas de leur planche, mais après, circulez, ce genre d’endroit n’est pas notre truc, vous vous en doutez…, nous fuyons les ambiances club med-ambre solaire.

Des jardins dans la mer.

C’est quelques km plus loin, à Jambiani, un vrai village avec des vrais zanzibarites que nous nous sommes installés pour nos 2 derniers jours de farniente. Wahouuuuuu, très interessant Jambiani, pour cotoyer les cultivateurs d'algues (90% sont des femmes) qui passent jusqu'à 10 heures par jour accroupis dans des eaux peu profondes à attacher des morceaux d'algues à des cordes tendues en travers des 'jardins' à marée basse. Lorsque la marée monte, le travail s'arrête, mais dès que la mer se retire, les femmes sont de retour, même pendant les heures les plus chaudes de la journée. Elles récoltent jusqu'à 100 kilos d'algues par jour dont la taille et le poids diminuent en séchant. Leur maigre revenu est limité à cause du prix bas sur les marchés mondiaux.

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Tôt le matin, à marée basse, les femmes partent cultiver les algues.

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Elles accrochent de petites algues sur des piquets, et les ramassent quelques semaines plus tard quand elles ont suffisamment grossi.

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Elles traînent alors de gros sacs très lourds jusqu’au rivage.

Ces algues sont ensuite séchées au soleil, puis vendues pour la fabrication de cosmétiques (entre autres). Voilà mesdames, quand vous vous crémez le museau, ayez une pensée pour ces femmes de Jambiani qui triment dans l’eau de mer pour gagner une misère. Difficile de faire des photos de ces femmes au travail, le fait d’avoir copiné avec Aicha et Mounia la veille a bien facilité les choses. Merci à elles.

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Pour d'autres photos, cliquez là

Depuis Jambiani, une cinquantaine de km nous séparent de Stone town, une cité construite en pierre de corail. La vieille ville est définitivement pleine de charme. C'est un dédale de petites ruelles dans lesquelles on n'a pas d'autre choix que de se perdre, en appréciant le mélange des influences occidentale, arabe et africaine (la ville a été la capitale du sultanat d’Oman). Tout prête à contemplation : colonnades, places lumineuses, balcons ciselés, balustrades décorées. Mais ce sont les portes sculptées qui retiennent le plus l’attention du voyageur. Ces portes...grandes, lourdes, chargées et pourtant si élégantes et raffinées. On finit par ne voir plus qu'elles. Portes sur quoi d'ailleurs? Sur l'Afrique, l'Asie, la Perse, et aussi sur l'imaginaire du voyageur. Fabriquées dans un bois de teck, leurs ornements ont une symbolique bien précise, et donnent à qui sait les déchiffrer des informations sur l’origine, le rang social, le métier des habitants de la demeure.

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C’est le cœur gros que nous avons quitté Zanzibar. Nous y avons passé des moments fantastiques, notamment à Nungwi avec notre pote Massai Jacob, chez Munira, chez Mama africa…

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Avec Jacob, chez Munira

SPECIAL ROUTARDS. BONNES ADRESSES A ZANZIBAR : (HOTELS, GUEST HOUSES ) :

Nous allons maintenant vous donner quelques tuyaux, les adresses n’ont rien de luxueuses, elles s’adressent à ceux qui comme nous préfèrent la chaleur des rencontres au confort des hôtels. Tous les tarifs des hébergements sont donnés pour 2 personnes avec le petit déjeuner .

Attentio, ces infos datent de 2012.

A Dar es salaam, Allan est un gars fiable, peut assurer tous vos transports en voiture, aéroport par exemple. parle anglais. Son tel : 0713 415 692

A Dar es salaam, hébergement : Luther house, à côté de l’église luthérienne, pas terrible, mais propre et sûr, petit restau en dessous, pas génial, mais tout proche du ferry pour Zanzibar, du ferry pour Kigamboni et du marché de poissons (un des seuls trucs à voir à Dar). Compter 45 usd la double (cher quand même…, mais difficile de trouver mieux, à part l‘auberge de jeunesse YWCA qui est bien pour le prix).
Ferry pour Zanzibar : 35 Usd (ou 40 en 1ere classe climatisée) pour une traversée rapide (entre 1h30 et 2h) avec un bon catamaran (le Kilimanjaro par exemple, de la compagnie Azam).

A Zanzibar :
A Stone town : 1001 nights, malawi road 255 777 435 303
A Nungwi, Guest house Safina (à 2 pas de la plage, près du nungwi inn, de Amaan bungalows et du spain divers). Simple, très propre, accueil charmant (voir avec Ali). A partir de 30 usd la double.
A Bewju : bungalows Pakacha, chez Ali et Hedi, hyper sympa, nourriture excellente, joli jardin, sur la plage. 30 usd
A Jambiani. Bungalows du restau GARDEN. Établissement tenu par une écossaise . Dortoir (très bien) et jolis bungalows individuels. 12 usd par personne en dortoir, bungalow individuel 50usd

Tous les déplacements sur l’ile peuvent être faits en dalla dalla (taxis collectifs), cela coûte une misère et on voyage le nez au vent.
La nourriture locale est excellente et très bon marché. A Nungwi, ne pas louper « Chez Munira (près du Baker chief), dans le village, vous y mangerez le meilleur poulpe en sauce de votre vie (pour environ 1 euro). Les restaus plus européanisés sont nettement plus chers et pas forcément meilleurs....

A Bientôt !!!