• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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Ce voyage a été très riche en émotions, en découvertes, en rencontres formidables. Ce récit ne sera pas bien sûr la transcription in extenso de tout ce que nous avons fait, mais plutôt une succession d'impressions, voire d'anecdotes.

10 Juillet : Une arrivée très tardive hier soir nous a privés d’une vue en plein jour. Arrivés avec 3 heures de retard, nous étions quand même attendus à l'aéroport par le gars qui nous louait un studio pour 2 nuits. Montée de 2 étages dans le noir complet (pas d'éclairage dans un couloir chaotique, escaliers de guingoi, trous et obstacles au sol...). Francisco nous a bien aidés pour monter les cartons de vélos, super. Le studio est correct, rien à redire, nous fermons à double tour, le quartier a l'air un peu relou.

Ce matin, en tirant le rideau de notre chambre, surprise ! Un spectacle inattendu : cinq imposantes poubelles et un homme fouillant dedans en quête d’un maigre butin. Hier encore, nous avions une vue imprenable sur notre beau jardin fleuri à la maison. Mais que se passe-t-il dans la tête d’un voyageur ? Pure folie, peut-être pour certains, mais une chose est certaine : si l’envie vous prend d’aller vérifier si l’herbe est moins verte dans le pré du voisin, foncez ! Vous avez peu de chances de le regretter, voyager est toujours enrichissant, vous rend un peu plus tolérant et surtout vous permet de relativiser beaucoup de choses.

Pourtant, la première journée à Luanda s’avère éreintante, rythmée par les tâches inévitables dès l’arrivée dans un nouveau pays. Déballer les cartons, remonter les vélos, faire un petit tour vers la fameuse baie de Luanda, histoire de voir...qu'il y a peu à voir....

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Changer de l'argent au black dans la rue, à la vue de tous, no problem…(Bruno avoue plus tard qu'il sait que c'est interdit et qu'on risque gros..),   achat d’une carte SIM, ça prend trois plombes, trouver de quoi manger à midi, pas trop de choix dans notre quartier. On se pose dans un genre de cafétéria, le plat du jour n'est pas mauvais, mais une odeur terrible émanant de la rue (urine et pire…) nous oblige à décamper. Nous nous réfugions dans un bar semi-luxueux pour boire un café, ouf, on respire.

Acheter de la nourriture à trimbaler pour quelques jours à Intermarché, (on ne rigole pas, c’est vrai), et des fruits à des vendeuses de rue. La pauvreté est criante partout, plus d’un nous suit pour mendier. On ne voit pas beaucoup de blancs à Luanda, alors faut pas laisser passer une opportunité pareille.

 Peut-être encore plus que dans les autres capitales africaines, il est impossible d'ignorer l'injustice. Luanda est l'une des villes les plus chères d’Afrique, ce qui rend encore plus difficile la survie des pauvres. C’est une ville de contrastes : l’hôtel Intercontinental, majestueux et ignorant des personnes qui dorment dans la rue juste à côté, l’immense tour Total Énergies jouxtant un quartier miséreux.

Ce voyage nous ouvre une fois de plus les yeux sur le contraste frappant entre la vie que nous menons et les difficultés auxquelles sont confrontés les autres. Nous ne traînerons pas dans cette ville, c’est sûr.

Au petit matin, avant de partir, je fais encore un peu de change au noir. Les nanas de la veille ne sont pas encore dans la rue mais je trouve une brave dame qui les connaît et qui m'arrange l'affaire. Elle me donne encore plus que la veille, soit un quart de plus qu'à la banque. 1Euro vaut 1000 kwanzas, on se retrouve vite avec une grosse liasse de kwanzas, l'impression d'être riches.

Nous n'avons pas envie de traverser l'immense zone de favellas sur nos vélos, c'est Francisco qui nous sort de la ville avec son pick up. C'est lui qui nous prend en photos, posant devant le Miradouro da Lua, « fiers comme un bar tabac ! ». C’est de Coluche, je me crois obligée de la sortir à chaque fois, désolée, c’est l’euphorie du début d’un nouveau voyage à vélo.

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Un des sites intéressants de l'Angola,  c'est ce Mirador de Lua,  connu par ses formations rocheuses où l'érosion a fait son travail, creusant la roche et lui donnant cette allure si spectaculaire.

Nous roulons maintenant au bord de l’Atlantique, sur l’ un des axes principaux qui traverse l’Angola, du Congo jusqu’à la Namibie. Cette route n’est pas très amusante, monotone, elle présente peu à voir, à part des baobabs et parfois des trous dans le goudron de la taille d’une baignoire. Il faut rappeler que la guerre qui a duré 41 ans n'a cessé qu'en 2002 et qu'il a fallu tout reconstruire, les routes, les ponts, les gares, tout..Un gros travail a déjà été effectué.

Par contre, le dénivelé n'est pas trop important, c'est ce qu'il nous faut pour commencer car nous sommes peu entrainés. Nous regardons la carte et visons une grande ville,  Lobito : À partir de Lobito,soit nous continuerons à faire les traîne - misère sur cette route nationale 100, soit nous avons assez de jambes pour attaquer les montagnes. On verra. Lobtito est à 400 km, encore 400 km pour réfléchir.

Nous nous sentons un peu flemmards à l’idée de camper ce soir et la perspective d’avoir une douche  nous  plait bien…La pancarte d’un lodge est là, comme une incitation à s’écarter de la route nationale de quelques km. 80 euros la chambre ! Tu déconnes ou quoi ? Non, mais tu vois, de l’argent on en a plein les poches, mais on ne le sort pas comme ça. 😹. 80 balles la nuit, du grand n’importe quoi. 80 balles, en Afrique ??? Oui, mais il y a des gens très très riches qui vivent ici, et ils vont se faire des petits week end hors de la capitale, ceci explique cela. Sur le coup, on a un peu la haine, mais un peu plus tard, au bout d’une autre piste bien caillouteuse toute en descente,  nous trouvons un endroit magique  pour poser la tente sur la plage. Alors, nous sommes les plus heureux,  d’autant plus que nous avons acheté tout à l’heure 2 cuisses de poulet rôti, des tomates et des concombres. Les portes de notre célèbre  trois étoiles s’ouvrent à la tombée de la nuit et après ces agapes, nous nous nous endormons  comme des papes. 😁Cet endroit est bien connu des surfistes, d'ailleurs ça s'appelle playa da surfistas. Il y a là un gars avec un triporteur, c'est lui qui va nous remonter le matin, nous épargnant un bon dénivelé.

La route est toujours monotone, agréable car il y a très peu de trafic. Pourtant,  nous sommes sur l'un des axes principaux reliant l'Angola à la Namibie, mais il y a toujours aussi peu à voir, à part des baobabs centenaires ou peut être millénaires( un baobab pouvant vivre jusqu'à 3000 ans). Quasi pas d'habitations, ne pas oublier de faire le plein en bouffe et eau dès que l'on trouve quelque chose.

Nous prenons une journée de repos à Porto Ambouin, la plage ressemble à une autre, sauf qu'il n'y a pas une âme dessus, et la ville n'a rien de réjouissant, des poubelles abandonnées partout et des gens qui grattent dedans. Sur les conseils d'expats rencontrés à l'hôtel, nous nous tapons une bonne langouste et là, bien à l'ombre,  c’est décidé, Porto Amboim sera notre dernière ville côtière. On n'a rien d'intéressant à faire ici, et les plages, bof bof, on n'est  vraiment pas là pour ça, on ira à Zanzibar le jour où nous aurons envie de nous vautrer au soleil, hi hi hi. L’avantage de ne pas avoir de plan prédéfini, c’est que l’on peut en changer à loisir ! Nous vous annonçons notre choix «  montagnes », mais quelque chose me dit que l’on va en chier.

 

 

La route est beaucoup plus sympa dés que l'on quitte la côte, et c'est plus peuplé, il y a quelques petits restaux de bord de route. Enfin la vraie vie africaine que nous aimons. Nous faisons une escale vers midi et dégustons un civet de poulet absaolument délicieux, accompagné du " funji", c'est un genre de polente très collante, à base de farine de maïs (et éventuellement de mil). Je ne pense pas qu'il y ait de rapport avec ce festin,  mais c'est suite à cela que la turista nous rattrape. Rien de grave, mais pédaler comme ça, ça ne la fait pas, alors, bing, nous levons le pouce et sommes immédiatement embarqués dans un camion qui nous fait gravir un monstre dénivelé, ce qui nous arrange super. Ne nous traitez pas de fainéants, parceque par la suite,  zéro transport jusqu'à la Namibie, promis juré, qui est encore à 1500 km. La route est archi pentue, genre 14 pour cent à plein d'endroits, le camion en bave pas possible, mais cahin caha, nous arrivons à Gabela. Hôtel quasi " luxueux" à bas prix, nous nous baladons dans cette petite ville plutôt sympa. Une rivière la traverse, c'est devenu la salle de bains municipale, les gens s'y lavent et font la lessive. la rue principale est goudronnée, mais dès qu'on s'en écarte, c'est chemins de terre et maisons de terre aussi. La population, surprise de nous voir là est très gentille. Et là, nous rencontrons une petite princesse !

 

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La région de Waku Kongo

Nous faisons étape dans cette bourgade paisible, la petite église, reste de la colonisation est toujours là, mais fermée. Nous  partons faire une boucle à la journée (délestés de nos bagages) dans la campagne, la vraie de vraie.

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Le lendemain, nous allons visiter la petite église de Waku kungo, fermée, et reprenons la direction du sud. Qu’il est bon de quitter la route principale pour s’aventurer dans les petits villages de terre rouge ! Wahou, là, nous y sommes ...Cette piste est magnifique, mais exigeante, que des montées descentes, mais quel régal pour les yeux et les oreilles, Buon Viagem, Buon dia, hello.... À chaque rencontre, nous sommes accueillis chaleureusement, même si parfois notre couleur de peau fait fuir les plus petits. Ah, la fameuse peur du blanc ! Plusieurs gosses terrifiés partent se planquer en hurlant. Tout est toujours bien propre et la population semble vivre paisiblement. Des champs cultivés et des plants de café s’étendent sous nos yeux.

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C’est dans cette région que rencontrons un gars nous proposant un gros rat des champs pour 2 euros. Imaginez nos têtes lorsque ce brave, pensant nous faire une faveur, a brandi son rat comme un trésor.

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Et dire que certains ici en raffolent ! Finalement, on n'a pas tous les mêmes goûts, mais c’est aussi ce qui rend le voyage si fascinant. Nous avons poliment décliné l’offre, bien que, pour être honnêtes, il nous soit déjà arrivé de manger du rat. Mais ça, c’est une autre histoire. Si vous êtes sages, je vous la raconterai un jour. L'Angola n'a plus beaucoup de bêtes sauvages, vous avez compris pourquoi...

Aujourd'hui, nous roulons toujours avec bonheur sur une piste de terre rouge :

 

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Lors d’une pause repas sous un arbre généreux, nous écoutons nos voisins tenter de percer le mystère de notre identité avec des théories aussi variées que les épices dans un curry. Le premier, sûr de lui : « Ce sont des "mulato". » (Pour ceux qui se demandent, "mulato" désigne une personne descendant d'Africains noirs et d'Européens blancs). Le deuxième, plus sceptique : « Non, un mulato ne fait pas de vélo. » Ah bon? Je prends des notes…Le troisième, trépigne d’impatience visiblement prêt à lancer sa théorie : « Moi je suis sûr que ce sont des Chinois. » Franchement, je doute qu'il y ait beaucoup de pays où nous pourrions passer pour des Asiatiques, mais bon…Dans le même ordre d’idées, l’autre jour, un gars nous a demandé si nous venions de Cuba. Oui, tout à fait, avec notre teint clair et nos vélos gravel Trek, nous venons tout droit de La Havane. Pour certains (en tout cas dans les campagnes), il y a cinq pays au monde : l’Angola, Cuba, la Russie, la Chine et le Portugal. Leur histoire a laissé des traces, certes, mais peut-être aussi un atlas un peu sélectif !

Nous navigons maintenant sur un haut plateau, nous sommes à une altitude supérieure à 1600 m, la température est très agréable pour rouler. Le brûlis est pratiqué......ce qui rend la pratique du camping sauvage assez délicate. Alors, voici notre tactique que nous appliquerons souvent en Angola. Quand le soleil décline, nous nous approchons d'une maison qui nous parait sympa, et demandons si nous pouvons nous poser pour la nuit. Ce soir, c’est chez Manuel et Linda que nous plantons notre tente. À peine avons-nous posé notre barda que l’un de leurs huit enfants s’élance comme un ninja et capture une poule pour notre dîner. Parfait, le repas est réglé ! Notre maîtrise du portugais est aussi impressionnante que celle de leur français. La conversation ? Un chef-d’œuvre de mimétisme et de rires. On se couche donc de bonne heure, en harmonie parfaite avec les poules du coin. Pour ne pas abuser de la générosité de cette famille qui, disons-le, ne roule pas sur l’or, nous laissons en partant l’équivalent du prix de la poule sacrifiée. Résultat ? Tout le monde est ravi, vraiment ! Cette soirée restera gravée dans leur mémoire, tout comme leur accueil chaleureux restera dans la nôtre. Il y en aura plein d'autres le long du chemin, je passerai sur les détails.., parce que des histoires de sacrifices de poules pour nous faire plaisir, il y en aura plein d'autres. 

Un grand bonjour de Chipipa ! Bienvenue au club « Afrique, altitude supérieure à 1000 m », où les habitants se promènent en vestes d’hiver, parfois gants et bonnets, car les températures chutent en dessous de... 25°C. Nous avons droit aux classiques questions : « D’où venez-vous ? » et « Où allez-vous ? ». Mais ne vous fatiguez pas à répéter dans chaque village, car la nouvelle se propage plus vite qu’un tweet de célébrité. Tout le monde sait déjà que nous venons de Luanda et que nous allons en Namibie. On a même croisé des motards qui hurlaient nos prénoms comme des groupies ! 
Bref, les Angolais, c’est pas des timides. Leur accueil chaleureux apporte de la joie à nos journées. Parce qu’il n’y a pas que la pédale dans la vie !

Sur le parcours entre Waku Kungo et Huambo (400 km environ), le paysage est assez varié, avec parfois de grandes collines pierreuses qui sortent de terre. Quelques beaux arbres aussi. Nous n’avions aucune idée de quoi aurait l’air le pays. On s’attendait plutôt à une terre inintéressante, plate, sec et touffue, nous nous sommes lourdement trompés. Et puis des « bom dia, bom viagem » qui fusent partout dans la campagne. Et aussi un soir, alors que nous cherchons un coin sympa pour camper, un chemin nous conduit vers un hôtel qui a dû avoir son heure de gloire mais qui est actuellement abandonné et squatté par des jeunes. Ils nous laissent une chambre pour la nuit. Pas d’eau, pas d’électricité, mais ça fait l’affaire. À cheval donné, on n’y regarde pas les dents !

L'arrivée à Huambo est assez chaotique, ça circule pas mal, Huambo est une des plus grandes villes d'Angola. Nous y trouvons un bon hôtel, histoire de manger à peu près correctement, dormir dans un lit, répondre au courrier  et faire une grosse lessive. La routine. Nous ne quittons guère notre chambre, la ville ne semble pas avoir beaucoup d'attrait, quelques restes coloniaux en particulier vers la place où nous logeons.

Et c'est reparti pour les 400 km suivants ! Pour arriver dans une autre grande ville : Lubango, altitude 1800 m, raison pour laquelle nous ne souffrons pas de la chaleur en Angola, contrairement à la France cet été, à ce que l'on nous raconte... 400 bornes, cela vous laisse amplement le temps de réviser les paroles de « le vent te portera », de réciter l’alphabet à l’envers, et même de choper quelques courbatures. Pour être honnête, cette route ne casse pas trois pattes à un canard. C'est une succession de montées et de descentes qui vous cassent bien les pattes (de canard évidemment) . Heureusement, nous sommes agréablement divertis par la vie foisonnante le long de cette route, et ça, c’est extraordinaire. Que ce soit nos arrêts sur les petits marchés, nos nuits de camping sous un ciel étoilé, ou nos rencontres ici et là, c’est vraiment magique. Sans oublier ces quelques femmes Mumuilla et leurs belles parures qui ajoutent une touche de couleur à notre périple juste avant d’entrer dans la 2ème ville d’Angola. En espérant vous avoir mis quelques belles images en tête, ate logo amigos !

Un dimanche à Lubango !
Lubango est une ville agréable située à 1800 mètres d’altitude. On va voir, à une quinzaine de km, la statue du « Christo rei », une statue de Jésus de 30 mètres de haut, construite dans les années 1940 et qui domine la ville. Les Portugais semblent avoir une petite manie avec les statues géantes de Jésus, ce sont eux qui ont planté la plus célèbre, Chriso Redentor à Rio, mais aussi une grande à Lisbonne et une autre dans le Timor Occidental. C’est la fin de la minute culturelle, merci de l’avoir supportée. Mais c’est surtout le paysage autour de Lubango qui est fantastique. La célèbre « fenda da Tundavala », à 2200 m est une gorge qui plonge de 1000 mètres jusqu’à la vallée en contrebas, elle est élue une des sept merveilles de la Nature angolaise. En bas, vous apercevez la petite ville de Bibala. C’est tellement proche et si loin en même temps : un kilomètre de dénivelé et quelques kilomètres dans la brousse, si nous étions oiseaux. Un groupe de femmes Mwilla est là, entrain de danser et chanter, un super concert avant de redescendre en ville.

Imaginez la scène : vous êtes là, à Lubango, le nez sur la carte, les jambes en coton après 1100 bornes de routes et pistes parfois galères, et vous vous dites : « Tiens, pourquoi ne pas se laisser glisser jusqu’à la Namibie sur cette jolie route toute droite et lisse comme un bébé phoque ? » Vous avez envie de vous précipiter là dessus comme un chat sur une souris, tout heureux d’enfin rouler sans rebondir sur chaque caillou. 
Mais là, c’est le drame, parce que vous réalisez que vous allez rater la Serra Leba ! Oui, cette montagne mythique avec ses lacets dignes d’un col des Alpes ou de la montée à l'Alpe d'Huez. L’angoisse vous frappe : « Si je ne vois pas ces virages en lacet, je vais en rêver la nuit, et pas en bien ». Alors, quoi faire, vous n’allez quand même pas y aller en aller retour juste pour admirer la vue.
Après un brainstorming express de 10 secondes (eh oui, on réfléchit vite quand on a peur de regretter), vous vous dites : « Allez, on est des warriors (à 3 balles…), on fait la boucle entière ! » Et nous voilà partis grimper un petit col puis dévaler 1600 mètres de dénivelé, juste pour le plaisir de les remonter par une autre route, histoire de ne rien louper.

Nous voilà donc partis pour Bibala, la petite ville que nous avons vue du sommet de la fenda Tundavela.  À partir de Lubango donc, une fois arrivés au un petit col, nous nous laissons glisser doucement vers la petite ville. Nous avons très froid pendat la descente, nous empilons les épaisseurs. En bas, une petite vallée et une ligne de chemin de fer entièrement refaite par les chinois. Nous campons une nuit chez des gens qui travaillent sur la ligne de chemin de fer, mais notre connaissance de la langue portugaise étant quasi nulle, nous n'avons pas très bien compris ce que cette ligne transporte, nous pensons que ce sont des passagers mais surtout des marchandises qui vont vers un port, nous ne sommes plus très loin de l'océan, alors que nous nous en étions sévèrement écartés.

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Le lendemain, nous nous approchons d'une gare désaffectée, et là, surprise.....Un gars vit là, Gabriel, tout seul avec ses quelques poules. Gabriel est un rescapé de la guerre. Je rappelle que l'Angola a vécu la guerre pendant 41 ans, avant et après l'indépendance. Cette guerre ne s'est arrêtée qu'en 2002, c'est aussi une des raisons pour laquelle ce  pays échappe aux affres du tourisme, pour notre plus grand bonheur. Gabriel donc, a été sévèrement amoché alors qu'un commando est arrivé à cette gare , et s'est fait tirer dessus. Il me montre les impacts des balles sur les murs et un peu partout sur son corps. On lui a bien abimé un pied aussi, Gabriel est un "miraculé"...

 

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Plus loin, nous rencontrons des gens rigolos et sympas, de la tribu Mucubal, en particuler dans le village de Munhilo.

Le peuple Mucubal, un sous-groupe des Herero de la province de Namibe, au sud-ouest de l’Angola, a conservé son mode de vie distinct et a résisté à l’intégration. Comme les Masaï, auxquels ils seraient apparentés, ils sont semi-nomades, dépendant de l’élevage et de l’agriculture. Réputés pour leur endurance, ils peuvent parcourir jusqu’à 80 km dans une journée. Les femmes Mucubal portent des bijoux de cheville, elles restent seins nus lorsqu’elles sont célibataires et, après le mariage et la maternité, elles attachent leurs seins avec des bandes colorées pour les aplatir. Les hommes ont de multiples partenaires, se concentrant sur la gestion du travail et du plaisir. Les femmes sont principalement impliquées dans les activités agricoles, tandis que les enfants assument souvent les responsabilités d’élevage. 
PS : sur la dernière photo,vous voyez une femme Mucubal qui a revêtu une robe, sans doute à cause de la fraîcheur matinale. C’est elle qui m’a demandé de la photographier en compagnie de son mari, elle voulait se voir dans l’écran. Merci à elle, bien qu’il soit rare que l’on refuse, je n’ose pas toujours demander. 

Du coup, nous "perdons" pas mal de temps, et ne savons pas trop si nous devons attaquer la grosse montée aujourdhui, alors qu'il commence à faire bien chaud ou si nous nous posons tranquillement au pied du col.  À  la bifurcation qui mène à l'océan, nous prenons gauche toute, direction la montagne et en 20 km, ne grimpons que dalle de dénivelé, mauvais présage pour la suite...D'ici, on se demande bien comment la route peut grimper la falaise impressionnante qui se dresse devant nous. Nous nous posons un long moment dans un gros marché, mangeons très bien , et décidons de continuer un peu. Francesco, son bar accueillant et ses boissons fraiches semblent  nous attendre, et finalement nous plantons la tente chez une famille sympa, comme d'hab... Et au matin, c'est parti pour le gros morceau, qui nous effraie un peu, la pente est raide par endroits, mais ça se monte sans poussage, c'est finalement agréable de rouler sur cette magnifique route, il y a beaucoup moins de  trafic que ce que nous avions imaginé, et quand nous arrivons aux lacets finaux, et bien, le plus dur est fait, et le plus raide est derrière nous. Ces derniers lacets ne sont finalement qu'une formalité. 

Quand  nous posons fièrement au sommet de Serra Leba, très heureux, on se dit : « C’était du taf, on s’est pris 150 bornes de plus juste pour cette boucle, et surtout une montée de 1600 m de dénivelé, dont 1400 m pour une vingtaine de km, mais quand on aime, on ne compte pas ! »
Alors, à notre place, qu’est-ce que vous auriez fait ? Pris l’autoroute de la facilité, ou bien joué les héros des lacets ? Il y en avait une vingtaine, ceux de la fin que vous voyez sur la photo n'étaient pas très pentus, je dirais même très faciles.

 

Et c'est à partir de là qu'on a déconné grave en nous embarquant sur la pire piste !!!

Oui, pour éviter de repasser par la ville de Lubango, nous avons cru feinter en prenant un raccourci. Et cela a été un raccourci (en km) qui rallonge (en temps et énergie ) : piste sablonneuse à souhait, pas d'ombre, une piste qui n'en finit plus, tellement peu marquée par endroit que sans gps, on ne s'en serait jamais sortis. D'ailleurs, nous n'avons vu absolument personne, à part un convoi de boeufs attelés. Nous retrouvons le goudron à Huila, nous sommes au bout de notre vie, nous nous vengeons sur un repas au restau, près d'une soit disant cascade qui s'avère être un mince filet d'eau, mais bon, toujours ça de pris, et repartons quand le soleil s'est calmé. Pour nous consoler ( si tant est que l'on en ait besoin, nous irons aux cascades du hérisson quand nous rentrerons au pays, pour ceux qui ne connaissent pas, c'est un haut lieu du tourisme jurassien). 

Les jours suivants sont très faciles, nous roulons sur un billard, nous empilons les km sans problème. Un soir, nous faisons étape dans un petit boui boui à Chibemba, puis un autre soir à  Cahama chez une femme plus que sympa qui dépanne depuis que la guest house de son oncle a fermé.

Et puis le lendemain, alors que nous rencontrons Teresa, revenant de sa corvée d’eau, elle nous salue avec un sourire radieux et nous offre un coin de son enclos pour y passer la nuit. Un geste simple, mais empreint de générosité devenue rare dans notre société. Elle nous conduit aussitôt à Emmanuel, le chef du village, qui, sans perdre une minute, nous apporte 2 chaises, un seau d’eau et lance un grand nettoyage de la place, comme pour souligner l’importance de notre arrivée. Nous restons bouche bée, touchés par tant de bienveillance. Cette chaleur humaine, cette attention si sincère que nous trouvons partout en Angola nous marquera à jamais.
Partager un bout de notre histoire avec ces gens merveilleux est un privilège inestimable. Leur gentillesse est notre moteur, elle propulse chaque instant de notre périple. Sans eux, ce voyage n’aurait pas du tout la même saveur, il manquerait cette touche d’authenticité, cette âme.
Et puis, avez-vous pris le temps d’admirer la coiffure et les bijoux de la maman de Teresa  ? Cette femme est un trésor vivant, la dernière de la famille à porter fièrement la tenue traditionnelle Mwila, un héritage qui scintille à travers elle.

Et nous voici à Xangongo, où nous nous installons pour 2 nuits. Nous allons voir le plus gros baobab d'Afrique, 27 mètres de circonférence !
Hélas, neuf des treize baobabs les plus anciens et les plus grands d’Afrique (en particulier en Afrique du Sud et à Madagascar) sont morts au cours de la dernière décennie. Les arbres, âgés de 1.100 à 2.500 ans, ont vraisemblablement été victimes du changement climatique ou de l’abattage. 
Les baobabs peuvent vivre 3.000 ans. 
L’arbre sert de réserve d’eau et ses fruits nourrissent les animaux et les humains. Son écorce est pilée et tissée pour faire des cordes, des paniers, des étoffes et des chapeaux imperméables, et ses feuilles peuvent être bouillies et mangées comme des épinards ou utilisées pour fabriquer des médicaments traditionnels.

Ah, les aventures en mode « on sait que c’est une mauvaise idée, mais on y va quand même »… 
À partir de  Xangongo, au lieu de suivre sagement le goudron comme des voyageurs raisonnables, nous demandons des infos sur l’état d’une petite piste qui mène à la frontière namibienne. Les locaux, pleins de sagesse, nous regardent avec des yeux ronds et s’écrient d’une seule voix : NON ! « La piste est complètement défoncée et ensablée ». Mais nous, têtus comme 2 bourricots : « Oui, mais ça coupe ! ». Dans nos têtes, « couper » ne veut pas dire forcément « gagner du temps », ça veut dire « s’amuser plus », les lignes droites sur un goudron lisse, ce n’est pas très drôle .
Mais quand on cherche la galère, on la trouve bien vite. Ah oui, au début, on s'est bien amusés, en particulier en passant un espèce de check point où un flic sur une chaise en plastique, sous un arbre, nous a expliqué qu'il était là pour la sécurité des gens. Il y a souvent des flics en Angola dans les villes, mais là, au milieu de rien, on se demande bien quel est l'intérêt d'y poser quelqu'un pour la sécurité, bref, ce mec est bien sympa, on refait un peu le monde, et puis, là, c’est re parti pour l’enfer sur terre. Jurons par-ci, poussages par-là, on a bien dû descendre de vélo 500 fois. Les bacs à sable, c’est bien, mais à la plage. Pourtant, après 2 jours difficiles de roulage poussage, par un miracle de la persévérance (ou du désespoir), on a finalement franchi la frontière à temps avant l’expiration de notre visa (la veille en fait). 
Et en bonus, en chemin, on a rencontré des gens incroyables, des âmes qui illuminent même les journées les plus ensablées. Mais bon, ça, ce serait pour une autre histoire. Heureusement pour vous, je ne  les raconte pas toutes..., vous laisse profiter des images de cette piste mémorable :

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Je parie que vous ne connaissez ni Timotéus Mounehivi, pasteur officiel de Pétaouchnok-les-Deux-Chèvres, ni sa charmante épouse Wilka. Dommage pour vous, parce que ces deux-là, ce sont des perles rares, le genre de personnes qui vous réconcilient avec l'humanité, même après une journée passée à se battre avec des bacs à sable en pleine cambrousse. 
En Angola, c’est simple : on n'a rencontré que deux types de personnes, les "bonnes" et les "très bonnes". Tous ces racontars sur la soi-disant dangerosité du pays... une vaste blague. Quand Timotéus nous invite à planter notre tente dans sa cour, c’est un peu comme s'il nous offrait une oasis en plein désert. Parce qu’entre nous, on commençait sérieusement à manquer d’eau et, accessoirement, d’énergie. 
La soirée se passe dans un festival de rires et d’histoires à dormir debout. Et puis, Wilka aborde un sujet sérieux : la santé. C’est là que Timotéus, dans un élan de confiance, nous demande si on n’a pas quelques cachets pour son mal de dos. Un petit coup d’aspirine, et hop, affaire classée, non ? Ah, mais non ! C’est sans compter sur notre cher Bruno, qui décide de faire un combo cours de médecine + coaching de vie « faut pas abuser des médicaments, tu dois moins manger Timoteus, faire du sport, et surtout, perdre du ventre » !
Notre hôte , toujours bon vivant, éclate de rire, mais ne s’offusque pas. Non, au contraire, au petit matin, il dévore notre délicieux muesli que nous préparons toujours pour remercier nos hôtes, puis nous propose carrément d’acheter la maison d’à côté. Une vraie aubaine ! Mais là, bizarrement, c’est nous qui commençons à rire nerveusement… On n'est peut-être pas encore tout à fait prêts pour une reconversion en propriétaires terriens angolais, même à  Pétaouchnok-les-Deux-Chèvres !

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Le lendemain, après une journée très ensablée à nouveau, nous voici au poste frontière entre L'Angola et la Namibie. Nous avons plutôt pas mal géré la traverée de l'Angola, car malgré toutes nos péripéties, nous arrivons la veille de l'expiration du visa. Le douanier angolais, à qui nous posons la question, nous dit que compte tenu du fait que nous sommes à vélo. nous n'aurions pas eu de problème, même si nous avions eu quelques jours de retard. Ces Angolais auront été vraiment sympa jusqu'au bout.

Après avoir traversé l’Angola, nous passons la frontière avec la Namibie. 

En arrivant en Angola, une vague de nervosité m'avait envahie. C'est un sentiment qui m'accompagne  parfois lorsque je mets le pied dans un nouveau pays, mais cette fois-ci, l'émotion était plus intense. Nous pénétrions dans une terre à part, marquée par cette guerre dévastatrice.

Face à l'inconnu, le familier s'efface, et avec l'inconnu vient parfois une certaine appréhension… Pourtant, dès nos premiers coups de pédale en Angola, cette inquiétude s'est rapidement dissipée. Au fil de notre traversée, nous avons rencontré, jour après jour, des âmes chaleureuses, des visages éclairés par des sourires sincères, des regards pleins de bienveillance. Nous avions l’impression que malgré leurs difficultés ces gens étaient contents de nous voir . 

Ce voyage a ravivé en nous une profonde confiance en l’humanité, une conviction que nous chérissons.

La différence de niveau de vie entre Angola et Namibie saute immédiatement aux yeux. Et la différence de revêtement aussi, puisqu'immédiatement, nous roulons sur du bon goudron. Arrivés chez notre ami Bruno à Ruacana, sans prévenir pour lui faire la surprise, sa femme nous annonce qu'il est parti depuis quelques jours guider un groupe de touristes. Dommage ! Du coup, nous ne restons qu'une nuit, et partons faire de grosses courses à Shoprite, accompagnés de John, la femme de Bruno ayant appris que des cyclistes se seraient faits agresser sur la route de shoprite. Bizarre c'thistoire, mais acceptons John pour leur faire plaisir, et pas du tout par crainte. Après notre séparation de John, et les sacoches blindées de nourriture, le plein de carburant fait pour le réchaud, nous voilà sur la fameuse piste de la Cunene, que nous avons déja parcourue en 2021, alors que la Namibie était en plein covid.

Premier jour donc sur la piste sauvage bordant la rivière Cunene, frontière naturelle entre l’Angola et la Namibie. Sous un arbre généreux, nous décidons de savourer un moment de répit avec un pique-nique bien mérité. Mais soudain, un invité inattendu se faufile entre nos jambes : un majestueux serpent, glissant avec une aisance terrifiante. Le cœur battant, nous réalisons une fois de plus que le voyage à vélo, tout comme la vie, est un terrain de surprises. Qu’il soit bon ou mauvais, l’imprévu est souvent au rendez-vous, et le danger surgit rarement là où on l’attend. Une certitude demeure : si l’on reste immobile chez soi, rien ne viendra jamais nous troubler... ni nous émerveiller….Let’s go ! Nous retrouvons le camping lodge où nous avions dormi il y a pile poil 3 ans pour la nuit. Rien n'a changé, la nuit est douce et réparatrice. 

Aujourdhui, nous faisons une pause pique-nique sous un arbre, (eh oui, ça revient chaque jour…) savourant l’ombre et un peu de répit, quand une bande de gamins pleins de malice débarque. Ils nous racontent leur astuce géniale : dès qu’ils entendent une voiture approcher, ils se plantent au bord de la piste et hurlent en chœur « hangry, hangry ! ». Les quatre premiers véhicules, insensibles à la faim ou aux talents d’acteurs de nos jeunes compères, appuient sur l’accélérateur, les enveloppant d’un nuage de poussière. Mais un peu plus tard, un 4x4 finit par s’arrêter. Jackpot ! Le conducteur, pris de pitié (ou d’amusement), leur tend quelque chose.
Tout sourire, nos petits camarades reviennent avec leur butin : des biscuits salés au fromage. Ils les dévorent, ravis, et on ne peut s’empêcher de rire avec eux. Je vous jure, si le type avait eu une bière fraîche pour nous, on aurait touché le jackpot nous aussi, et là, c’était l’extase assurée ! Mais bon, on ne peut pas toujours avoir tout ce qu’on veut, alors nous nous contentons de notre eau, à la température du biberon de bébé (du coup, nous l’utilisons pour nous faire du café au lait).
Au moment de prendre congé, nos nouveaux amis, nous lancent un dernier « hangry, hangry » en se tordant de rire. Comment résister ? On craque, on leur laisse un paquet de biscuits. Nos préférés, ceux à la fraise. Oui, oui, on est trop bons, que voulez-vous, c’est notre petit côté généreux , ou alors on avait juste peur qu’ils nous poursuivent avec leurs cris de « hangry » jusqu’à la fin des temps....

Nous sommes ravis d' être là à nouveau, sur cette piste que nous connaissons mais dont nous avons oublié les détails. Chaque kilomètre de ce que certains pourraient qualifier de « grand vide» dévoile en réalité un paysage à la beauté sauvage, où chaque détail, aussi infime soit-il, devient précieux. Ce vide apparent, avec ses horizons infinis et ses silences profonds, offre des moments uniques qui me marquent profondément. J’aimerais tant que cette manière de voir le monde continue d’enrichir ma vie quotidienne, même après ce voyage.

**Quand la tradition rencontre la modernité** :h

 


Devant moi, une jeune fille Himba, parée de ses vêtements traditionnels. Son visage, ses cheveux et son corps sont recouverts du célèbre mélange de graisse et d’ocre qui protège sa peau du soleil impitoyable du désert. Intriguée, elle s’aventure à grimper sur mon vélo de voyage, sans en connaître le fonctionnement. Son sourire éclatant en dit pourtant long : rêve-t-elle d’aventures lointaines, ou imagine-t-elle déjà ce drôle d’engin comme un allié pour rassembler le troupeau de chèvres ? Peut-être les deux... ou aucun des deux. Peu importe, car ce qui compte vraiment, c’est ce moment suspendu que nous partageons. Un instant de curiosité réciproque, ponctué de rires complices. La prochaine étape ? Lui montrer que pour avancer, il faut pédaler... mais ça, c’est une autre histoire. Une chose est sûre : ce soir, Kazehirwa aura bien des choses à raconter dans la hutte.

 

Grimper, puis se laisser glisser et attendre ce que la gravité va faire...et recommencer, voilà notre programme de la journée, cette piste est une succession d'up and down, mais quel bonheur que de voyager dans ce calme et cette beauté !

 

 

 camion

Regardez ce jeune Himba. De ses propres mains, il a construit son camion, assemblant fil de fer, morceaux de métal et de tissu. Cet enfant aurait pu être toi, moi, mais la vie l’a guidé sur un autre chemin. Pourtant, son visage rayonne d’une joie éclatante. Comment se fait-il qu’il soit si heureux, vivant dans une humble case, au cœur d’une région reculée et aride, avec pour seul trésor ce jouet unique ? Et pourquoi, dans nos sociétés modernes où tout semble à portée de main, sommes-nous si souvent en proie au mal-être ou à l’insatisfaction ? Le voilà maintenant, riant avec un ami, qui pousse à travers le sable une sorte de moto bricolée elle aussi. Que peut-on souhaiter de mieux pour ces enfants ? Un avenir radieux, sans doute. Mais concrètement, qu’est-ce que cela signifie ? Une éducation, un emploi, plus de biens matériels ? Pourtant, pourquoi tant de ceux qui ont tout semblent-ils si insatisfaits ? Ces enfants nous offrent une leçon de vie inestimable. Ils nous rappellent que la joie et le bonheur peuvent éclore même au cœur de la pauvreté la plus dénuée. Peut-être que le véritable bonheur se trouve en nous, dans notre capacité à voir la vie avec un regard bienveillant, au-delà des possessions matérielles. Quelle différence avec nos petits européens souvent pourris gâtés...

 

 

Sillonner les merveilles de notre monde, porté par le souffle léger du vent, en équilibre sur une bicyclette… Peut-on rêver d’une aventure plus enchanteresse ? Je suis convaincue qu’un être humain ne devrait pas traverser sa vie sans avoir voyagé au moins une fois. Mais voyager réellement, ce qui est bien différent du tourisme. Le tourisme, c’est se déplacer d’un lieu à un autre, à la recherche de paysages, de monuments ou d’expériences superficielles. Voyager, c’est tout autre chose. C’est s’ouvrir à ce qui se présente à nous, dans sa simplicité, sans filtres. C’est se confronter à l’imprévu, à l’inconnu, à l’inconfort, accepter de sentir le froid pour mieux savourer la chaleur, et l’inverse. Découvrir le monde dans sa vérité brute, dépouillée des illusions que notre esprit, parfois trop prétentieux, nous impose. Cet esprit qui, bien souvent, nous fait croire que nous savons tout, alors qu’en réalité, chaque nouveau pas nous révèle à quel point il nous reste à apprendre.


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Prenons cet enfant, par exemple, qui s’exprime dans sa langue. Je ne comprends pas un mot de ce qu’il dit. Et c’est exactement ça, le cœur du voyage. Reconnaître qu’il y a tant de choses que nous ne comprenons pas. Nous avons beau traverser des frontières, accumuler des kilomètres, explorer des cultures : il y a toujours cette part de mystère qui nous échappe. Même après avoir parcouru l’Afrique à de nombreuses reprises, nous devons l’admettre humblement : nous ne comprenons rien, ou si peu. Alors, il ne nous reste qu’une certitude : continuer à avancer, écouter, observer, et accepter de ne pas tout saisir…….. 

Une dernière nuit dans les immensités désertes, et puis nous voici aux majestueuses chutes d’Epupa, nichées sur le fleuve Kunene. Elles se trouvent tout à fait au nord de namibie. Un petit coin de paradis... si vous êtes prêt à l’atteindre ! En général, les touristes arrivent là d'Opuwo ( alors que nous allons en sens inverse) Il leur faut parcourir 300 km de piste poussiéreuse et cahoteuse – un périple d’environ quatre heures pour les touristes pressés qui nous balancent de la poussière au passage. Mais pour nous, fidèles au tourisme lent, ce fut une aventure de quatre jours pour gagner Opuwo. Et honnêtement, je ne céderais ma place pour rien au monde ! Car oui, vive le tourisme à pédales, où chaque instant compte. Si vous en avez marre de voir nos vélos et trombines, rassurez-vous, cette fois, je fais une pause, sur cette série, vous ne verrez  les chutes et des locaux en ville– à part sur une  photo, où vous verrez mon homme et son désormais fameux maillot jaune. Impossible de résister. 

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Arrivés à Opuwo, plein d'espoir et rêvant de retrouver le doux confort de notre guest house préférée, nous déchantons rapidement. Surprise : c'est complet. Adieu, chambre cosy, bonjour... cour arrière ! Et nous voilà, en pleine ville, plantant notre tente entre deux klaxons. Ah, la magie du camping urbain !
Je vous montre aussi une petite perle de 2015, prise dans cette même ville d'Opuwo. À l'époque, nous étions déjà experts en style clochards et personnellement, je trouve qu’on était aussi vilains qu’aujourd’hui. La constance, c'est important, non ?
Et voilà, chers amis, c’est sur ces 2  *magnifiques photos*, que se terminent nos aventures namibiennes. En effet, la suite du programme c'est rejoindre  Windhoek, puis le retour à notre case près de la Suisse... Rien de bien palpitant.

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En fait, pour tout vous dire, c'est la troisième fois que nous faisons tourner nos roues en Namibie. La première fois remonte à 2015, à l’époque où nous voyagions en vélo couché, cap sur Le Cap. La deuxième, c’était en 2021, cette fois à VTT, au cœur d’une Namibie plongée en pleine pandémie. Tout était fermé, sauf pour les touristes. Aujourd’hui, le bonheur reste le même, et l’émerveillement, toujours intact. On dit « jamais deux sans trois », mais pourrait-on espérer un « jamais trois sans quatre » ? Seul l’avenir, et nos cuisses, nous le diront ! Stay tuned et vous le saurez. 

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