• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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Ca y est, nous sommes au Fouta Djalon. Changement de région, changement d'ethnie, nous quittons les Malinkés pour entrer chez les peulhs. Nous ne sommes plus des toubab, ici ils nous appellent « Porto ». Nous ne leur répondons plus « eh farafi » mais « eh balédjon », ce qui veut dire « eh le noir », ça les fait rigoler et surtout ça leur cloue le bec.

A Dalaba, nous nous remettons aux bons soins de M Tall et Aïcha (hôtel Sib) qui nous dorlotent pendant 2 jours : bon lit, bonne cuisine, on en a besoin car nous sommes arrivés raides morts, chaleur et dénivelé ont eu raison de nous. On se fait une petite balade à pied, à la recherche d'un pont de pierre naturel, point barre. L’essor de la ville de Dalaba date des années 1940, lors de la Seconde Guerre mondiale. Comme les malades ou blessés des colonies de l’AOF ne pouvaient être rapatriés en France, ils venaient se faire soigner ici, dans l’établissement des Convalescents, devenu un musée (aujourd’hui fermé). Mais déjà, dans les années 1930, les Français avaient élu la ville comme cité balnéaire pour les week-ends et les vacances, Maintenant encore, de très nombreux coopérants viennent de Conakry profiter de la pureté de l’air et de la beauté du paysage. Il fait un peu moins chaud ici, nous sommes à 1300 m d'altitude, et au moins les nuits sont fraîches.

La visite de la maison du gouverneur, construite en 1936 n'est pas inintéressante, mais souffre du manque d'entretien. Son gardien nous affirme ne pas avoir reçu de salaire depuis 1984, année de la mort de Sekou Touré. La case à palabres se dresse juste à côté, majestueuse, son intérieur déploie tout le génie architectural Peulh.

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Le sol de la case à palabres de Dalaba

La région du Fouta Djalon, est réputée pour être l’une des plus belles régions du pays. C' est un plateau vallonné à plus de 1000 m d’altitude couvert de forêt. A cause du relief et de la végétation, c’est une zone pluvieuse. L’eau descend du plateau en formant de magnifiques cascades. Nous quittons la route principale pour nous rendre à la cascade de Ditinn, magnifique, 120 m de haut. Chemin faisant, nous passons dans une splendide forêt.

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cascade ditin

A Ditin village, nous passons la soirée avec une belle équipe de jeunes français super cool. Ils voyagent en minibus et vont de village en village proposer des activités de cirque aux gosses après l'école. Leurs ateliers ont évidemment beaucoup de succès, un vrai bonheur de les voir faire. Jonglage, diabolo, marche sur corde, acrobaties...et monocycle.

La cascade de Dambalaga est intéressante aussi, mais évidemment elle doit être beaucoup plus spectaculaire pendant la saison des pluies. Près d'elle, on peut voir un pont de singe que les villageois franchissent allégrement, chargés de lourds paquets.

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Les Guinéens ont la vie dure, et attendent peu de leur gouvernement. Leurs présidents magiciens successifs ont réussi l'exploit de transformer un eldorado (or, diamants, bauxite, eau, le tout en pagaille) en un pays à l'économie et aux infrastructures catastrophiques. Un pays avec un fort potentiel touristique qui est complètement boudé (passé lourd avec les militaires, corruption à tous les étages, sentiment d'insécurité du fait des nombreuses manifestations....) Du coup, les Guinéens ont appris à se débrouiller pour faire vivre leur famille, comme Badalaî et Diaratou, des gens adorables avec qui nous avons sympathisé.

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Baladaî, 48 ans, 7 enfants. On l'a rencontré un jour dans un petit village, il s'apprêtait à partir au marché dans le bled voisin à 7 km. Il nous pose les questions habituelles, d'où on vient, où on va, pourquoi on fait ça, et comme tout le monde, nous dit qu'un africain ne peut pas le faire, et que14 km en vélo dans une journée, ça lui suffit largement. Il a un chargement peu commun : des arrosoirs fabrication maison. Avec des restes de tôle, il plie, soude à l'étain au dessus de son brasero. Un joli arrosoir qui ne ferait pas mauvaise figure dans les rayons de magasins de jardinage écolo.

Restau Diaratou

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Pour Diaratou, la vie n'est pas facile, elle élève seule ses 3 enfants et tient à les envoyer à l'école. Elle a une toute petite maison, et pour gagner de l'argent, elle a amménagé une pièce en installant 2 tables et quelques chaises pour servir les plats de sa fabrication. Aujourd'hui, pas de bol pour nous, c'est le jour du « to » (ou tori).

Lle repas le meilleur marché que vous puissiez faire en Afrique, pour 20 centimes d'euros, vous en aurez un gros plat. C'est une pâte à base de manioc et de maïs, une espèce de polente collante et élastique . Ah les veinards qui vont passer demain chez Diaratou ! 

Tous nos codes sont chamboulés ici, nous devons nous habituer à certaines pratiques. Aller aux toilettes avec une théière à la main, prendre la douche froide avec un seau, manger le riz sauce avec les doigts (sauce arachides, sauce feuilles), acheter des légumes qui traînent par terre, le pain emballé dans un vieux bout de papier. En brousse, voir atterrir dans son assiette une patte d'agouti avec ses griffes. Quelques surprises culinaires nous amènent parfois à préparer notre bouffe. Nous fréquentons les marchés pour faire nos courses de produits frais, préparons de bonnes salades, après avoir pris la précaution de bien désinfecter les légumes au permanganate de potassium, sinon, c'est risquer les ennuis. Côté santé, tout va très bien pour l'instant, nous buvons l'eau du puits en la traitant, mais le plus souvent de l'eau de forage, elle est saine, pas besoin de la purifier

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stand de brochettes de viande

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Pour aller faire notre marché, dans les villes, nous utilisons souvent les motos taxis. C'est plaisant et les conducteurs sont des petit jeunes toujours sympathiques.

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Nous remplaçons « doni doni » (en malinké) par « doi doi » (langue peuhl) . C'est une expression à connaître, cela veut dire « doucement ! », consigne qu'ils respectent en principe. Nous n'avons guère envie d'avoir un accident dans ces contrées, il ne doit pas faire bon fréquenter les hôpitaux.

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A Pita, puis Labé, on ne s'attarde pas autant qu'on voudrait, car notre visa est expiré, il faut faire fissa pour gagner la frontière. De plus, nous entendons de plus en plus parler de cette épidémie de fièvre ebola. Nous avons pourtant du mal à redécoller de chez Tata, où nous passons des moments super, mais c'est ainsi....Nous y avons retrouvé Celou, qui est le responsable de l' excellente agence de trek fouta trekking. Petit coup de pub ; à Labé, dormir à l'auberge Tata, et pour n'importe quel trekking en Guinée, passer par Fouta trekking, une super équipe très pro très sympa et dynamique !!

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Avec Tata, Habib et Cellou

Pour gagner du temps, nous décidons d'emprunter la route la plus courte et de nous avancer de 120 km en taxi brousse (de Labé à Mali). Le trajet est amusant, on s'arrête peu, à part pour bricoler la bagnole de temps à autre, les « lions d'afrique » (pigeot) comme on les appelle ici, ont quelques km au compteur et sont mis à rude épreuve, on n'embarque pas tant qu''il n'y a pas 9 passagers, sans compter ceux qui voyagent sur le toit, et bien entendu les bagages. On passe dans de petits villages où des enfants nous passent des mangues par la portière . C'est la pleine saison, pour 10 centimes d'euros, on a 5 mangues bien juteuses, un régal. C'est dans la ville de Mali que les choses se compliquent. Un type faisant des transports en 4X4 nous dit qu'on est dingues, ce n'est pas envisageable de gagner le Sénégal en vélo, la piste est trop « gâtée ». On ne le croit pas trop, on pense qu'il veut nous récupérer pour compléter sa voiture et s'assurer un transport (il y a en principe 2 voitures qui font le trajet dans la semaine, lui, devrait partir dans 2 jours). Souleymane, qui gère la petite auberge indigo nous confirme que la piste est dégueu : on peut peut être y arriver, mais il va falloir un temps monstre et pousser beaucoup, voire porter le vélo. Il nous propose de nous accompagner un bout à moto, car il ne se sent pas tranquille de nous laisser partir seuls. Là, on commence à se faire des cheveux blancs et on accepte sa proposition d'escorte. Nous décollons de bonne heure, un peu stressés quand même, que va t il nous arriver ? Nous sommes mis au parfum assez vite, la piste est horrible dès le départ, plus que caillouteuse. Mais maintenant que l'on est manifestement en galère, nous décidons de tracer et prenons à peine le temps de jeter un oeil à Dame du Mali, une formation rocheuse remarquable ayant la forme d'une femme se tenant debout en surplombant le massif du Tamgué. Il n'y a qu'une chose qui compte, sortir de cet enfer pierreux. Souleymane devant en moto repère les endroits roulables, il s'agit d'une descente scabreuse, pentue et parsemée de gros blocs. Il se met 3 bonnes gamelles, mais pas de casse, ouf. En réalité, sur certaines parties, nous poussons plus que nous ne pédalons. Rapide casse crôute et Souleymane nous quitte (il doit refaire le parcours, en montée cette fois ci), en nous souhaitons bonne chance ! Nous avons paraît il fait le plus dûr, nous continuons donc à deux, priant qu'il ne nous arrive rien. Enfin un village, puis un second après une belle montée, il est 18 heures, nous avons 47 km au compteur, la honte de notre vie. La journée a été effroyable, nous sommes exténués,crevant de soif, notre eau est tellement chaude qu'on n'arrive plus à la boire, nous souffrons de courbatures de la tête aux pieds. On nous conduit chez le chef, on peut enfin boire de l'eau fraîche,mais il faut lui faire la causette. Il nous dit qu'on est fous, on s'en doutait un peu, après une bonne douche avec les poules, on retrouve de l'énergie pour monter la tente et faire à manger . Le lendemain, c'est plus facile, à part encore un passage très scabreux où on se demande bien comment un 4 X 4 peut passer (surtout avec entre 12 et 14 personnes dedans....et un certain nombre sur le toit).Nous nous pointons à la frontière en plein midi, il nous a fallu 1 jour et demi pour faire 80 bornes, nous sommes hyper heureux de nous en sortir comme ça, il nous reste maintenant l'épreuve du visa expiré, mais ça, c'est une autre histoire.....

Voici les photos de cette journée mémorables. Vous ne verrez pas les pires endroits, car c'était tellement pentu qu'on était trop concentrés pour sortir l'appareil, mais ça vous donnera une idée quand même...

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Peu après le départ; On se dit que cela ne PEUT PAS durer 80 kilomètres

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Plus loin, bonne nouvelle, ça roule

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ça ne roule plus, à nouveau...

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Bilan à la mi journée : pieds crades, une crevaison, et un pneu déchiré (pneu chinois, qui vient d'être changé ...)

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Allez, on sourit, c'est pour la photo

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village en vue

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Ah, voici l'autoroute ! 

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devant le bureau de la police....si, si... 

Encore des photos de Guinée

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