• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
  • 20171218 134510   Copie 2

De El Calafate à Punta Arenas

29, 30 Janvier. Nous allons maintenant vous emmener au Perito Moreno, qui règne dans le parc de Los glacieres, et qui n’est que la terminaison d’un immense glacier de 500 km de long, los Hielos Continentales.




Bon, d’accord, vous avez déja vu la mer de glace…on vous montrera mieux, mais laissez nous vous raconter notre visite.
Nous arrivons sur les lieux avec la pluie et allons nous sécher à la cafetería. Le ballet incessant des cars, des voitures, des touristes sur le parking nous déprime un peu..(2400 personnes par jour en moyenne…), mais on s’en fout, car on sait que ce soir et cette nuit, nous aurons Perito Moreno pour nous seuls. Les roulmaloute ont une idée en tête, mais réalisent qu’avec tout ce va et vient, cela ne sera pas facile de mener leur projet à bien…
Car évidemment, nous voulons passer la nuit ici, au plus près de ce glacier, pour mieux profiter de lui et voir ce qu’il a dans ses entrailles!
La pluie s’arrête, nous prenons un premier contact par les passerelles touristiques. Le soleil fait lentement son apparition, les nuages se dissipent un peu, le glacier reste enrobé d’une légère brume qui ajoute un peu de mystère. Tantôt, le glacier se met à briller sous un soleil timide, tantôt une pluie fine redémarre. Nous taillons la bavette avec 3 cyclistes espagnols fort sympathiques qui arrivent d’Ushuaia et qui ont vaincu des vents de folie.

Nous guettons les instants où de grands blocs se détachent et s’effondrent avec fracas dans le lac aux eaux bleutées. Le spectacle est grandiose. La glace nous offre sa beauté parfaite, sa couleur variant du blanc au bleu. (selon la densité de cette glace, ce n’est pas la même longueur d’onde de la lumière qui pénètre…..)

Quand la foule disparait, nous allons repérer un endroit pour planter la tente avec discrétion, puis nous allons récupérer nos vélos que nous avions laissé à 1km de là pour ne pas attirer l’attention, et nous filons, par un sentier interdit vers l’endroit idéal : une petite terrasse qui surplombe le glacier. Nous sommes au milieu des épineux, personne ne peut nous voir, mais on a pleine vue sur la partie Nord de la langue glaciaire qui se termine dans l’eau du lac Argentino.



Dans la nuit, les bruits sont divers: ceux libérés par les tensions de la glace, ceux des blocs qui tombent. Seul un léger vent se permet de se frotter au monstre et nous amène les sons. Blottis l'un contre l'autre, bien au chaud, nous écoutons. C’est parfois un peu terrifiant…tantôt les bruits ressemblent à des coups de fusil, tantôt à des pétards de feux d’artifice, au grondement du tonnerre, au vacarme d’une gare de triage…libre à notre imagination de vagabonder…mais une chose est sûre: nous nous en souviendrons toute notre vie. Merci Mr Moreno!
Le lendemain, nous plions discrètement et partons faire un tour de bateau, côté sud . Sans s’approcher de très près, il nous permet cependant de mieux visualiser la hauteur de ce glacier: plus de 50m, c’est à dire un immeuble de 15 étages! Nous avons vue sur l’endroit où il touche la terre, formant une arche qui lâche de temps en temps, ce phénomène s’appelle “la rupture”

Si vous voulez en savoir plus sur les glaciers de patagonie, cliquez ici :

31 Janvier Oh, nous sommes gâtés, le vent souffle fort.... nous l’avons vaguement dans le dos, puis sur le côté, et enfin en pleine face. Il parait qu’en partant à 5 heures du mat, on est parfois tranquilles quelques heures, mais un lever à 4 heures, ce n’est pas le style de la maison. Seule distraction : les cyclistes qui vont dans l’autre sens. Ils sont tout guillerets, eux, et pour cause ! C’est ainsi que nous avons rencontré Hans Peter, un suisse ingénieux, qui a monté un système de pipette, comme ça, il ne lâche pas les commandes de son bolide pour boire.

Hans Peter est très bavard, mais en Allemand uniquement...pas un mot de français, d’espagnol ou d’anglais...Il nous précise que le gars qui tient le poste de secours était déja bourré ce matin...et c'est là que nous prévoyons de dormir ce soir! Ça promet!
On arrive donc chez Vincente,"le gardien du carrefour". Il est là, relié par radio à la petite ville d'El Calafate, à 100km, et fait office de poste de secours pour les gens de passage en difficulté (panne, accident....). Vincente a la réputation d'être un peu bourru, mais il permet à tous les cyclistes de se poser dans le hangar. On trouve que c'est plutôt un brave bougre . Il nous propose sa cuisine, ses toilettes, sa télé, ses épices il a tout, "même du viagra". Bref, on s'installe dans sa cuisine surchauffée, il a déja bien picolé, on le finit au vin chaud. Il nous fait faire des photos coiffés du sombrero de son père, et finit par proposer sa couche à la gente féminine. Ouf! il est temps de regagner la tente!


1er, 2 Février . Fini l’asphalte, c’est reparti pour la piste…et le vent...en pleine face. Paysage peu palpitant, herbes jaunies, barbelés partout, délimitant les immenses propriétés. Ici, les estancias (fermes) sont immenses, les animaux se comptent par milliers.
Tous les 10km, un grand poteau S.O.S...bon, on n’en est pas là, pas encore!


Une station service, mais pas moyen de faire comprendre à Max qu'on ne fait pas le plein d'un vélo!!

On a eu un bon moment avec Karen et Joel, des Etats unis, qui travaillent au Paraguay.

On a échangé quelques infos avec Markus, puis avec Yann. On a vu une autruche avec ses bébés.

Un petit délire: "photo trafiquée, façon tableau"

Le campement a été installé près d’un ruisseau, et le soleil couchant nous a offert un beau spectacle. Le rouge du ciel dans l’eau...un peu comme de la lave.

Le cuisinier...dans sa cuisine...champêtre
Le lendemain, nous avons pique niqué dans un fossé, avec Arnold et Marika, de Nouvelle Zélande.

Ils ne sont pas tout jeunes et ont un sacré passé dans le cyclotourisme. Nous les avons quittés pour repasser au Chili, et arriver dans le petit bled de Villa Cerro Castillo, aux portes du massif de Torres del Paine. La végétation est rase, mais la camomille se plait bien ici, elle pousse comme du chiendent le long de la piste et son fort parfum nous ennivre.

3 Février. Personne ne s’attarde dans ce village paumé...et bien, nous, on l’a fait ! Ils aiment les chevaux par ici, en témoigne cette statue à l’entrée du village et la signalisation des rues.


A part cela, il n’y a rien, rien de rien, sauf une cafet. bien sympa, qui fonctionne plein pot car tous les voyageurs en direction de Torres del Paine s’y arrêtent pour boire un coup.


Nous avons sympatisé avec une jeune étudiante qui travaille ici pendant les vacances, Karin, et elle nous ouvre sa porte, ce qui nous permet de passer une bonne soirée à l’abri, avec Ramon, un autre cycliste.

Alors pourquoi séjouner ici ? Tout simplement parceque la seule épicerie est fermée, et nous devons attendre son ouverture pour faire des provisions avant de nous embarquer dans le massif. Au final, l’épicerie n ‘ouvre pas et Max profite de la voiture de notre logeuse pour aller faire des courses au village suivant, à une soixantaine de km. Et il s’est un peu lâché !!! Nous avons maintenant une épicerie ambulante qui va se diriger vers les montagnes.


4, 5, 6, 7 Février. 4 jours à la découverte du parc le plus visité du Chili.

Nous ne sommes pas les seuls cyclistes: en blanc, Xavier, un Chilien qui en sort, et en noir, Martin, un Allemand, qui comme nous s'y rend.
Notre premier arrêt se fait au camping « Las Torres », près de l’hosteria du même nom.

Mais là, on ne joue pas dans la même cour, car l'hosteria, c’est grand luxe, jacuzzi et compagnie...avec évidemment des prix à la hauteur des prestations ! Pure folie ! De là, nous partons faire une ballade à pied, bien longue, qui nous casse bien les pattes et nous amène très près des Torres. L’arrivée est belle, mais à part ça, la ballade ne vaut pas tripette, on marche dans une forêt dévastée.... Ah, c'est que ces Roulmaloute deviennent exigeants!

Le jour suivant, reprenons nos montures pour aller vers le lac Pehué, la ballade de santé nous fait bouffer pas mal de dénivelé. Les prévisions météo ne sont pas bonnes, nous ne ferons pas la ballade dans la vallée des français, réputée, mais on a l’impression d’avoir vu déja pas mal de ce massif, on s’en va sans frustration aucune. Nous avons roulé en profitant bien de la vue sur une autre très belle montagne, « Los Cuernos ».


Le dernier jour, nous nous éclatons vraiment à foncer sur une bonne piste, et arrivons ainsi à Puerto Natales, où, nous posons devant le milodon. Kesako le milodon ? c’est un bestiau préhistorique dont on a trouvé des restes dans une grotte tout près d’ici.

Notre truc à nous, c'est plutôt de voir les animaux vivants, et là, on est gâtés. Nous avons eu beaucoup de plaisir à les observer au cours de ce petit tour dans Les Torres del Paine. Les guanacos ne sont pas farouches du tout, les renards s'approchent des lieux de camping pour bouffer dans les poubelles, les rapaces sont à l'affût d'un lièvre...

Nous aussi, on se fait des câlins!


Et ce n'est pas tout: on a vu aussi un tatou! mais il s'est barré, affollé, il avait peur qu'on le vire de sa carapace et qu'on y mette des cordes pour faire un charango (instrument de musique local...)
8, 9, 10 Février. Se poser 3 jours à Puerto Natales est fort plaisant. Nous allons à une petite fête organisée par la communauté Chilote (De Chiloé), nous passons de bons moments chez Chila, notre logeuse, avec tous les routards qui défilent...et il y en a....d'autant plus que la météo n'étant pas super, beaucoup rentrent de trekking . Certains ont connu quelques avatars, genre chute dans la rivière, à cause du vent, d'autres sont simplement trempés et frigorifiés!
Et puis comme d'hab, nous vaquons à nos occupations "De ville", répondre au courrier et travailler sur le site.

11 Février. Le vent est fort, plus fort que d'habitude. Nous partons quand même. Chila nous dit en rigolant: "à ce soir, vous allez sûrement revenir". Nous faisons la sourde oreille, notre objectif étant de nous rapprocher de la prochaine ville, Punta Arenas.

Il souffle très très fort, avec des rafales épouvantables (la météo a dit"100km/h"). Au bout d' une dizaine de km, et 4 chutes en 10 km (Annick sera t elle bientôt dans le livre des records?), avons renoncé à continuer...retour à la case départ....., les prédictions de Chila étaient bonnes. Jamais vu un truc pareil, il nous pousse de derrière, puis sans prévenir, de côté, et tout d'un coup, il arrive de face, et paf, c'est exactement comme si on rentrait dans un mur. Il faut le vivre pour le croire!!
12, 13 Février.
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La photo ci-dessus est elle suffisemment éloquente? Bon, pour ceux qui n'auraient pas compris, la situation météo a guère évolué...Nous attendons, paisibles, une accalmie. Si elle ne vient pas, nous prendrons le bus pour aller à Punta Arenas, la ville "aux chats qui volent", ou plutôt, qui s'envolent, propulsés par un furieux vent, tel celui qui sévit en ce moment ici!
15 Février. Max est parti hier, dans les bourrasques, les poltrons que nous sommes se sont dégonflés et ont préféré rester un jour de plus, bien au chaud près du fourneau de Chila.

On se moque des poltrons?
Nous ne sommes pas malheureux ici, et il y a un va et vient incessant de toutes sortes de personnes, de toutes nationalités. Nous parlons toutes sortes de langues...bon, avec le Coréen, on a un peu plus de mal, mais les 2 jeunes photo-reporter qui viennent d'arriver sont des plus sympathiques!!

En selle! Départ à 6 heures (du jamais vu...6 heures du matin!!!), le temps est calme, mais ciel bas...mauvais présage. En effet, nous ne tardons pas à nous faire rincer les lombaires! Et aussi le visage, car la pluie arrive du Sud, avec une petite brise qui nous freine.

Au bout d 'une centaine de km, ce n'est plus de la brise...disons que c'est un peu plus fort...la pluie est battante et il ne fait pas très chaud, 6º C.
Mais nous savons qu'il y a un restau pas loin...eh oui, le restau de Morro Chico est bienvenu, et quand Manuel nous suggère de rester ici, on se laisse faire! Le poêle à bois bien gavé, nos affaires sèchent , et là encore, un va et vient constant de touristes nous distrait!


16 Février Ce jour n'est pas tout à fait comme les autres, parcequ'aujourdhui Bruno a 60 ans!

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Il n'y a pas un souffle de vent, nous avons 157 km à parcourir dans la pampa, peut on rêver de mieux pour son anniversaire? C'est en effet une fort bonne journée, nous roulons très bien, malgré la pluie fine qui nous accompagne sur une partie du trajet. La route est excellente et un sentiment de grande liberté nous envahit.


La circulation est quasi inexistante, de chaque côté de la route, de gigantesques estancias dont la surface se compte en milliers d'ha. 20 000 ha est commun pour une seule ferme. Les moutons, de "race Néo Zélandaise", sont tout gros et bien garnis de laine, de grandes quantités de nandous "picorent" près de nous sans se préoccuper outre mesure de notre passage. 2 cyclos habillés de fluos sur leur drôle d'engin, ça ne leur fait ni chaud ni froid, étonnant, car jusque là ils détallaient dès qu'ils nous apercevaient.


Bon, ceux là font partie de grands élevages, peut être est ce la raison.
On rencontre 2 jeunes américains, ils sont bien moins joviaux que nous, ils ont hâte de trouver un endroit pour sécher...., ils ont dormi sous la tente, c'est clair que camper sous la pluie, c'est pas le pied!
On peut voir des panneaux "Attention, terrain miné". Ces mines ont été placées ici en 1978, lorsque le Chili était à 2 doigts d'entrer en guerre contre l'Argentine, guerre évitée de justesse grâce à l'intervention...du pape!

Et puis,un fou sans doute, a eu l'idée d'installer un monument au vent!!!!!

On s'arrête un moment sur un bas côté, pour engranger quelques calories, et alors que Bruno va sortir son couteau Suisse, il en trouve un, tout mignon, par terre, joli cadeau d'anniversaire, la vie est bien faite!
Quand nous apercevons le détroit de Magellan, l'émotion nous gagne, arriver à Punta Arenas, c'est en finir avec le continent Américain, après, c'est une île au mon mythique: La terre de Feu!

Entrée de la ville de Punta Arenas
Arrivés à Punta Arenas, nous allons récupérer Max et partons faire la fête. Nous sommes rejoints par Karine (rencontrée il y a a quelques semaines plus au Nord). Un bon restau nous régale de délicieuses araignées de mer, puis nous filons dans un cabaret de musique cubaine.

C'est flou? alors, zavez trop bu peut être?
Et d'habitude, Bruno n'aime que les blondes!!!
Lorsqu'au petit matin et après quelques verres, nous regagnons notre auberge, nous nous rendons compte que nous n'avons pas la clef, c'est donc une petite séance d'escalade qui nous permet d'accéder à la fenêtre par laquelle il faut se glisser! !
17 Février. L' île Magdalena, au large de Punta Arenas, abrite de Septembre à Avril une colonie de pingouins de Magellan (spheniscus magellanicus). Ils arrivent en septembre, les femelles pondent en octobre, et après 40 jours, les oeufs éclosent.Quand les bébés sont devenus adultes, en Avril, tout le monde part se nourrir en haute mer jusqu'au retour sur l'île de la colonie.Nous allons donc leur rendre visite, il faut pour cela acheter un tour organisé: 2 heures de bateau, 1h sur l' ile, 2 heures de bateau. Dès que ce dernier accoste, c'est la ruée, chaque touriste voulant évidemment se faire photocopier avec son pingouin. Ne vous battez pas, il y en aura pour tout le monde, car il n'y a pas moins de 130 000 petites bestioles au costume noir et blanc. Elles pèsent environ 3 kg, et sont vraiment rigolotes, surtout de par leurs démarches et leurs cris.Cette sortie est inoubliable, dommage de la bâcler en 1 h, on aurait aimé les observer beaucoup plus longtemps, les écouter aussi... Bref, comme chaque fois que l'on fait un truc "encadrés comme des gogos", on repart un peu frustrés. Bon, on ne va pas se plaindre, ce que nous avons vu a été vraiment magique!!

Les pingouins sont en arrière plan, en noir et blanc, pas en rouge!!!



17 Février. Nous allons accomplir une mission un peu spéciale: notre belle soeur Françoise, née Baeriswyl, a eu vent qu'au cours de l'émigration Fribourgeoise du XIXème siècle, un certain Monsieur Baeriswyl s'est installé à Punta Arenas, berceau de l' émigration Européenne de l'époque. Le gouvernement Chilien avait en effet attiré de nombreuses familles en leur vendant des terres à bas prix (sans toutefois trop insister sur la rigueur du climat!. Il faut savoir qu'ici, la terre est très inhospitalière. Punta Arenas est connue pour son vent particulièrement violent, certains quartiers sont par exemple fortement déconseillés les jours où il sévit, et des cordes sont installées le long de certains édifices pour que les passants puissent s'y agripper!)
Françoise nous a donc "mandatés" pour rencontrer des représentants de cette famille , très connue ici. Nous nous rendons donc à la chocolaterie Baeriswyl où nous sommes fort bien reçus. Nous échangeons quelques documents et promettons de nous voir en Avril au cours de l'exposition qui aura lieu en Gruyère.

Dans la foulée, nous allons au musée du souvenir, qui présente des machines agricoles et industrielles importées d'Europe, des reconstitutions de maisons, et aussi une reconstitution de la pharmacie et de la bijouterie Baeriswyl.

Pavillon Baeriswyl

Pour avoir plus d'infos sur l'émigration Fribourgeoise en Patagonie, cliquez ici.
Nous clôturons cette bonne journée avec un peu de gastronomie, castor, guanaco et nandou arrivent dans notre assiette. Nous imaginons votre mine horrifiée, mais nous sommes au regret de vous dire que nous n’avons pas trop de scrupules a bouffer du castor, cette bêbête d’Amérique du nord a envahi les terres et crée ici un véritable désastre écologique.

Miam.....................Miammmmm............

Slurp!!!!