• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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De Punta Arenas à Ushuaia (arrivée le 24/02/2009)

19 Fevrier. 500 km à parcourir pour arriver à Ushuaia, nous avons du mal à réaliser que le voyage touche à sa fin. En Septembre, quand nous regardions notre carte, avec ses 11 plis à parcourir, de A à K, on se disait que l'on avait du pain sur la planche! Puis, les plis ont défilé, toujours plus au Sud, et aujourd'hui, nous rigolons en constatant que nous sommes presqu'en bas du pli K ! On a bien bossé, non?

Toujours plus au Sud.....

5 km pour aller au port Tres Puntes où se trouve le ferry qui permet de traverser le canal de Magellan, à l’endroit où il est le plus large (35km).

Ça porte bonheur avant une traversée!

Pendant que la terre de feu se rapproche doucement, nous sommes accompagnés par des dauphins, le spectacle est magnifique.
Le ferry nous lâche au port de Porvenir, petite ville à la porte de la Terre de Feu. Depuis les voyages de Magellan, de Fitz Roy et de Darwin, et de nos jours encore, cette "terre de l'extrême" n'a cessé de fasciner les voyageurs. C'est aux feux allumés sur la côte par les Indiens Yahjan que l'on doit le nom aujourd'hui célèbre de la région. L'archipel se compose d'une grande île "Isla grande de Tierra del fuego", et de nombreuses autres, plus petites, inhabitées pour la plupart. Comme chacun le sait, le détroit de Magellan, en reliant l'Atlantique au Pacifique, sépare les îles du continent.
Nous prenons nos quartiers pour la nuit dans une pension de famille des plus sympathiques, la residential Colon.


20 Fevrier. Dès les premiers tours de pédale, ce territoire nous séduit: circulation quasi inexistante, piste de bonne qualité et qui donne l'impression de ne mener nulle part. On accède presque à l'idée de l'infini...et une fois encore, cette impression qu'une nouvelle page s'ouvre dans notre aventure.
Nous longeons le pacifique, photographions à loisir un castor... et arrivons bientôt dans un lieu assez insolite: vieux baraquements de ferraille, carcasse de vieille voiture qui termine ses vieux jours face à l'océan...un endroit de rêve pour cinéastes.

Adelante!!!!


Nous avons du mal à nous arracher de cet endroit, mais nous devons trouver de l'eau pour la soirée, alors nous reprenons la route, comptant sur un rio...mais ils sont tous asséchés.


Un joli endroit pour camper...........mais sans eau........
C'est l'estancia Santa Ines qui est notre providence et nous fournit, en plus de l'eau, un local pour la nuit, et un super petit déjeuner la lendemain.


Nous avons été rejoints par Rubert et Jason, 2 cyclos que nous connaissons depuis quelques temps.

Le patron de l'estancia nous apprend pas mal de choses, par exemple pourquoi il n'a pas d'éolienne sur son exploitation: le vent est trop irrégulier, multidirectionnel, et quand il souffle en rafales, il casse les pales!
Si les éoliennes vous intéressent, cliquez ici
Cette estancia est relativement petite, 6 travailleurs, 18 000 ha, 12 000 moutons, 400 vaches! Comparée à celle de José Menendez ("le baron de la laine"), qui comptait 160 000 ha et 140 000 moutons, c'est sûr qu'elle fait pâle figure! José menendez repose maintenant au cimetière de Punta Arenas, et son caveau est à l'image de l'estancia!

Caveau Jose menendez

Nous nous sommes amusés à photographier quelques portails de ces estancias, les maisons ne se voient généralement pas, car situées souvent à plusieurs km du portail.




21 Fevrier. Nous arrivons à nouveau en Argentine, et au poste de douane, nous rencontrons Rodrigo, un guide Argentin avec qui nous avons sympathisé il y a 5 mois dans un refuge au nord du Chili.

Quand nous repartons de la douane, le vent a forci, nous grimpons les côtes à vive allure, ce qui n'est pas pour nous déplaire, mais très vite, il nous secoue avec de violentes rafales, et là, ce n'est plus la même chanson. Profitant d'un petit abri, nous nous reposons un peu, et attendons qu'il se calme. Max continue...et le vent aussi...et comme il secoue maintenant violemment notre abri de fortune, nous décidons de ne pas reprendre la route. Il ne se calme pas de la nuit, heureusement, la tente est protégée par un pare-vent et Blanca, la cuisinière de l'estancia nous sert un repas de roi. Blanca est originaire du Nordeste de l'argentine, elle est venue ici pour avoir du boulot. Elle est très contente de son sort, logée confortablement, et en plus, "avec un salaire" dit elle...
22 Février. Nous voici à Rio Grande, capitale de la truite. A l’entrée de la ville, un monument à la truite, et un autre à la mémoire des soldats disparus au cours de la guerre des Malouines.

Cette grande ville n’a rien à nous apporter, nous n'y traînons pas et filons à Tolhuin.

24 Février. Nous roulons à vive allure, aidés par une petite brise arrière. Nous avons une pensée pour Alex et Andreas, 2 jeunes cyclistes Suisses que nous avons rencontrés hier en allant faire nos courses…à Carrefour! Arrivant d’Ushuaia, ils étaient déja passablement dégoûtés et avaient déja mis les vélos dans un pick up. Quand Bruno leur a expliqué qu’ils auraient le vent pendant 800km au moins, ils ont ouvert des yeux tout ronds, puis sont devenus verts! Manifestement, ils ne s’étaient pas préocuppés du sens du vent avant de partir…Nous les plaignons sincèrement, car là où nous roulons à 30km/h (voire plus) sans peine, ils doivent forcer comme des bêtes pour atteindre un petit 10km/h…Nous avons souvent connu cela et avons fait notre part. Alors maintenant, profitons, adelante!!! Nous avalons donc les 120 km en un temps record et retrouvons Max qui nous attend paisiblement dans un camping un peu atypique au bord du lac Fagnano. Nous avons entre temps refusé l'invitation à dormir du très sympathique patron de la panaderia qui loge gratos les cyclistes chez lui.


Le gardien de ce lieu, un gars un peu “space” est très fier d’avoir fair le tour du lac en 12 jours…en pédalo! Il faut être un peu déjanté, car ce lac est plus qu’agité, avec des vagues de 2 ou 3 mètres! Il a d’ailleurs écrit un livre narrant son expédition. Il a aussi construit un petit refuge bien accueillant qu’il a baptisé “De l’art”, où chacun peut laisser la trace de son passage sur un morceau de bois.
24 Février. Nous partons relativement tôt car allons essayer d’arriver à Ushuaia ce soir. Les herbes frémissent déja, de gros nuages noirs s’étendent au loin. Nous faisons route avec Rubert, notre pote Allemand, puis nous rattrapons Tyrone, Brésilien, mais nous avons perdu Maxou. Il nous a envoyé un messager à voiture pour nous annoncer ses 2 crevaisons. Quelques bourrasques commencent à rendre notre progression plus difficile, mais quand nous arrivons au sommet du col Garibaldi, nous savons que c’est gagné! Nous arriverons à 4 pattes s’il le faut, mais nous arriverons à Ushuaia ce soir.

col Garibaldi
La descente s’avère plus difficile que prévue, nous sommes secoués dans tous les sens, puis un vent de face nous gêne considérablement, comme s’il voulait nous empêcher de dormer dans un lit chaud ce soir. Nous sommes maintes fois klaxonnés et encouragés, les automobilistes savent que les cyclistes arrivant dans ce sens ont quelques km dans les pattes. Atteindre Ushuaia pour un cyclo, c’est de l’ordre du mythe! Nous n’avons cependant pas le temps de prendre conscience que nous sommes dans la dernière étape, car nous devons rester très concentrés, la circulation devenant plus dense à l’entée de la ville. Tout d’un coup, au sortir d'un virage, apparait le panneau”Ushuaia, la ville la plus australe du monde"… et vous voyez là des cyclistes hyper heureux, qui posent " fiers comme un bar tabac" (Coluche).

Nous sommes là à attendre Max (c’est bien la 1ere fois qu’on l’attend!) et nous lui faisons une belle ovation, car le pauvre a fait cette étape tout seul. Du coup, une 2ème séance photo s’impose, on fait un peu les stars!

 

Arica Ushuaia en vélo, c'est terminé !
Nous nous offrons un petit tour de voilier pour aller voir quelques oiseaux et lions de mer et des cormorans.
Pour en savoir plus sur les lions de mer, cliquez ici


Une dernière sortie avec Maxou, qui va partir pour Santiago. On a fait une formidable équipe tous les 3, pendant plus de 2 mois!

Chacun sa route, chacun son chemin.....

Une dernière soirée avec des cyclistes Italiens que nous allons retrouver à Buenos Aires

Si vous voulez nous voir à Buenos aires, cliquez là.

Le mot de la fin:
Nous en avons rêvé, depuis des mois : atteindre la Terre de Feu et Ushuaia, le port le plus austral de la planète, le fameux « bout du monde » , le « Sud du Sud »…
Qu’y a t il à Ushuaia de si attirant, outre le mythe d’atteindre une ville si australe ?
Entre Puerto Natales et Ushuaia, il y a 1000 kilomètres à travers la pampa argentine, cette immense plaine aride et balayée par le vent. Nous l’avons traversée en y trouvant le charme d'une étrange solitude.




C’est quasi le même horizon tout au long de la journée : la route est droite, plate et infinie. Nous ne croisons pratiquement que des moutons (manne des immenses estancias) et le vent est incessant, mais son intensité est cependant très variable, sa direction aussi ! On nous avait prévenus avant de partir : ce vent rend fou. Mais nous n’avions pas voulu y croire. Après quelques jours le long de la fameuse « Ruta 40 » nous avons compris enfin ce que d’autres cyclistes ont vécu avant nous : lorsque le vent souffle (parfois à plus de 100 km/h), nous tenons à peine sur nos vélos, chaque coup de pédale est un effort de tout le corps. Après quelques jours de cette lutte inégale, nous pouvons nous demander ce qui peut valoir vraiment tant d’efforts .

Pourtant le mythe d’Ushuaia est tenace. Tous les cyclistes que nous croisons vont ou reviennent d’Ushuaia. Tous ont leur photo à côté du panneau touristique « Ushuaia, bienvenue dans la ville la plus australe du monde »
Plus nous approchons d’Ushuaia, plus nous nous questionnons. Pourquoi Ushuaia ? Que cherchions nous en quittant Arica en vélo il y a 6 mois ?
- Découvrir la Patagonie ? Nous avons vu ses plus grandes merveilles naturelles : le parc Torres del Paine, le Glacier Perito Moreno, la Pampa, le Fitz Roy.
- Connaître cette impression du « bout du monde » ? Nous l’avons vécue pendant 3 semaines sur la Carretera Australe au Chili.
Oui, mais nous voulons quand même arriver à Ushuaia en vélo !!! Et nous y sommes maintenant !
Victime de son succès et du matraquage marketing de N. Hulot et du ministère du tourisme Argentin, Ushuaia nous apparaît comme une « gringo town ». Cette ville est avant tout une ville de tourisme de luxe. Tout est hyper cher ici...scandaleusement cher!! Ushuaia est le point de départ des croisières pour l'Antartique, pour la bagatelle de 6000 euros les 10 jours

Attention à ne pas être pris pour un pingouin!

La banlieue d'Ushuaia, ses industries...ce n'est plus la petite ville d'Antan
Comble de l’ironie, si l’on regarde attentivement une carte, Ushuaia n’est pas la ville la plus australe du monde, car c’est en fait Puerto Williams (au Chili) qui devrait revendiquer ce titre…mais ici, on joue sur les mots, Ushuaia est la "ville" la plus ausrale, Puerto Williams n'est qu'un "village"! Qu'importe, nous sommes hyper heureux d'être là! Heureux d'avoir réussi notre voyage, d'avoir fait une bonne équipe avec Max pendant les 3 derniers mois, et puis, tant d´émotions le long du chemin, tant de rencontres et de bons moments !! Alors, est ce que ça vaut la peine de pédaler jusqu'à Ushuaia? La réponse est définitivement: OUI, pas pour Ushuaia, mais pour tout ce qu'on a connu en chemin.
Le 6 septembre, nous nous élancions d'Arica en vélo, à 8120 km d'ici. Près de 6 mois plus tard, (nous avons l'impression que cétait hier)...nous voici arrivés au but : Ushuaia, fin del mundo. Nous avons fait les 2 premières phases de ce voyage: la préparation, la réalisation. Il ne nous reste qu'à "digérer" cette aventure qui fut des plus belles. Nous reviennent alors en mémoire les questions que nous nous sommes posées parfois avant de partir: "Va t on y arriver?" " A t'on vraiment envie de parcourir une telle distance à vélo?" Maintenant, nous avons les réponses et nous avons juste envie de vous transmettre ce message de Saint Exupery:

"FAIS DE TA VIE UN RÊVE, ET D'UN RÊVE UNE REALITE"

Merci à ceux qui nous ont encouragés!
Merci à Claude, sans qui ce site n'aurait pas vu le jour. Ce site aussi fut une aventure! D'ailleurs, il va continuer à vivre, nous allons ajouter des photos, des vidéos...et bien sûr, vous connaitrez bientôt nos nouveaux projets ! Hasta Luego !

Arica Ushuaia en vélo : que du bonheur !!!!