• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
  • 20171218 134510   Copie 2

titre chine.jpgIls ont échappé aux chiens mauvais en Turquie, aux bombes nucléaires en Iran, aux terroristes infiltrés partout dans les « Stan », les « Roulmaloute » vont vous faire partager maintenant leurs aventures en Chine en vélo.

Allez, roulez jeunesse, assez de parlotte, du vécu !

16, 17, 18 Aout. Le passage de la frontière est facile, le douanier fait une fouille rapide de nos sacoches. Le seul truc qui l'intéresse vraiment, c'est de voir nos photos, au cas où nous serions assez abrutis pour avoir photographié la douane....

Nicolas reste coincé quelques heures car il n'a pas le temps de passer avant la pause repas des douaniers. Du coup, nous nous faisons un restau avec 2 jeunes Français plus tarés que nous, puisqu'ils vont en France....à pied.

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C'est que, voyez vous, on a les crocs !!!

Après ces premières agapes chinoises, nous filons, passons le col Karabel (presque 3000m ) et Nicolas nous rejoint à l'étape prévue, encore un gourbi.....

Nous sommes maintenant dans le désert, univers très minéral pas désagréable à regarder, mais pas d'eau, ce qui compromet le camping. Nous pédalons comme des diables malgré les 3 petits cols qui nous séparent encore de Kashgar. On a vraiment envie d'arriver dans cette ville mythique. Nous avons la visite des flics dans la guest houset à Wuqia. Ils ne veulent pas qu'on reste là, 3 dollars la chambre, ce n'est pas assez, il faut que l'on aille dans l'hôtel de luxe spécial "longs nez" (touristes Européens). Nous résistons, et après un espèce de dialogue de sourds, on reste. Le lendemain , en chemin, le paysage est beau, mais vraiment désertique, on ne voit pas de vie, à part quelques chameaux.

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Nicolas, c'est lui.

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Notre arrivée à Kashgar, ça grouille de partout, mais on est les seuls cons à vélo. Ils ont tous des scooters.

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A propos de scooter : hier, on arrive en bas d'une descente, un scooter nous double, sans bruit, moteur coupé. La route remonte, il grimps grâce à son élan, on accélère pour le doubler, il ne montera pas loin sans moteur, mais voilà que l'écart se creuse de plus en plus, nos efforts sont vains : il nous faut nous rendre à l'évidence, c'est un scooter électrique, comme il y en a beaucoup en Chine.

A Kashgar, de population Ouïgour, beaucoup de femmes ont cette espèce de serpillère marron sur le visage

A la guest house , Il y a là beaucoup de cyclos, nous connaissons Aziza, Jorna, couple de Hollandais, et leur copain Allemand. Nous les avons rencontrés au Tadjikistan puis revus au Khirghistan. Tout le monde est arrivé là avec l'idée d'aller à Kathmandou en passant par le Tibet. Tout le monde sait que c'est interdit, bien sûr, mais avait l'intention de passer en fraude. En fait, tout le monde renonce, car ces put... de Chinois ont renforcé les contrôles, les cyclos qui ont essayé récemment, de nuit, se sont fait pincer....et expulser. 

Ces put.... de Chinois veulent bien qu'on aille au Tibet, en groupe, encadrés comme des toutous et à condition qu'on leur lâche beaucoup de fric au passage. Il est hors de question que l'on joue à ce jeu là, qu'ils gardent leur guides, leurs 4X4, leur intendance et tutti quanti, on va trouver une solution de rechange. Nous nous y attendions un peu, donc ne sommes même pas déçus, comme tous les cyclos qui sont là et s'en foutent plus ou moins. Certains vont passer par le Pakistan. Nous, non, car nous connaissons déja la sublime Karakorum Highway, parcourue en 2004, il nous faudra donc faire preuve de plus d'imagination.

Pour l'instant, on se laisse aller et profitons de ces quelques jours de vacances à Kashgar. Au programme : internet (on a du retard pas possible dans notre courrier et notre site), mais surtout d'excellents moments avec tous ces jeunes.

Nous nous faisons plein de restaux, dès le premier soir, on goûte à la cuisine locale avec Aymeric et Nicolas.

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Il n'y a qu'Aymeric, de père Réunionnais qui supporte autant d'épices, nous, on a failli tomber raides morts !!!! !!!

On fait quelques courses, les uns achètent des pièces pour le vélo, certains ramènent les packs de bière, d'autres venus en bus à Kashgar repartiront en moto.....

Un truc contre la connerie, Made in China.

Nicolas fait fort : il achète de l'intelligence !!! Non, non, ce n'est pas qu'il en manque, il a voulu tester, pour voir.... Ici, l'intelligence se vent en poudre, c'est une "matière grise" (ça y est, ça fait effet ! ) dans laquelle on ajoute de l'eau chaude, on brasse et on consomme, sans modération !

Tiens, on va p'têtre en ramener au pays !!! C'est une bonne idée de cadeau !!!

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Sur Nico, on a pas vu de progrès. ( oulàlà, c'est pas gentil ! )

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L'intelligence, en fait, c'est juste une espèce de porridge au sésame.

Genou Made in China.

Ils sont vraiment oufs ces Chinois. Côté bouffe, ils font tout et n'importe quoi. L'autre matin, en route pour Kashgar, on cherchait un petit déjeuner dans un patelin. On n'a rien trouvé, à part des trucs sous vide. En avant pour des merdes sucrées, du pain qui n'en n'est pas, des oeufs de caille, un truc élastique qui ressemble à du tofu, mais qui n'en est sans doute pas, ils ont du faire ça avec du pétrole. Nicolas, goguenard à la vue de ce qu'on sort de nos emballages plastique, ne veut pas se faire avoir. Il a choisi un machin qui ressemble à de la viande. En ouvrant le blister, il est devenu fou, c'était un genou de porc !!! Faut le faire, emballer de la peau, des tendons et du cartilage !

Bon, ça c'est du passé. A la guest house, on se régale. Koum a acheté tous les ingrédients pour des crêpes, qu'il a faites dans une casserole, avec son réchaud de camping, dans la cour . Nico en a profité pour sortir sa bouteille de Gaillac, qui a été secouée près de 2000 km sur le vélo....Parcequ'avant de s'attaquer à la Chine en vélo, comme nous, il s'est tapé le Tadjikistan en vélo....

Bref, pas mal nos vacances, ça va être dur de redécoller d'ici.

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Voici une photo de la joyeuse bande.

Tous sont des cyclovoyageurs au long cours : Dorothée et Rupert, Canadiens, avec leur fille Oceane, qui voyage dans la remorque. Ils sont partis pour 2 ans.

Le Japonais, on a oublié son prénom, on va dire Yapamoto, pédale d'Osaka à Lisbonne.

Tobias, Holder, Allemands, sont partis pour longtemps.... Holder pédale en ce moment avec Aziza et Jorna, Hollandais, partis d'Amsterdam, et qui rentreront quand ils n'auront plus d'argent.....(ils pensent tenir 1 ou 2 ans encore)

Nicolas, le mec à l'intelligence, est parti de Dushambe et ne sait pas trop où il va.....comme tout le monde, il doit refaire son itinéraire.

le jeune Polonais a bien des soucis avec ses roues, mais dès qu'il a réparé, il file au Pakistan.

Koun, lui, arrive du Pakistan, où il est resté 6 mois. Il fait plus ou moins un tour du monde en vélo. S'il s'arrête partout, il n'est pas encore rendu...

Lisa, de Bologna, a commencé seule en Asie du Sud est, mais en route, elle s'est acoquinée avec un Canadien qui vit en Autriche.

Et le dernier, c'est Roie, d'Israel. Roie pédale depuis 3 ans, et le plus drôle, c'est qu'en Amérique du Sud, il a pédalé avec Filip, le Belge super sympa avec qui nous avons aussi pédalé plusieurs semaines. (Voir notre virée en Amérique du sud en 2008 /2009...wahouuuuu, c'était top, ça aussi ! )

La métamorphose de Kashgar.

Kashgar est méconnaissable. Nous étions là en 2004, nous ne reconnaissons plus rien, à part la place avec la gigantesque statue de Mao.

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Le rouleau compresseur chinois est passé et continue son massacre. La société de consommation dans toute son horreur, des supermarchés remplacent les petits commerces de la vieille ville…qui n’est plus qu’une peau de chagrin. Nous vous conseillons de lire cet article : Menaces sur Kashgar, écrit en 2009.

Depuis, les bulldozers n’ont cessé de raser la vieille ville.

Quelle tristesse, quel gâchis ! Iront ils jusqu'à faire disparaître toute cette vielle ville, l'âme de Kashgar....

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Les petits marchés, les artisans, Kashgar que l'on aime

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Encore des progrès à réaliser en électricité

Dimanche, nous nous sommes rendus au marché aux animaux. Les hommes qui se pressent au marché sont Ouïghours pour la plupart. Cette Ethnie est largement majoritaire dans la région de Kashgar qui essaie de préserver sa culture et sa différence par rapport à la Chine des Han. En réaction aux fortes velléités indépendantistes se développant chez les Ouïghours, la Chine tente de contrôler cette région en minimisant leur identité culturelle. Si l’appel à la prière est maintenant interdit dans les rues de Kashgar, le marché aux animaux, porteur de l’histoire commerçante de ce peuple, a su conserver toute son authenticité.

Cette vidéo donne bien l'ambiance de ce marché spectaculaire

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Bien sûr, on a vu aussi les vaches, les ânes, mais on ne peut pas tout vous montrer, z'avez qu'à regarder la vidéo.

Voici maintenant des photos de quelques étals de nourriture, sur une des nombreuses places animées de la ville

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Un soir, on rentre du restau pakistanais, le réception de la guest nous annonce que 2 personnes avec de drôles de vélos nous attendent. Boum, des copains d’Annecy, Jocelyne et Francis en vélo couché ( un engin pour les fainéants ! )

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Ils ont appris qu’on était là par le bouche à oreille ! (Les mêmes nous avaient déjà rejoint en Amérique du Sud il y a 2 ans.) Arrivent ensuite leurs amis Patricia et Thierry, aussi des fainéants qui pédalent couchés.

On se fait 2 soirées tous ensemble, on se souviendra surtout de la 2ème . On se pointe dans un immense restau où on sert la fondue chinoise. Il fait déjà chaud à Kashgar, mais là, dans ce restau, c’est torride, chaque réchaud doit bien dégager 2000W, t’ajoutes les 200W de chaque convive, le temps de faire un vague calcul de thermodynamique et tu transpires des pieds à la tête. C’est un forfait, semble t il, tu vas chercher des brochettes dans d’immenses frigos, et les trempes dans le bouillon. Il y a 2 bouillons, un rouge, un blanc. On commence par le rouge : au secours, c’est du feu, ça anesthésie la bouche et fait couler le nez.

Bon, on va tous trempouiller dans le bouillon blanc. Et vas y pour les brochettes de légumes, celles de viandes, de gésiers, de poisson, crevettes, tofu, éponges diverses, on se lâche même sur des espèces de serpillères, des champignons tout tordus, pattes de poulets, têtes de poissons, et plein de bizarreries non identifiables avec de drôles de couleurs, tout y passe. On doit quasi hurler pour se parler à cause du raffut dans la salle, alors, on hurle, augmentant ainsi le nombre de décibels…..et on mange….

Au moment de payer, oups, oh surprise, c’est pas un forfait, une jeune fille va compter nos brochettes ! Elle met un certain temps voyez vous, car on en a poutsé 407. Oui, 407 à 7 personnes. On commence à culpabiliser grave, genre : « j’aurais pu me passer des algues fluo », et le verdict arrive : 4 euros par tête de pipe, bon, ça va, on s’attendait à pire. Et puis, demain, on fera des économies : après un pareil festin, on peut se permettre de jeûner un peu !

Pour terminer la visite de Kashgar en beauté, un "spécial syndicaliste", cette affichette posée devant le comptoir d'une employée de banque.

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No comment.

27 Aout. Chacun sa route, chacun son chemin….Jocelyne et Francis continueront vraisemblablement vers le Pakistan, Patricia et Thierry vont faire un aller retour sur la KKH avant de repartir vers le sud de la Chine, Nicolas part vers l’est par la route du Sud du Taklamakan, et nous par la route Nord du Taklamakan.

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On fait les beaux....comme si on partait pour une grande traversée.... mais on ne va qu' à la gare routière !

Nous goûtons au plaisir du bus couchette, une espèce de bétaillère où nous sommes effectivement vaguement couchés, mais dans une grande promiscuité. Par chance, nous sommes en bas et sommes déjà passablement secoués, on n’ose pas imaginer comment cela se passe à l’étage supérieur. Les arrêts sont rares. Quand il y a enfin un arrêt, c’est la course pour aller aux toilettes, et comme vous le savez sans doute, en Chine, il n’y a pas de séparation, on fait ses besoins au vu du voisin, dans un des trous alignés à ciel ouvert. Il faut bien regarder où l'on pose les pieds, car les visiteurs précédents n'ont pas tous bien visé le trou ! Gare aussi aux planches disjointes…mais nous avons fait un bon apprentissage au Tadjikistan.

Bien nous en a pris de ne pas pédaler cette partie, nous traversons une zone désertique totalement inintéressante sur environ 1000 km et arrivons à Turpan après un changement de bétaillère.

La légendaire oasis de Turpan fut longtemps une étape importante sur la route de la soie. A 150 m en dessous du niveau de la mer, c’est le 3ème point le plus bas du monde et le point le plus chaud de Chine. Certaines de ses rues sont piétonnes et couvertes de treille, un spectacle charmant et une bénédiction dans cette chaleur écrasante. Nous avons visité quelques sites :

Le « Minaret Emin », de style Afghan, fut construit en 1777 par un général de Turpan. Entouré de vignes, ses 44 mètres de haut se détachent dans le bleu du ciel.

Les ruines de Jiäohé : cette ville du désert fut bâtie par les chinois comme ville de garnison. C’est une des plus vastes cités antiques, la mieux préservée au monde. Elle passa sous contrôle ouigour au VI siècle et fut abandonnée.

Tuyoq : dans une verte vallée encadrée par les montagnes de feu, le village donne un excellent aperçu du mode de vie et de l’architecture Ouïgoure traditionnelle. Ses ruelles sont comme figées dans le temps et on peut déguster son raisin blanc sans pépin dans une chaleur torride.

Les montagnes de feu semblent s’embraser avec le soleil. Elles ont été immortalisées dans « voyage en occident », un classique de la littérature chinoise.

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Certes, on voit de belles choses, mais ces visites nous épuisent, le tourisme de masse, ce n’est pas trop notre truc…

30 Aout. On file encore visiter un autre site très fréquenté : Dunhuang, et après, basta, finie la culture, on reprend notre vie de vagabonds.

Une odeur de pieds intenable, les vélos nous rentrent dans les côtes, il n’y avait plus de place dans la soute, il a fallu nous battre pour qu’ils voyagent avec nous. Du coup, ils voyagent vraiment avec nous, ils voyagent sur nous.

Un trajet de 15 heures en bus, sans la traditionnelle pause syndicale, tant pour le chauffeur que pour les passagers aux os lessivés. Seulement deux arrêts pour pisser. On a compris un truc : les chinois ont une vessie surdimensionnée, à cause de leurs chiottes.

On se pose fracassés dans une guest house tout près de la dune, splendide. Seul problème, c’est Disneyland . Ils n’ont rien trouvé de mieux que de faire payer une entrée (environ 14 euros) pour s’approcher de la dune. Les plus courageux la grimpent à pied, mais on peut aussi la grimper en quad, la survoler en UlM, du coup, il y a un raffut pas possible, c’est vraiment n’importe quoi. Evidemment, on boycotte ce commerce pour débiles

Tant qu’à être des gogos, on va voir s’il n’y a pas une formule « chameaux avec nuit dans le désert », ce sera un peu plus écolo.

On n'est pas encore prêts pour les séjours hôtel club all inclusive et les attractions à la con, NON MAIS SANS BLAGUE !!!!

T’as le camel, Léon ?

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Nous faisons la connaissance de Di, qui nous emmène dans les dunes sur ses chameaux en évitant l’entrée officielle, piège à touristes, sur le mode souricière. Il y a avec nous Chang, acupuncteur français d’origine chinoise, et c’est super car il fait l’interprète entre Di et nous. Nous partons en traversant le cimetière, puis sommes vite complètement seuls au milieu des dunes. Nous en escaladons une pour admirer le coucher du soleil. La descente est toujours plus dure, c'est très pentu, impossible de marcher normalement. On essaie en zigzags, mais nous ne sommes pas des dahus. 

Finalement, on se jette dans la pente, en se laissant accélérer. On fait des pas de trois mètres, c'est grisant ! Di pendant ce temps a monté les tentes et préparé le repas, et nous qui nous moquions des beaufs au club Med !

Magie du désert, silence, ciel étoilé, étoiles filantes, la totale. Puis le ronflement de Chang pour qui c’est la première nuit sous une tente depuis qu’il n’est plus scout, et qui nous dira le lendemain qu’il n’a pas très bien dormi.

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Variations sur la dune.

A Dunhuang, nous avons visité les Grottes bouddhistes de Mogao, très impressionnantes. Elles sont ouvertes au public depuis 1980, seules 40 sont offertes à la visite, par roulement. Il y aurait 735 grottes creusées dans la paroi rocheuse . Ces grottes constituaient des lieux de culte d'une grande importance sur la route de la soie. Les pigments utilisés pour les couleurs des peintures murales viennent d’un peu partout, d'Afghanistan par exemple pour le bleu du lapis-lazuli. Leur réalisation s'est étalée sur une longue période allant du 4e siècle (dynastie Wei 386-581) au 14e siècle avec un point culminant sous la dynastie Tang (618-907). Autour de 1900, une petite grotte murée fut découverte de façon accidentelle; elle s'avéra contenir plusieurs dizaines de milliers de documents, de statuettes et d'objets divers, souvent vieux de plus de 1 000 ans. Une grande partie de ces trésors culturels ont été achetés par les explorateurs occidentaux, en particulier Sir Aurel Stein et Paul Pelliot (France). Il ne reste donc plus de manuscrits en Chine, et les Chinois aimeraient bien sûr en récupérer... Les Grottes ont été épargnées au cours de la Révolution Culturelle sous la demande de la femme de Mao, Jiang Qing. Ce sont les peintures murales, si bien préservées, qui sont magnifiques. Elles sont surtout à thématique religieuse mais certaines retracent également la vie quotidienne des moines. Nous avons eu la chance de voir 3 superbes statues de Bouddha, dont l’une mesure 36m. (la plus grande statue de Bouddha, de Bamian en Afghanistan mesurait 53m)

3 Septembre. 2 semaines que nos vélos sont au repos. 2 semaines que l’on fait les barbeaux…mais aujourd’hui, nous avons des fourmis dans les jambes, il est temps de pédaler à nouveau.

Certains nous demandent parfois (ceux qui nous connaissent mal….) : « vous n’en avez pas marre ? »  Marre de quoi ? Marre d’être tranquilles, à mener la vie qu’on a envie de mener ? Marre de rencontrer plein de gens intéressants , marre de devoir manger des trucs qu'on ne connait pas ? Marre de pédaler dans ce désert ? Alors pour cela, il y a une parade, une super invention, le lecteur mp3 : aujourd’hui, préludes pour piano de Debussy, qui se posent à merveille sur le lieu qui nous entoure. Les yeux rivés sur la ligne blanche de la piste des 2 roues, on peut imaginer le bruissement du vent dans des feuilles, le grondement d’une cascade…mais dès qu’on redresse le museau, on se reprend la réalité en pleine face, toujours ce désert qui n’en finira jamais. Alors, on se dit qu’avec les Rita, on va accélérer la cadence de pédalage, les Rita de la belle époque, bien avant que Catherine ne déclare sa flamme à Domenech, mais 2 heures plus tard, rien n’a changé, le même paysage aride est toujours là, toujours plus vaste. Là, il n’y a plus qu’à faire fort dans la gaieté, et on arrive à l’étape en chantant à tue tête avec Manu Chao. Au final, on découvre, surpris, que l’on vient d’avaler 120 km, avec un petit vent de face. Elle est pas belle la vie ?

4 Septembre. Le blister chinois a encore frappé.

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Mêmes acteurs, même décor. La route, semblable à un long ruban noir s’étire dans le désert. Pas d’ombre, pas de vie. Nous naviguons tantôt sur la route, tantôt sur l'autoroute.

La seule distraction, maigre : le ballet des énormes camions qui transportent des ailes d’Airbus sur l’autoroute. Ils circulent dans les 2 sens, sans doute entre 2 usines, à moins qu’ils les habituent à prendre l’air.

13 h : hop là, il est temps de passer à table, nous avons plus de 140 km à parcourir aujourd’hui, un peu de carburant s‘impose. Mauvaise pioche : ils ont trouvé moyen d’emballer des griffes de poulet ! Coutumiers de ce genre de farce, nous avons tout prévu, le 2ème blister sort du sac : un pied de porc. Pas tellement mieux….mais au moins nous permettra-t-il de jouer aux osselets.

5 Septembre. Les champs de cultures maraîchères aux odeurs suaves font place aux champs d’éolienne et de forages. C’est clair, finie l’époque où les chinois allaient au champ pour un bol de riz et quelques coups de pied au cul, maintenant, ils veulent aussi le portable et le grand écran « Samsing ». Il faut faire face à cette demande croissante d’énergie, faut même faire ami ami avec les « fagois » (français) pour acheter leurs centrales nucléaires. Ces rats de fagois qui osent déployer des banderoles « Free Tibet » dans le beau stade Olympique de ce beau pays démocratique qu‘est la Chine. (Attention…intox : la Chine n’a plus besoin des français, elle ambitionne même de commercialiser ses centrales sous le label chinois, voir ici ) 

Nous avons eu aujourd’hui un compagnon de route, Yampin, jeune chinois en voyage à vélo. Bien équipé, bon vélo Giant, bien sympa, il était juste vert de jalousie lorsque Bruno a chopé un camion et s’est accroché à lui pour grimper une très longue côte.

Hier, nous crevions de chaud dans un paysage désertique, il faisait 38 °C, aujourd’hui, le thermomètre est descendu jusqu’à 5 °C, et nous avons eu une bonne douche bien avant la fin de l'étape. Une douche noire, noire de suie ! En effet, nous sommes parvenus dans une zone très industrielle, avec des cheminées qui crachent. Le vent et la pluie rabattent tout cela sur la petite ville de Yumen, spécialisée manifestement dans les centrales thermiques à charbon et la pétrochimie. En Europe, nous avons quelque peu oublié les nuisances du charbon, qui commencent par le transport par de gros camions qui alimentent la centrale et les petits pour les utilisations domestiques. L'air est chargé de poussières, lavées par la pluie, d'où ces ruisseaux noirs qui coulent de partout dans le patelin où nous pensions dormir. Quand on tourne les yeux, on ne voit que du noir, les murs, les cheminées, les tas de charbon... Yampin refuse de dormir là, un bus arrive, on s'engouffre tous les 3 dedans sans trop réfléchir, nous sommes gelés et crades........et bientôt ravis d'arriver dans une ville civilisée où on pourra se retaper autour d'une bonne fondue (chinoise...mais fondue quand même)

7 Septembre. Nous sommes dans la petite ville de Jiahuguan, c'est là que commence la grande muraille, en périphérie du désert de Gobi. Nous nous y rendons, il n'y a pas grand monde, la météo n'est pas super.

8, 9, 10 Septembre : 3 grosses étapes pour arriver à Zanghie, dans un environnement qui n'a rien de très spectaculaire....mais le revêtement est bon, on engrange les km sans trop forcer. Et devinez quelle visite on reçoit ? Nicolas ! Il se pointe à notre hôtel par surprise, à peu près certain que nous arriverions aujourd'hui. On se fait une bonne soirée avec Koun (connu à Kashgar). Avec Nicolas, on essaie de se faire un petit programme pour la suite, car on va rouler à nouveau ensemble. On fera aussi un peu de bus, car on ne veut pas perdre trop de temps dans cette région qui n'est pas super, on a mieux à faire ailleurs....et où donc ? surprise...surprise....., on vous raconte bientôt

12 Septembre. Voici la vue que nous avons du 19ème étage de l’hôtel ; Lanzhou. La ville la plus polluée de Chine, et aux dires de certains, elle a été la plus polluée du monde.

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Nous y avons passé une journée, d’abord pour faire une déclaration à la police : on s’est fait voler notre appareil photo. Une bête négligence à la gare routière, où nous avons laissé nos affaires sans surveillance dans le bus 2 minutes, le temps d’aller pisser. Au retour, il ne manquait « que » l’appareil photo…c’est déjà pas mal, mais c’aurait pu être bien pire car les passeports étaient avec….et le 2ème appareil photo en plus. Donc, au bout du compte, , malgré cette erreur de novices, on va dire qu’on s’en tire pas trop mal.

Le lendemain, à 6h 30, nous sommes déjà en selle pour traverser cette ville immense, plus de 3 millions habitants. Heureusement dans les villes chinoises, il y a toujours une contre allée pour les 2 roues, car rouler dans une ville de cette taille n’est quand même pas évident.

Nous sommes très très surpris de l’état de développement de la Chine, et de la consommation tous azimut. En ce qui concerne les nouvelles technologies, c’est de la folie douce. Nos Darty, Fnac and Co sont vraiment des minus à côté des magasins d’électronique ici. Toute ville de taille respectable possède des rues entières pour les boutiques de téléphones portable tout ce qu’il y a de plus hi tech. Idem pour les ordis, appareils photo…..ils auraient pu en acheter un au lieu de voler le nôtre ces enfoirés !

Comme vous pouvez constater sur la photo suivante, il y a pas mal de différences entre le parcours prévu et le parcours réalisé. La dernière modification…et elle est de taille….concerne la traversée du Tibet qui devait nous mener à Kathmandou.

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en rouge le parcours prévu, en noir le parcours réalisé actuellement

En effet, comme nous l’avons déjà expliqué, les chinois ont complètement bloqué l’accès au Tibet central aux individuels. Cette année, les contrôles sont encore plus importants, et ceux qui sont passés en fraude se sont fait pincer un peu plus loin. La seule possibilité est de passer par une agence, guide, 4X4 et tout le bazar…C’est-ce qui nous a incité à modifier notre plan de voyage, car nous refusons de payer le racket exigé par les chinois. Nous évitons ainsi de leur filer ne serait ce qu’un centime pour les remercier de nous octroyer le droit de visiter un pays qu’ils ont complètement ravagé, au grand mépris du peuple et de ses croyances. Par contre, nous avons envie de plonger dans l’ambiance du bouddhisme tibétain. Alors, qu’allons nous faire ?

Tibet or not Tibet? That’s the question…

Rappel historique : dans les années 50, selon la vieille technique de diviser pour régner, le Tibet s’est retrouvé éclaté entre une « Région Autonome » ( que faut-il comprendre ? : région chinoise, autonome des Tibétains ?) et des préfectures dans les régions du Sichuan (Chengdu), du Gansu (Lanzhou) et du Qinghai (Xining).

Dans la mesure où l’accès au Tibet central est compliqué et surtout très onéreux, la partie Est de ce Tibet, à l’extérieur de la TAR (Tibet Autonomous Region) est une bonne opportunité : le tourisme y est libre, et sans doute l’aspect tibétain est il encore plus vivace que dans un Tibet Central vivant sous une chape de plomb. Donc voilà, c’est là où nous nous dirigeons : dans ce Tibet là, le "Tibet de l'est".

Nous sommes très contents, persuadés que les paysages et les gens y seront aussi beaux et qu’ il n y régnera pas le mercantilisme que tout le monde déplore au Tibet central.

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Let’s go !