• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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Rangoon

Mingalaba ! (bonjour en Birman)

Alors un mystère doré se leva à l'horizon, une merveille étincelante superbe qui brillait au soleil dont la forme n’était ni celle d'un dôme musulman, ni celle d'une flèche de temple hindou. "Voici la vieille Shwedagon" lui dit un compagnon ... Et le dôme doré lui dit: "Voici la Birmanie, un pays qui sera différent de tous ceux que tu connais". Les Lettres d'Orient, Kipling, 1889.

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22 Novembre 2012. Nous arrivons pile poil pour le coucher du soleil, quand le soleil dégringole sur la pagode Shwedagon, éclairant de sa lumière douce la silhouette safran des jeunes moines. La pagode est devenue l'emblème du pays. Pour les bouddhistes birmans, c'est le sanctuaire le plus sacré du pays, un lieu que chacun rêve de visiter au moins une fois dans sa vie. Shwedagon brille de tout son or. C'est pour nous un observatoire exceptionnel. Les pèlerins marchent autour du stupa central. D'autres prient Bouddha dans l'un des multiples temples adjacents. Hommes, femmes, enfants, vieillards, riches, pauvres, étrangers déambulent paisiblement. Et des étrangers, il y en a beaucoup ! Par contre, il y en a peu qui prennent leurs repas dans les petites cantines de rue du quartier chinois, la cuisine y est pourtant délicieuse.

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Bon appétit!

23 Novembre. 2 zombies dans Rangoon. Le cheveu poisseux, le visage blême, luttant contre la moiteur ambiante, nous voici installés sur une chaise en plastique modèle enfant d'une des nombreuses maisons de thé de la ville. Notre voisin nous aborde dans un excellent anglais et nous parle de son pays, ce qui aurait été totalement impossible il y a seulement une année. La chape de plomb qui écrasait la Birmanie tend à disparaître, on n'a plus peur de parler, même aux étrangers. La Birmanie n'a plus grand chose à voir avec la prison à ciel ouvert qu'elle était. Libération de prisonniers politiques, autorisation des syndicats, levée de la censure sur la presse, accès plus libre à internet.... Le général Thein Sein, élu fin 2010 a renoncé au pouvoir absolu, et commencé à desserrer l'étau qui étouffait le pays depuis 50 ans. 1er Avril 2012 : Aung San Suu Kyi est élue députée, Son parti a conquis 43 des 45 sièges à pourvoir. Parmi les conséquences, la levée des taxes imposées par la junte sur les importations, le prix des véhicules a été réduit de moitié....et le nombre de touristes....multiplié par 6 en une année ! Donc, ami routard qui nous lis et qui aurais envie de venir en Birmanie, dépêche toi, et pense à réserver ta guest house à Rangoon si tu ne veux pas te retrouver dans un hôtel au prix délirant.

Après cette pause réparatrice faite de thé... indien, et de patisseries... chinoises nous reprenons la balade dans les différents quartiers, plus ou moins délabrés. On sent que les investisseurs arrivent, démolissant des blocs entiers des vieux quartiers pour y construire des immeubles modernes (le syndrome Singapour ?)

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La pagode Sule

Nous embarquons dans une camionnette pour gagner la gare routière située à plus d'une heure du centre ville. Le chauffeur est très jovial et bavard, ravi qu'il est de la visite d'Obama il y a 3 jours, ravi que la démocratie pointe enfin son nez. Il connait un peu la France, ses parfums et sa cuisine. Il sait qu'en France c'est le début de la "mousson", oui, c'est cela mon gars, la mousson froide, mais côté gouvernement il en est resté à Sarkozy (et sa" jolie femme" !). On lui apprend quand même un truc : en France, on roule à droite, comme lui, mais on a un volant à gauche, c'est plus pratique pour doubler. ça ne le défrise pas, lui, d'avoir le volant à droite. Et voici qu'au moment de nous quitter, il est tout fier de nous gratifier d'un "gracias amigos" mais on peut bien lui pardonner ça aussi. Esta la vida ! Et la nuit en bus pour finir : volant à droite, sono à fond, clips débiles sur grand écran, clim à fond. nos sacs de couchage nous permettent heureusement de résister à un froid proche de celui de la banquise

Région du lac Inle

Du 24 au 28 Novembre.

Nous enfourchons nos montures et nous mettons en quête d'une chambre, mais le verdict tombe vite : pas un hébergement à 100 km à la ronde, tout est complet, y compris les monastères. Une famille habitant dans une jolie maison propose de nous héberger pour 2 nuits. Nous savons que c'est totalement interdit, que cette famille risque gros si elle se fait pincer. Nous leur faisons part de notre inquiétude, mais ils affirment qu'il ne leur arrivera rien, alors, dans ce cas...(au final, nous y resterons 5 nuits...). Nous apprendrons par la suite qu'ils ont donné un petit coup de fil pour arranger le coup. C'est avec nos hôtes que nous nous rendons de nuit à Tunggyi pour une fête un peu spéciale : le festival des ballons. "S'il y a un problème, on se met tous à courir " nous ont ils prévenus. Pour courir, on a couru, mais les feux d'artifice ont couru plus vite que nous. Bilan des courses : quelques trous au pantalon et une brûlure au cul !

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La montgolfière avait pourtant belle allure, mais le moyen de chauffage pour le moins artisanal : une grosse mêche imbibée, enroulée sur un pieu. Au moment où la montgolfière a été lestée de la nacelle contenant les feux, (censés exploser un par un, une fois en l'air), elle s'est couchée sur le flanc, et tout s'est enflammé, bâche et feux d'artifice qui sont tous partis dans notre direction, Kaï Kaï.

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Le lendemain, nous y sommes retournés, mais de jour, et cette fois, une nouvelle aventure nous attendait….

Laissez nous d'abord vous expliquer pourquoi ici on roule à droite avec un volant à droite. Ex colonie Britannique, on y roulait à gauche, avec un volant à droite, jusqu'en 1974 où le dictateur Ne Win, maladivement superstitieux, décida d'écouter les conseils de ses astrologues, qui le persuadèrent qu'un pays conduisant à gauche lui porterait préjudice. Du jour au lendemain, le général décida que la circulation changerait de côté !

Ce 27 novembre 2012, nous roulons bien sagement à droite, c'est Min (le roi) qui est au volant. Min, c'est le mari de Moun (la jolie). Avec nous, il y a aussi Pou Laun, qui est leur fils adoptif. On a laissé à la maison la grand mère, la soeur de Moun, et Sai , le neveu. Tout à coup, nous voyons une roue qui nous double, par la gauche. Oh surprise. Quand le pick up penche et s'immobilise d'un coup, on réalise que la roue, c'est la nôtre ! Nous continuerons notre route en stop, car l'arbre de roue est cassé.

Un cochon qui vole. De jour, la fête des ballons, c'est plus tranquille, moins dangereux et fort sympa. Ce sont des groupes de jeunes très enthousiastes qui ont fabriqué un ballon en forme d'animal et qui vont essayer de la faire voler. Arriver à gonfler la bête est déja une belle victoire, mais la voir s'élever dans les airs est l'accomplissement, et là, c'est une grande liesse !

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Ce festival dure une semaine entière, jour et nuit, et attire un monde fou, venu des 4 coins du pays.

Pendant la semaine du festival des ballons, la circulation dans toute la région est infernale, nous en faisons l'expérience en nous rendant en vélo à 2 reprises, au lac Inle, haut lieu du tourisme en Birmanie. Le vélo n'a rien de bien excitant dans ces conditions, nous espérons bien que cela va changer dans les prochains jours, où nous serons dans les montagnes. A condition que nos hôtes nous laissent partir, ils veulent absolument qu'on aille encore avec eux à un festival bouddhiste.

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Le festival de Kakku. Cette fois, on part avec toute la famille, et quelques amies de Moun, on est 11 dans la benne du pick up, et pas mal de victuailles pour le méga pique nique. Alors là, heureusement qu'on s'est laissés embarquer. Journée géniale. kakku, ce sont 2478 stupas, alignés dans un espace de 200 m X 70 m. On navigue dans ces allées extraordinaires. Cerains stupas sont sobres, d'autres magnifiquement décorés de sculptures de dieux et de bêtes mythiques. En plus aujourd'hui, c'est une fête de l'ethnie Shan, mais il y a aussi une parade d'une autre ethnie, les Pa O (qui portent un costume moir et une coiffe de couleur), on ne sait plus où regarder.

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Le site bouddhique de Kakku en pays Pa-O au... par Autour_du_Monde


Navigation sur le lac Inle au Myanmar (1e partie) par Autour_du_Monde 

Du lac Inle à Bagan

5 décembre. C'est au prix de pas mal d'efforts que nous sommes arrivés ce soir à Bagan. Quelle route ce raccourci qui rallonge ! Nous avons tout eu : du bon goudron (un peu), du mauvais goudron, (beaucoup), du sable (surtout sur une portion de 20 km de route en reconstruction).

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tombera, tombera pas ?

En fait, nous découvrons que les routes en Birmanie sont rarement bonnes, quand elles sont asphaltées, le goudron est de mauvaise qualité, des bosses des trous et plein de nids de poule (mega nids de poule), c'est le tape cul de l'enfer ! 

Nous avons grimpé un petit col suivi d'une descente de 1200 m de dénivelé, et n'avons pas pu en profiter beaucoup...tap tap tap contre les cailloux, zip zip dans les gravillons...., pente importante...
Heureusement, la circulation est moins importante que les jours précédents et les usagers de la route plutôt courtois. Dans l'ordre, nous avons fait étape à Kalaw (petite ville avec des chalets de bois), Pindaya, Ywa Ngan (faîtes pas les malins en disant que vous connaissez, on ne vous croit pas, Ywa Ngan, c'est un patelin de rien du tout, avec quand même une guest house rien que pour nous ), Myittha (pareil, mais sans guest house, on a encore trouvé une famille accueillante...), Myingyan, une grande ville poussièreuse, et enfin, la mythique Bagan. Nous y retrouvons avec plaisir Cob et Ellie, des cyclovoyageurs fort sympathiques précédemment rencontrés à Pindaya. Des costauds, des années de voyages et des dizaines de milliers de km à la force des mollets. rollingoldies.50plusser.nl

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Pour l'anecdote, Cob nous avait dit qu'à Pindaya, dans la grotte qux 8000 bouddas, il n'y en a qu'un qui a les yeux ouverts. on en a trouvé 2, trop forts !

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Côté météo, quand il n'a pas plu, il a fait un beau soleil. Bon, c'est un peu exagéré, nous n'avons roulé qu'un jour entier sous la pluie. Mais celle ci a été suffisante pour bien détremper le terrain, ce qui nous a valu quelques séances de pousse pousse dans la bonne gadoue.

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Quelques vues de cette épopée dans la campagne, comme à Manigod:

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Une loute rayonnante sous le soleil !

Bagan

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2 journées entières consacrées à l’incroyable site archéologique de Bagan, qui compte des milliers de pagodes, s’étendant à perte de vue dans la plaine orientale de l’Irrawaddy. Fondée en 849 par la réunion de 19 villages, Bagan est l’ancienne capitale du royaume de Pagan, détruit par les mongols en 1287. A l’époque de sa splendeur, la ville comptait 13 000 pagodes, témoignant d’un bouddhisme très vivant. Les tremblements de terre et les caprices du fleuve Irrawaddy en ont détruit plus de 10 000. Le vélo est le moyen idéal d’en découvrir quelques unes.

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Après avoir consacré la première journées à visiter les sites les plus célèbres, nous roulons sans but précis, juste pour le plaisir de dénicher quelque joli vestige dans cet immense jardin secret. A la différence de la cité d'Angkor, au Cambodge, depuis la construction des temples, (entre le XI et le XIIIème siècle) le culte de Bouddha n'a pas cessé et la ferveur religieuse a traversé les siècles. Les birmans continuent de venir y prier et faire des dons pour s'assurer un bon karma. Nous sommes donc en plein dans cette zone archéologique quand, oh surprise, nous arrivons dans un hôtel, clinquant au possible, lac artificiel, piscine et tutti quanti, et pour couronner le tout....une tour de 11 étages. Hips, c'est la propriété de l'homme d'affaires Thay Za, 1ère fortune de Birmanie et ...proche de la junte (N.B : la junte s'est auto dissoute en 2011, mais faut pas se faire trop d'illusions, même s'ils ont changé la tenue militaire pour le complet veston...ce sont les mêmes qui pilotent...vous voyez le genre...). La présence ici de cet édifice d'un luxe inoui est évidemment scandaleuse, mais ce n'est pas la seule énormité : les généraux ont aussi autorisé la construction d'un golf et d'une voie rapide au milieu des pagodes...L'inscription prochaine de Bagan au patrimoine de l'Unesco empêchera t elle de telles dérives ?

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De Bagan à Rangoon

Encore un petit détour pour passer au mont Popa, haut lieu de pélerinage. Après la journée de pédale, on s'est encore tapés les 700 marches menant au sanctuaire, bof...on doit être un peu blasés de toutes ces bondieuseries...Le vrai "spectacle" de la Birmanie….c’est sur la route et dans la rue ! Bien plus que dans les milliers de pagodes (dont on a une indigestion assez rapidement), nos vrais plaisirs c’est de nous asseoir dans un tea shop au coin d’une rue, et de boire un coup en tentant de tailler la bavette avec les Birmans. Les jeunes parlent parfois anglais, comme cette jeune fille qui avec un diplôme universitaire de zoologie vend du thé et des cacahuètes dans un petit village. Nous sympathisons aussi avec de nombreux indiens dont les parents, voire grands parents ont émigré ici.

Le thanaka. La Birmanie est célèbre pour son teck, actuellement l'objet d'un pillage sans merci, exporté dans le monde entier. Il nous arrive de partager la route avec tous ces camions chargés de bois. Pourtant, l'essence la plus emblématique du pays est incontestablement le thanaka. Cet arbre pousse de la Thaïlande au Pendjab indien, mais nulle part il est autant vénéré et exploité qu'en Birmanie. Limonia Acidissima est parfumé, un peu comme le santal, avec une fragrance citronnée, comme semble l'indiquer son nom scientifique. Si l'on en croit les guérisseurs, tout est bon dans le thanaka, racines, feuilles, fruit, fleur, grâce à lui on pourrait se mettre à l'abri de la variole, la rougeole, de la dysenterie et de que sais je encore. Mais sa plus large utilisation, quotidienne, par des millions de Birmans est cosmétique : Il évite les coups de soleil et rend la peau douce. Les Birmans râpent l’écorce de l’arbre à thanaka avec un peu d’eau sur une pierre circulaire appelée kyauk pyin. Ensuite, ils appliquent la pâte obtenue sur le visage. Tout voyageur qui découvre la Birmanie est intrigué à son arrivée par ces motifs plus ou moins grâcieux qui ornent les joues des femmes et des enfants (mais aussi des hommes parfois). Au début, on trouve cela plutôt moche, mais on s'habitue si bien qu'il y a des imposteurs qui se peinturlurent pour se faire passer pour des Birmans.

Saurez vous les débusquer ?

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La nourriture. Alors là, pour être franc, même si la cuisine birmane est censée allier à merveille les 4 saveurs, salée, sucrée, amer et acide.... ce n'est pas mal, mais ce n'est pas l'extase car tout est terriblement riche. Nous craignons de rentrer gras comme des porcelets, c'est l'angoisse ! certes on fait quelques efforts, mais tout baigne tellement dans l'huile.... Le repas birman se compose souvent d'une multitude de petits plats. Aujourd'hui, on a eu 15 plats, dont 3 sortes de viande, 2 sortes de poisson, toute sorte de mélanges à base de légumes, de pousses, de feuilles bizarres, de purées bizarres...Repus, on peut faire l'impasse sur le dessert, des feuilles de thé trempées dans on ne sait pas quoi, du gingembre en lamelles et un mélange de cacahuètes et de sésame frits.

Sous escorte. Nous quittons la route touristique à Meitkila et roulons peinards plein sud, en direction de Yangon. C'est l'ancienne route Yangon Mandalay, qui est devenue plus tranquille depuis qu'elle a été doublée par l'autoroute. On a remarqué une mobylette, qui se tient à 50 m derrière nous. On accélère un peu, toujours 50 m, on ralentit, 50 m, toujours. On s'arrête, elle s'arrête, c'est bon, on a compris, c'est un flic. Les présentations sont faites beacoup plus loin, alors qu'on arrive dans la ville où nous prévoyons de faire étape. Pas question de dormir là qu'il nous dit, il vous faut prendre un bus pour aller plus de 100 km plus au sud, dans une ville autorisée. Nos protestations semblent faire effet, il nous demande de le suivre et nous conduit dans un hôtel. Reprotestation, trop cher, le manager nous arrange le coup. Le lendemain matin, 8 heures, la mobylette nous attend, avec le même pilote. " C'est pour votre sécurité", c'est vrai que ça a l'air très très dangereux de se promener par ici, on rencontre plein de gens avec des regards terrifiants :

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Le mec ne se lasse pas, à 6 km/h dans les côtes, la mobylette est à la limite du système, mais il ne lui viendrait même pas à l'idée de doubler et nous attendre à l'ombre....non, non, en plein cagnard, à 6 km/h !!! Plus loin, notre équipe passe de 3 à 4, puis à 5, le bougre a demandé du renfort par téléphone, certains sont en tenue, d'autres en civil. Il y en a maintenant devant et derrière, ils ne sont pas désagréables, juste un peu...collants. Dès qu'on s'arrête les commerçants nous proposent boisson, bouffe, tout ce qu'on veut....tu m'étonnes, avec les relations que l'on a ! On doit se battre pour payer nos consos. De temps en temps, il y en a un qui s'arrête et c'est un autre qui prend le relais.

Allez, on vous en montre 2, pour le fun, visez qu'ils n'ont pas l'air trop méchants pour des flics.

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Ce manège a duré plus de 100 km, et quand nous nous sommes retrouvés sur les immenses boulevards à 2 fois 4 voies, on a compris que nous arrivions à Nay Pyi Taw.

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Si on vous demandait « Quelle est la capitale de la Birmanie ? », il y a grande chance que vous répondiez « Rangoun ».

La réponse est...seulement...presque bonne. Rangoun fut bien la capitale de la Birmanie/Myanmar jusqu’en 2005. Mais les "serviteurs" de la junte apprirent abruptement, le 4 novembre 2005, qu'ils déménageaient le 6 pour une nouvelle capitale dont personne n'avait entendu parler. Transfert immédiat de toutes les administrations de Rangoun vers la nouvelle ville. L’opération se déroule le 6 novembre de cette année-là, à partir de 6 h 37 : l’horaire idéal selon les numérologues consultés par des militaires. Par bus, par train, par camion militaire, la junte a déplacé sous la contrainte des milliers de personnes en quelques heures.Le pourquoi de ce changement de capitale?? Selon la version officielle, Rangoun était trop excentrée. Officieusement, et dans le contexte de l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis, la dictature aurait cherché à se protéger d’une telle mésaventure ainsi qu’à mieux contrôler les zones frontalières où vivent les minorités ethnies Karen et Shan. La nouvelle capitale se veut l’anti-Rangoun. Avec ses 5 millions d’habitants, la mégapole embouteillée et agitée a souvent joué la frondeuse contre le clan militaire au pouvoir. Les généraux ont gardé en mémoire les émeutes à répétition qui ont bloqué Rangoun et parfois dégénéré en répression sanglante. Comme au printemps 1988. Cette année-là, des bateaux de guerre américains s’étaient approchés des côtes birmanes, à proximité de la ville, suscitant la crainte chez les généraux d’une invasion étrangère. Par ailleurs, la junte redoutait que la troupe finisse par sympathiser avec les militants démocrates. Voulue par le généralissime Than Shwe, ex-homme fort de la junte, Naypyidaw, qui signifie : «Cité royale» (des militaires...) a donc été construite à plus de 300 km de Rangoun, au milieu des rizières, Ce n'est pas précisément une ville, plutôt une série de zones isolées les unes des autres, dispersées sur une aire environ soixante-dix fois plus grande que Paris intra-muros. Nous n'avons même pas cherché à la visiter, et l'avons regretté, car curieusement, nous y avons roulé sans être ni inquiétés, ni même suivis. Il faut dire que nous n'avons pas approché des lieux où vivent les militaires, et quand nous passions devant un batiment officiel, nous baissions la tête et poursuivions notre chemin. Pas question de faire des photos. Alors, qu'est ce qu'on a vu ? On a vu un aéroport militaire dantesque, (il y en a 3, dont 2 militaires, un hopital de 700 lits, 2 golfs,....), on a vu au loin la réplique de la pagode Schwedagon de Rangoun, mais nous ne l'avons pas visitée, il parait qu'elle est très kitsh, nous avons roulé sur des avenues larges comme des pistes d’atterrissage, avons passé des ronds-points démesurés, tous coiffés d’une fleur en ciment. Nous avons vu de gigantesques chantiers, avec des hôtels de luxe en construction (il y a plein d'hôtels déja, tous quasi vides...). Nous n'avons rencontré quasi personne, à part des employés en chapeau de paille occupés à des travaux d'arrosage, des femmes et des hommes qui travaillent avec des pelles, des pioches et des paniers en osier remplis de terre ( à croire que la ville se construit à la main..), nous avons croisé quelques 4 X 4, pas un seul transport en commun. Quelque part, cela nous a rappelé la folie mégalomanique d' Achgabat la capitale du Turmenistan. Les panneaux indicateurs sont minuscules et très rares, nous ne nous sommes pourtant pas perdus, en roulant plein sud on afini par sortir de ce "non sens urbain", et on s'est retrouvés brutalement dans une petite ville "normale" avec plein de monde, des visages hilares, des vélos, des mobylettes, un gros marché, des tea shop, une ville normale, quoi !

A partir de là, le temps nous est compté car notre date de sortie de Birmanie approche (visa 28 jours, no more), et on se dit que si on ne va pas au Rocher d'or, on va louper quelque chose.... Alors, nous arrêtons notre pédalage à Bago et accompagnons les milliers de fidèles qui chaque jour se rendent dans le lieu le plus sacré de Birmanie, ce rocher de 6m de diamètre qui tient en équilibre au dessus du vide grâce à un cheveu du Bouddha enfermé dans le stupa érigé au sommet. C'est toute une expédition : il faut d'abord se rendre en bus ou voiture au pied de la montagne, puis par une journée de marche sur un sentier, la gravir pour arriver au rocher à 1200 m d'altitude. Il existe une autre option pour les pressés : monter dans la benne d'un camion, tout est parfaitement organisé par le gouvernement, un joli petit commerce. Le rocher d'or, ma foi, c'est un rocher, mais en observant les fidèles s'y recueillir avec ferveur ou y coller leur feuille d'or, on comprend que pour eux, il représente beaucoup.

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Plus fatigant qu'une journée de vélo : une journée de visite à Bago. 6 heures du mat, nous grimpons sur les motos de Srau et de Ten Mo Hé. Pourquoi si tôt ? Parcequ'ils veulent nous faire faire la visite complète de Bago, et la visite complète, ça commence forcément d'après eux, par nous montrer les moines qui tôt le matin font l'aumone en sillonnant quelques rues de la ville.

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Ensuite, c'est la visite des pagodes, et de une, et de deux......les grandes, les petites, les fastueuses, les plus discrètes, aucune ne nous est épargnée Stop !!!!! Grâce, les gars, on n'en veut plus.....on n'en peut plus...Petit restau populaire, on croit que c'est fini, qu'on va être tranquilles l'après midi, mais que non, on ne va pas louper la pagode du python quand même ?? celle où les fidèles viennent déposer leur obole direct sur le corps luisant de la bête....oups...Et pis, que diriez vous de la visite d'une fabrique de cigares (cheerots). pour voir le travail de pauvres jeunes filles qui roulent ces cigares à longueur de journée. Leur gain : 2 Kiatts le cigare, ce qui veut dire qu'à la fin de la journée, elles empochent 2 euros, si elles ont roulé 1000 cigares...., la moitié d'un salaire moyen birman. "C'est pas beaucoup" qu'on dit à la patronne. "oui, mais ce sont des filles sans éducation". Ouf, nous voici rassurés.

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Super job pour femmes : rouler des cigares.....ou.....

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construire les routes, à la main

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Tiens, voilà du Bouddha

Conclusion

Nous allons essayer de vous raconter comment on a perçu la Birmanie, un pays fermé dont le nom n’est apparu dans les médias, durant des années, que pour suivre la lutte d’Aung San Suu Kyi contre la junte au pouvoir ou évoquer l’appétit des multinationales du pétrole attirées comme des mouches par le miel par les hydrocarbures birmans.

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Il n'y a pas longtemps que l'on autorise ce genre de pancarte.

Alors, un adjectif pour caractériser Birmanie ?? C'est différent ! Différent des autres pays d'Asie que nous avons visités, la Birmanie à une particularité : c'est une "Frontiére" entre l’Asie proprement dite et et le continent Indien, ce qui lui donne cette singularité de "mélange" de population assez unique, et cet attrait humain est aussi remarquable qu’attirant.

Est ce que c'est beau ? C'est dûr à dire..., les paysages n'ont rien d'extraordinaire, mais dans ce pays qui compte parmi les dix plus pauvres de la planète, la richesse se trouve : dans la splendeur des lieux sacrés mais surtout dans l'hospitalité de la population. En fait, nous avons été assez vite gavés des visites. Certes les pagodes sont splendides, mais une pagode reste une pagode, alors, quand on n'est pas pétri de foi bouddhiste, quand on en a vu une, puis 2, puis 10....

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Mais s’arrêter pour boire un thé, ou manger un petit encas, dans des endroits où les seuls touristes qui passent sont ceux que voient les birmans derrière des vitres de bus climatisés, ça c'est génial car le peuple est très accueillant. Les birmans sont tous souriants et chaleureux. Les yeux pétillent, leur sourire illumine leur visage. Pourtant, cela ne doit pas être facile de vivre dans ce pays où la dictature fait rage et où toutes les infrastructures ou presque sont sous le contrôle du gouvernement. Certes, depuis 2011, et en particulier avec l'arrivée d'Aung Sang su kyi au gouvernement, on parle de démocratie, mais dans les faits, les choses ne bougent que...lentement...On ne se sépare facilement d'un pareil passé. Nous avons remarqué que les birmans ont sans doute moins peur, car ils nous parlent volontiers, tout contents de nous montrer leurs quelques mots d'anglais, mais la surveillance est toujours là. Il y a toujours un flic qui traîne, la plupart du temps en civil, avec l'habitude, on finit par le repérer assez vite..., c'est celui qui a un téléphone à la ceinture et qui donne des coups de fil en nous observant. C'est aussi celui qui démarre sur une mob en même temps que nous. Tiens, à propos du téléphone, ici, peu de gens ont le téléphone portable, c'est le pays dont le taux est le plus bas du monde. On ne sait pas si c'est toujours vrai, mais jusqu'à peu en tout cas, la compagnie téléphonique, unique, appartenait à l’État et autant dire qu'il ne fait aucun effort pour développer ce mode de communication. Le réseau est tellement saturé que réussir à avoir un interlocuteur au bout du fil relève de l'exploit. Il semblerait que là aussi, les choses soient entrain de changer. Jusqu'à l'an dernier, une carte Sim valait une petite fortune.

Pour ce qui est de la découverte de ce pays en vélo, ce n'est pas aussi simple qu'ailleurs car il est difficile de savoir dans quelle ville on sera autorisé à dormir, du coup, il est difficile de prévoir un itinéraire et difficile aussi de partir comme ça le matin le nez au vent car les distances entre les lieux d'hébergement peuvent être grandes, et l'état des routes ne permet pas la vitesse !! Cependant, nous aurions été très frustrés si nous n'avions pas été en vélo, car sans aucun doute les contacts avec les gens auraient été rarissimes. Nous n'aurions pas vécu les 5 jours exceptionnels que nous avons passés dans une famille. A ce propos, il faut s'abstenir de dormir chez les gens car ils risquent gros, se retrouver en tôle par exemple. Gonflés de vous dire ça alors qu'on l'a fait 5 jours !!??? Alors, on le répète, ous avons accepté d'être hébergés dans cette famille car elle a des "relations" et qu'elle s'est préalablement assurée qu'elle pouvait le faire.

Pour ceux qui hésitent à voyager en vélo en Birmanie, cliquez là pour un topo que nous avons fait pour les cyclistes car il n'y a quasi rien sur internet, en français en tout cas.

Des regrets ?

Oui, le visa de 28 jours !!! c'est court, surtout quand on est en vélo. Le circuit que nous avons parcouru est un circuit touristique, si nous retournons un jour en Birmanie, ce sera pour aller explorer des zones plus préservées, mais qui dit "préservées" dit aussi "interdites", à voir....d'ici là, les choses peuvent évoluer.

D'autre part, l'absence de frontiere terrestre autorisée aux étrangers oblige à prendre l'avion pour entrer et sortir du pays, ce qui est bien dommage car le Nord de la Thailande mérite aussi d'etre visité.