Massif du Gheralta : là où patrimoine religieux et beauté d’un site majestueux ne font qu’un.
Ce massif a des allures de Monument Valley mais avec un supplément d'âme grâce à ses églises taillées dans le roc. En partant les visiter, nous n’imaginions pas que pour l’une d’elles nous aurions à nous encorder. Eh oui, certaines de ces églises se méritent. On ne les atteint qu’après plusieurs heures de marche, et dans un terrain parfois un peu délicat.
Nous commençons par l’église-crypte d’Abuna Yemata magnifiquement perchée sur la montagne du Guh. Au début, la montée s’effectue sur un sentier sans difficulté, puis une courte traversée un peu impressionnante.
Mais à l’aplomb de superbes aiguilles rocheuses, les choses se corsent. Quelques pas d’escalade, avec de bonnes prises, puis, un peu plus haut, nous sommes heureux que le scout (personne officielle veillant sur la sécurité des touristes) nous propose la corde. Personnellement, je n'aurais pas osé redescendre sans corde, et je n'ai pas craché dessus à la montée, pas trop envie de me la jouer warrior et me mettre un râteau ici !
pieds nus, sainteté oblige...
Si vous franchissez cet obstacle, un dernier passage exposé sur une vire très aérienne, et vous accèderez à la récompense : une vue à couper le souffle et une petite église rupestre aux superbes fresques datant du XIVe ou XVe.
Entrer en baissant la tête par la petite porte, encore aveuglé par la lumière solaire, chercher un repère dans l'espace flou, les tapis grossiers vous grattent les pieds. Vous découvrez alors de gros piliers taillés dans la roche, six piliers qui permettent de délimiter trois nefs dont celle de l'officiant qui est cachée derrière un rideau comme le veut le culte orthodoxe. Parfois ces colonnes sont incroyablement hautes, ce qui suggère un travail de titan et donc fait penser que ces premiers chrétiens en terre d'Abyssinie étaient habités d'une foi démesurée. Enfin, progressivement à mesure que l’ oeil s'acclimate à ce nouvel espace, apparaissent des fresques polychromes de toute beauté, sur les plafonds en coupole, sur les voûtes, sur les piliers. Après avoir visité plusieurs de ces joyaux d'altitude, peut être pourrons nous mettre un nom sur certaines représentations : St Georges (le plus représenté, patron de l'Ethiopie), l'archange Gabriel, Maryam, etc….
Nous redescendons, merci la corde, et regrimpons sur un petit plateau au sommet d’une montagne. C’est ici que se trouve Maryam Korkor, une imposante église-caverne dédiée à la Vierge. Là encore, l’accès n’est pas facile.
L’église, entièrement taillée dans la roche, est décorée de rares peintures d’influence byzantine.
Non loin de là, sur le versant Est de la paroi, une vire rocheuse très impressionnante donne accès à l’église Daniel Korkor. Nous attendons un peu que le prêtre arrive (d’on ne sait où) pour nous l’ouvrir. Peu de choses à l’intérieur, cette église est de taille réduite, c’est surtout son environnement, avec de belles vues plongeantes qui en font son intérêt.